Auguste Rodin (François-Auguste-René Rodin) est un des plus importants sculpteurs français de la seconde partie du XIXe siècle (12 novembre 1840 à Paris - 17 novembre 1917 à Meudon).
Biographie
Formation
Auguste Rodin naît le
12 novembre 1840 à
Paris dans une famille modeste. En 1854 il est admis à l'École spéciale de dessin et de mathématiques dite la « petite école » à 14 ans (devenue depuis École nationale supérieure des arts décoratifs) où il suit les cours d'Horace Lecoq de Boisbaudran et du peintre Belloc.
1855 il découvre la Sculpture avec Antoine-Louis Barye puis Albert-Ernest Carrier-Belleuse.
1857 il quitte « la Petite École » et malgré un talent reconnu par ses professeurs, il échoue trois fois de suite au concours d'entrée de l'École des Beaux-Arts. Il est alors engagé comme artisan-praticien dans des ateliers de divers sculpteurs et staffeurs ornemanistes. 1862 frappé par le décès de sa soeur Maria, Rodin entre au Séminaire du Très-Saint-Sacrement. Le père supérieur l'encourage vivement à poursuivre dans la voie artistique.
Collaboration avec Carrier-Belleuse et Van Rasbourgh
1864 Auguste sort du séminaire et débute sa collaboration avec Albert-Ernest Carrier-Belleuse. Il rencontre Rose Beuret, une ouvrière couturière âgée de 20 ans qui lui servira de modèle et deviendra sa maîtresse et sa future épouse, et avec qui il aura un fils Auguste Eugène Beuret en 1866. Son « Homme au nez cassé » est refusé au
Salon de Paris ou Rodin ne sera exposé qu'en 1875.
1870 Rodin accompagne le sculpteur belge Antoine-Joseph Van Rasbourgh à Bruxelles ou il participe aux travaux de décoration de la Bourse du Commerce. Il est mobilisé comme Caporal dans la Garde nationale pour la guerre franco-allemande de 1870 puis réformé pour Myopie. Il retourne alors en Belgique avec Carrier-Belleuse avec lequel il collaborera jusqu'en 1872.
1873 il s'associe par contrat avec Van Rasbourgh et participe entre autre au décor du Palais des Académies à Bruxelles.
Voyage en Italie et étude de Michel-Ange
1875 il réalise un de ses grands rêves en voyageant en
Italie pour découvrir
Turin,
Gênes,
Pise,
Venise,
Florence, Rome,
Naples, leurs trésors artistiques et « découvrir les secrets » de
Donatello et surtout de
Michel-Ange. A son retour en France, il visite les Cathédrales françaises.
Première grande oeuvre et succès
1877 âgé de 37 ans, de retour à
Paris il réalise sa première grande oeuvre
L'Âge d'airain, la statue en grandeur nature en plâtre d'un jeune homme qu'il expose au « Cercle artistique et littéraire de Bruxelles » et au « Salon des Artistes français de Paris ». Sa statue donne une telle impression de vie, qu'on l'accuse scandaleusement d'avoir fait un moulage sur un modèle vivant. Des experts prouvent son génie et ce scandale retentissant amorce sa gloire, sa fortune et ses 40 ans de carrière. Les commandes officielles abondent rapidement et Rodin devient portraitiste mondain.
1878 Rodin crée son Saint Jean Baptiste plus grand que nature pour prouver définitivement qu'il n'a pas recours au moulage et prouver son génie. Rodin révolutionne alors la sculpture, par l’expressivité des formes, des expressions, des émotions, des sentiments et de la sensualité, de la perfection des visages, et de parties aussi complexes que les mains, les pieds etc. Il invente « le style Rodin » avec de nouvelles techniques de sculpture comme l’Assemblage, la démultiplication ou la Fragmentation, en totale contradiction avec l’académisme d'alors.
1879 il intègre la Manufacture nationale de Sèvres de Porcelaine jusqu'en décembre 1882.
