Ayrton Senna da Silva était un pilote automobile brésilien né le
21 mars 1960 à
Sao Paulo (
Brésil) et mort le
1er mai 1994 à
Bologne (
Italie), suite à un accident survenu à
Imola lors du Grand Prix de Saint-Marin.
Véritable idole au Brésil où son statut a dépassé celui de simple champion sportif, il est considéré comme l'un des plus grands pilotes de l'histoire de la Formule 1.
Biographie
Naissance d'un pilote
Initié aux joies du pilotage dès son plus jeune âge, Ayrton Senna disputa ses premières compétitions de karting à l'adolescence. Champion d'Amérique du Sud de kart en 1977, puis vice-champion du monde de la spécialité en 1978 et 1979, il fait en 1981 le grand saut vers le Royaume-Uni, passage quasi-obligatoire pour rêver à une grande carrière internationale. Au Royaume-Uni, Senna ne tarda pas à se forger une solide réputation dans le milieu du sport automobile. Champion de
Formule Ford 1600 britannique en 1981, champion de Formule Ford 2000 (britannique et européenne) 1982, il décrocha en 1983 le très prisé championnat de
Formule 3 britannique.
La rapidité de Senna, alliée à un style en piste très agressif ne passa pas inaperçue et déjà, les plus prestigieuses écuries de Formule 1 avaient le garçon à l'oeil. Durant l'été 1983, alors que sa saison de Formule 3 n'était pas achevée, il fut convié à un test par l'écurie Williams. Quelques mois plus tard, ce sont les prestigieuses équipes McLaren et Brabham qui testèrent le jeune espoir brésilien. Mais pour diverses raisons, toutes ces grandes équipes ne furent pas en mesure de proposer à Senna un volant pour le Championnat du monde de Formule 1 1984. C'est donc finalement au sein de la plus modeste équipe Toleman que Senna effectua ses débuts en GP.
S'il était alors considéré comme l'un des grands espoirs de la Formule 1, Senna effectua ses premiers pas dans le championnat du monde de manière relativement anonyme, dans le ventre mou du peloton. Mais son statut changea soudainement à l'occasion du GP de Monaco 1984, le cinquième GP de sa carrière. Alors que des trombes d'eau s'abattaient sur la Principauté et mirent en déroute la plupart des ténors, Ayrton Senna livra une prestation de toute beauté. Parti du fond de grille, il était sur les talons du leader Alain Prost lorsque la course fut stoppée pour raisons de sécurité. Cette performance lui valut de voir à nouveau affluer les offres des plus grandes équipes. Fin 1984, il rejoignit ainsi l'écurie Lotus-Renault.
Premiers succès
Chez Lotus, au sein d'une équipe capable de jouer régulièrement la victoire, Senna confirma immédiatement son potentiel en remportant le GP du Portugal disputé le 21 avril 1985 sous le déluge. Plus tard dans l'année, c'est sur le très sélectif tracé de Spa-Francorchamps qu'il remporta sa deuxième victoire. Chez
Lotus, Senna était particulièrement apprécié car outre ses qualités de pilotage, il faisait preuve d'une acuité rare dans le dialogue technique avec les ingénieurs. En 1986 et 1987, Senna continua de jouer les premiers rôles en F1, décrochant au passage sa première victoire à Monaco (ainsi que la dernière victoire de l'écurie Lotus au volant de la
Lotus 99T), mais sans parvenir à véritablement prétendre au titre mondial, l'écurie Lotus apparaissant un peu limitée face aux deux grosses équipes qu'étaient
Williams et McLaren.
La rivalité avec Prost
En 1988, la carrière de Senna prit une nouvelle dimension avec son arrivée (conjointement à celle du motoriste Honda) chez McLaren. Pour Senna, l'arrivée chez McLaren marqua aussi le début de sa grande rivalité avec Alain Prost, son nouvel équipier, et alors considéré comme le meilleur pilote du monde. 1988 fut la saison de la consécration pour Senna puisqu'il remporta son premier titre mondial. Titre décroché au GP du Japon à l'occasion de l'avant-dernière épreuve du championnat à la suite d'une folle remontée rendue nécessaire par un départ complètement manqué.
