Camping Cosmos
Camping Cosmos est un Film belge réalisé par Jan Bucquoy, produit par Francis De Smet et sorti en 1996. Le film se déroule en 1986 et évoque des évènements belges de cette année : l'Eurovision (Concours Eurovision de la chanson) et la Coupe du monde de football. Le film a pour objet la vie des Belges en vacances sur un camping. L'histoire de la fille de l'animateur du camping qui revient chez son père au camping à Westende, est le point de départ du long métrage qui se développe à travers de personnages caricaturaux qui sont des archétypes de la belgitude. La vie des Belges en vacances est, en réalité, un alibi pour une observation de la moralité décadente. L'art sur un camping se manifestera comme une contradiction en soi. Introduction Camping Cosmos est une Parodie sur les moeurs des Belges en vacances : en particulier leur vie sexuelle cachée, mais, comme tout se passe sur un Camping à la côte belge, la Vie privée des Belges est dévoilée ! Le propos du film se retrouve dans la citation attribuée à Louis Scutenaire: La femme est mystérieuse comme la vache ! (et inverse!) ou Nos désirs sont réels ou dans le Slogan : Bière, frites, football et révolution ! Le thème du film est celui du Paradis perdu que les Belges veulent expérimenter à nouveau pendant leurs Congés payés avec un droit à la paresse, Sun, sea, sex and sport ! Seulement, voilà que la liberté sexuelle sera contrariée par l'apparition du sida... Si dans la première partie de la trilogie de La vie sexuelle des belges : La Vie sexuelle des Belges 1950-1978 (1994) on dit: Faites l'amour une fois… dans Camping Cosmos, c'est plutôt : Faites l'amour co(s)miquement ! ou encore : L'amour, c'est les hommes et la mer. Ceci contraste avec l'histoire émouvante de la fille de l'animateur du camping, Ève, qui vient revoir son père après avoir été agressée en Italie. Un autre thème du film est d'ordre anthroposophique : "L'être humain actuel y est présenté en tant que Microcosme à l'image du Macrocosme.",, . Film controversable ?Bien que réalisé avec un budget modeste, ce film a réussi à soulever une immense controverse en Flandres en raison, entre autres, de la présence contestée de Lolo Ferrari dans le film. Le Gouvernement flamand a même refusé la prime de production promise, décision qui a été cassée par le Conseil d'État en 1998. Le film a même suscité un débat au sein du Parlement flamand avec une intervention de Karel De Gucht qui reprochait au Gouvernement flamand de faire de la Censure et qui comparait le film à La Grande Bouffe et à Roma de Fellini. Cette critique négative de la part du gouvernement flamand avait comme conséquence une diffusion limitée dans les salles de cinéma de la France (1997) et de la Belgique (1996). Le film a commencé une nouvelle carrière en DVD comme Film culte . Synopsis - Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.
