Benoît Duteurtre est un romancier, essayiste et critique musical français, né en 1960. Il est également producteur et animateur d'une émission de radio musicale. Il partage son temps entre Paris, New York et la Normandie.
Biographie
Jeunesse
Benoît Duteurtre est né le 20 mars 1960 à
Sainte-Adresse, dans l'agglomération du
Havre, en Normandie où il passe ses premières années. Il est le fils de Jean-Claude Duteurtre et de Marie-Claire Georges et arrière-petit-fils du président
René Coty par sa mère. Il entre à Saint-Joseph, établissement privé d'enseignement catholique du Havre. Duteurtre commence à écrire très jeune. À l'âge de quinze ans, il présente ses premiers textes à
Armand Salacrou, auteur dramatique établi au Havre, qui l'encourage à poursuivre ses efforts. Le Havre, ville fortement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale et reconstruite selon les principes du classicisme structurel, réapparaîtra souvent tout au long de son oeuvre.
Formation musicale
En 1977, Duteurtre commence des études de musicologie à l'
Université de Rouen. La même année, il rencontre Karlheinz Stockhausen et l'année suivante,
Iannis Xenakis. En 1979, Duteurtre étudie un mois avec
György Ligeti. Il obtient sa licence de musicologie.
Les premières publications
Parallèlement, Duteurtre continue d'écrire. En 1982, il fait parvenir à
Samuel Beckett un texte intitulé
Nuit ; Beckett demandera au jeune homme de le publier dans la
Revue des Editions de Minuit. Dans le même temps, Duteurtre est monté à Paris et joue du piano pour le festival musical du
Printemps de Bourges, au théâtre des Amandiers, situé à
Nanterre. Il joue également pour Paris Latino, un tube de l'été. Il est également vendeur au BHV, sondeur, et joue du piano pour des cours de danse.
Le premier roman de Duteurtre, Sommeil perdu, est publié en 1985 ; il est alors journaliste pour plusieurs journaux parisiens. Dans cette oeuvre est présenté un jeune homme dépressif qui quitte bientôt sa ville natale pour vivre à Paris. En 1987 est publié Les Vaches (revu et renommé À propos des Vaches en 2000), roman qui raconte la vie d'un garçon partagé entre son année scolaire au Havre et ses vacances à la montagne. Le magazine L'Infini dirigé par Philippe Sollers publie certaines de ses nouvelles. Il écrit également un moment pour la revue Playboy édition française mais aussi pour La Vie catholique, Les Lettres françaises, Révolution et Détective.
Duteurtre découvre New York en 1990 et tombe sous le charme. Il expliquera avoir tiré de cette expérience une meilleure compréhension du comportement de la France envers les États-Unis.
En 1991, Benoît Duteurtre devient conseiller musical pour la Biennale de Lyon de la musique française et fait ses débuts à la radio dans une émission de musique. Son roman L’Amoureux malgré lui est publié en 1989 suivi par Tout doit disparaître en 1992. Dans cette oeuvre Duteurtre raconte à travers son personnage - un jeune homme qui a raté sa vocation de musicien et se lance dans le journalisme - les expériences personnelles de son activité journalistique et de critique musical. Il envoie ce roman à Guy Debord qui lui répond amicalement en ces termes: "Il vous a suffi de voir le même siècle et sa sorte d'art, vous l'avez ressenti justement.". Tout doit disparaître révèle également les questions que se pose l'auteur sur la musique contemporaine, en particulier sur l'évolution de la musique classique française de la fin du XXe siècle et les raisons pour lesquelles cette musique ne peut s'attirer un large public. Ces idées seront présentées plus tard dans son essai Requiem pour une avant-garde.
Requiem pour une avant-garde
Requiem pour une avant-garde, un essai publié en 1995, analyse et critique la musique contemporaine et son institutionnalisation en France. Le livre provoque une vive réaction dans la presse. Le quotidien
Le Monde compare Duteurtre à
Robert Faurisson, un révisionniste. Duteurtre attaque le journal et remporte le procès. Le Monde est contraint de publier son droit de réponse.
Le Point,
Le Monde de la Musique,
Diapason mais aussi l’
International Herald Tribune publient des articles qui soutiennent le travail de l'auteur.
Bien que la critique de l'oeuvre et de l'influence de Pierre Boulez soit une part importante de cet essai, Duteurtre s'intéresse aussi au problème posé par l'actuelle nostalgie de la Belle Époque et ses conséquences sur la France d'aujourd'hui. Cette idée réapparaîtra souvent dans ses romans à venir.
Travaux depuis la fin des années 1990
En 1995
Marcel Landowski et Duteurtre créent l'association Musique nouvelle en liberté afin de promouvoir de nouveaux compositeurs.
