La
bataille de Marignan (
Marignano en
Italie, aujourd'hui
Melegnano, ville à 16 km au sud-ouest de
Milan), eut lieu les 13 et 14 septembre
1515 et opposa François Ier de
France et ses alliés
Vénitiens aux
Suisses qui défendaient le
Milanais.
La bataille de Marignan est l'un des épisodes des Guerres d'Italie commencées par Charles VIII en 1494 afin de contrôler le duché de Milan.
C'est la première victoire du jeune roi François Ier la première année de son règne, acquise à un prix terrible : 16 000 morts en quelques jours. Elle donnera lieu a une intense propagande développée par le pouvoir royal afin de justifier cette expédition.
Les Guerres d'Italie
Article détaillé : .Les guerres d’Italie sont une suite de conflits menés par les souverains français en Italie au cours du XVIe siècle pour faire valoir leurs droits héréditaires sur le Royaume de Naples, puis sur le Duché de Milan. En effet, le Royaume de Naples jusqu’en 1442, est aux mains de la maison d'Anjou, maison cadette des Capétiens. À cette date, l’Aragon avec le roi Alphonse V en prend le contrôle. La maison d’Anjou essaie alors sans relâche d’en reprendre possession. Son dernier représentant, René d’Anjou meurt en 1480 : ses droits sur le royaume de Naples passent alors au Royaume de France, où règne Louis XI, puis, à partir de 1483, Charles VIII. En 1486, certains barons du Royaume de Naples, restés fidèles aux Angevins, se révoltent. Vaincus ils se réfugient en France. Les monarques français vont alors essayer de faire valoir leurs droits pendant près de soixante ans.
Au tournant du XVIe siècle, les Suisses opèrent militairement à leur propre compte ou dans le service mercenaire dans une Italie du nord affaiblie et morcelée. En 1495, ils permirent au roi Charles VIII de triompher des Milanais et des Vénitiens à Fornoue. En 1499 les Suisses passèrent une alliance de dix ans avec le roi de France en vertu de laquelle celui-ci pourrait prendre 5 000 mercenaires à son service. Grâce à ses mercenaires, Louis XII conquit le Duché de Milan et en expulsèrent son maître, Lodovico Sforza, dit le More.
Toutefois, comme le Roi de France ne s'acquittait pas de la solde promise, les Suisses mécontents changèrent de camp et les Français s'en allèrent, sans même livrer bataille, permettant le retour de Sforza. Louis XII revint avec 15 000 mercenaires suisses engagés au prix fort contre la volonté de la Diète de Zurich. Ainsi, des mercenaires suisses firent face à d'autres mercenaires suisses. Suite à une intervention de la Diète et des tractations entre les camps, le combat fratricide fut empêché, mais Louis XII récupéra les territoires perdus.
Suite à un nouveau différend entre Louis XII et les cantons d'Uri, Schwyz et Unterwald portant sur Bellinzone que ces derniers revendiquaient, 14 000 Suisses marchèrent sur Arona où le roi de France renonça formellement à ses exigences par le traité de 1503.
Les territoires du Milanais aux mains du roi de France, continuaient à exciter les convoitises. Lorsque l'alliance de dix ans entre le roi de France et les Suisses arriva à son terme (1509) et que celui-là montra son désintérêt vis-à-vis de ses anciens alliés, le pape Jules II par l'intermédiaire de l’Evêque de Sion, Matthieu Schiner, convainquit les Suisses de rallier sa cause contre une forte solde et des pensions annuelles (1510). Fort de cette alliance, le pape ouvrit les hostilités contre le roi. En 1511, les Suisses marchèrent sur Milan que les Français abandonnèrent sans livrer bataille. En 1512, 24 000 Suisses sous les ordres du commandant en chef Ulrich von Hohensax, qui s'était particulièrement distingué lors de la Guerre de Souabe, se rallièrent aux Vénitiens en Lombardie, également alliés au pape, et prirent une ville après l'autre aux Français qui tombaient entre leurs mains sans résistance, à l'exception de Pavie qui nécessita un siège de courte durée avant de capituler. Il ne fallut que quelques semaines pour chasser les Français d'Italie.
Avec l'appui des Suisses, Maximilien Sforza, se fit remettre Milan (29 décembre 1512). En contre partie, les Suisses obtinrent la vallée de la Maggia, de Locarno, Lugano, Mendrisio, Bormio, la Valteline, Chiavenna et Neuchâtel.