HistoireQuelque part sur la côte belge, le camping Cosmos… L'animateur culturel Jan Bucquoy est détaché par le Ministère de la Culture pour peaufiner le programme de la saison: représentation de Mère Courage de Brecht, initiation à la poésie moderne, conférences de l'écrivain-philosophe Pierre Mertens… L'animateur culturel doit par ailleurs régler ses problèmes personnels. Après une fugue de six semaines, sa fille Ève débarque au camping avec une tête d'enterrement. Il n'a jamais su établir le contact et il soupçonne maintenant le monde entier de n'être qu'un gros mensonge. Son père et les autres piliers de Cosmos réussiront-ils à lui démontrer que tout n'est pas complètement foutu, que la vie peut encore avoir un sens si on arrive à concilier Happening et Hulla-Hoop, mytiliculture et Miss Cosmos, Marx et Merckx? Jacques Calonne, délégué du ministère de Culture est attiré par les jeunes filles (sans les toucher) et leur promet des poupées ; le propriétaire du camping, monsieur Vandeputte (Jean-Paul Dermont), est furieux quand l'artiste Herman (Herman Brusselmans) pratique son art en peignant sur les caravanes. Le camping est rempli de gens regardant de belles filles durant le concours de beauté, mais certaines filles ne reçoivent seulement qu’une mention 0. L'auteur réputé Pierre Mertens (Noël Godin, le même acteur que l’on trouve dans La Vie sexuelle des Belges 1950-78) reçoit une tarte sur le visage alors qu’il parle à la radio de littérature. Ursula (Sabrina Leurquin) et Cibulski (Jan Bucquoy) essaient de proclamer leurs idéaux terroristes contre la publicité à la télévision. Il y a le cuisinier italien (Angelo Bison) qui cuit des frites en faisant l'amour à sa femme, laquelle gagne le concours de beauté, puis le quittera plus tard pour l'artiste Herman qui l’emmènera sur sa Harley Davidson. Il y a le fanatique d'Eddy Merckx qui transporte sa bicyclette partout dans le camping et qui meurt avec "Eddy Merckx" sur les lèvres. L'animateur radio (Claude Semal, alias Tintin) est, quant à lui, amoureux de madame Vandeputte (Lolo Ferrari). L'amie d'Ève (Antje de Boeck) a sa première expérience sexuelle dans une voiture près du camping. Mais, par dessus tout, il y a le match de boxe avec l’ancien challenger de Cassius Clay. En fait, l'histoire nous relate de la relation entre un père qui travaille comme animateur culturel dans un camping et de sa fille Ève qui revient après avoir été enlevée mais aussi des aventures des habitants du Camping qui ont tous une vie sexuelle particulière. La femme du propriétaire du camping, madame Vandeputte (Lolo Ferrari), cherche à être aimée et s’essaie à des relations avec certains hommes du camping : l'animateur radio, le facteur, etc. L'animateur culturel est un adepte de Gramsci (en particulier l'hégémonie culturelle) et il veut enthousiasmer les gens du camping pour la Culture, mais personne ne vient voir Mère Courage et ses enfants de Bertolt Brecht et personne ne s'intéresse à l'interview en direct de l’auteur réputé Pierre Mertens. Jan (joué par Jean-Henri Compère) veut attirer les gens à un match de boxe, à un concours de chanson, à un concours de beauté, mais ce n'est pas ce que le ministère de la culture veut. Il trouve cependant le bonheur auprès de sa fille qui le soutient. L'histoire finit mal pour madame Vandeputte, Lolo, est emballée par son mari comme une Momie et lancée dans la mer. Le camping reçoit la visite de la police et chacun quitte le lieu avec un sentiment de désespoir. Atmosphère« Bonjour Cosmos ! » Accompagné par la voix radiophonique d'un animateur culturel, le Camping Cosmos s'éveille. Et tout son petit monde s'ébroue. Un campeur en short, torse nu, le savon à la main, se dirige vers les douches, la caravane de la pute a des secousses brusques, le jeune artiste à lunettes noires recommence à peindre ses slogans sur les caravanes, dans la friture, on épluche les pommes de terre, Monsieur et Madame Vandeputte entament leur première dispute de la journée, les toilettes