Le
communisme-ouvrier est un courant du
Marxisme apparu en
Iran dès
1978. Alors que la majorité des groupes d'extrême gauche considère l'
Islam politique, dont le leader est l'ayatollah
Khomeiny comme un danger mineur, et comme un courant
anti-impérialiste, le Cercle pour l'émancipation de la classe ouvrière, fondé par Zhoobin Razani, dénonce toute alliance avec un courant réactionnaire. Ce groupe devient l'Union des combattants communistes, tandis que Zhoobin Razani prend successivement les pseudonymes de Nader, puis de
Mansoor Hekmat sous lequel il est le plus connu. Ce groupe se réclame du
Marxisme révolutionnaire.
Origines
Lors de la vague de répression qui frappe la gauche iranienne, l’Union des combattants communistes se replie au
Kurdistan, dans la zone contrôlée par
Komala, une guérilla
marxiste-léniniste forte de 6000 combattants. Les deux groupes vont bientôt fusionner sous le nom de Parti communiste d'Iran, dont Mansoor Hekmat rédige le programme.
Sous l’influence du Marxisme révolutionnaire, la guérilla contre le régime islamique va évoluer : les femmes sont admises à tous les postes militaires, des cellules clandestines sont créées dans les villes et dans les usines, les modèles russes et chinois durement critiqués, de même que le nationalisme kurde.
En 1991, lorsque se déclenche la première guerre du Golfe, les camps militaires du Parti communiste d’Iran sont situés sur le territoire irakien, dans les montagnes du Kurdistan et il influence plusieurs groupes d’extrême gauche irakiens. Ces groupes vont déclencher l’insurrection de mars 1991 qui renverse le régime de Saddam Hussein dans le nord de l’Irak.
Mansoor Hekmat annonce alors qu’il se retire du Parti communiste d’Iran, pour s’opposer à la résurgence du nationalisme kurde en son sein. Il est suivi par une majorité de militants, qui fondent le Parti communiste-ouvrier d'Iran. Deux ans plus tard, plusieurs groupes irakiens (Courant communiste, Perspectives communistes, Ligue pour l'émancipation de la classe ouvrière, Octobre…) fusionnent pour former à leur tour le Parti communiste-ouvrier d'Irak.
Caractéristiques
Chaque personne aspire à vivre en bonne santé, à se nourrir à sa guise, à habiter un logement confortable, à profiter de son temps, à jouer, à se cultiver, à vivre agréablement. Dans le système capitaliste fondé sur le travail salarié, ces aspirations sont incompatibles avec les intérêts des patrons, publics ou privés, qui ont intérêt à ce que les salariés travaillent le plus intensément possible pour le
Coût du travail le moins cher possible.
À l’échelle de la société, ces aspirations contradictoires sont le fondement de la Lutte des classes entre salariés et capitalistes. Au sein de ce système, l’histoire de cette lutte détermine le coût du travail (salaire, hygiène et sécurité, protection sociale, etc.), donc les conditions de vie des salariés.
Quelle que soit la manière dont elle s’exprime, il existe toujours, dans la lutte des salariés contre les capitalistes, l’idée d’une société fondée sur ces aspirations. C’est la Classe ouvrière, au sens large (ouvriers, employés), qui a produit l’idée du Communisme.
Les communistes-ouvriers ne considèrent donc pas qu'ils apportent à la classe ouvrière une conscience venue de l'extérieur, contrairement à Karl Kautsky et Lénine – même s’ils prêtent attention à l’apport tactique de ce dernier.
Les caractéristiques du Communisme
Le
Communisme se défini par l'abolition du travail salarié, l'égalité économique et sociale et la mise en commun des moyens de production.
L’abolition du travail salarié, cela signifie que les biens et services doivent être fournis gratuitement aux personnes, en fonction de leurs besoins. Nourriture, logement, énergie, vêtements, santé, moyens de communication, transports, culture et loisirs, etc. doivent être gratuits. La seule limite doit être la production mondiale, définie selon les critères de développement durable, de nécessité et d’éthique. La société doit rechercher les moyens de diminuer le temps de travail afin de libérer l’être humain.
L’égalité économique et sociale implique en outre que chacun soit considéré à égalité, sans critère d’exclusion ; que les hommes et les femmes soient pleinement égaux ; que chacun puisse choisir librement son occupation, d’en changer s’il le souhaite, d’avoir accès à l’instruction et à la formation ; de permettre aux personnes handicapées ou âgées de participer pleinement à la vie sociale. Mettre en commun des moyens de production, cela signifie que les entreprises, les services, les exploitations agricoles, doivent être mis au service de la société toute entière, et non au profit d’une classe capitaliste. Ils peuvent être gérés par les personnes qui y participent, mais les choix de production appartiennent à la société toute entière. Cela n’a rien à voir avec l’idée de Nationalisation des entreprises, qui est une autre forme du Capitalisme et n’abolit pas le travail salarié.
Le communisme doit être mondial
Aujourd’hui, la chaîne de production des biens et des services est mondiale. Les salariés d’une même entreprise, ou dont le travail collectif aboutit à la création d’un bien ou d’un service, peuvent être répartis n’importe où dans le monde. La main d’oeuvre se déplace dans le monde entier, à la recherche de meilleures conditions de vie ou de travail. Plus encore que la mobilité des
capitaux, c’est le signe d’un capitalisme global, qui fonctionne comme un ensemble mondial. De son côté, le
Communisme, par définition, ne peut exister qu’à l’échelle planétaire, sous la forme d’une communauté humaine mondiale.