Dès le printemps 1513, Louis XII tenta de récupérer le Milanais. Une première tentative dirigée par La Trémoille se solda par un échec. Les troupes françaises manquèrent de prendre Novare défendue par les Suisses. Après une bataille qui coûta la vie à 1 500 Suisses et 6 000 Français, les troupes françaises prirent la fuite.
Alors que les campagnes d'Italie conféraient un énorme prestige à la Suisse, des tensions internes apparaissaient entre certaines grandes familles suisses qui continuaient à percevoir des rentes du roi de France pour le service étranger et le peuple qui n'en tirait que peu d'avantages.
Suite à une fausse nouvelle de défaite des Suisses à Novare, la Suisse envoya 30 000 hommes faire le Siège de Dijon, défendue par La Trémoille, qui capitula rapidement. Par le Traité de Dijon du 14 septembre 1513, il promis une indemnité de guerre de 400 000 couronnes et 20 000 écus. Cependant, Louis XII refusa de de reconnaître la dette, empêchant une conclusion de paix entre les deux pays.
Le lancement de la Cinquième campagne d'Italie
L'avènement de François <span class
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Louis XII décéda le 1er janvier 1515 alors qu'il préparait une nouvelle campagne. Son successeur, François Ier affirme ses prétentions sur le Milanais dès le début de son règne, en faisant valoir les droits de sa femme Claude, héritière des Orléans, et donc de Louis XII. Afin d'y parvenir, il obtient le soutien de Venise mais manque d'obtenir celui des Suisses, exigeant toujours les indemnités promises lors de la prise de Dijon avant toute régularisation des relations,. Dans une ultime tentative de conciliation, le jeune roi français se déclara disposé à honorer la dette de Dijon à condition de récupérer le Milanais. Sous l'influence de Schiner et la prédominance des cantons anti-français, la proposition fut repoussée par les Suisses.
Devant l'échec de la diplomatie, François Ier rassemble une armée de 50 000 hommes. Pour financer ses dépenses militaires, le roi augmente l'impôt et fait des emprunts, car il lui faut acheter la neutralité d'Henri VIII d'Angleterre mais aussi celle de Charles de Gand, futur Charles Quint. 400 kilos d'or ( 150 000 écus) vont à la garnison suisse. En l'absence du Roi, sa mère, Louise de Savoie assure la Régence.
Les forces en présence
L'armée de François I
er est placée sous le haut commandement de la Trémoille,
Jacques de Trivulce,
Lautrec, Bayard et Robert III de La Marck de Bouillon. Composée de
nobles français,
arquebusiers et
arbalétriers gascons et navarrais,
lansquenets allemands, et mercenaires des
Pays-Bas (la « bande noire »), l'armée française comprenait plus de 22 000 lansquenets allemands; 2 500 cavaliers à lourdement armés; vingt compagnies de Navarrais, Basques et Gascons (10 000 hommes), aux ordres du général basco-navarrais
Pedro Navarro; 8 000 fantassins français et 3 200 sapeurs ou charpentiers; une artillerie de 72 grosses pièces; le train des équipages, innombrable, sous le commandement de
Galiot de Genouillac, sénéchal d'Armagnac.
De mai à août, 32 000 Suisses avaient fait mouvement vers Suse, Pignerol et Saluces pour empêcher le passage des Alpes par les Français. Les Suisses étaient conduits par leurs meilleurs généraux Werner Steiner de Zug, Hugues de Hallwyl et l'avoyer de Watteville de Berne. Malheureusement, le commandant en chef des troupes suisses, Ulrich von Hohensax, qui les avait conduit à la victoire lors des précédentes campagnes d'Italie était retenu par la maladie.
Le franchissement des Alpes
Au printemps
1515, François
Ier ordonne la concentration des troupes à
Grenoble, sous la supervision de Bayard,
Lieutenant général du
Dauphiné. En mai 1515, les troupes françaises firent mouvement sur
Gênes et occupèrent la ville. Alarmé par les évènements, la Diète suisse commença par envoyer 8 500 hommes vers Novare rejoindre Schiner, devenu cardinal, et fit occuper les cols des Alpes du Piémont où l'armée française était attendue.