se bouchent, les bébés pleurent, les enfants crient, les transistors hurlent… Tandis que Sandra Kim braille J'aime la vie, un des animateurs culturels affiche le programme du jour : « lecture de poésie, château de sable, débat politique ». Une femme sort de sa caravane et secoue son paillasson, elle repose devant la porte; sur le paillasson, il y a écrit : « Bienvenue ». Jan Bucquoy est devenu provisoirement animateur dans une petite équipe subventionnée par le ministère de la culture. Il est chargé d'un programme culturel destiné à rapprocher l'art du peuple et vice-versa. Tandis qu'ils se voue à sa tâche, sa fille vient le rejoindre. Pour le père et la fille, c'est l'occasion d'amorcer un dialogue qui n'a jamais eu lieu, le père ayant quitté sa femme Thérèse à la naissance de sa fille. Ce dialogue va se dérouler sur le principe du « donnant-donnant ». Le père remonte à la source : la naissance d'Ève (« Ta mère voulait avorter »). Ève racontant sa fugue par bribes : « Ils nous ont reconduites jusqu'à l'autoroute. On ne savait pas ou aller. On commençait à puer... ». Mais dit-elle toute la vérité ? La vie quotidienne du Camping Cosmos avec ses incidents tragi-comiques est donc entrecoupée par des flash-backs qui reconstituent la fugue d'Ève et les recherches du père. Tout cela au milieu de l'ambiance de la retransmission sur écran géant de la Coupe du monde de football (qui se déroule au Mexique en cette année 1986) et des flonflons du bal du samedi soir. Cependant la « culturisation » intensive du Camping Cosmos continue… Les animateurs multiplient les initiatives dans l'indifférence presque générale. Ils s'interrogent : pourquoi est-il si difficile de concilier le foot et la poésie surréaliste ? Autrement dit : René Magritte, Scutenaire, Marcel Mariën, Delvaux.. sont-ils oubliés dans le Cosmos ? Fiche technique Distribution RécompensesAutour du film Complice de l’entarteur Noël Godin et avec l'aide de son fidèle producteur et ami Francis De Smet, Jan Bucquoy repart à l'assaut de La Vie sexuelle des belges avec ce deuxième volet consacré à la vie en Camping. Une distribution généreuse, certes, mais il recherche avant tout à défaire la toile traditionnelle du 7e art en banalisant l'exceptionnel, et les extrémités qu'il évoque mettent en exergue les valeurs essentielles. Jan Bucquoy est un sentimental en colère, rien n'est innommable, rien n'est trop subversif ou condamnable parce que l'essentiel n'est pas là. Il s'agit d'un Film culte dans la tradition du Surréalisme belge (à l'exemple d' Un soir, un train, L'Imitation du cinéma de Marcel Mariën) mais l'irréalité est introduite par moyen de la Névrose des personnages (Lolo Ferrari, le cycliste fanatique d'Eddy Merckx, l'artiste autiste Harry, le représentant du ministère de la culture, la terroriste Ulrique(=Ulrike Meinhof), Giselle Crapaud et son époux italien qui tient la Friterie, l'amant de Harry, etc.), l'emploi de la musique (Marche Pomp and Circumstance n° 1, Les Sucettes, Harley Davidson, Le ciel, le soleil et la mer; Adieu Jolie Candy, Maria Elena, Tous les garçons et les filles, Blue Hawai, Nuages, Et si tu n'existait pas, Mama, J'attendrai, Une simple poupée…) et la citation (Ceci n'est pas une oeuvre d'art, L'art est mort, vive l'art). Le réveil dans la réalité se fera après les vacances… Le film se développe par moyen de l'ellipse, ce qui donne à la narration une vitesse de publicité de télévision, par exemple le jockey est bien l'époux de la prostituée du camping et il est proxénète. Désormais, il n'y a plus de place pour une voix-off réconfortante comme dans La Vie sexuelle des Belges 1950-78. Deuxième film de la Trilogie La Vie sexuelle des Belges, La Vie sexuelle des Belges 1950-78 étant la première partie. Le film se passe en 1986 et évoque entre autres la problématique du sida, les Cellules communistes combattantes, la Culture populaire… Malgré les apparences, Camping Cosmos est un film tout à fait politiquement incorrect ! Il suffit de se rendre compte des exemples suivants : - Le meurtre sur Madame Vandeputte dont personne ne veut connaître l'assassin ;
