Charles Emmanuel Mast, né le 7 janvier 1889 à Paris et mort en 1977 à Paris, à l'âge de 88 ans, est un général de division qui a participé à la libération de l'Afrique du Nord en 1942 et qui fut Résident général de France en Tunisie entre 1943 et 1947.
Avant-guerre
Fils de Michel-Edmond Mast, officier, et de Jeanne Gouat, il est issu d'une famille originaire de
Brumath en
Alsace. Il compte parmi ses ancêtres des pasteurs protestants du
Palatinat ou du
Bade-Wurtemberg venus se réfugier en France au
XVIIe siècle, dont Andreas Cellarius.
Charles Mast s'est marié, le 14 mai 1915, avec Marie-Madeleine Leroy, dont Georges Mast (1914-1978), polytechnicien, promotion 1935. Marie-Madeleine Mast est très proche d'Antoine de Saint-Exupéry même avant sa disparition au cours d'un raid sur l'Europe.
Marie-Madeleine Leroy est férue d'histoire et elle publie sous le nom de Marie-Madeleine Mast un livre sur l'homme au masque de fer. Selon Marie-Madeleine Mast, François de Cavoye, capitaine des mousquetaires de Richelieu, était l'amant d'Anne d'Autriche et serait le vrai père de Louis XIV. Ainsi Eustache Dauger de Cavoye (né le 30 août 1637) serait donc le demi-frère de Louis XIV et lui ressemblait beaucoup ce qui expliquerait sa mise au secret.
Avant la Seconde guerre mondiale, le colonel Mast est l'attaché militaire français à Tōkyō à partir de 1937. Le 25 mars 1937, Charles Mast est colonel, mais il a déjà 48 ans.
Début Seconde guerre mondiale
Charles Mast est chef d'état-major du 10e corps d'armée, le 1
er juin
1940, général de brigade à titre temporaire, puis général de brigade. Fait prisonnier par les nazis le même mois, il est emprisonné à la forteresse de Königstein. Le
20 septembre 1941, alors qu'il prépare son évasion, le général de brigade Charles Mast apprend qu'il va être libéré.
Charles Mast est alors nommé chef de la Division de Marche d'Alger, puis chef de la 3e Division Nord-Africaine, en 1941. Il est soupçonné d'être un résistant et emprisonné en 1941. Son ami, le colonel Numata, attaché militaire nippon auprès du Régime de Vichy, demande sa libération et l'obtient. Charles Mast est à sa sortie de prison chef d'état-major du 19e corps, en 1942 en Afrique du Nord.
Le débarquement allié en Afrique du Nord
Le général Charles Mast, qui commande la place d'Alger, tient une place éminente dans la préparation matérielle du débarquement. Il est l'un des premiers et des plus importants collaborateurs des services américains pour préparer l'opération. Il rencontre lors d'une réunion clandestine tenue à Cherchell, le 23 octobre 1942, sur la côte, non loin d'Alger, dans la villa Teyssier, le général Mark Wayne Clark, adjoint d'Eisenhower venu secrètement en sous-marin rencontrer divers représentants militaires et civils de la résistance, dont le colonel Jousse, Charles Mast, et Bernard Karsenty, adjoint de José Aboulker.
Le général Mark Wayne Clark, bras-droit d'Eisenhower considère Charles Mast comme le porte-parole de Henri Giraud et le chef des armées françaises en Afrique du Nord.
Les accords de Cherchell, outre une partie militaire, incluent des dispositions très favorables à la France, qui devra être traitée en alliée après le débarquement. Cette première conférence entre les états-majors alliés et français met en colère Charles de Gaulle qui soupçonne les Américains de ne pas lui faire confiance.
Soupçonnés d'être des résistants, les colonels Jousse, Baril et Magnan, ainsi que les généraux de Montsabert, Béthouard et Mast, sont relevés de leurs commandements et mis en quarantaine par Darlan.