En 1989, Prost prit sa revanche sur Senna. Mais autant la saison 1988 avait été celle de l'entente cordiale entre les deux équipiers, autant 1989 fut celle de la polémique. En 1988, il avait été certes question du traitement de faveur des motoristes de Honda en direction de Senna au détriment de Prost, et Senna s'était rendu coupable d'une manoeuvre dangereuse sur Prost lors du GP du Portugal, mais cela n'avait pas entaché les rapports entre les deux hommes. Changement d'atmosphère dans les jours suivant le GP de Saint-Marin 1989. Prost accusant Senna de ne pas avoir respecté un pacte au départ du GP (les deux hommes s'étaient mis d'accord pour ne pas s'attaquer au premier virage, afin de ne pas risquer un accrochage bête), le patron de McLaren, Ron Dennis, entreprit de réunir les deux hommes quelques jours plus tard à l'occasion d'une séance d'essais privés sur le tracé de Pembrey en Angleterre pour régler le différend. Peu de temps après, Prost confia à la presse française que sermonné par Ron Dennis, Senna avait pleuré lors de cette réunion. Cette révélation provoqua la fureur du pilote brésilien.
Les rapports ainsi envenimés entre les deux hommes aboutirent à l'accrochage du GP du Japon 1989 en fin de saison. Prost répliqua en résistant à une tentative de dépassement de Senna à l'entrée d'une chicane, ce qui provoqua l'accrochage. Reparti en court-circuitant cette chicane, Senna remporta la course (victoire synonyme d'espoirs retrouvés dans la lutte pour le titre) mais fut disqualifié. Alain Prost décrochant là son 3e titre mondial. Cet accrochage porte toujours à discussion. Senna part d'assez loin pour un dépassement régulier mais les vues d'hélicoptère montre que Prost ferme nettement la porte, ce qui parait normal lorsqu'on sait que le titre se jouait. Cet accrochage est assez similaire à celui qui a opposé Jacques Villeneuve et Michael Schumacher à Jerez en 1997. Mais en 1989, c'est le pilote attaquant, donc Senna, qui écopa d'une amende et d'une mise à l'épreuve sur la super-licence de pilote pour avoir exprimé ses doutes sur la décision des commissaires de le disqualifier. Pour lui il s'agissait d'une manoeuvre de la FIA. "What we see today is a truely manipulation of the '89 Championship" (Ce que vous voyons aujourd'hui est une vraie manipulation du Championnat 89) déclare-t-il à Adélaïde en novembre 1989, s'attirant les foudres de Jean-Marie Balestre.
Prost parti chez Ferrari en 1990, la lutte reprit de plus belle entre les deux hommes et aboutit sur un nouvel accrochage, toujours à Suzuka. Irrité que l'auteur de la pole-position (c'est-à-dire lui-même) soit placé sur le côté poussiéreux de la piste (conformément au règlement de la FIA), Senna éperonna volontairement Prost à l'abord du premier virage, à haute vitesse, s'octroyant ainsi son deuxième titre mondial. Simple revanche de l'accrochage de 1989 pour les uns, manoeuvre folle et antisportive pour les autres, l'accrochage de 1990 acheva de faire de Senna l'un des pilotes les plus controversés de son temps. Senna reconnut lui-même publiquement l'année suivante avoir provoqué volontairement cet accident en critiquant sévèrement l'action de l'ancien président français de la FIA, Jean-Marie Balestre, qu'il accusait implicitement de jouer en faveur d'Alain Prost. Malgré le fait qu'il admette aujourd'hui avoir compris que ce geste de Senna n'était pas vraiment tourné contre lui mais contre la fédération, Alain Prost considère que cet accrochage est la seule chose qu'il ne peut pas pardonner. Car même si l'angle de contact et le large dégagement de gravier ont fait que les deux pilotes n'ont rien eu, ils auraient pu se blesser gravement. Pour des pilotes qui ont vu plusieurs de leurs copains du paddock se tuer, comme Jackie Stewart avec Clark, Rindt et François Cevert, ce geste de Senna reste à jamais incompréhensible.