1880 il installe son atelier au 182 rue de l'Université dans le 7e arrondissement de Paris (qu'il gardera toute sa vie) et l'état Français lui commande « La Porte de l'enfer » inspirée par La Divine Comédie de Dante et des Fleurs du mal de Charles Baudelaire pour le futur Musée des Arts décoratifs du Musée du Louvre, son oeuvre la plus monumentale de 7 m de haut et 8 tonnes, qui ne sera jamais livrée ni fondue en bronze de son vivant et à laquelle il travaillera seul jusqu’à la fin de ses jours (fondue en bronze en 1926 et exposée actuellement au Musée Rodin).
Il part en voyage en Angleterre ou il apprend la Gravure avec Alphonse Legros à Londres. A son retour en France il réalise les figures d'Adam, d'Ève et Le Penseur en 1882.
Camille Claudel
1883 Rodin fait la connaissance de sa brillante jeune élève et
muse Camille Claudel alors âgée de 19 ans, qui partage son atelier et participera activement entre autre à la création du monument Les Bourgeois de Calais (commandé en 1885 par la municipalité de
Calais à la mémoire d'Eustache de Saint Pierre) et avec qui il entretient une relation artistique et amoureuse passionnée et tumultueuse durant 10 à 15 ans. Rodin refuse les demandes de mariage de Camille qui sombre dans la
Démence.
1887 il est fait Chevalier de la Légion d'honneur et illustre de lithographies Les Fleurs du mal de Baudelaire des éditions Gallimard. L'État français lui commande Le Baiser en marbre pour l'Exposition universelle de Paris de 1889.
1889 Auguste Rodin est un des membres fondateurs de la Société Nationale des Beaux-Arts et recoit la commande du monument à Victor Hugo pour le Panthéon de Paris (assis puis debout). Il expose avec Claude Monet à la « Galerie Georges Petit ».
1891 la Société des gens de lettres lui commande un monument pour Honoré de Balzac. Il est promu Officier de la Légion d'honneur en 1892 et succède à Aimé-Jules Dalou au poste de Président de la section sculpture et vice-président de la Société Nationale des Beaux-Arts.
1893 il s'installe avec Rose à la Villa des Brillants à Meudon ou il commence à constituer sa collection d'antiques et de peintures (devenu depuis un Musée Rodin). En 1894 Claude Monet l'invite chez lui à Giverny en Normandie ou il rencontre Paul Cézanne.
1897 Rodin fait publier « l'album Goupil » (du nom de l'éditeur) : 142 dessins ou il divulgue ses techniques de travail novatrices.
Consécration internationale
1900 une rétrospective de son oeuvre organisée au « Pavillon Rodin » de la
Place de l'Alma pour l'Expositions universelles de Paris lui vaut une consécration internationale. Il est nommé
Chevalier de l'Ordre de Léopold de Belgique. En 1901, le pavillon est transféré dans sa propriété de
Meudon et devient son atelier. Il est fait
Commandeur de la Légion d'honneur en 1903.
1904 Rodin devient l'amant de la peintre et femme de lettres britannique Gwendolen Mary John (soeur du peintre Auguste John). Elle lui sert de modèle pour la Muse Whistler. Puis il rencontre la duchesse de Choiseul dont il devient l'amant jusqu'en 1912. En 1905 Rodin rencontre le poète Rainer Maria Rilke qui devient son secrétaire jusqu'en 1906.
1906 Le Penseur est placé devant le Panthéon de Paris et Rodin s'installe à l'Hôtel Biron en 1908 que Rilke lui fait découvrir (actuel Musée Rodin). Il est nommé Grand officier de la Légion d'honneur en 1910.
1911 l'État commande un buste de Pierre Puvis de Chavannes pour le Panthéon de Paris et l'Angleterre acquiertLes Bourgeois de Calais pour les jardins du Palais de Westminster de Londres (Parlement du Royaume-Uni). L'Homme qui marche est installé au Palais Farnèse (ambassade de France à Rome). La « salle Rodin » du Metropolitan Museum de New York est inaugurée en 1912.
1913 Camille Claudel est internée à l'Hôpital de Ville Evrard puis à l'Hôpital de Montfavet ou elle décèdera 30 ans plus tard le 19 octobre 1943, malheureuse, misérable, rejetée de tous, après avoir sombré progressivement dans la Démence. Lors de la déclaration de Première Guerre mondiale, Rodin fuit la France pour l'Angleterre avec Rose, ou il tombe gravement malade. Il réalise le buste du pape Benoît XV au cours d'un voyage à Rome en 1915.