- L'Antiféminisme et le Sexisme : La femme est mystérieuse comme la vache ;
- Le Terrorisme gratuit : on montre comment faire des bombes ;
- L'Entartage du plus grand écrivain belge ;
- L'inspecteur du ministère qui s'acharne à collectionner des slips de poupées;
- Le poème sur le roi Baudouin Ier : « le pédé de Laeken... », poème de Louis Scutenaire ;
- Les Graffiti sur les caravanes : Le cinéma est un anus artificiel ; Ceci est une oeuvre d'art;
- La façon dont le film se moque des concours de beauté (féminine) ;
- Ainsi que des concours d'interprétation de chansons ;
- La présentation de grands artistes belges comme des autistes (par exemple : Arno (chanteur belge)) ;
- La présentation de la plupart des femmes comme atteintes de nymphomanie hystérique ;
- Les chansons de Claude Semal et la façon avec laquelle il se suicide (Noble Belgique) ;
- L'ode à la Masturbation du terroriste Cybulski ;
- La légèreté avec laquelle on suggère le proxénétisme du jockey ;
- Le ridicule qui se dégage de la présentation des bandes dessinées de Tintin ;
- De même, la façon dont Claude Semal tourne en ridicule les publicités à la télévision : Un publiciste, c'est un salaud qui vend de la merde aux pauvres en les prenant pour des cons… et on appelle cela être créatif… ;
- Si les élections pouvaient vraiment changer les choses, elles seraient interdites depuis longtemps. ;
Attention : tout ceci est mal vécu par la candide Ève qui s'imagine être au jardin des délices et se demande si Camping Cosmos est le camping du paradis terrestre ou de l'Enfer. Elle incarne l'innocence sur le camping, ce qui est contradictoire avec l'Ève de la Bible qui incarne la tentation ayant comme conséquence l'éjection définitive de l'homme du paradis. Personnages - Claude Semal, présentateur à Radio Cosmos, lance un détournement publicitaire savoureux sur le dentifrice et sur les crèmes de beauté. Il chante Noble Belgique et Né pour mourir. Il fait figure d'un triste Clown (il porte un Masque pendant son activité sexuelle avec Lolo Ferrari) dans ce camping Carnavalesque ou tout le monde vit l'un à côté de l'autre dans une morose sentimentale en cachant sa vraie personnalité et ses vices (voir les dessins de James Ensor : Les masques scandalisés, La Mort poursuivant le troupeau des humains (peint en 1896, exactement 100 ans avant la sortie du film) et L'intrigue (1890)). Il va sombrer dans le désespoir et se suicider. Claude Semal porte son nom dans le film et il joue l'animateur acerbe de radio-Cosmos au look tintinesque. Il est la voix ironique, gentiment critique, qui raconte ce qu'elle veut bien sur les ondes avec des phrases assassines du genre: "le sponsoring est à l'art ce que les morpions sont à l'amour". Parallèlement à cette fonction d'oracle de la mauvaise parole, il vit une histoire d'amour difficile avec Sabrina Leurquin qui joue le rôle d'un militante (Ursula), pure et dure qui finira par rejoindre la Lutte Armée. Et finalement il remet quand il jouit…
- Jan Bucquoy joue le rôle de Cybulski, qui n'est rien d'autre que l'homonyme de Zbignieuw Cybulski , star polonaise dans L'Amour à vingt ans (1962) de Max Ophüls, Andrzej Wajda, François Truffaut etc...) dans un acte de Masturbation avec de la bière, inspiré par un poème du poète gréco-romain Lucien de Samosate.
- Noël Godin se fait entarter lui-même dans son rôle de l'écrivain Pierre Mertens. Ce personnage pompeux est maladroit dans le film, il pérore sans arrêt à tort et à travers à l'aide des citations qui proviennent réellement des écrits de Pierre Mertens. Il fait aussi figure de Peter Pan dans le Pays imaginaire en ce qu'il refuse de devenir adulte et qu'il s'attache à son monde de rêves.
- Son ami Jacques Calonne, joue le rôle du représentant du ministère de la culture qui dit de l'animateur culturel : "Il ira loin". Il rassemble des culottes de poupées (une référence au Wendy House ).
