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{{Infobox Cinéma (personnalité)
Akira Kurosawa (黒澤 明 Kurosawa Akira, 23 mars 1910 - 6 septembre 1998) est un Réalisateur, producteur et scénariste japonais.
Il est certainement le réalisateur japonais le plus célèbre et a profondément influencé plusieurs générations de réalisateurs.
Biographie
Éducation cinématographique
Kurosawa naît en
1910 dans le quartier d'Omori à
Tōkyō, benjamin d'une famille de sept enfants. Il descend d'une illustre famille de
samouraïs. Son père, un ancien militaire, donne à ses enfants une éducation stricte. L'enfance de Kurosawa est marquée par plusieurs drames, la mort de sa soeur, le
Tremblement de terre du
Kantō de
1923 puis le suicide de son frère qu'il idolâtrait.
Il se passionne pour la peinture sous l'influence d'un de ses professeurs. Il acquiert une solide culture cinématographique grâce à son père cinéphile et surtout son grand frère Heigo qui est Benshi, commentateur de films muets.
Il refuse de s'inscrire à l'École des Beaux-Arts et s'engage dans des actions militantes gauchistes dont il se lasse.
Carrière
Alors qu'il gagne sa vie comme illustrateur de livres, il entre dans l'industrie du cinéma comme assistant-réalisateur pour le studio
Photo Chemical Laboratory. Il apprend le métier sur le terrain aux côtés du réalisateur Kajiro Yamamoto dont il se sépare en 1941. Il vend quelques scénarios, mais les producteurs refusent qu'il les réalise.
Dans un climat de Censure, il réalise en 1943 son premier film adapté d'une biographie de Sugata Sanshiro par Tsuneo Tomita, la Légende du grand judo, qui connaît un succès très important au Japon.
Dans ses oeuvres, Akira Kurosawa s'attachait à décrire ou à faire une parabole de la société humaine. Il dépeignit ainsi au long de ses films la pauvreté (Les Bas-Fonds, Dodes'kaden), la violence urbaine (Chien enragé), la maladie et l'immobilité des fonctionnaires (Vivre), la destruction de l'environnement (Rêves), la vieillesse (Madadayo)... Il fit également des fresques sur l'époque médiévale (Les Sept Samouraïs, Kagemusha, Ran). Dans ses films, il représente fréquemment des scènes oniriques en utilisant des décors de soie peinte (Dodes'kaden, Kagemusha, Madadayo).
Rashōmon fut le film de la consécration pour Akira Kurosawa, et à travers lui celui de la reconnaissance du Cinéma japonais en Europe (Lion d'Or à la Mostra de Venise 1951) et en Amérique (Oscar du meilleur film étranger).
Il enchaîne les succès avec L'Idiot, les Sept Samouraïs, le Château de l'araignée, Barberousse. Il connaît une période difficile entre sa tentative échouée de se tourner vers le cinéma américain et l'échec de son premier film en couleur, Dodes'kaden. Il fait une tentative de Suicide en 1971.
Comme il a désormais des difficultés à produire ses films au Japon, Dersou Ouzala est financé par la société soviétique Mosfilm, ce film lui permet de renouer avec le succès grâce à l'Oscar du meilleur film étranger reçu en 1975. Il est aidé pour ses derniers films par les occidentaux Serge Silberman, Francis Ford Coppola et George Lucas qui lui permettent de réaliser des films grandioses qui reconstituent le Japon des Shoguns et qui sont de véritables chefs-d'oeuvre aux images visionnaires et au style épique et shakespearien, comme Kagemusha (Palme d'or à Cannes en 1980, et César du meilleur film étranger en 1981), Ran ou encore Madadayo.
Kurosawa est lauréat du Prix de Kyōto en 1994.
Akira Kurosawa meurt le 6 septembre 1998 à Tōkyō.
Caractéristiques
Kurosawa est surtout connu pour ses films de
jidaigeki comme
Les Sept Samouraïs et
Ran mais ses films ont également pour sujet le Japon contemporain comme
Chien enragé et
Vivre.
