Brigadier Gerard (1968 - 1989) était un cheval de course
Pur-sang anglais né en Angleterre, par
Queen's Hussar et
La Paiva, par
Prince Chevalier. Il fut l'un des meilleurs et des plus populaires chevaux de l'histoire des courses britanniques. Peut-être même le meilleur.
Malgré ses origines modestes, Brigadier Gerard fut envoyé par son éleveur-propriétaire, John Hislop, chez le grand entraîneur Dick Hern. D'un très beau modèle, il ne tarda pas à se révéler dans une génération qui comptait dans ses rangs un autre phénomène : Mill Reef. Débutant en juin de ses deux ans, il resta invaincu en 1970, alignant quatre victoires, dont les Middle Park Stakes. Pourtant, le verdict des échellistes internationaux le plaça en troisième position des classements de fin d'année, derrière Mill Reef et un autre Anglais, My Swallow.
En 1971, sans course de rentrée, Brigadier Gerard devait affronter ces deux champions dans les 2000 Guinées : affaire de suprématie. L'explication eut bien lieu, les trois poulains se retrouvant seuls aux prises dans l'ultime ligne droite. Mais la lutte tourna court. Mill Reef fit illusion un instant, mais dut regarder passer Brigadier Gerard qui fila au poteau avec trois longueurs d'avance. En remportant brillamment cette course d'un niveau rarement atteint, le fils de Queen's Hussar était entré dans la légende. Malheureusement, Mill Reef n'aura jamais la possibilité de prendre sa revanche, si toutefois il en fut capable : l'entourage de Brigadier Gerard estima que son poulain ne tiendrait pas au-delà de 1600m, et décida de le cantonner au maximum sur cette distance. Les deux poulains n'allaient plus jamais croiser le fer sur la piste.
Tandis que Mill Reef se couvrait de gloire en remportant le Derby, les Eclipse Stakes, les King George et finalement le Prix de l'Arc de Triomphe, Brigadier Gerard, lui, raflait toutes les grandes épreuves anglaises sur le mile : les St. James's Palace Stakes, les Sussex Stakes (par 5 longueurs), les Queen Elizabeth II Stakes, le Goodwood Mile (par 10 longueurs). S'aventurant sur les 2000 mètres des Champion Stakes, il dut en revanche batailler ferme pour s'imposer d'une courte tête devant l'Irlandais Rarity. Néanmoins, il n'avait toujours pas connu la défaite, après 10 courses. Il fut naturellement élu meilleur miler de l'année, mais le titre de cheval de l'année lui échappa au profit de Mill Reef : il n'y avait qu'un fauteuil pour deux.
Maintenu à l'entraînement à 4 ans, Brigadier Gerard rentra victorieusement dans les Lockinge Stakes, et continua son incroyable série en s'imposant dans les Westbury Stakes, les Prince of Wales's Stakes (où il écrasa Steel Pulse, vainqueur de l'Irish Derby, par 5 longueurs). Puis sonna l'heure de la revanche avec Mill Reef. Elle devait avoir lieu dans les Eclipse Stakes, annoncées comme la course du siècle. Malheureusement, Mill Reef déclina la lutte, victime d'un virus. Comme s'il avait été déçu que le match fut ajourné, le "Brigadier" s'imposa presque laborieusement dans la course. Il lui fallait donc aller chercher son fuyant challenger sur son terrain : comme il avait manifestement gagné en tenue, il fut aligné dans les King George, première tentative sur la distance classique qui se solda par une victoire au courage, malgré une enquête sur de petits remous advenus dans la lutte finale, le cheval ayant légèrement versé sur sa droite. Gagner les King George avec des aptitudes de miler et devant un parterre de chevaux classiques reste un exploit hors du commun. Brigadier Gerard venait en outre de porter son total à 15 victoires en autant de sorties.
Puis vint la Benson & Hedges Gold Cup, à son tour annoncée comme la course du siècle, Mill Reef étant déclaré partant. Mais, bis repetita, il s'abstint une nouvelle fois, toujours en proie à des soucis de santé. Pourtant, cette épreuve allait rester dans l'histoire, mais pour d'autres raisons : le "Brigadier" allait y connaître, pour la première fois de sa carrière, le goût de la défaite, terminant deuxième d'un Roberto brillamment monté par l'Américain Braulio Baeza. Le Derby-winner 1972, qui avait pourtant eu du mal à confirmer son sacre d'Epsom, fit la course de sa vie, et pourrait à jamais se targuer d'être le seul cheval à avoir devancé le crack. La course s'était déroulé sans encombres, si ce n'est qu'elle fut disputée à un train d'enfer (les deux premiers abaissèrent le record de la piste), mais Brigadier Gerard, peut-être dans un jour sans, fut battu à la régulière.