- Lolo Ferrari est représentée sur les affiches qui annoncent l'élection de Miss Cosmos que tout le monde voudra voir. Elle lit aussi bien le psychanalyste Wilhelm Reich que les contes de la reine Fabiola. Par contre la représentation au camping de la pièce de théâtre de Bertolt Brecht Mutter Courage und ihre Kinder est un flop : personne ne vient regarder. Il s'agit d'une scène à table où le mari se plaint de la choucroute à sa femme, une scène équivalente de ménage se trouve dans La Vie sexuelle des Belges 1950-78 dans laquelle c'est la femme qui est en train de mouler le pain qui se fâche. Madame Vandeputte, la femme du gérant est (pour elle) une fille malheureuse, névrosée qui recherche le bonheur. Elle trouve que son mari la délaisse alors elle va "voir ailleurs". Elle est mal dans sa peau. Elle a des plaisirs simples mais on ne peut y voir une idiote! elle est consciente d'avoir aussi été engagée grâce à sa poitrine et son look en général. Elle s'est fabriquée un nouveau corps à partir de l'idéal féminin des années 1950/1960, comme Bardot, Barbarella, Jayne Mansfield, etc… Elle sait qu'elle provoque malgré elle.
- Arno (chanteur belge) joue le rôle du sauveteur homosexuel Harry. Il reste indifférent aux avances de Madame Vandeputte, la femme du propriétaire du camping joué par la pulpeuse Lolo Ferrari…
- Jean-Pierre Coopman (ancien challenger de Cassius Clay à Porto Rico le 20 février 1976 !) se lance dans un combat de boxe contre Freddy De Kerpel . Les opposants voulant faire vrai, ils s'affrontent avec une rare violence dans le film…
- Jean-Henri Compère et son personnage de l'animateur culturel; en fait, Jan comprend qu'il est casse-bonbons avec sa culture ! Il a l'idée de la mélanger avec des distractions plus populaires. Il pense à un match de boxe entrecoupé de citations, de poèmes, de musique classique. Son personnage a deux facettes importantes: l'animateur culturel qui se rend compte que ses initiatives foirent et le père qui tente de renouer le dialogue avec sa fille qui a fugué. C'est un double constat d'échec.
Philosophie Les responsables du camping (le couple Vandeputte: Lolo Ferrari et son époux ainsi que l'animateur culturel Jean-Henri Compère) veulent attirer les gens et ils imitent le Concours Eurovision de la chanson avec un concours de chant ou une partie des participants chante faux ; le championnat du monde des poids lourds de Jean-Pierre Coopman contre Cassius Clay est imité par un match entre Jean-Pierre Coopman et Freddy De Kerpel; le Mondial (Coupe du monde de football) du football on le voit sur un écran au camping ; le concours de Miss Univers est imité par un concours de beauté local Miss Cosmos et le théâtre du monde est imité par la pièce de Bertolt Brecht que personne ne vient voir. Il s'agit d'un jeu dans lequel on oppose des thèmes : l'universel (métaphysique) du cosmos contre le Microcosme , du Camping, le camping étant la Métaphore du Singulier et du particulier: La Vie sexuelle des Belges au sens réduit du terme. Sans oublier l'opposition d'Êve (la fille de l'animateur) et son copain avec l'entourage des personnages du camping qui sont des adultes décadents. La scène de madame pipi (c'est du belge!) qui lit sur les toilettes L'être et le néant, est une Allégorie du Stade anal (l'être) et du cosmos (le néant) et une Métaphore pour un moment de solitude et de Méditation avec sa recherche de la vacuité. (Saroumane ne dit-il pas : Il n'y pas de vie dans le Vide, seulement la mort). Les deux