Les termes doivent être précisés : le «
christianisme ancien » débute avec le « christianisme primitif » qui va des origines à la fin de la « période apostolique » (i.e. celle où vivaient les
apôtres, à peu près vers la fin du
Ier siècle), et se termine au
VIe siècle quand la doctrine a, pour sa plus grande partie, été fixée par les
Pères de l'Église et les premiers
conciles.
Le début du christianisme
En ce qui concerne le début du christianisme, on est amené à distinguer :
- les affirmations doctrinales, e.g. le christianisme commence à la naissance de Jésus, à sa résurrection (pour les liens entre Jésus et le christianisme Jésus selon l'exégèse contemporaine), à la pentecôte,
- les hypothèses historiques basées sur des faits réels e.g. le christianisme commence suite à la diffusion d'un message. Quelle que soit la date de rédaction retenue pour les épîtres, les évangiles, les actes, encore faut-il attendre que ces documents aient circulé. Le premier témoignage de cette circulation des écrits se situe en 140 quand Marcion de Sinope arrive à Rome, sachant que rien n'atteste concrètement de la circulation des lettres de Paul, ni pour certaines d'entre elles qu'elles aient été envoyées, ni pour certaines autres que leur forme actuelle soit leur forme initiale.
La recherche actuelle se concentre principalement sur la diffusion du message du Christianisme, orale dans un premier temps (comme le livre des Actes en témoigne), écrite par la suite. La diffusion des Évangiles et Épitres est sujette à débat. Il est cependant probable que, dès la fin du premier siècle, il existait un certain nombre de paroles de Jésus qui circulaient . 1 Clement cite également des passages des Évangiles et des Épitres de Paul .
Marcion de Sinope, qui fut excommunié en 144, liste les écrits qu'il considère canoniques, en se basant probablement sur un groupement pré-existant des lettres de Paul .
Le débat sur la question de la date des débuts du christianisme demeure encore ouvert entre un consensus anglo-saxon une tendance européenne.
Le christianisme primitif
Le christianisme primitif
Le christianisme primitif est une expression qui doit être prise avec précaution. Le situer des origines à la fin de la période apostolique suppose chez
Jésus de Nazareth la volonté de fonder une nouvelle religion, ce que rien n'atteste. De même, situer la fin du christianisme primitif à la fin des
conciles christologiques suppose que la création et le développement d'un
corpus dogmatique soit une nécessité intrinsèque du
Christianisme. L'élaboration d'une doctrine christologique ne répond pas à la nécessité intrinsèque du
Christianisme mais à l'institutionnalisation sous la houlette des empereurs, à commencer par Constantin et
Justinien. Suite à la crise mélétienne et aux difficultés de trouver un successeur à l'évêque d'Alexandrie, l'
Arianisme trouve un espace quasiment "médiatique" où se développer. Les débats sont assimilés au désordre à la faveur d'irrégularités dans l'élection de l'épiscope et le concile de Nicée est convoqué pour juger Arius. Il en sera de même pour les autres conciles et l'on se rendra vite compte que chaque concile crée un
Schisme.
Article détaillé : .
Dans ce cas de figure, bien développé chez les chercheurs anglo-saxons réunis au colloque "The ways that never part" le christianisme primitif correspond à la période des conciles ; auparavant, n'existe qu'un proto-christianisme, en fait, une forme spécifique de Judaïsme recruté parmi les membres les plus eschatologiques des courants messianistes.
En Europe, on voit les choses un peu plus tôt. Un consensus s'est établi autour d'une période s'étirant de l'établissement de l'école de Yabneh à l'introduction de la Birkhat Ha Minim à la fin du premier siècle parce que les nazoréens ne s'étaient pas associés à la révolte de BarKochba.
Une Église primitive ?
L'Église primitive est un concept qui apparaît en 2 temps :
- dans la période qui précède le mouvement cathare : toute une série de mouvements militant pour la pauvreté de l'Église (catholique romaine, à l'époque) prèchent la pauvreté par l'exemple en la référant à "l'Eglise Primitive" . En même temps apparaît l'idée que Jésus serait né dans un milieu pauvre.
