Châteauneuf-du-pape est un vin d'appellation d'origine contrôlée des
Côtes du Rhône.
Caractéristiques de l'appellation
- Couleurs : rouge (environ 97 %) et blanc;
- Décret d'appellation : 1936;
- Cépages autorisés : Grenache, Clairette, Syrah, Mourvèdre, Cinsault, Picpoul, Terret noir, Muscardin, Counoise, Roussanne, Picardan, Vaccarèse, Bourboulenc;
- Types de sols : les sols sont de trois types : galets roulés, terres graveleuses, sols sablonneux (auquel il faut rajouter une composante argile et argilo-calcaire sur certains terroirs);
- Surface du vignoble : 3 200 ha;
- Rendement autorisé : 35 hl/ha;
- Production annuelle : 110 000 hl;
Histoire
Après la papauté itinérante de
Clément V,
Avignon devient résidence des papes à partir du règne de
Jean XXII. C'est grace à lui que le vignoble de Châteauneuf-du-Pape a pu se développer.
Jean XXII (Jacques Duèze) est né à Cahors en 1245. Il devient évêque de Fréjus en 1300. A Fréjus, l'évêque Duèze fût fondateur du domaine viticole du Château Sainte Roseline (actuellement cru classé des Côtes de Provence). Nommé Pape, il s’installe à Avignon où il avait été évêque après Fréjus (Rome est en guerre civile durant cette période).
Jean XXII a amené avec lui à Avignon des banquiers et des vignerons de Cahors dans le but de renforcer les richesses de la papauté « décentralisée ». Les vignerons de Cahors récupérèrent à Châteauneuf d’anciennes parcelles laissées par les templiers chassés par Philippe le Bel et mettront en place les grands fondements qui permettront le développement du vignoble de Châteauneuf du Pape. Jean XXII, fit encore d'avantage pour la ville : il fit construire une forteresse, résidence secondaire des papes d’Avignon. La croissance économique et le développement du vignoble en fut d’autant facilité.
La renommée du vignoble sera croissante dans les siècles suivants jusqu’à être servi à la cour de Louis XVI. Le vignoble sera au XVIIIe siècle et XIXe siècle dynamisé essentiellement par l’aristocratie locale (De Beaucastel, Le Roy de Boiseaumarié…). Ce développement sera stoppé net par la crise du phylloxera de 1860.
Après cette crise, pour garantir la qualité des vins, les vignerons de Châteauneuf-du-Pape créent, en 1894, le premier "Syndicat viticole" qui débouchera en 1923 sur le Syndicat des propriétaires viticulteurs de Châteauneuf-du-Pape. Ce dernier est créé en vue d'obtenir la reconnaissance de l'appellation d'origine châteauneuf-du-pape, sur les bases de la loi de 1919. La baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié (1890-1967) du Château Fortia en est le premier président. Il deviendra plus tard le premier président de l'INAO.
Terroir et vin
Châteauneuf-du-pape est un vignoble de terrasses alluvionaires ; il est composé de trois types de sols :
- galets roulés,
- terres graveleuses,
- sols sablonneux
Avec des composantes argileuses et argilo-calcaires sur certains terroirs.
n'y a pas de sols meilleurs que d'autres dans la mesure où il est possible de trouver de très belles réussites viticoles sur chaque sol. L'unicité du Terroir de Châteauneuf-du-Pape viendrait plus du sous-sol que du sol : celui-ci est essentiellement composé de Molasse burdigalienne.
Principalement sur les hautes terrasses des Atouts, cet illustre terroir est composé de sols très caillouteux constitués pour l’essentiel de galets de quartz mélangés à de l’argile rouge sableuse.
Avec un ensoleillement de 2 800 heures / an, la chaleur emmagasinée de jour par les fameux «caïau frejaü » est restituée la nuit par un effet de four. Sur les treize cépages, grenache, cinsault, mourvèdre, syrah, muscardin, counoise, clairette, bourboulenc, roussanne, picpoul, picardan, vaccarèse et terret noir, les plus utilisés sont les huit premiers et leur rendement a été fixé à 35 hl / ha.
