Boucicaut, Aristide (
14 juillet 1810,
Bellême –
26 décembre 1877, Paris) fut un commerçant
français.
Aristide Boucicaut a débuté sa carrière commerciale comme simple commis dans la boutique paternelle à Bellême qu’il quitte en 1828 pour suivre comme associé un marchand d’étoffes ambulant. En 1829, il entre comme vendeur au Petit Saint-Thomas, Rue du Bac à Paris. Devenu chef de rayon, il épouse, en 1836, Marguerite Guérin, une employée de la maison. En 1852, il s’associe au propriétaire d’un magasin de mercerie et de nouveautés à l’enseigne du « Bon Marché », sis rue de Sèvres, et se lance d’emblée dans la distribution de masse qui devait, en l’espace de quelques années, révolutionner le commerce de fond en comble. En 1863, il rachète les parts de participation de son associé Paul Videau et reste seul propriétaire de l’affaire. Le Bon Marché va alors rapidement décupler son chiffre d’affaires, passant d’un commerce de 4 rayons avec 12 employés à 450 000 francs de chiffre d’affaires au plus gros grand magasin du monde avec 1 788 employés.
L’idée du concept de grand magasin est venue à Aristide Boucicaut suite à l’Exposition universelle de 1855, où il s’était perdu. Cherchant à recréer l’expérience de profusion de biens qu’il y avait connue, il a inventé les notions de libre accès pour le consommateur sans obligation d’acheter, le prix fixe déterminé par étiquetage qui élimine le besoin de marchander, un assortiment très étendu vendu en rayons multiples laissant à la clientèle la possibilité de se perdre pour déambuler et dénicher de bonnes affaires, une politique de bas prix assise sur une marge de profit réduite et une prompte rotation des marchandises, la possibilité de retourner et d’échanger la marchandise insatisfaisante et des soldes à intervalles réguliers. Le Bon Marché offrait en outre de nombreux agréments à sa clientèle : magasin équipé d’ascenseurs, livraison à domicile, buffet et journaux gratuits, ballons distribués aux enfants. L’usage de la réclame était systématisé : affiches, catalogues, vitrines, animations. En 1856, le premier catalogue de vente par correspondance est lancé.
Aristide Boucicaut a également inventé les principes de commission sur les ventes et de participation aux profits pour ses employés. À sa mort, sa femme qui a continué son affaire est allée plus loin encore, offrant au personnel une caisse de prévoyance et des loisirs, tels que des cours de langues et de musique.
L’exemple d’Aristide Boucicaut a rapidement fait école à Paris et dans le monde, notamment aux États-Unis. En l’espace de quelques années, de nombreux magasins parisiens ouvrent qui copient la formule commerciale du Bon Marché : le Louvre en 1855, le Bazar de l’Hôtel de Ville (BHV) en 1856, À la Belle Jardinière en 1856, le Printemps en 1864, La Samaritaine en 1869, les Galeries Lafayette en 1894. Les principaux concurrents, notamment Jules Jaluzot, fondateur du Printemps et Marie-Louise Jaÿ, cofondatrice de La Samaritaine, étaient d’anciens employés du Bon Marché.
Aristide Boucicaut a servi de modèle principal au personnage d’Octave Mouret dans le roman de la série des Rougon-Macquart, Au Bonheur des Dames d’Émile Zola. Il meurt en 1877.
Une station du métro parisien lui est dédiée.
Bibliographie (en anglais)
- Michael B. Miller. The Bon Marché : bourgeois culture and the department store. Princeton: Princeton University Press, 1994. ISBN 069103494X