1916 Rodin gravement malade fait trois donations successives de son hôtel particulier, de son atelier et de ses collections d'art à l'État français afin de les transformer en Musée Rodin. La Chambre des députés et le Sénat votent l'établissement du Musée Rodin à l'Hôtel Biron. Rodin reçoit une commande pour un monument à la mémoire des combattants de Verdun.
Disparition
À son retour en France, âgé de 77 ans, il épouse à
Meudon, après 53 ans de vie commune, le 29 janvier 1917, Rose Beuret, âgée de 73 ans et très affaiblie. Rose s'éteint le 14 février 1917, suivie le 17 novembre par Auguste. Leur sépulture à Meudon est dominée par le
Penseur. Le
Musée Rodin du 79
Rue de Varenne dans le 7e arrondissement de Paris est inauguré et ouvert au public le 4 août 1919. Sa Villa des Brillants à
Meudon du 19 avenue Auguste Rodin est également devenue depuis un musée.
L'oeuvre d'Auguste Rodin
Il a révolutionné la sculpture par une liberté de forme qu'on n'avait pas connue jusque-là. Il sculpte un danseur (
Mouvement de danse H ) sans tête et dont les membres forment des lignes s'élançant vers le haut, exprimant ainsi l'oubli de soi et la libération du corps dans la danse. Son célèbre
Penseur est tout en déséquilibre, composé de cinq triangles dans un arrangement précaire, exprimant ainsi la nature du cours de la pensée et son lien au corps. Réexplorant le maniérisme tout en l'associant à un travail de la matière, il exprime avec des sculptures comme
Le Baiser une sensualité qui choque parfois le public de l'époque. On reconnaît souvent ses oeuvres à une forme achevée qui reste partiellement prise dans un bloc plus rustique et partiellement dégrossi. Le résultat toujours frappant est un équilibre entre un modèle englué dans la masse brute et un élan donné à l'oeuvre qui semble toujours prête à s'en échapper. Il s'est lié avec le peintre américain Whistler et avec
Alphonse Legros.
Rodin, à l'avant-garde de son art, a laissé les moules de ses sculptures à la disposition du public. Il avait aussi préparé des copies de sa signature. Une manière pour lui de laisser d'autres prolonger son oeuvre après son décès.
La statue d'Honoré de Balzac fit scandale (pour son apparence et sa préparation interminable) et la Société des Gens de Lettres, commanditaire de l'oeuvre, la refusa. Rodin emporta l’oeuvre dans sa villa de Meudon et c’est là que quelques années plus tard, un jeune photographe allemand en découvrira la beauté, assurant les débuts de sa postérité. Ce n'est qu'en 1939 qu'un tirage en bronze fut érigé à Paris, Boulevard Raspail. Rodin écrivait en 1908 : « Cette oeuvre dont on a ri, qu’on a pris soin de bafouer parce qu’on ne pouvait pas la détruire, est la résultante de toute ma vie, le pivot de mon esthétique ». Trois oeuvres de Rodin qui se trouvaient dans le World Trade Center ont été sérieusement endommagées lors des attentats du 11 septembre 2001. Lors des fouilles qui ont eut lieu après les attentats, on a retrouvé en mauvais état Les Bourgeois de Calais, et Les Trois Ombres. En revanche, une reproduction du Penseur, ayant été retrouvée par un pompier de New York, a été perdue, probablement volée.
Rodin a notamment eu pour collaboratrice Camille Claudel (elle était chargée de dégrossir les marbres d'après un modèle en plâtre.) Tout à la fois muse et maîtresse, elle lui a aussi servi de modèle, lui inspirant des oeuvres comme la Convalescente, la France ou la Pensée… Un débat fait rage entre Rodiniens et Claudeliens quant à la réalisation de certaines oeuvres jusque-là attribuées à Rodin, par Camille Claudel. Les recherches les plus récentes menées à l'occasion de l'exposition itinérante « Camille Claudel et Rodin, rencontre de deux destins », (Musée national des Beaux-Arts du Québec, Detroit Institute of Art, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, 2005-2006) montrent la grande complexité des rapports entre les deux sculpteurs travaillant ensemble dans le même atelier aux mêmes sujets. Tous deux ont vécu une passion stimulante mais orageuse, relatée de manière romanesque dans le film Camille Claudel.
