Chièvres (en wallon
Chieve) est une
ville francophone de
Belgique située en
Région wallonne dans la
Province de Hainaut.
Toponymie
Le nom « Chièvres » est dérivé du latin
Cervia, c'est-à-dire
Parc aux cerfs, ou même plutôt aux biches. Cette graphie apparaît vers 869-75.
On trouve plus tard
- – Scirvia (1093-1110) ;
- – Cirvia (1127) ;
- – Cirve (1194, dans la charte-loi) ;
- – Chilvia (1200)- Chirvia (1210).
« Chievres » est moderne. La forme est apparue dans le dernier quart du XVIe siècle, et s'est généralisée au XVIIe siècle.
Situation
Chièvres est située près de la grande route de Ath à Mons; à 6 km d'Ath et à 18 km de Mons.
Terrain presque uni; sol argileux. Altitude de 52.2 m au seuil de l'église. Point culminant : 80 m au hameau de Vaudignies.
Cours d'eau : au nord, la Dendre, affluent de l'Escaut; la Hunelle et le canal d'Ath à Blaton.
Histoire
Le site de Chièvres fut certainement occupé par les Romains (notamment au hameau de la Neufville, aux environs de la ladrerie). Des indices nous permettent de penser qu'il était habité à l'époque mérovingienne.
Chièvres est citée pour la première fois dans la Translatio et Miracula SS. Marcellini et Petri, d'Éginhard (830). On y trouve la mention "de villa Cervo".
Sous Charles le Chauve (869-875), Chièvres jouissait du droit de battre monnaie au nom du roi. On connaît au moins une pièce d'un denier où l'on peut lire l'inscription "+ CERVIA MONETA" (moneta était le terme utilisé pour désigner une ville frappant monnaie).
Jusqu'à la fin du XIIe siècle, Chièvres est un vaste domaine, propriété d'un important lignage connu depuis au moins 936 (Egbert de Chièvres).
Les premiers membres de cette noble famille, probablement apparentée aux comtes de Hainaut, sont mal connus.
La dernière héritière de la famille, qui est aussi la plus connue est Ève de Chièvres.
Ensuite, les familles de Gavre et de Rumigny présidérent aux destinées de la ville de Chièvres. Nicolas de Rumigny, second fils de Hugues de Fagnolle, fut seigneur de Chièvres en partie; il fut l'un des chefs du parti des Ronds. Il mourut sans postérité, laissant sa terre de Chièvres à son neveu Nicolas le Bègue. Celui-ci la vendit à son cousin Jean d'Avesnes, comte de Hainaut le 7 décembre 1289.
Dotée d'une "charte-loi[#]" (1194) qui lui accorde un statut juridique privilégié, Chièvres est désormais une « franche ville » du comté de Hainaut. La taille de 92 livres, qui était perçue à la Saint-Rémy (ler octobre), subsista longtemps, au moins jusqu'au XVIIIe siècle.
Chièvres va évoluer vers le stade urbain. Un marché est attesté depuis 1336. Une foire aux chevaux est établie en 1363. Entre 1366 et 1388, la ville reçoit sa première enceinte urbaine et est défendue par une compagnie d'arbalétriers. La nouvelle draperie (1389) apporte la prospérité.
En 1406, Chièvres devient une des « bonnes villes » du Hainaut.
C'est à ce moment que les calamités s'abattent sur la ville : la peste de 1414, trois incendies (1439,1459 et 1476). Deux tiers des maisons sont détruites, la draperie disparaît, la pauvreté fait son apparition. Chièvres retourne petit à petit au stade rural, d'autant plus qu'Ath polarise toute l'activité économique de l'époque.
En 1440, Antoine de Croy, premier chambelan du duc de Bourgogne avait acheté au Duc d'Orléans une moitié de la ville de Chièvres et, en 1473, l'autre moitié lui fut donnée par le duc de Bourgogne. C'est ainsi que Chièvres entra dans la maison de Croÿ.
La terre de Chièvres passa dans la maison d'Egmont par le mariage, en 1659, de Marie Fernande de Croy, chanoinesse de Sainte-Waudru, à Mons, avec Philippe Lamoral, comte d'Egmont, lequel mourut en 1682.
Ensuitte cette seigneurie appartint à le famille de Pignatelli, dont un membre Nicolas Pignatelli avait épousé Marie-Claire Angélique d'Egmont.
Les nombreuses guerres du XVIIe siècle, avec les incendies, les réquisitions, les contributions de guerre, le logement des soldats, achèvent de ruiner la localité. Sa population passe de 1304 habitants en 1636 à 858 dès 1660. Vauban envisagea de la fortifier mais le projet ne sera jamais réalisé.
En 1789 (révolution française), la seigneurie de Chièvres cessa d'exister et les biens furent vendus à divers particuliers.
La fin du XVIIIe siècle apporte une certaine stabilité. En 1798, la population est de 2 115 habitants pour une superficie de 2 160 ha.
Chièvres est vouée à l'agriculture et l'élevage et ne porte plus de ville que le nom, en « considération de sa fortune passée » (arrêté royal de 1825).