En 1991, malgré la montée en puissance des Williams-Renault, Senna décrocha un troisième titre mondial. Mais en 1992, il ne fut pas en mesure de résister à l'invincible Nigel Mansell et sa voiture dotée d'une électronique embarquée très performante, pas plus qu'en 1993 face à Prost, à son tour au volant de la Williams-Renault. Mais malgré un matériel qui en 1993 n'était pas le plus compétitif du plateau (Mclaren avait troqué les V12 Honda pour un V8 Ford), Senna livra quelques magnifiques démonstrations de pilotage, la plus célèbre d'entre elles ayant eu lieu sous la pluie de Donington, où Senna dépassa quatre voitures (dont celle de Prost) lors d'un premier tour d'anthologie. Mais tout comme Alain Prost, Senna n'aimait pas l'évolution électronique de la F1. Il considérait lui-même que sa performance de Donington était plus liée à l'excellente electronique TAG de sa McLaren qu'à son pied droit, qui lui avait fait la différence sous le déluge d'Estoril pour sa premiere victoire. Il s'imposa aussi pour la 5e fois consécutive à Monaco.
Mais les fans retiendront la belle fin de cette rivalité : elle fut scellée sur le podium du Grand Prix d'Australie 1993, où ils se réconcilièrent sincèrement au moment où Prost achevait sa carrière. Ils discuteront ensuite beaucoup ensemble durant l'intersaison, parachevant cette réconciliation. En fait, s'attaquant exclusivement au caractère, à la personnalité du rival au plus fort de leur « match », seuls au sommet de la F1, jamais l'un n'aura mis en doute le talent de pilote de l'autre. Un véritable respect, donc, entre deux pilotes bien conscients que leur carrière respective n'aurait pas eu le même relief s'ils n'avaient pas été là en même temps.
La mort de Senna
Après avoir vainement tenté de rejoindre Williams-Renault fin 1992 (Prost qui venait de signer dans cette écurie opposa son veto à la venue de Senna, lequel menaça de rejoindre les compétitions américaines avant de finalement disputer une ultime saison pour le compte de McLaren), Senna rejoignit l'écurie anglo-française fin 1993, Prost ayant pris sa retraite. Présenté comme le grand favori du championnat 1994, l'histoire tourna pourtant au drame. Au volant d'une voiture plus rétive que prévu, Senna dut subir la loi de
Michael Schumacher à l'occasion des deux premières courses de la saison où il signa à chaque fois la pole position. La Williams-Renault FW16, privée des assistances électroniques au pilotage (suspensions actives, anti-patinage, etc.) interdites depuis la fin de la saison précédente, exploitait mal la puissance de son moteur.
Le troisième Grand Prix de la saison, le Grand Prix de Saint-Marin, disputé sur le tracé d'Imola en Italie les, 29, 30 avril et 1er mai 1994, tourna au cauchemar. Le vendredi, premier avertissement avec une violente cabriole du jeune Rubens Barrichello (Jordan) qui s'en tira blessé. Le samedi, lors des essais qualificatifs, où Senna signa sa 65e et dernière pole-position, le pilote autrichien Roland Ratzenberger fut victime d'un accident mortel au volant de sa Simtek-Ford, juste après avoir perdu un aileron, dans le virage de Tosa. Senna voulut se rendre sur les lieux du crash mais il s'en trouva empêché. Il fut profondément affecté par ce drame, et ressentit un mauvais pressentiment.
Roland Ratzenberger fut très certainement tué sur le coup, mais sa mort ne fut prononcée que lors de son transfert hors du circuit. Or, si elle avait effectivement été constatée sur place, la piste d'Imola aurait été placée sous scellés aux fins d'inspection et d'enquête, comme le veut la justice italienne, ce qui aurait automatiquement entraîné le report du Grand Prix.