Solidement établis à Suze, les Suisses tiennent la route habituelle du Mont-Cenis. L’armée, y compris les chevaux et l’artillerie (60 canons de bronze) avec l’aide technique de l’officier et ingénieur militaire Pedro Navarro, franchit les Alpes par une route secondaire proche d’Argentière, contournant les troupes suisses au sud par le Col de Larche (Colle della Maddalena, côté italien). Les Suisses se replièrent alors sur Milan. Après quelques combats d'arrière-garde en août 1515 à Villafranca, Chiasso et sur la Doire Baltée ainsi que l'envoi d'un contingent de 15 000 hommes supplémentaires, les Suisses comptaient 45 000 hommes répartis entre Varèse, Monza et Domodossola, plus la garnison de Milan. Dans la plaine du Piémont, une partie de l’armée suisse prend peur et propose, le 8 septembre à Gallarate, de passer au service de la France.
Les négociations de Gallarate
Une campagne efficace de propagande française, visant à dissuader les cantons suisses a poursuivre les hostilités, entraîne le mécontentement parmi les troupes suisses et les différends parmi les chefs, permettant en même temps une poussée sur toute la partie occidentale du Milanais par les Français. Une série de pourparlers furent engagés en septembre 1515 (pourparlers de Gallarate), lors desquels François
Ier offrit encore davantage de concessions aux Suisses pour qu'ils renoncent à leurs prétentions, aboutissant même au un Traité de Gallarate (9 septembre) qui finalement ne fit que consacrer la dissension entre les Confédérés souffrant cruellement de l'absence de leur chef unique et responsable.
Les Français se mirent à négocier directement avec le pape derrière le dos des Confédérés. Le duc de Milan tardait à verser la solde et les vivres venaient à manquer. Après la signature de ce traité qui divisa encore un peu plus les Confédérés, les Bernois, Fribourgeois, Valaisans et Soleurois, peu enclins à se battre pour un commanditaire qui tardait à assumer ses obligations, épousèrent la vision du roi français et rentrèrent en Suisse, ce qui représentait le départ de 10 000 Confédérés.,,
La bataille
Devant l'échec des négociation et la division des troupes suisses, François
Ier fit mouvement en direction de Milan et établit son camp près de Marignan. Les Zurichois et les Lucernois, se sentant liés par le traité de Gallarate reçurent l'ordre de leurs gouvernements respectifs d'accepter une paix honorable. Uri, Schwyz, Unterwald et Glaris refusèrent de battre en retraite. Ceux parmi les Suisses qui étaient restés à Milan se laissèrent entraîner au combat sur l'insistance du cardinal Schiner. Quelques 20.000 Suisses (jusqu'à 30.000 selon P. de Vallière) disposant de 8 canons et 1.000 arquebusiers devaient faire face à plus de 50.000 Français équipés de la plus belle artillerie de l'époque.
,,L'affrontement du 13 septembre
Craignant le départ des dernières troupes des Confédérés sans livrer bataille contre les Français, le Cardinal Schiner choisit de provoquer la bataille par la ruse devant Milan. Il envoya avec la complicité secrète de certains capitaines suisses dont Winkelried, la garde ducale et des cavaliers pontificaux provoquer la cavalerie française. Le jeudi 13 septembre 1515, aussitôt le combat engagé les cavaliers du pape revinrent appeler les troupes suisses à l'aide. Celles-ci, avec Schiner à leur tête se mirent immédiatement en route et sortirent de la ville de Milan pour affronter l'ennemi. Une fois hors de la ville et constatant la tromperie, La Trémoille et de Fleuranges s'étant repliés après la légère escarmouche, de Winkelried soi-disant en grand danger se reposant en toute quiétude, après un moment de confusion, on décida néamoins de poursuivre. Les hommes se jetèrent à genoux pour prier le Seigneur suivant l'usage de leurs pères et se mirent en marche.,,
Le combat est engagé. Les Confédérés doivent faire face au feu de l'artillerie française ainsi qu'aux cavaliers commandés par Bourbon, Guise et Gaillards qui les attaquent par le flanc. Le premier choc avait complètement enfoncé la première ligne de l'armée française qui se reforme soutenue par la cavalerie, elle-même confrontée aux difficultés du terrain et des piques suisses. François Ier, en personne à la tête de la cavalerie et des lansquenets allemands, ordonne une attaque généralisée contre les Suisses. Un combat furieux s'engage pendant lequel tombe François du Bourbon, se fait capturer le fils du général Trivulce, et évite de justesse la mort le chevalier sans peur Bayard se battant avec grande bravoure mais finalement contraint de ramper le long des fossés pour sortir du champ de bataille. Le corps à corps sanglant entre belligérants se poursuit jusqu'en soirée et dans l'obscurité croissante. A la disparition de la lune vers 11 heures, la nuit noire ne permettant plus de distinguer amis et ennemis, tambours et trompettes sonnèrent le ralliement après six heures de luttes ininterrompues. Après quelques instants d'hésitations, contre l'avis de Schiner, les Confédérés décidèrent de tenir leur position, légèrement en leur faveur, plutôt que de retourner sur Milan, malgré le froid et la faim. Ainsi s'acheva la première journée de la bataille., Dans l'obscurité, la confusion sur le terrain était grande. On raconte que roi de France avait passé la nuit appuyé contre une pièce de canon à 50 toises d'un bataillon suisse.