- l'autre élaboration du concept est celle de Luther qui prétend que sa Réforme est un retour à l'Église primitive
En fait, "l'Église Primitive" n'existe pas historiquement. Il n'y a pas "d'Église" au sens contemporain du terme avant l'institutionnalisation à laquelle procède Constantin Le christianisme est d'abord constitué de communautés locales considérées comme plus ou moins hérétiques par le judaïsme à partir de la phase de Yabneh. Quand elles s'organisent, il n'y a pas "l'Église" mais l'assemblée locale autour de ses anciens presbyteroi et de son episcopos. Ce sont des écoles de pensée imitant les écoles de philosophie grecques dont le nom propre est "aeresis" (voir l'étymologie dans
Hérésie)
L'idée de l'unité de l'église des origines, avec les hérésies qui viennent après, reste une doctrine propre au centralisme catholique. Selon Walter Bauer, historiquement les hérésies sont à la source même du christianisme.,
Certains chercheurs se sont opposés à la thèse de Walter Bauer
Essai de généalogie du christianisme ancien
Les différents courants connus du
Judaïsme palestinien du
Ier siècle :
Sadducéens,
Esséniens,
Pharisiens, ont soit disparu à la chute du
Temple de Jérusalem autour de l'an 70, soit fusionné petit à petit avec ceux de la
Diaspora surtout babylonienne d'où venait
Hillel, ou égyptienne où avait vécu
Philon d'Alexandrie, notamment autour de l'école de Yabné (vers l'an 90).
messianismes juifs autres courants juifs
Diaspora juive
│ │ │
┌──────────────┴───────────────┐ │ ┌────────────┴─────────┐
│ │ │ │ │
│ Guerre juive (66-73) École de Yabné (90-135) │
│ │ Judaïsme rabbinique │
│ │ │ │
│ │ ┌──────────────┴───────────────┐ │
│ │ │ │ │
│ Seconde guerre juive (135) │ │
│ │ │
Jésus le Nazaréen (jusqu'à nos jours)
│
│ │
Disciples juifs (30-36) ┌───────────────────────────────────────────────────────┘
│ │
├───────────────────────────────────┴──────────────┐
(Hébreux) (Craignant-Dieu) (Hellénistes)
Jacques Pierre Paul Jean
Jérusalem Galilée ? Antioche an 45 Éphèse
│ (Judaïsants) │ │ │
│ │ │ │
Nazôréens (Évangélisation des non-Juifs) │
Pella an 68 │ ┌────────┴─────┐
│ │ │ │
Judéo-chrétiens─────────────────────┐ │ │ │
entre 73 et 100 │ │ │ │
│ Christianisme │
│ de la « Grande Église » │
│ Vers 110 │
│ ┌──────┬───────┴──┬──────┐ │
│ │ │ │ │ │
│ │ Montanisme │ │ │
│ │ Marcionisme │ │
Ébionisme │ Docétisme │
Elkasaïtes │ │ │
│ Église « catholique » ├────────┤
| │ | │
| ┌────────┤ | Gnose
| │ │ | │
| Donatisme │ | Valentinisme
(?) │ |
| │ |
(Islam)
On notera que les différentes
hérésies ou
hétérodoxies du christianisme
primitif sont souvent tout autant des courants transversaux (au moins dans une aire culturelle donnée) qui lui ont donné naissance que des groupes
schismatiques. Les filiations réelles sont par ailleurs plus complexes que ce schéma ne le laisse penser ! Enfin, les sources d'information disponibles sont peut-être assez partisanes (comme les
Actes des Apôtres ou les écrits des hérésiologues de la « Grande Église », qui ne prétendent pas à la neutralité, mais sont des mises en perspective de l'histoire).
notes et références
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
Bibliographie
- J.G. Davies, La vie quotidienne des premiers Chrétiens. Etudes consacrées à l'histoire des moeurs de l'Eglise pendant les cinq premiers siècles, Neuchatel, Delachaux et Niestlé, 1956, 251p.
- Dan Jaffé Le Judaïsme et l'avènement du christianisme. Orthodoxie et hétérodoxie dans la littérature talmudique du Ier-IIème siècle, Préface de François Blanchetière, Cerf, 2005. Voir recension en [#]
- Marcel Simon et André Benoît. Le Judaïsme et le Christianisme antique, d'Antiochus Épiphane à Constantin. PUF. 5e édition. 1998.
- François Blanchetière, les premiers chrétiens (30-135) étaient-ils missionnaires ? CERF
- Frédérick Tristan, Les Premières Images chrétiennes: du symbole à l'icône, Fayard.