La course eut donc lieu. Le dimanche 1er mai, au départ, un accident se produisit dès le feu vert, la Lotus du Portugais Pedro Lamy percutant la Benetton du Finlandais JJ.Lehto sur la grille, des débris s'envolant par dessus les tribunes, touchant des spectateurs et un policier. Course neutralisée d'entrée, la voiture de sécurité emmena donc la meute des F1 au ralenti durant cinq tours, et s'écarta. À peine lancé à pleine vitesse, en tête dans cette sixième boucle, talonné par la Benetton de Michael Schumacher, Ayrton Senna perdit le contrôle de sa monoplace qui partit tout droit dans la courbe ultra-rapide de Tamburello avant d'aller percuter un mur de béton avec une rare violence (210 km/h lors de l'impact), à 14h18. Alors que Senna recevait des soins d'urgence à même la piste, avant d'être héliporté vers l'hôpital Maggiore de Bologne, ce funeste Grand Prix alla à son terme après une interruption d'une vingtaine de minutes, non sans qu'un nouveau drame se produise dans les stands : à 11 tours de la fin, la Minardi de Michele Alboreto perdit une roue qui allait blesser plusieurs mécaniciens dans sa course folle.
De fausses rumeurs circulaient autour du circuit indiquant que Senna était sauf, mais il n'y avait aucun moyen de le soigner compte tenu de la gravité de ses blessures et de sa « Mort cérébrale » constatée dès son arrivée à l'hôpital. Deux heures après la collision, l'état de Senna était très critique : coma profond, front enfoncé, multiples fractures. Par la suite « Magic » a été transféré à l'hôpital Bellaria, spécialisé dans la neurochirurgie, où l’on devait tenter une opération au cerveau, « qualifiée de la dernière chance ». Son décès fut officiellement prononcé peu après 18h30. La cause directe de la mort du pilote brésilien résulte d'une circonstance malheureuse. En effet, sous la violence du choc, le triangle supérieur de la suspension avant de sa F1 s'est brisé et est allé frapper, tel un sabre, la visière de son casque. Selon l'autopsie, cette pièce aurait perforé le visage de Senna sous l'arcade sourcilière droite provoquant ainsi des lésions irréversibles au cerveau et une forte hémorragie.
La cause officielle de l'accident d'Ayrton Senna est une rupture de la colonne de direction de sa monoplace. Senna avait lui-même exigé que cette colonne soit reconçue de manière à améliorer son confort de pilotage. La modification ayant été réalisée dans l'urgence, une mauvaise soudure aurait donc été la cause de la rupture de la colonne de direction sollicitée à pleine vitesse dans Tamburello. Cela valut aux principaux responsables de l'écurie Williams (Frank Williams le propriétaire de l'écurie, Patrick Head, le copropriétaire et directeur technique de l'écurie, et Adrian Newey, le concepteur de la voiture) d'être traduits devant la justice italienne. Mais à l'issue d'une longue procédure de près de dix années, la justice prononça l'acquittement des divers intéressés.
D'autres hypothèses ont été avancées, parfois farfelues (un malaise de Senna, qui avait l'habitude de piloter en apnée sur de longues portions), parfois plus intéressantes, comme celle qui évoque une chute de la pression des pneumatiques (due à un possible passage sur un débris présent sur la piste, ou tout simplement en raison de la baisse de rythme consécutive aux nombreux tours couverts sous safety-car juste avant le drame). La baisse de pression des pneus aurait alors entraîné une diminution de la garde au sol de la voiture. Cette dernière, au passage d'une bosse, aurait talonné (le fond-plat de la voiture venant directement au contact de la piste, la voiture privée de l'adhérence générée par l'effet de sol, se serait transformée en luge, et devenue incontrôlable), expédiant Senna hors-piste.
