Claus Sluter, sculpteur (né à
Haarlem vers 1355 - + fin 1405 où janvier 1406 à
Dijon).
Parmi les sculpteurs ayant travaillé successivement à la réalisation du tombeau de Philippe le Hardi, il est le plus connu pour son oeuvre novatrice pour l'époque. Il est le créateur d'une nouvelle école bourguignonne de sculpture à la fin du XIVème siècle.
Vie
Né à Haarlem aux Pays-Bas, il est formé dans la région de
Bruxelles. Il est attaché dès
1383 à la cour de Philippe le Hardi, duc de
Bourgogne. Philippe le Hardi le fait venir à
Dijon en 1385 avec d'autres tailleurs de pierre du
Brabant pour constituer l'équipe de Champmol sous la direction de
Drouet de Dammartin et
Jean de Marville. Il prend en 1389, la succession de Jean de Marville dans l'atelier duquel il exerçait. Il supervise l'atelier des sculpteurs désormais quasiment entièrement constitué de sculpteurs d'origine flamande. Mais il est aussi absorbé par d'autres tâches, soit pour la chartreuse de Champmol (l'oratoire ducal, le portail de l'église ou le calvaire du grand cloître dit "Puits de Moïse"), soit pour la chapelle ducale, soit pour les châteaux du duc et de la duchesse Marguerite de Flandre. Il faut savoir que l'art à la cour du duc Philippe le Hardi était également largement composé d'oeuvres créées pour des occasions uniques, tels des blasons ou des banderoles.
Claus Sluter laisse le tombeau de Philippe le Hardi en chantier. Aussi, lorsque Philippe le Hardi meurt à Halle le 27 avril 1404, la partie sculpturale reste entièrement à faire. Le 14 juillet 1404, le duc Jean sans Peur, fils de Philippe le Hardi, charge Claus Sluter d'exécuter les sculptures en quatre ans. A cette date, seulement deux des "pleurants" (statuettes) ont été réalisés. Or le cadre architectural, élaboré par Marville, a ménagé la place pour quarante personnages. Claus Sluter est déjà malade au moment de la mort du duc Philippe le Hardi et vit à demi-retiré depuis le 7 avril 1404 à l'abbaye Saint-Etienne, proche de son ouvroir. Il lui est impossible d'assumer l'exécution des pleurants du tombeau, ainsi que trois des prophètes pour le Puits de Moise.
Le tombeau de Philippe le Hardi auquel il travailla de 1404 à sa mort, fut achevé par son neveu et élève Claus de Werve jusqu'à la fin de 1410. Du portail de la Chapelle de la chartreuse de Champmol, il a aussi exécuté les statues des mécènes (Philippe le Hardi et Marguerite de Flandre) qui seraient d'authentiques portraits, car ils présentent les défauts physiques du duc et de la duchesse (le fameux double-menton de Marguerite de Flandres). Les draperies et les vêtements sont traités avec dynamisme, énergie et mouvement, les expressions des personnages sont d'un grand réalisme. Claus Sluter amène la sculpture à un niveau d'expressivité nouveau. Les statues cessent désormais de faire corps avec l'architecture et la physionomie est traitée de façon naturaliste, n'hésitant pas à accuser les aspects de la laideur et de la souffrance. Les pleurants serviront de référence aux monuments funéraires du siècle en France, à commencer par le mausolée de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière.
OEuvres crées pour la chartreuse de Champmol:
- le "Puits de Moise", puits sculpté qui accueillait auparavant un crucifix, et dont il reste la représentation de quatre prophètes, empreinte de réalisme et d'expression.
- Les statues du portail de la chapelle "la Vierge à l'enfant" et "les donateurs: Philippe le Hardi et son épouse Marguerite de Flandre" ainsi que Sainte Catherine d'Alexandrie et Saint Jean-Baptiste.
- Le tombeau de Philippe le Hardi, continué après sa mort par Claus de Werve.