Le terme de « Vieille Alliance »,
Auld Alliance en
Scots, désigne une alliance entre la
France, l’
Écosse et la
Norvège qui tire son origine dans la saga des jarls des Orcades («
Orkneyinga saga ») et de l’invasion de la
Normandie par les
Vikings. La Norvège n’y fit jamais référence, mais cette alliance constitue la base des relations franco-écossaises de
1295 à
1746.
Histoire de l’alliance
L
Auld Alliance est une alliance entre la France, la Norvège et l'Écosse, aux dépens de l’Angleterre. Elle remonte à 1165 lorsque Guillaume le Lion adressa une ambassade à Louis VII de France bien que la première trace écrite de cette alliance soit le traité signé à Paris le 23 octobre 1295 entre les représentants de Jean Baliol et Philippe le Bel. Le 23 février 1296, le Parlement écossais ratifie le traité d’alliance signé avec la France. Ce traité prévoyait que si l’un des États subissait une attaque de l’Angleterre, l’autre État envahirait l’Angleterre, comme le montre l’exemple de la bataille de Flodden Field en 1513.En 1326, Robert Bruce renouvela l’Alliance par le traité de Corbeil. Aux XIVe et XVe siècles, le traité fut invoqué à six reprises.
Le 6 juillet 1560, le Traité d'Édimbourg révoqua officiellement l’alliance, après 250 ans. L’Écosse devenue protestante s’alliait désormais avec l’Angleterre, protestante également. Cependant, certains points du traité restaient en application. Entre autres, tous les Écossais furent reconnus comme des citoyens français jusqu’à la révocation de ce point en 1903 par le gouvernement français.
Autres conséquences de l’alliance
Bien qu’elle fût avant tout militaire et diplomatique, l’alliance garantissait la double citoyenneté entre les deux États. Le traité affecta la vie des Écossais dans différents domaines, l’architecture, la loi, la
langue et la cuisine du fait des nombreux mercenaires écossais qui purent entrer au service de la France. Les Écossais prirent goût aux meilleurs vins français. À cette époque, le
bordeaux était, devant le
Whisky, la «
boisson nationale » de l’
Écosse. En
1620, le port écossais de
Leith importait ainsi un million de litres de claret, soit un litre par habitant !
Mise en application du traité
En
1336, au début de la
Guerre de Cent Ans, le roi de France Philippe de Valois fournit une aide militaire au roi d’Écosse
David II en exil en France après avoir été déposé par Édouard III d’Angleterre.
En 1346, l’Écosse envahit l’Angleterre pour défendre les intérêts de la France. L’armée écossaise fut cependant vaincue et David II fait prisonnier à la bataille de Neville’s Cross.
En 1421, lors de la Bataille de Baugé, les forces franco-écossaises causèrent une sévère défaite aux Anglais et les Français récompensèrent gracieusement les Écossais. Cette victoire fut de courte durée car en 1424, à la Bataille de Verneuil les troupes écossaises furent anéanties. Malgré cette défaite, l’action des Écossais fut un soutien suffisamment efficace qui donna un répit à la France, la préservant ainsi d’une occupation complète par l’Angleterre.
En 1429, des Écossais assistèrent Jeanne d’Arc pour lever le siège d’Orléans. Un corps d’Écossais fut établi pour défendre la personne du roi de France. De nombreux seigneurs Écossais s'intallèrent en France, certains continuèrent de se considérer comme Écossais et d'autres s'intégrèrent comme les Stuarts de Darnley, devenus seigneurs d'Aubigny (petite ville du Nord du Berry) qui restera "écossaise" jusqu'au XVIIIe siècle.
En 1558, cette alliance historique fut encore renforcée par le mariage du Dauphin François (futur François II) avec Marie Stuart. À cette occasion, le roi de France Henri II établit une lettre de grande naturalisation automatique entre Français et Écossais.
Au XVIIIe siècle, après l'Acte d'union (1707) des royaumes d'Angleterre et d'Écosse, certains Jacobites, partisans des Stuarts défaits à la Bataille de Culloden (1746), trouvent refuge en France au nom de l'Auld Alliance, en particulier à Saint-Germain-en-Laye et à Sancerre.
En 1942, le général De Gaulle qualifie l’alliance franco-écossaise de « plus vieille alliance au monde ». Il l'a d'ailleurs appliquée en autorisant des parachutistes français à être réunis à une unité anglaise (les SAS), car elle était dirigée par un Ecossais (David Stirling).
De nos jours, l'Auld Alliance est surtout évoquée lors d’événements folkloriques ou sportifs (Tournoi des six nations en particulier). Aujourd'hui plus connue des Écossais que des Français, elle demeure pour les premiers l'une des marques de leur identité nationale les différenciant profondément des Anglais. En France elle est particulièrement commémorée à Saint-Germain-en-Laye et à Aubigny-sur-Nère où se situe un musée consacré à l'Alliance et se déroulent chaque année des Fêtes franco-écossaises.
Notes et références
Sources
- Michel Duchein, Histoire de l'Écosse, Éditions Fayard, Paris, 1998, (ISBN 2-213-60228-X).
Liens externes