Seul son co-équipier de l'époque, Damon Hill, a osé évoquer une possible faute de la part de Senna. Il ne s'agirait pas d'une faute de pilotage mais d'une trop grande prise de risque. En effet, durant les essais, Senna aurait conseillé à Hill de ne pas trop passer à l'intérieur de la trajectoire de la courbe du Tamburello du fait des nombreuses bosses. Leurs Williams ayant une garde au sol et un débattement de suspension assez faible, elles les supportaient mal. Pourtant pendant la course, Senna prit l'intérieur de cette courbe. Cela peut s'expliquer par le contexte : Senna avait déjà 20 points de retard sur Schumacher au championnat, et selon Alain Prost, il soupçonnait la Benetton de l'Allemand d'avoir un anti-patinage illégal. Senna aurait donc pris un risque avec sa Williams mal née pour essayer de creuser l'écart sur Schumacher. De là sa voiture aurait talonné en « effet surf » (comme décrit plus haut) et l'aurait projeté dans le mur.
Le matin de ce grand prix fatal, Senna, réconcilié avec Prost, lequel avait rejoint les commentateurs sportifs pour la chaîne de télévision TF1, lui avait adressé un message amical en direct alors qu'il effectuait un tour de circuit commenté : « Before the beginning, a special hello to my... our dear friend Alain. We all miss you Alain ! »
Senna depuis 1994
Issu d'un milieu aisé, lui-même rapidement multimillionnaire, Senna n'en était pas moins préoccupé par les graves difficultés économiques et sociales de son pays. Finançant pendant plusieurs années des oeuvres caritatives, Senna avait commencé à la fin de sa vie à réfléchir à un projet de plus grande envergure visant à aider les enfants les plus démunis. Senna disparu, c'est sa soeur Viviane Senna Lalli qui a concrétisé les projets du pilote brésilien, en mettant sur pied la Fondation Ayrton Senna, un organisme qui met en place des projets éducatifs pour les enfants les plus démunis, notamment par la pratique régulière du sport l'après midi après avoir été en classe le matin. Selon Viviane, il s'agit non seulement d'apprendre aux enfants à respecter des règles et le fair-play, mais aussi de les "fatiguer" pour qu'ils aillent se coucher tôt le soir et éviter qu'ils traînent dans les rues peu sûres des
favelas.
Senna a décroché la première place des meilleurs pilotes de F1 de tous les temps lors d'un vote mis en place en 2005 par le plus important magazine automobile brésilien, ainsi que la principale chaîne de télévision brésilienne. Les votants regroupaient de grands chroniqueurs sportifs de la Formule 1, ainsi que des pilotes de renom comme Alain Prost, Nelson Piquet, Michael Schumacher, Jean Alesi, Jackie Stewart ou encore Stirling Moss et Niki Lauda.
Famille et vie privée
Ayrton Senna était l'un des trois enfants de Milton da Silva (un riche propriétaire terrien) et de Neide Senna. Ayrton avait une soeur ainée (Viviane) et un frère cadet (Leonardo).
Brièvement marié au tout début de sa carrière, Ayrton a eu par la suite plusieurs "fiancées" plus ou moins médiatisées. La plus connue est Adriane Galisteu, un mannequin brésilien qui était sa compagne au moment de son accident, et qui s'est par la suite attirée les foudres de la famille Senna en monnayant sa célébrité dans des magazines de charme.
N'ayant jamais eu d'enfant, Ayrton Senna était très proche de son neveu Bruno, le fils de sa soeur Viviane. Devenu pilote à son tour, Bruno Senna dispute en 2007 le championnat de GP2 Series.
Son caractère et ses croyances
La fascination provoquée par Ayrton Senna ne tient pas qu'à ses remarquables qualités de pilote, mais également à sa personnalité complexe, ambivalente.