Aujourd'hui, encore, petit centre commercial, malgré la présence de la base militaire de l'OTAN, l'activité économique est réduite et ne rappelle que faiblement la gloire passée de la cité.
Curiosités et musées
- L'église Saint-Martin
- Les remparts et la tour de Gavre
- La chapelle Saint-Jean-Baptiste
- La chapelle Notre-Dame de la Fontaine
- La ladrerie
- Le musée international de la base aérienne de Chièvres
- La ferme de Calbreucq
- À Huissignies : le musée de la vie rurale
- À Grosage : le petit musée du pain
- À Huissignies : le château Malaise
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Les traditions
- Le crossage a l'tonne du mercredi des cendres
- La procession du pèlerin
- La ducasse à l'berdouille de Huissignies
Personnalités
Vaudignies
Vaudignies (anciennement : Waudignies ,1290), vulgairement
Augenies est un hameau de Chièvres situé sur la route allant à Saint-Ghislain. Son nom pourrait venir de : habitation de
Waude ou
Waudin ou aussi de
Waldiniacum, demeure de
Waldin ou de
Waldiniacas, habitation du franc
Waldo, de même que Waudignies, France , département du Nord. J.Dewert donne à ce mot le sens de
maison du bois. Si Vaudignies était déjà un hameau de Chièvres avant la fusion des communes, le village devint une paroisse à part entière en 1871.La paroisse Saint-Philippe fut desservie par les religieux de l'ordre des
Prémontrés jusqu'en 1931.
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Histoire religieuse
L'église de Chièvres faisait jadis partie du diocése de
Cambrai. En 1108, son autel fut donné à l'abbaye d' Eename par
Odon , évêque de Cambrai. Nicolas de Chièvres, fils de Ide de Chièvres, fut évêque de Cambrai.
Le doyenné de Chièvres était fort étendu au XVe siècle; il comportait prés de 80 paroisses parmi lesquelles : Ath, Beloeil, Condé (France), Flobecq, Herchies, Lessines, Sirault, Soignies,... En 1559, plusieurs de ces paroisses furent détachées du doyenné de Chièvres pour former le décanat de Lessines.
En 1802, le nouveau doyenné de Chièvres fut formé des paroisses de : Arbre, Attre, Blicquy, Brugelette, Chièvres, Fouleng, Gages, Gibecq, Gondregnies, Grosage, Husseignies, Irchonwelz, Maffles, Mévergnies, Moulbaix, Ormeignies, Tongre-Notre-Dame, Tongre-Saint-Martin avec Ladeuze, Villers-Saint-Amand avec Villers-Notre-Dame.
Aujourd'hui, le doyenné de Chièvres est formé des paroisses de : Attre, Brugelette, Chièvres, Gages, Gondregnies, Grosage, Huissignies, Ladeuze, Mévergnies, Tongre-Notre-Dame, Tongre-Saint-Martin, Vaudignies et relève du diocèse de Tournai.
Histoire de l'aérodrome
Dans les derniers mois de 1917, l'aviation allemande avait commencé à construire un aérodrome à Chièvres. Les appareils de l'époque étant peu exigeants, un simple terrain plat suffisait à leur décollage et leur atterrissage.
Pendant l'hiver 1939-1940, les Belges remirent en état le champ d'aviation de Chièvres.
Dès le 20 mai 1940, les Allemands, qui se souviennent de leur initiative de 1914-1918, reprennent le même projet et rendent opérationnel l'aérodrome de Chièvres. Rapidement, il s'étend sur 500 hectares pour atteindre, en 1944, 1500 hectares. Les pistes en béton au nombre de deux ont 56 m de large et 2 km de longueur. Dans l'axe des pistes d'envol, les Allemands font couper le dessus des toits des maisons environnantes, les avions lourdement chargés( bombes et carburant) avaient beaucoup de peine à prendre de l'altitude. De plus, les Allemands établissent une ligne ferrée partant de la station de Mévergnies. L'ennemi construit également des hangars et des casernes. Une très grande citerne pour carburant est amenée sur la place de Chièvres. Elle ne put passer par la Grand-Place vers l'aérodrome et fut enterrée sur la place même. En juillet 1944, la base est la première de Belgique a recevoir la visite d'avions à réaction allemands.
En septembre 1944, tous les avions allemands quittent Chièvres et, le lendemain, deux avions de la R.A.F. s'y posent. Les alliés l'occupent jusqu'en 1947.
Le 6 mars 1947, l'aviation militaire belge reprend la base aérienne de Chièvres. Signalons la présence de la patrouille acrobatique "Les Diables Rouges" à Chièvres pendant plusieurs années.
Le 1 janvier 1968, la base de Chièvres est cédée au SHAPE.
L'aérodrome posséde un code AITA :CHE.
Liens extérieurs
Bibliographie
Ouvrages à consulter pour en savoir plus :
- Maurice Van Haudenard, ingénieur, Histoire de la ville de Chièvres 2e édition (1933)
- André Neve et Firmin Lambrecht, Chièvres, histoire de l'aérodrome, (1984)