En 1996 est publié le roman Gaieté parisienne qui traite de la communauté gay parisienne. Le héros, un homme bientôt trentenaire, s'inquiète de la monotonie de sa vie. Drôle de temps, une suite de nouvelles publiée en 1997 reçoit le prix de la nouvelle de l'Académie française. Milan Kundera écrit la préface et publie une critique amicale dans Le Nouvel Observateur. Philippe Muray rédige également un article qui, tout en remarquant la perspicacité des personnages et situations de Duteurtre, souligne le rôle de l'Écrivain dans le monde.
Les malentendus est publié en 1999 et met en scène un jeune immigré arabe, une femme chef d'entreprise, un jeune homme étudiant de Sciences-Politiques et un handicapé homosexuel, dont les parcours se croisent et s'influencent. En 2001 son roman Le Voyage en France reçoit le Prix Médicis. Dans cette oeuvre un jeune Américain passionné par le Paris de la fin du XIXe siècle découvre la France d'aujourd'hui. Il va être amené à croiser un homme, journaliste, la quarantaine, vivant à Paris, qui alterne dans sa vie périodes de dépression et d'euphorie.
Service Clientèle, publiée en 2003 est une série de courts chapitres qui aborde les difficultés que chacun peut rencontrer face aux assistances commerciale et technique des entreprises qui vendent des téléphones mobiles, des tickets d'avion ou des connexions Internet. Cette oeuvre est amicalement commentée par François Taillandier dans le quotidien L'Humanité . La Rebelle, roman publié en 2004, raconte la vie d'une présentatrice de télévision de gauche et carriériste, et les évènements qui vont l'amener à rencontrer un jeune Égyptien informaticien et homosexuel, un escroc et le PDG d'une grande entreprise française.
La comédie musicale de Jérôme Savary Vive l'Opéra-Comique, dont le texte a été écrit par Duteurtre, est présentée à Paris au Théâtre national de l'Opéra-Comique en mars 2004. L'année suivante est publié le roman La Petite Fille et la cigarette qui voit la descente aux enfers d'un fonctionnaire et les conséquences qu'entraîne la dernière demande d'un condamné à mort.
Chemin de fer, publié en 2006, présente le journal intime d'une femme d'une cinquantaine d'années qui partage sa vie entre sa brillante carrière à Paris et son amour pour une petite masure dans un village de montagne où elle essaie de vivre coupée du monde moderne. Cette dernière oeuvre est aussi une réflexion quant à l'évolution de notre société et à la marche en avant forcée d'un progrès qui semble entraîner de nombreuses régressions.
Duteurtre participe également à la revue littéraire L'Atelier du Roman, aux côtés d'auteurs comme Milan Kundera ou Michel Houellebecq. Il publie en mars 2007 un article à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Philippe Muray intitulé Muray est une fête.
Paru en août 2007, La cité heureuse met en scène Town Park, une ville fictive reconvertie en parc d'attraction culturelle et gérée par une entreprise, la Compagnie. Parmi les habitants transformés en animateurs, un scénariste pour séries télévisées va essayer de s'adapter au nouvel air du temps. Également en 2007 parait Ma belle époque, recueil d'articles parus dans la presse qui forme selon l'auteur "une sorte d'autoportrait".
Aujourd'hui
Traduit dans une quinzaine de langues, Benoît Duteurtre est journaliste pour l'hebdomadaire
Marianne, écrit aussi pour
Le Figaro et
Paris Match. Il est également producteur d'une émission radio
Étonnez-moi Benoît diffusée sur
France Musique et fait partie du comité de lecture des éditions Denoël. Côté musique, Duteurtre travaille sur
Véronique, une opérette d'
André Messager mise en scène par la comédienne
Fanny Ardant qui sera donnée au Théâtre du Châtelet début 2008.
Bibliographie
- Romans
- 1985 : Sommeil perdu
- 1987 : Les Vaches
- 1989 : L'Amoureux malgré lui
- 1992 : Tout doit disparaître
- 1996 : Gaieté parisienne
- 1997 : Drôle de temps
- 1999 : Les Malentendus
- 2000 : À propos des vaches
- 2001 : Le Voyage en France
- 2003 : Service Clientèle
- 2004 : La Rebelle
- 2005 : La petite fille et la cigarette
- 2006 : Chemin de fer
- 2007 : La Cité heureuse
- Essais et chroniques
- 1995 : Requiem pour une avant-garde
- 1997 : L'Opérette en France
- 2002 : Le grand embouteillage
- 2007 : Ma belle époque
- Publications et nouvelles
- Revues Minuit
- L'Infini
- L'Atelier du roman
- Nouvelle revue française
- Le Débat
- Revue des deux mondes
- NRV
- Commentaire
- Ouvrages collectifs avec la participation de Benoît Duteurtre
- 1991 : 150 ans de musique française
- 2002 : Un siècle d'Opéra
- 2003 : Paris, capitale de la musique, 1850-1950
- 2003 : André Messager
- 2007 : Balade en Seine-Maritime
Notes
Liens externes