Christine de Pisan ou Christine de Pizan (Venise, 1364 – monastère de Poissy, v. 1430) était une philosophe et poétesse française de naissance italienne.
Christine de Pisan est considérée comme la première femme de lettres française ayant vécu de sa plume. Son érudition la distingue des écrivains de son époque, hommes ou femmes. Elle passe alors plusieurs années en procès pour récupérer son héritage. C’est ce qui fit qu’elle dut gagner sa vie en écrivant.
Elle composa des traités de politique et de philosophie, et des recueils de poésies. Auteur très prolifique, elle se retire dans un Couvent à la fin de sa vie, où elle écrit un Ditié de Jeanne d'Arc. On lui doit, entre autres, Cent ballades d'amant et de dame et La Cité des dames. Son travail majeur a été accompli entre 1400 et 1418.
Vie
Née à
Venise vers
1364 et morte vers 1430 , elle suit son père Thomas de Pisan (Tommaso di Benvenuto da Pizzano), médecin réputé et conférencier d’
Astrologie à l’université de Bologne, appelé à Paris par
Charles V en
1368. Auparavant, son père, né à Bologne, avait été appelé à Venise, en Hongrie ; il s'était fait une grande réputation par ses prédictions (comme pour beaucoup de ses "confrères", la médecine lui servait surtout de "couverture" vis-à-vis de l'Église qui interdisait toute forme de
Voyance).
Christine reçoit à la cour l’éducation donnée aux jeunes filles de la noblesse et commence à composer des pièces lyriques qui lui valent l’admiration et même de nombreuses demandes en mariage – quoique de son propre aveu celles-ci soient également motivées par la position de son père auprès de Charles V. La personnalité du sage roi, d'ailleurs, marquera profondément la jeune Christine, qui le fréquente quotidiennement à la cour. En 1379, elle épouse Étienne de Castel, noble peu fortuné qui acquiert à l’occasion de cette union les charges de secrétaire et notaire du roi. Mais Charles meurt peu après en 1380 et Étienne se trouve sans charge ni revenu. Tommaso da Pizzano meurt entre 1385 et 1390 ainsi qu’Étienne, ruiné en 1390. Âgée alors de 26 ans, elle se retrouve avec trois enfants à charge, sans appui ni famille à la cour. Réduite à la pauvreté et devant essuyer plusieurs procès pour dettes, elle se résout à travailler pour nourrir ses enfants et choisit le métier d’homme de lettres ("de femelle devins masle"). Elle se réfugie alors dans l’étude et compose une série de pièces lyriques compilées dans Le Livre des cent ballades qui obtiennent encore un franc succès. Ces pièces dans le goût alors à la mode pleurent son défunt mari et traitent de son isolement, de sa condition de femme au milieu de la cour hostile. Elle obtient alors des commandes et la protection de puissants comme Jean de Berry et le duc Louis Ier d’Orléans. Elle prend alors de l’assurance et s’attelle à la rédaction d’écrits érudits philosophiques, politiques, moraux et même militaires. Elle s’engage alors parallèlement dans un combat en faveur des femmes et notamment de leur représentation dans la littérature. Elle s’oppose en particulier à Jean de Meung et à son Roman de la Rose, alors l’oeuvre littéraire la plus connue, copiée, lue et commentée en Europe occidentale. Elle force par son obstination et son courage l’admiration de certains des plus grands philosophes de son temps tels Jean de Gerson et Eustache Deschamps qui lui apporteront leur appui dans ce combat.
OEuvre
Ses poèmes sont organisés dans des recueils selon une trame narrative, beaucoup de ceux-ci sont tirés directement de son expérience personnelle telle
Seulette suy et seulette vueil estr.
Elle a été impliquée dans la première querelle littéraire française que certains considèrent comme un manifeste, sous une forme primitive, du mouvement féministe. En effet, Epistre au Dieu d'Amours 1399 et son Dit de la rose 1402, critique de la seconde partie du Roman de la Rose écrite par Jean de Meung, provoquèrent des remous considérables dans l'Intelligentsia de l'époque. Ce type de propos était jugé assez scandaleux à l'époque :
« Et jurent fort et promettent et mententEstre loiaulx, secrez, et puis s'en vantent. »
Elle n'hésita pas aussi à s'exprimer sur la politique (Épître à la reine Isabeau) et sur le droit militaire (Livre des faits d'arme et de chevalerie).
Dénonçant l'abaissement et le délitement du royaume durant la guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons, elle rédigea une oeuvre magistrale et précieuse pour les historiens actuels, Faits et actes du sage Roy Charles Quint, biographie riche en détails sur le règne de son mentor, Charles V de France.
La plupart de ses oeuvres sont conservées dans des manuscrits autographes, ce qui est très rare pour cette époque.
Selon Jacques Roubaud, Christine de Pisan « a sans aucun doute atteint un des sommets de l'art de la Ballade ; elle est d'une originalité formelle remarquable ».
Débats historiographiques autour de l'oeuvre de Christine de Pisan
(voir en partie l'article sur
Mathilde Laigle)
Notes et références
- Jacques Roubaud, La Ballade et le chant royal (1997), Éd. les Belles lettres, coll. Architecture du verbe, (ISBN 2-251-49007-8)
Bibliographie
OEuvres de Christine de Pisan
- Christine de Pizan, Epistre Othea, édition crititique par Gabriella Parussa, coll. Textes littéraires français, 517, Genève, Librairie Droz, 1999, 541 p.
- Christine de Pisan, Le livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, Paris, H. Champion, 1924 (disponible en ligne sur le site de la BNF
- Le Livre de la Cité des Dames, texte traduit et présenté par Thérèse Moreau et Éric Hicks, 2005, Stock, collection Moyen Âge, (ISBN 2-234-01989-3)
Historiographie
- Damien Bril, Ville, cité et monde urbain dans l'oeuvre de Christine de Pizan, mémoire de maîtrise d'histoire médiévale, Université de Paris IV-Sorbonne, 2004
- Mathilde Laigle, Le livre des trois vertus de Christine de Pisan et son milieu historique et littéraire, Paris, Champion, 1912
Voir aussi
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