Senna était tout d'abord connu pour sa grande agressivité en piste. Une agressivité dans le bon sens du terme qui faisait de lui un concurrent redoutable, ne reculant pas face au danger (notamment sous la pluie) et d'une grande habilité dans les dépassements. Mais une agressivité parfois au-delà de la sportivité, qui pouvait l'amener à provoquer volontairement un accident au mépris des risques encourus, comme au départ du GP du Japon 1990. Cette détermination de Senna s'exprimait également hors-piste, où il exigeait le maximum de son équipe. Certains ingénieurs se souviennent que leur hantise était de croiser Senna le soir dans les couloirs de l'hôtel, de peur de se retrouver embarqué dans un débriefing technique impromptu par le perfectionniste pilote brésilien. Mais l'implacable compétiteur risque-tout et en apparence insensible au danger se doublait paradoxalement d'un homme très concerné par les problèmes de sécurité sur les circuits, et d'une grande sensibilité. Arrivé en Formule 1 à une époque où la mort était moins omniprésente que par le passé, Senna s'était montré très affecté par les circonstances de l'accident mortel de son ancien coéquipier Elio de Angelis lors d'essais privés sur le circuit du Castellet en 1986. Peu avant le drame, Senna avait noté l'insuffisance des secours en bord de piste, et s'apprêtait à le signaler à la direction du circuit, avant que ses propres problèmes techniques ne lui fassent oublier sa bonne résolution. Par la suite, Senna n'aura de cesse d'être systématiquement le premier pilote (le seul?) sur les lieux des graves accidents, dans un souci permanent d'en comprendre les raisons, mais également pour tenter d'apporter son soutien au pilote accidenté. Il en est allé de la sorte lors de l'accident de Martin Donnelly aux essais du GP d'Espagne 1990, mais également lors de celui de Roland Ratzenberger, la veille de sa propre mort. Son attitude lors de l'accident d'Erik Comas aux essais du GP de Belgique 1992 est également restée dans les mémoires. Le pilote brésilien n'avait en effet pas hésité à traverser la piste (sur laquelle déboulaient à pleine vitesse d'autres concurrents) pour éteindre le moteur de la Ligier accidentée de Comas, inconscient, et éviter un incendie. "Senna m'a probablement sauvé la vie" dira plus tard Comas. Quelques heures avant sa mort, Senna s'apprêtait à relancer la défunte association des pilotes de Grand Prix, afin que lui et ses collègues puissent peser sur les décisions en matière de sécurité.
La sensibilité de Senna s'exprimait également dans l'évocation de sa foi. Très croyant, Senna est ainsi l'un des rares pilotes à avoir longuement et publiquement parlé de son rapport à Dieu, un aspect de leur vie que les pilotes préfèrent généralement garder pour eux. Mais ses propos furent déformés et tournés en dérision par certains de ses adversaires, lesquels laissaient entendre que Senna pilotait en se croyant protégé par Dieu, ce qui le rendait dangereux.
Comme quelques pilotes de génie qui font la différence, Senna était doué d'une hyper sensibilité technique et ressentait le moindre défaut de sa voiture et de la piste. En début de carrière, il parcourait les circuits à pied afin de repérer la moindre imperfection d'un vibreur. Alors qu'Alain Prost était un grand régleur de châssis, Senna lui était plus sensible aux réglages de son moteur et des rapports de boîte de vitesse. Et même si en apparence Senna était plus agressif, Prost a déclaré que lui, Senna et Lauda avaient le même style de pilotage sur les dosages d'accélérateur, les entrées et sorties de courbe, là où Mansell et Rosberg adoptaient un autre style.
Selon ses ingénieurs comme Gérard Ducarrouge, Senna avait sa propre télémétrie, ce qui l'avantageait à l'époque où les F1 n'étaient pas remplies d'électronique. Ducarrouge raconta même que chez Lotus, par manque de moyens, il n'avait mis que 3 plaquettes de frein neuves pour la qualification alors que Senna exigeait du matériel neuf pour aller chasser la pole. Ducarrouge mis donc une 4e plaquette qui n'avait fait que quelques tours. Mais après son tour de formation, Senna rentra brusquement à son stand pour faire remarquer que sa plaquette avant-gauche n'était pas neuve. Toute l'équipe Lotus en resta sans voix.