Le marché de l'art a connu un scandale important aux cours des Années 1990 avec la découverte d'un réseau de faussaires, dont Guy Hain, condamnés par la justice française en 2001 mais dont l'activité a inondé le marché de centaines d'oeuvres contrefaites. Il existe plusieurs projets de catalogues raisonnés des oeuvres du sculpteur menés par le Musée Rodin et par le Comité Auguste Rodin à Paris.
Plusieurs lieux et bâtiments portent le nom du sculpteur à Paris dont la place Rodin dans le 16e arrondissement de Paris et le Lycée Rodin dans le 13e arrondissement de Paris, Rue Corvisart et aussi au musée de Rodin situé aussi à Paris.
OEuvres
- L'Âge d'airain (1877) L'oeuvre est tellement réaliste que Rodin a été suspecté de moulage sur nature. Plusieurs années ont été nécessaires pour qu'il soit totalement disculpé, en présentant le modèle.
- Saint Jean Baptiste (1878) L'oeuvre est scuptée plus grande que nature pour prouver qu'il n'a pas recours au moulage et prouver son génie en sculpture.
- Le Penseur (1882). La plus connue.
- Adam (1882)
- Ève (1882).
- La Cathédrale.
- Ugolin et ses enfants.
- Le Baiser (1886).
- Les Bourgeois de Calais.
- La Porte de l'enfer : C'est une sorte de compilation de nombreuses oeuvres. Rodin est blessé et meurtri qu'on ait pu le suspecter de moulage pour L'Âge d'airain. Même disculpé, il en aura toujours un ressentiment. La Porte de l'enfer, dont son chantre Octave Mirbeau nous a laissé, en février 1885, la seule description complète, va être pour lui une sorte d'exutoire où il veut montrer qu'il est capable de reproduire ses oeuvres en miniature dans tous leurs détails et par la même que les grandes sont d'authentiques faites main. La porte de l'enfer est une sorte de Point d'orgue de l'ensemble de son oeuvre. « Elle restera très vraisemblablement inachevée », notait Gustave Coquiot, l'un de ses secrétaires, dans Le vrai Rodin (1913).
- Éternelle idole.
- Mignon.
- L'âge mûr.
- L'art
- Illustration des Fleurs du Mal de Baudelaire pour Gallimard (1887) et du roman d'Octave Mirbeau, Le Jardin des supplices (1899).
- Ombre
- Amour et Psyché, marbre, vers 1907, Musée des Beaux-Arts de Nancy
- Claude Gellée dit Le Lorraine, bronze, Parc de la Pépinière
- Balzac. Commandée à la fin du XIXe siècle par La Société des Gens de Lettres, la statue d'Honoré de Balzac, à la fois majestueuse et fantomatique, donna lieu à une vive polémique. D’abord refusée par ses commanditaires qui demandèrent aussitôt une autre statue à Alexandre Falguière, elle ne fut exposée que longtemps après sa première présentation. On lui reprochait de n'avoir conservé de Balzac que l'aspect moribond . Emile Zola , grand admirateur de Balzac et de Rodin , fut un ardent défenseur de cette oeuvre. On peut la voir aujourd'hui sur le quai métro Varennes, à Paris, ainsi que dans le jardin du Musée Rodin,rue de Varennes. Le modèle fut un italien nommé Nardone, qui posa bien plus tard, alors octogénaire, pour Germaine Richier en 1947.
Filmographie
Expositions temporaires
Notes et références
Voir aussi
Liens externes
- Le Baiser de Rodin Une vidéo de la série « Présence des arts » qui retrace la création du « Baiser ». Les étapes de la fabrication de la statue sont présentées à travers les études préparatoires réalisées en glaise, en marbre et en bronze. Conçue en parallèle avec la « Porte de l'Enfer », le « Baiser » propose une scène à la fois sensuelle et pudique. L'oeuvre symbolise aussi les recherches esthétiques de son créateur. Avec une piste pédagogique réalisée par le Scérén-CNDP et des ressources complémentaires : liens internet, bibliographie, filmographie.
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- (fr)[mp3] Le "Testament" d'Auguste Rodin, version audio