L'
antifascisme désigne au sens large l'opposition organisée au
Fascisme et à l'
Extrême droite, et dans une acception plus restreinte une idéologie tendant à s'opposer également à la droite dite « dure ».
Origines
À l'origine, l'antifascisme est un mouvement visant à s'opposer au Fascisme et, par extension, aux idéologies et pratiques issues des régimes hitlérien et mussolinien. Ce mouvement est né en Italie, comme le mouvement qu'il combat.
Les principales forces sociales antifascistes sont :
- la bourgeoisie libérale - principalement italienne, anglaise et américaine,
- le Mouvement ouvrier organisé (notamment les milieux anarchistes et communistes),
- après l'attaque de Hitler sur l'URSS et la rupture du pacte germano-soviétique en 1941, le Stalinisme international. ; gouvernement unissant les partis de la bourgeoisie libérale et du prolétariat pour contrer la menace fasciste. Cette tactique a été appliquée en France et en Espagne.
- les mouvements démocrate-chrétiens.
. Par ailleurs, les staliniens ont utilisé l'antifascisme assez systématiquement pour discréditer leurs opposants (les anarchistes devenant "anarcho-fascistes", etc.) depuis les Années 1930 jusqu'aux Années 1980, lorsque l'un des slogans du PCF était Gauchistes, Fascistes, Assassins.
En France, le courant antifasciste s'incarne d'abord dans le Front populaire, puis dans la Résistance, dont les gaullistes, les sociaux-démocrates et le PCF prennent la tête.
Pour le Trotskisme, et l'Anarchisme des Amis de Durruti, le véritable antifascisme ne peut se baser sur la tactique du Front populaire, mais sur l'action directe et révolutionnaire des masses ouvrières, et éventuellement sur le Front unique de leurs organisations. C'est faute de ce Front unique entre parti communiste et social-démocratie que Hitler l'emporte en Allemagne, selon Trotsky.
Actuellement, la tradition antifasciste est maintenue par les anciens résistants et leurs organisations. Elle est revendiquée par des mouvements politiques de l'extrême gauche (SCALP-No Pasaran, Francs-tireurs partisans…).
Critique de l'antifascisme
Pour
Amadeo Bordiga et les communistes de gauche d'Italie, l'antifascisme est une idéologie bourgeoise, visant à mêler les intérêts du prolétariat et à ceux de la bourgeoisie, pour sauvegarder le capitalisme en crise. Ils rejettent aussi bien le Front populaire que le Front unique. Pour eux, le fascisme est un phénomène typique, mais non extra-ordinaire, de la contre-révolution victorieuse après l'écrasement des ouvriers consécutif à la Première Guerre mondiale et à l'échec de la vague révolutionnaire des
Années 1920. La contre révolution se caractérise par la montée du fascisme et du stalinisme en Europe. Ce phénomène aboutit à la deuxième guerre impérialiste mondiale. C’est donc un phénomène historique et mondial que l'on ne peut pas combattre par la défense de la démocratie ou des libertés avec les bourgeois libéraux. C'est une politique du capitalisme dans sa phase de crise historique.
Certains analystes reprochent au mouvement antifasciste contemporain des combats à géométrie variable : pour Pierre-André Taguieff, philosophe et politologue, l'indignation des antifascistes vis à vis de certaines dictatures est davantage motivée par des motifs politiques que par un réel intérêt pour le sort des populations sous le joug de dictateurs. Il écrit ainsi que « depuis les années 1970, les "antifascistes" les plus résolus ne se mobilisent jamais contre les dictateurs en exercice dans le monde et ne semblent pas s'indigner devant les multiples régimes tyranniques qui privent de liberté des millions d'hommes ». Pour Taguieff, l'antifascisme tombe dans le manichéisme avec ses figures sacrées comme Fidel Castro ou Mao et ses obsessions comme les États-Unis ou l'extrême droite. Ainsi, selon lui, « la posture antifasciste à force de se rigidifier, se confond avec le simplisme manichéen de la mentalité libertaire la plus sectaire et obtuse ».
Il considère par ailleurs que l'antifascisme a été trop instrumentalisé pour masquer les crimes commis par les gouvernements communistes, notamment l'Union soviétique de Staline.
Une évolution contemporaine
Un antifascisme plus radical, parfois violent, est apparu dans les années d'après-guerre, puis a grossi à partir des
Années 1960 et
1970, ne s'opposant plus seulement aux groupes néo-nazis et intégristes, mais par généralisation à toute politique de droite dite « dure », qu'elle soit sécuritaire, conservatrice ou patriotique, voire « néo-libérale ». Ainsi certains politiciens de droite comme
Nicolas Sarkozy en
France ou
Oskar Freysinger en
Suisse, ou leurs partis, sont fortement critiqués, voire attaqués (le plus souvent verbalement), par les mouvements antifascistes actuels. On constate aujourd'hui que certains mouvements se réclamant de l'antifascime s'opposent non plus uniquement à l'extrême-droite, mais à la droite en général, et notamment au capitalisme.
La mouvance antifasciste est aussi fortement liée à la scène « skinhead de gauche » par le biais des organisations type RASH (Red and Anarchist SkinHead) et SHARP (SkinHead Against Racial Prejudices), ainsi qu'à une partie de la mouvance altermondialiste et anticapitaliste.
Voir aussi
Antifascisme avant 1945
- Résistance allemande au nazisme
- Résistance en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale
- Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA)
- Résistance intérieure française
Antifascisme contemporain
Bibliographie
Personnalités antifascistes
Notes et références