Il se distingue notamment par une technique cinématographique qu'il a développée dans les Années 1950. Il utilise des téléobjectifs pour le rendu particulier de l'image qui lui permettent de filmer les acteurs de loin sans les troubler, mais aussi la technique du volet comme mode de transition entre deux scènes (il influencera en cela profondément George Lucas).
Kurosawa tourne également avec plusieurs caméras, ce qui lui permet de filmer une même scène de plusieurs angles. Enfin il utilise remarquablement les événements naturels pour renforcer les ambiances, comme la pluie dans la bataille finale des Sept Samouraïs ou le brouillard dans Le Château de l'araignée.
Il était connu sous le nom de Tenno, littéralement « l'Empereur », pour sa manière dictatoriale de réaliser. C'était en effet un perfectionniste qui dépensait énormément d'énergie et de temps pour atteindre l'effet visuel qu'il recherchait.
Inspirations
Kurosawa s'est inspiré d'histoires de
William Shakespeare avec
le Château de l'araignée adapté de
Macbeth,
Ran d'après
Le Roi Lear,
Les Salauds dorment en paix inspiré d'
Hamlet. Il a également adapté des romans russes comme
L'Idiot de
Dostoievski et
Les Bas-Fonds de
Maxime Gorki. Lecteur passionné des nouvelles de
Georges Simenon, le commissaire Satô du film
Chien enragé (
Nora inu,
野良犬) partagerait sa perspicacité avec celle du
Commissaire Maigret.
Entre le ciel et l'enfer reprend une partie de l'intrigue du roman Rançon sur un thème mineur (King's Ransom) écrit par Ed McBain.
Le réalisateur John Ford l'a aussi inspiré. Enfin Sanjuro est la suite du film Yojimbo.
Malgré certains critiques japonais considérant Kurosawa comme trop occidentalisé, il a été profondément inspiré par la culture japonaise et notamment le Kabuki, le théâtre nô et le genre de cinéma jidaigeki.
Influences
Akira Kurosawa a inspiré de nombreux cinéastes.
Collaboration
Durant sa période la plus faste, de la fin des
Années 1940 jusqu'au milieu des
Années 1960, Kurosawa a souvent travaillé avec les même personnes.
Fumio Hayasaka a composé la musique de sept de ses films. Il a coécrit ses scénarios avec Hideo Oguni et Yoshiro Muraki était son producteur exécutif et artistique pour la plupart de ses films à partir de 1949.
Asakazu Nakai a été le directeur de la photographie de onze de ses films.
Il a enfin beaucoup travaillé avec les acteurs Takashi Shimura et Toshirō Mifune.
Anecdotes
- Kurosawa était un fin gourmet reconnu, et dépensait d'importantes sommes dans le budget de la production pour l'alimentation de l'équipe.
- C'est à la suite d'un accident que Kurosawa fut obsédé par le Sang. Alors qu'il traversait une rue avec son chien, celui-ci passa sous un tramway et fut coupé en deux. Cette image le marqua durablement à tel point qu'il ne put plus manger de viande rouge et saignante.
Citation
« Il y a quelque chose qui peut s'appeler beauté cinématique. Cela ne peut être exprimé que dans un film, et cela doit être présent pour que ce film soit un travail de mouvement. Quand cela est bien exprimé, l'expérience d'une émotion particulièrement profonde sera présente à la projection. Je crois que c'est cette qualité qui fait que les gens viennent voir un film, et c'est l'espoir d'atteindre cette qualité qui inspire le réalisateur pour réaliser le film. »
Filmographie
par récompense ou nationalité
Le premier titre est le titre le plus connu, en général celui en français, mais cela peut être le titre japonais (par exemple
Dersu Uzala et
Kagemusha).