Après ce coup de tonnerre complètement inattendu, Brigadier Gerard prouva que son prestige n'avait pas lieu d'être entamé. De retour sur le mile, il survola les Queen Elizabeth II Stakes, par 6 longueurs, record de la course à la clé. Sa dernière sortie eut lieu en fin de saison dans les Champion Stakes, où il s'offrit un doublé, dominant sans coup férir le Français Riverman. Ce sans-grade devenu légendaire fit ce jour-là ses adieux au public et se retira au haras, après 17 victoires en 18 courses.
Fin 1972, alors qu'il avait évidemment été élu cheval de l'année, Timeform lui octroya un Rating exceptionnel : 144, soit le deuxième plus haut rating de l'histoire des courses, à égalité avec le vieux Tudor Minstrel (né en 1944), juste derrière Sea Bird (145), mais devant Mill Reef (141, soit le sixième rating de l'histoire).
Au haras, ses origines sans gloire ne lui permirent pas de briller, mais il sut tout de même donner les bons Vayrann (Champion Stakes) et Light Cavalry (St. Leger). Il eut très peu d'influence au stud. Notons quand même que l'un de ses fils, l'honorable Comrade in Arms, engendra à son tour Celtic Arms (Prix du Jockey-Club, Prix Lupin, 3e du Grand Prix de Paris), et qu'il est le père de mère de Daralinsha (Prix Minerve) et surtout de sa soeur, la championne Daryaba (Prix de Diane, Prix Vermeille).
Brigadier Gerard est mort en 1989.
Pedigree
On classe souvent
Brigadier Gerard parmi ces roturiers célèbres qui ont réussi à s'imposer au plus haut niveau, là où reignent quasi exclusivement les représentants des lignées les plus prestigieuses. Il n'était toutefois pas issu de n'importe qui. S'il était, lui, de basse extraction, son père
Queen's Hussar, double lauréat de groupe 1 (
Sussex Stakes,
Lockinge Stakes) fut un miler de renom, qui n'eut certes pas une production homogène en qualité, mais parvint tout de même à se faire un nom au haras et ne mérite pas l'oubli dans lequel il est tombé depuis, puisque, outre
Brigadier Gerard, il eut un autre rejeton de grand talent en la personne de
Highclere. Appartenant à la Reine d'Angleterre, celle-ci fut l'une des meilleures pouliches de son temps, remportant les
1000 Guinées, le
Prix de Diane, et terminant 2
e des King George de
Dahlia. Davantage que
Brigadier Gerard, elle allait assurer la pérennité de son géniteur au haras, via deux de ses filles : la bonne
Height of Fashion (par
Bustino), lauréate des Princess of Wales's Stakes (Gr.2), et poulinière exceptionnelle, mère entre autres du crack
Nashwan (pour plus de détails, voir l'
article consacré à ce dernier), et
Burghclere (par
Busted), deuxième mère du phénomène japonais
Deep Impact.
La mère de Brigadier Gerard, si elle ne peut que se placer à 3 dans d'obscures compétitions, avait pour elle d'être une fille du Français Prince Chevalier, vainqueur du Jockey-Club, 2ème de l'Arc, et plusieurs fois tête de liste des étalons des deux côtés de la Manche. Celui-ci était l'oeuvre du Belge Prince Rose, reproducteur de premier plan, puisqu'il donna en outre le grand étalon américain Princequillo (père de mère, notamment, de Mill Reef et Secretariat).
{{Pedigree |name = Brigadier Gerard |f = Queen's Hussar |m = La Paiva |ff = March Past |fm = Jojo |mf = Prince Chevalier |mm = Brazen Molly |fff = Petition |ffm = Marcelette |fmf = Vilmorin |fmm = Fairy Jane |mff = Prince Rose |mfm = Chevalerie |mmf = Horus |mmm = Molly Adare |ffff = Fair Trial |fffm = Art Paper |ffmf = William of Valence |ffmm = Permavon |fmff = Gold Bridge |fmfm = Queen of the Meadows |fmmf = Fair Trial |fmmm = Light Tackle |mfff = Rose Prince |mffm = Indolence |mfmf = Abbot's Speed |mfmm = Kassala |mmff = Papyrus |mmfm = Lady Peregrine |mmmf = Phalaris |mmmm = Molly Desmond |}}