Les châteauneufs rouges, dont la couleur va du pourpre au grenat, exhalent des arômes complexes de fruits rouges et d’épices évoluant vers le cuir, la truffe, le musc et des notes réglissées. Leur bouche, généreuse et souple, est toute en rondeur et en onctuosité avec une grande et belle longueur.
Les blancs, à la robe jaune pâle, possèdent un joli nez floral où se retrouvent les arômes de fleur de vigne, chèvrefeuille et narcisse. Ils sont amples au palais avec une superbe fraîcheur aromatique qui étonne par sa persistance.
Cépages
Treize cépages sont autorisés à Châteauneuf-du-Pape :
- Grenache (r),
- Clairette (b),
- Syrah (r),
- Mourvèdre (r),
- Cinsault (r),
- Picpoul (b),
- Terret,
- Muscardin (r),
- Counoise (r),
- Roussanne(b),
- Picardan,
- Vaccarèse,
- Bourboulenc (b).
Le Grenache est le plus souvent majoritaire dans les cuvées de chateauneuf. Syrah et Mourvèdre contribuent par leur assemblage au grenache à donner une couleur soutenue et une palette aromatique plus riche. ( exception notable , le Chateau Rayas est constitué de 100% de grenache) Il existe quelques cuvées avec une majorité de syrah ou de mourvèdre. Les autres cépages rouges sont introduits le plus souvent en quantités négligeables.
La Syrah introduite plus tardivement sur l'appellation est conduit sur fils alors que les Grenache et Mourvèdre sont conduits en gobelets caractéristiques. Les vendanges sont obligatoirement faites à la main (pas de mécanisation).
Millésimes
Les vins rouges de Châteauneuf-du-Pape ont une très bonne aptitude au vieillissement comme en témoignent encore aujourd'hui les vins magnifiques des années 1966 ou 1978 ou plus récemment 1990.
Dans les millésimes récents, seul 2002 est une année où la qualité n'a pas été au rendez vous (un déluge de 600mm de pluie en quelques jours de vendanges) . En dehors de ce millésime, l'appellation a bénéficié depuis 1998 d'une qualité de récolte qui va de très bonne à extraordinaire (1999, 2000, 2004, 1998, 2001, 2005) avec une année atypique (2003) où la majorité des vins a su garder une belle fraicheur mais dont la garde semble très variable suivant les domaines. 2006 s'annonce comme un millésime généralement réussi (sans atteindre probablement le niveau de qualité de 2005) avec une très belle qualité de fruit, une bouche plus ronde que 2005 et peut être moins de structure tannique.
Notes et références
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Bibliographie
- P. Le Roy de Boiseaumarié, Histoire de l'appellation côtes-du-rhône, Éd. Reflets Méditerranées, Avignon, 1978.
- Robert Bailly, Histoire de la vigne et des grands vins des Côtes du Rhône, Avignon, 1978.
- Pierre Charnay, Vignobles et vins des Côtes-du-Rhône, Éd. Aubanel, Avignon, 1985.
- Robert W. Mayberry, Wines of the Rhône Valley, a guide to origins, Rowman & Littlefield Publishers, Totawa, New Jersey, U.S.A. , 1987.
- Guy Jacquemont et Patrick Galant, Le Grand Livre des côtes-du-rhône, Éd. du Chêne, Paris, 1988.
- Charles Pomerol, sous la direction de, Terroirs et vins de France. Itinéraires oenologiques et géologiques, Éd. du BRGM, Orléans, 1990.
- Michel Dovaz, Châteauneuf-du-Pape, Dargaud, Coll. "le grand Bernard des vins de France", Paris, 1992.
- Aude Lutun, Châteauneuf-du-Pape, son terroir, sa dégustation, Éd. Flammarion, Paris, 2001.
- Jean-Pierre Saltarelli, Vallée du Rhône : de l’appellation à la notion de cru, Vins magazine, n° 41, décembre 2001, janvier-février 2002.
Voir aussi
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