Henri Giraud, contacté par un envoyé américain et par Jacques Lemaigre-Dubreuil, accepte de participer à l'opération, mais il exige dans un premier temps qu'elle ait lieu simultanément en France, et qu'il en exerce personnellement le commandement en chef. En attendant, il désigne, pour le représenter auprès des conjurés, le général Charles Mast, chef d'état-major du corps d'armée d'Alger. Charles Mast sert d'intermédiaire entre Giraud et De Gaulle notamment pour les questions militaires. Il se pose en adversaire de Darlan et d'Alphonse Juin.
Charles Mast prend le commandement de la division de marche de Casablanca, en 1942, puis il est le chef des Missions militaires en Syrie et Égypte, en 1943.
Résident général de France en Tunisie
Immédiatement après la prise de
Tunis et de
Bizerte, Giraud nomme Charles Mast Résident général de France en Tunisie le 7 mai
1943. Par la suite, le général vichyste Prioux est proposé par le même Giraud pour le remplacer. Prioux est écarté car Charles Mast est désormais un proche du général de Gaulle, et il est maintenu dans ses fonctions de Résident général de France en Tunisie.
Charles Mast reconnaît le Parti communiste tunisien. Par contre, il refuse le retour du Bey de Tunis, Moncef Bey, qui avait régné du temps des nazis et restait favorable aux nationalistes. Il veut contrôler le Néo-Destour, dont le chef Bourguiba a été arrêté pour Collaboration à la libération.
Le général Mast en Tunisie a décidé de maintenir l'autorité française par un paternalisme autoritaire.
Bien entendu, il figure sur de nombreuses photos avec les dirigeants politiques et militaires et les leaders tunisiens, dont Lamine Bey, Bey de Tunis.
Charles Mast reste Résident général de France en Tunisie, jusqu'au 22 février 1947. Jean Mons remplace le général Mast comme Résident général de France en Tunisie.
Le général Mast n'est pas dans un premier temps un partisan de la décolonisation. D'ailleurs, à
Tunis en août
1945, il conseille à
Salan d'être prudent en
Indochine française :
Si vous donnez trop de droits aux Annamites, il y aura des répercussions en Tunisie... Mais, son ami, le général Georges Revers, est lui partisan de l'indépendance de l'
Indochine française. Selon lui, il faut laisser le pouvoir à
Bao Dai, monarque constitutionnel, avec comme premier ministre le général Xuan, favori des socialistes français, et une haute commission militaire française présidée par Charles Mast, qui a désormais, lui aussi, le soutien des socialistes parisiens . Du fait de l'opposition de la Chine, de l'influence d'
Ho Chi Minh, des divisions de la gauche française et de l'attitude de certains officiers du corps expéditionnaire, cette tentative pour rétablir la paix n'aboutit pas.
Charles Mast a établi des contacts privilégié avec les socialistes français et le Kuomintang et il est devenu l'un des meilleurs spécialistes de la question indochinoise. Il se sent très capable de manipuler Bao Dai et le général Xuan « comme des marionettes ». Son ami, le général Georges Revers, intrigue pour qu'il soit Haut commissaire de l'Indochine française à la place de Léon Pignon. Toutefois, le gouvernement met fin à leurs projets. Ils sont même impliqués dans l'Affaire des piastres.
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La fin de sa carrière
Le 20 février 1947, il est général de division ayant rang de commandant d'armée et appellation général d'armée. De retour en France, Charles Mast entre au Conseil Supérieur de la Guerre. Il est aussi directeur de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). En 1947, il devient Grand officier de la légion d'honneur.
Suite au scandale né de l'Affaire des piastres, en 1950, il est désormais général de réserve. Charles Mast ne reste pas inactif. Il fait des affaires , écrit des livres comme Histoire d'une rébellion, 8 novembre 1942 et répond aux questions des journalistes. Il reste jusqu'à sa mort très pessimiste sur les capacités de défense occidentales en cas d'attaque des pays communistes.
Notes
Articles connexes
- Originaire de Brumath, comme le sénateur Geoffroy Velten, il a un certain nombre d'ancêtres en commun avec lui.
- Cousin de Wilhelm Hausenstein, premier ambassadeur d'Allemagne après la seconde guerre mondiale
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