couples dans le film qui commettent l'Adultère à savoir : Madame Vandeputte (Lolo Ferrari) avec Claude Semal et Herman Brusselmans (l'artiste autiste) avec Giselle Crapaud, trouvent la mort par un meurtre, le Suicide ou dans l'accident avec la Harley Davidson, (le cycliste Fanatique d'Eddy Merckx est le seul à mourir d'une mort naturelle). Le Camping Cosmos n'est donc pas seulement le Camping du Sexe, de la vie (la fille enceinte de Vandeputte) et du plaisir (la copine fugueuse), mais c'est aussi un endroit de la mort et du Châtiment (le Paradis perdu, la Femme au fouet). Pourtant le paradis terrestre était bien annoncé à Lolo Ferrari par l'Hymne de l'Union soviétique (Refrain III: "Nous voyons l'avenir de notre pays"), par la Pomp and Circumstance (Land of Hope and Glory) chantée par Vera Lynn avec le Glenn Miller orchestra, par la chanson Le ciel, le soleil et la mer et par les bandes dessinées Tintin au Congo et Tintin au pays des Soviets pendant et après son Orgasme. L'orgasme étant une métaphore pour la connaissance du Fruit défendu qui chasse les humains du paradis, et le pays auquel on rêve étant une Métaphore de ce paradis. Une autre métaphore érotique est la scène de copulation entre le vendeur de frites Monsieur Crapaud, un italien qui voulait vendre des pizzas (Angelo Bizon) et sa femme Angèle Crapaud (nom d'animal significatif) où on montre en séquence alternative les frites bouillantes. A l'arrière plan, se déroule l'Apothéose belge avec sur un écran les huitièmes de finale de la Coupe du monde de football de 1986 avec la match de la Belgique contre la Russie (remporté par 4-3) et la chanson de Sandra Kim J'aime la vie qui remporta le Concours Eurovision de la chanson de 1986. Mais la plus belle chanson, c'est l'interprétation de The Man I Love de Gershwin pendant le concours de chanson au camping. Comparaisons avec d'autres films Camping Cosmos fait penser au film de Jean Renoir La Règle du jeu avec son tableau de personnages aussi différents que farfelus, par les intrigues amoureuses, le meurtre, le théâtre dans le théâtre, etc... et à La Dolce Vita de Fellini par sa description de personnages délirants. Par contre l'environnement social de Camping Cosmos est bien opposé à celui de La Règle du jeu et de La Dolce Vita : il n'est pas question de montrer dans ce camping populaire la haute société belge. L'accident de moto Harley Davidson du peintre autiste (qui peint des citations sur les caravanes comme par exemple : L'art est mort, vive l'art!) avec sa maîtresse (Giselle Crapaud, qui est la femme du gérant de la Friterie), est une référence à l'accident de Brigitte Bardot à la fin du film Le Mépris(1963) et à la fuite de Steve Mc Queen dans La Grande Évasion (1963). Il s'agit du seul couple au camping qui est capable d'avoir un véritable rapport humain. Le couple Ulrique et Cybulski (qui joue en fait le compagnon de Ulrique : Andreas Baader) préfère s'enfuir en Cadillac décapotable. Le Suicide de Claude Semal est inspiré par le film Humoresque (1946) dans lequel Joan Crawford disparaît dans la mer à la fin. Il s'agit du mouvement inverse de Madame Vandeputte (Lolo Ferrari) qui sort de la mer avec une Allégorie de La Naissance de Vénus. C'est la façon à madame Vandeputte de célébrer le premier Orgasme de sa vie avec Claude Semal qui ressemble étrangement à un Tintin assexué. Cette scène dans la mer est inspirée par la fameuse scène d'Anita Ekberg (Sylvia) dans la Fontaine de Trévi (avec au centre le dieu Océan (mythologie)), dans laquelle elle appelle Marcello Mastroianni avec la célèbre phrase : Marcello come here, hurry up! de La Dolce Vita et de la célèbre scène ou Ursula Andress sort de la mer dans le film Dr. No. Le clin d'oeil au roman américain The Postman Always Rings Twice (et ses adaptations cinématographiques) peut sembler évident pour l'amateur de cinéma quand le facteur rentre à deux fois dans la caravane de Lolo Ferrari (madame Vandeputte), seulement dans Le facteur sonne toujours deux fois, il n'y a aucun facteur qui apparaît (le facteur porte les initiaux C.C.C.P. sur sa sacoche à lettres, transcription cyrillique de l'acronyme "Soïouz Sovietskikh Sotsialistitcheskikh Respoublik" nom de l'ex-URSS mais aussi à "Camping Cosmos Communiste et Populaire" et à "Comité des créateurs contre la publicité"). Camping Cosmos fait penser aux Les Vacances de M. Hulot et à Playtime en ce que le film "ressemble à ces cartes postales douteuses exhibant les anatomies de l'été. Mais une fois la carte retournée, on découvre que c'est un bon ami qui nous a fait la blague." , Couches de narration Le film traite des sujets différents en construisant des histoires parallèles. Les habitants du camping sont dans un purgatoire de passage qui va les préparer à la nouvelle vie après les vacances; les vacances étant une Métaphore pour ce purgatoire dans lequel les sept pêchés capitaux sont abordés : la Paresse, l'Orgueil, la Luxure, et la Gourmandise sont les pêchés communs de tout les habitants du camping, l'Envie et la Colère pour Claude Semal et pour monsieur Vandeputte, et on connaît l'Avarice par la mère de Bucquoy qui est sur l'affiche (c'est une photo de La vie sexuelle des Belges) dans laquelle Madame Vandeputte présente Mère Courage et ses enfants. 1. L'histoire de Eve et son papa : elle pense retrouver son père et le Paradis à la côte belge. 2. La problématique de porter la culture au peuple (Gramsci); c'est ce que les acteurs de Mère Courage, l'animateur culturel, Pierre Mertens et Jacques Calonne essaient de faire. 3. Le camping et les évènements cosmiques (mondiaux) sur une échelle humaine (microcosmique) : Miss Cosmos, le concours de chant, le match de boxe, le football et le théâtre… 4. La vision du réalisateur qui voit le tout d'en haut et qui utilise la musique pour intervenir dans l'atmosphère, par exemple : Maria Elena, Le ciel et la terre etc… 5. Le Surréalisme révolutionnaire et le situationnisme: les citations de Herman (Louis Scutenaire), la révolte des jeunes et le droit à la paresse (Raoul Vaneigem), Cybulski et Ulrique, le détournement publicitaire. 6. Le réveil de la sexualité avec les références à Wilhelm Reich (La fonction de l'orgasme) chez madame Vandeputte; Arno, la copine d'Eve, madame Crapaud… Madame Vandeputte et Arno qui semblent jouer dans une parodie de Baywatch. 7. La référence à la Belgitude avec la chanson Noble Belgique : État paradis ou déception? Avec la question: qu'est-ce que la Belgitude ? Est-ce que cela se limite aux frites, la Bière et le Football ? CritiquesCe film montre la Belgique sous un aspect particulier, bien que le sujet soit universel, les spectateurs d'autres pays y reconnaîtront aussi les aspects de leur propre pays. - Le réalisateur a ceci à dire : Camping Cosmos s'égrène autour de la résistance à la psychanalyse, à la culture, à l'amour, à l'identité. C'est la lutte finale entre un monde médiocre basé sur l'échange de marchandises et un monde sublime basé sur l'exaltation des désirs.