Senna expliqua par la suite que l'apparition des capteurs électroniques de télémétrie allait fatalement avantager les pilotes moins sensibles et les aider à comprendre des choses qu'ils ne sentaient pas en tant que pilote. Ce nivellement à cause de l'électronique était également décrié par Alain Prost en 1993 ce qui explique en partie leur rapprochement. Ils savaient qu'ils étaient tous les deux au-dessus de leur génération, d'où l'énorme respect mutuel qui les animait.
Résultats en championnat du monde de Formule 1
- Grands Prix : 161 départs (162 participations)
- Victoires : 41
- Points marqués : 614
- Poles Positions : 65
- Podiums : 80
- Meilleurs Tours en course: 19
- Débuts en F1 : 1984 — Grand Prix du Brésil à Jacarepagua (Résultat : abandon)
- Première victoire : 1985 — Grand Prix du Portugal à Estoril
- Première pole position : 1985 — Grand Prix du Portugal à Estoril
- Dernier GP disputé : 1994 — Grand Prix de Saint-Marin, à Imola (Résultat : accident mortel)
Saison | Écurie | Châssis | Moteur | Pneus | Qualifications enGrands Prix | PolePositions | Victoires | Podiums | Meilleur touren course | Abandons | Pointsinscrits | Classement |
---|
1984 | Toleman | TG183B TG184 | Hart 4 en ligne turbo | Pirelli Michelin | 14 | 0 | 0 | 3 | 1 | 8 | 13 | 9e |
1985 | Lotus | 97T | Renault V6 turbo | Goodyear | 16 | 7 | 2 | 6 | 3 | 7 | 38 | 4e |
1986 | Lotus | 98T | Renault V6 turbo | Goodyear | 16 | 2 | 8 | 2 | 8 | 0 | 55 | 4e |
1987 | Lotus | 99T | Honda V6 turbo | Goodyear | 16 | 1 | 2 | 8 | 3 | 2 | 57 | 3e |
1988 | McLaren | MP4-4 | Honda V6 turbo | Goodyear | 16 | 13 | 8 | 11 | 3 | 2 | 94 | Champion |
1989 | McLaren | MP4-5 | Honda V10 | Goodyear | 16 | 13 | 6 | 7 | 3 | 6 | 60 | 2e |
1990 | McLaren | MP4-5B | Honda V10 | Goodyear | 16 | 10 | 6 | 11 | 2 | 4 | 78 | Champion |
1991 | McLaren | MP4-6 | Honda V12 | Goodyear | 16 | 8 | 7 | 12 | 2 | 1 | 96 | Champion |
1992 | McLaren | MP4-6B MP4-7 | Honda V10 | Goodyear | 16 | 1 | 3 | 7 | 1 | 7 | 50 | 4e |
1993 | McLaren | MP4-8 | Ford V8 | Goodyear | 16 | 2 | 1 | 5 | 7 | 1 | 73 | 2e |
1994 | Williams | FW16 | Renault V10 | Goodyear | 3 | 3 | 0 | 0 | 0 | 3 | 0 | n.c |
Victoires en Formule 1
Ayrton Senna détient le record du nombre de victoires à Monaco, avec 6 succès, dont 5 consécutifs.
Bibliographie
- Pole Passion , de Christopher Hilton,308 p, Ed SOLAR (juin 1994)
- Ayrton Senna, croisement d'une vie, de Lionel Froissard, 469 p, Ed Anne Carrière (2004)
Voir aussi
- Bruno Senna, son neveu
- Pilotes de Formule 1 : classement par année
- Classement des pilotes de Formule 1 par nombre de meilleurs tours en course
- Classement des pilotes de Formule 1 par nombre de podiums
- Classement des pilotes de Formule 1 par nombre de victoires en Grand Prix
- Classement des pilotes de Formule 1 par nombre de pole positions
- Classement des pilotes de Formule 1 par nombre de hat tricks
Liens externes