La victoire du 14 septembre
Au petit matin du
14, le combat reprend. L'artillerie française commandée par le sénéchal d'Armagnac fait des ravages mais l'aile gauche de l'armée commandée par le duc d'Alençon, fléchit. Soudain, un cri retentit « Marco ! Marco ! ». Ce sont les Vénitiens. À 11 heures, les Suisses battent en retraite vers
Milan.
Le soir, 14 000 Suisses gisent sans vie sur le champ de bataille. La légende affirme que François Ier est fait chevalier par Pierre du Terrail, seigneur de Bayard. Cette légende tenace n'est pas confirmée par les documents d'époque et n'apparait que des années plus tard (à partir de 1525 et surtout 1539) dans des ouvrages à la gloire de la royauté.
Les conséquences
Cette victoire apporte renommée au roi de France dès le début de son règne. Les conséquences diplomatiques sont nombreuses :
- François Ier prend rapidement le contrôle de la Lombardie, qu'il conservera jusqu'au désastre de Pavie, en 1525.
- Il signe la paix perpétuelle de Fribourg le 29 novembre 1516 avec les cantons suisses. Ce traité restera en vigueur jusqu’à la fin de la monarchie en France en 1792.Les Suisses mettent leurs mercenaires au service du roi de France, par le traité de Genève le 7 novembre 1515.
- Le 13 août 1516 , François Ier et le jeune roi des Espagnes Charles Ier, futur Charles Quint, signent le Traité de Noyon qui confirme à François Ier la possession du Milanais, qui restitue la Navarre à Henri d’Albret et qui promet à Charles la main de la fille aînée du roi de France, Louise, alors âgée d’un an (mais qui ne survivra pas à son troisième anniversaire). Dans la dot de la future mariée sont inclus les droits sur le Royaume de Naples.
- Les relations entre le roi de France, roi Très-Chrétien, et le pape, sont à redéfinir. L'accord du pape est indispensable pour l'acquisition durable des conquêtes, et la perception des décimes sur le clergé. En décembre 1515, la rencontre de Bologne permet d'engager les négociations. Antoine Duprat signe en son nom le Concordat de Bologne le 18 août 1516 . Ce concordat régira les relations entre le royaume de France et la Papauté jusqu’à la Révolution française. Désormais, le roi nomme les évêques, archevêques et cardinaux, qui sont par la suite confirmés par le pape.
Une bataille célèbre
La gloire du Roi François
La bataille de Marignan, à l'aube du règne de François Ier, qui aura duré deux jours, fait inhabituel pour cette époque, est devenue un symbole de la gloire du roi. La défaite des Suisses est un événement, car ceux-ci ont acquis, par leur discipline, une réputation d'invincibilité. Elle évoque un autre grand chef de l'
Antiquité,
Jules César, qui fut l'un des rares à battre les Suisses.
Marignan et l'histoire militaire
Elle s'inscrit ainsi dans le début de la Renaissance, avec pour la première fois l'utilisation décisive de l'
Artillerie.
Marignan et les Arts
Elle devient le thème de nombreuses compositions poétiques et de chansons, comme celles écrites par
Clément Janequin,
la guerre (la Bataille de Marignan), publiée à Paris en 1528.
Les artistes italiens, dont Léonard de Vinci, vont alors se diriger vers la France et contribuer à la diffusion de la Renaissance.
Notes et références
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Annexes
Bibliographie
- Marignan : 13-14 septembre 1515, Didier Le Fur, 340 pages, 2004, Ed. Perrin (ISBN 2262019185)
- Les Guerres d'Italie : Des batailles pour l'Europe (1494-1559), Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancari, 144 pages, 2003, Coll. Découvertes gallimard, Ed. Gallimard (ISBN 207053281X)
- Marignan et l'organisation militaire sous François Ier, A.Spont, 1899.
Articles connexes
Liens externes