Le 2 avril 2007 la Tōhō a déposé une plainte contre la société Cosmo Contents concernant la distribution des oeuvres de Kurosawa. Le jugement permettra d'établir si les films d'Akira Kurosawa antérieurs à 1953 sont dans le Domaine public ou pas. La cour du district de Tōkyō a rendu son jugement le 14 septembre 2007, établissant que les oeuvres d'Akira Kurosawa ne seront dans le domaine public qu'à la fin de la 38e année après la mort de l'auteur, c'est-à-dire le 31 décembre 2036,,,,.
- 1941 : UMA (馬, Uma) de Kajiro Yamamoto (forte implication de Kurosawa, bien qu'il ne soit pas le réalisateur)
- 1943 : La Légende du grand judo (姿三四郎, Sugata sanshiro)
- 1944 : Le Plus Beau (一番美しく, Ichiban utsukushiku)
- 1945 : La Nouvelle légende du grand judo (続姿三四郎, Zoku sugata sanshiro)
- 1945 : Les Hommes qui marchèrent sur la queue du tigre (虎の尾を踏む男たち, Tora no o wo fumu otokotachi)
- 1946 : Ceux qui bâtissent l'avenir (明日を創る人々, Asu o tsukuru hitobito)
- 1946 : Je ne regrette pas ma jeunesse (わが青春に悔なし, Waga seishun ni kui nashi)
- 1947 : Un merveilleux dimanche (素晴らしき日曜日, Subarashiki nichiyobi)
- 1948 : L'Ange ivre (酔いどれ天使, Yoidore Tenshi)
- 1949 : Le Duel silencieux (静かなる決闘, Shizukanaru ketto)
- 1949 : Chien enragé (野良犬, Nora-inu)
- 1950 : Scandale (醜聞, Shubun)
- 1950 : Rashōmon (羅生門, Rashōmon)
- 1951 : L'Idiot (白痴, Hakuchi)
- 1952 : Vivre (生きる, Ikiru)
- 1954 : Les Sept Samouraïs (七人の侍, Shichinin no samurai)
- 1955 : Vivre dans la peur (Chronique d'un être vivant) (生きものの記録, Ikimono no kiroku)
- 1957 : Le Château de l'araignée (蜘蛛巣城, Kumonosu jo)
- 1957 : Les Bas-Fonds (どん底, Donzoko)
- 1958 : La Forteresse cachée (隠し砦の三悪人, Kakushi toride no san-akunin)
- 1960 : Les Salauds dorment en paix (悪い奴ほどよく眠る, Warui yatsu hodo yoku nemuru)
- 1961 : Yojimbo parfois appelé Le Garde du corps (用心棒, Yojimbo)
- 1962 : Sanjuro (椿三十郎, Tsubaki Sanjūrō)
- 1963 : Entre le ciel et l'enfer (天国と地獄, Tengoku to jigoku)
- 1965 : Barberousse (赤ひげ, Akahige)
- 1970 : Dodes'kaden (どですかでん, Dodesukaden)
- 1975 : Dersu Uzala aussi appelé L'Aigle de la Taïga (デルス・ウザーラ, Derusu Uzara)
- 1980 : Kagemusha, l'ombre du guerrier (影武者, Kagemusha)
- 1985 : Ran (乱, Ran)
- 1989 : Rêves (夢, Yume)
- 1991 : Rhapsodie en août (八月の狂詩曲, Hachi-gatsu no kyōshikyoku)
- 1993 : Madadayo (まあだだよ, Madadayo)
OEuvre posthume :
- 1998 : Après la Pluie (雨あがる, Ame agaru) : oeuvre posthume réalisée par Takashi Koizumi. La mise en scène, les scénarios et dialogues sont signés d'Akira Kurosawa.
Notes et références
..
Bibliographie
- Akira Kurosawa(trad. Michel Chion), Comme une autobiographie, Cahiers du cinéma, Quetigny,1997(réimpr. 1985, 1995), 318 p.(ISBN 9782866421809)
- (en) Donald Richie, The Films of Akira Kurosawa, University of California Press, Berkeley,1998(réimpr. 1965, 1984, 1996), 272 p.(ISBN 0-520-22037-4)
Liens externes