Dans ce film j'ai réuni mon plat pays sur une dune face à la mer du Nord sur lequel il s'accroche contre vents et marées. Mon terrain de camping est peuplé d'exilés, comme le sont par exemple les patients d'un hôpital public ou les membres d'un Club Méditerranée prolétarien. Mon point de vue est parfois distant comme si j'observais ces naufrages de la vie à partir du cosmos. Le film est construit comme la vie des gens: c'est fait de creux, de trous, d'à coups, de trucs qui vont très vite ou très lentement. C'est comme quand on raconte un film qu'on a vu, on le raconte par bribes. Des moments quand on est dedans, des moments dans lesquels on est dehors ou à côté. Voici un film comme j'ai rêvé : libre, excessif parfois, auto-dérisionné, tendre, perplexe, insoumis, barbare, voluptueux… bref un film ou tout est permis. - "C'est là qu'il ne faut pas se tromper sur le sens de cette provocation. Lolo Ferrari et ses mamelles industrielles, en polarisant Camping Cosmos du côté grotesque, s'avèrent une leurre de taille seulement moyenne, en ceci qu'il ne masque évidemment pas le propos souterrain du film, autour de l'échec sentimental et paternel du protagoniste".
- "Très drôle, très subversif, très politique. Mais le mauvais goût a surtout le goût exquis de la liberté. Un film pyromanesque".
- "Le réalisateur observe la folie ordinaire de ses compatriotes, avec quelques beaux dérapages poétiques. Souvent très drôle, Camping Cosmos dresse pourtant le constat amer d'une génération de militants gauchistes réduits à quêter les subventions ministérielles et à distraire des campeurs avachis.".
- "Ne ratez pas Camping Cosmos, film évidemment cochon qui nous livre quelques Belges nus de tous sexes et une Lolo Ferrari entièrement à (mais sans) poil qui subit les outrages d'un Tintin au cul nu. Il faut le voir pour le croire, sachant que même une fois vu, on n'y croit toujours pas…".
- "Manifeste sur "la vie sexuelle des Belges", pamphlet touristique, Camping Cosmos ressemble à ces cartes postales douteuses exhibant les anatomies de l'été. Mais une fois la carte retournée, on découvre que c'est un bon ami qui nous a fait la blague. Finalement, dépassé le mauvais goût visible, l'initiative reste sympathique. Un peu foutraque mais percutant."
Voir aussiBibliographie - AA.VV, Camping Cosmos, dans Aden Sup. Hebdomadaire du Monde Paris, 19/11/1997.
- AA.VV., Le gouvernement Flamand censure-t-il Bucquoy?, dans Le Soir, Bruxelles, 23/01/1996.
- AA.VV., Images, dans Libération, Paris, 17/11/1997.
- S. Benamon, Camping Cosmos, dans Studio Magazine, numéro 128, novembre 1997, p; 56.
- Fabienne Bradfer, L'homme au crane rasé qui rêvait de vacances à la mer, dans Le Soir, Bruxelles, 30/08/1995.
- C. Carrière, Camping Cosmos, in Première, décembre 1997, p. 42.
- E.D., Camping Cosmos, dans Positif, numéro 442, décembre 1997, p. 60.
- P. G., Camping Cosmos, dans Le Canard enchaîné, 19/11/1997.
- S. G., Camping Cosmos, dans lExpress, 20/11/1997.
- L. Honorez, Chic, la mayonnaise me monte au nez, dans Le Soir, Sup. MAD..
- L. Honorez, Du côté de chez Zwan, un camping, une fois..., dans Le Soir, Bruxelles.
- M.P., Camping Cosmos, dans Le Nouvel Observateur, numéro 1724, 20/11/1997.
- Jacques Mandelbaum, Camping Cosmos, film belge de Jan Bucquoy, dans Le Monde, Paris, 20//11//1997.
- J. Morice, Camping Cosmos, dans Télérama, 19/11/1997.
- Olivier Pere, Camping Cosmos dans Les Incorruptibles, 19/11/1997.
- Philippe Piazzo, Lolo Ferrari, c'est moi, dans Aden, Sup. Hebdomadaire du Monde, Paris 19/11/1997.
- Carine Soyer, Copains comme camping, dans Créations, novembre 1997.
Certains de ces articles peuvent être consultés sur le site de Transatlantic Films, Camping Cosmos. Notes et références.. Liens internesLiens externesEn généralWikipediaAutres films au sujet d'un camping
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