Le communisme n’a donc rien à voir avec le Nationalisme. Au contraire, les communistes doivent s’efforcer, dans toute lutte sociale, de rechercher ce qui unit les humains entre eux, de dépasser les divisions nationales, ethniques ou religieuses. Au capitalisme global, ils n’opposent pas le Protectionnisme, le Souverainisme et le repli dans les frontières nationales, mais une perspective mondiale.
C’est pour cela que les communistes-ouvriers rejettent l'alliance avec la "bourgeoisie nationale progressiste", même au nom de l’anti-impérialisme, les luttes de libération nationale et toute forme de nationalisme de gauche.
Les conseils ouvriers
Les
conseils ouvriers sont la forme essentielle d'organisation directe de la classe ouvrière. Les communistes-ouvriers agissent dans les
syndicats, mais ne considèrent pas ceux-ci comme des organisations révolutionnaires. Au mieux, ils peuvent être des organes de défense de la classe ouvrière au sein du système capitaliste. Cette conception rapproche ce courant du Communisme de conseils.
Il faut cependant noter qu’en Irak, le principal syndicat libre, la Fédération des conseils ouvriers et syndicats, est animée par des communistes-ouvriers ; de même, en Iran, les communistes-ouvriers animent de nombreux syndicats clandestins.
En mars 1991, lors de l'insurrection au Kurdistan, les communistes-ouvriers inspirèrent effectivement la création de conseils ouvriers et la gestion directe des entreprises. Cette insurrection fut réprimée par les nationalistes Kurdes et par l’armée irakienne, avec le soutien des USA.
Réforme et révolution
Les communistes-ouvriers considèrent que le changement social ne peut être obtenu que par la révolution, c’est-à-dire la prise de pouvoir par la classe ouvrière et la transformation des fondements même de la société capitaliste. Mais ce projet révolutionnaire n'est pas incompatible avec la lutte pour des
réformes, car les communistes participent à toutes les luttes pour la
Liberté et l'
égalité, et qui contribuent à améliorer la vie des gens. C’est pour cette raison que de nombreux communistes-ouvriers sont actifs dans le secteur associatif et que de nombreuses ONG sont inspirées par ses principes.
Le communisme n’a pas encore commencé
Durant la
Révolution russe de 1917, le parti
Bolchevik n'avait pas une vision claire du programme communiste. Sa vision économique, inspirée de la
Social-démocratie allemande, était fondée sur le développement industriel, c'est-à-dire le nationalisme bourgeois. Même s’ils reconnaissent l’importance mondiale de cette révolution, les communistes-ouvriers en tirent un bilan critique. Ils ne reconnaissent ni l'Union soviétique, ni la Chine, ni aucun autre pays comme socialistes, mais comme des systèmes de
Capitalisme d'État.
Organisations
Le principal inspirateur du communisme-ouvrier fut
Mansoor Hekmat (Téhéran 1951 - Londres 2002). Ses partisans sont actifs principalement en Irak et en Iran, mais aussi dans la diaspora issue de ces deux pays en Europe, Amérique du Nord et Australie. Il connaît aujourd'hui un regain d'intérêt dans d'autres pays.
Les principaux partis qui se réclament du communisme-ouvrier sont le Parti communiste-ouvrier d'Iran, le Parti communiste-ouvrier d'Iran - Hekmatiste, le Parti communiste-ouvrier d'Irak, le Parti communiste-ouvrier de gauche en Irak.
En Afghanistan, l'Organisation socialiste des travailleurs en Afghanistan est inspirée par les mêmes principes.
En Italie, l'Association pour l'enquête ouvrière est fortement lié au communisme-ouvrier, tandis que des cercles communistes-ouvriers se sont développés en Turquie et en Allemagne. En Europe francophone, l'Initiative communiste-ouvrière est proche du communisme-ouvrier.
Comme le montre la liste de liens plus loin, de nombreuses associations et campagnes sont liées ou inspirées du communisme-ouvrier.
Personnalités
Samir Adil : Secrétaire général du Congrès des libertés en Irak. Membre du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d'Irak. Réside actuellement à Bagdad.
Azad Ahmed : Longuement responsable d’un foyer d’accueil pour femmes menacées de crime d’honneur au Kurdistan d’Irak. Aujourd’hui, responsable du Centre de protection des droits des enfants à Bagdad, où il réside.
Falah Alwan : Ouvrier en bâtiment, militant clandestin en Irak contre le régime de Saddam Hussein. Aujourd’hui, secrétaire général de la Fédération des conseils ouvriers et syndicats en Iraq, principal syndicat libre dans ce pays qui revendique 350 000 adhérents. Membre du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d'Irak. Réside actuellement à Bagdad.
Ali Javadi : Présentateur de la chaîne de télévision en persan du Parti communiste-ouvrier d’Iran. Secrétaire général du Parti de l'unité communiste-ouvrière. Réside actuellement à Los Angeles. Lors de la révolte étudiante de 2002, le slogan « Vive Ali Javadi !» est apparu sur les murs de Téhéran.
Qasim Hadi : Ouvrier, militant clandestin de « l’Organisation de gauche pour l’émancipation de la classe ouvrière » contre le régime de Saddam Hussein, emprisonné de nombreuses fois pour fait de grève. Aujourd’hui, secrétaire général du Syndicat des chômeurs en Irak, emprisonné deux fois par les forces d’occupation américaines pour organisation de manifestations. Membre du comité central du Parti communiste-ouvrier d'Irak. Réside actuellement à Bagdad.
Maryam Namazie : Travailleuse sociale. Responsable d’organisations humanitaires en Éthiopie, où elle a animé une organisation clandestine de défense des droits de l’homme ; puis en Turquie, où elle a travaillé dans les camps de réfugiés iraniens. Présentatrice de TV International, émission en langue anglaise du Parti communiste-ouvrier d’Iran. Coéditrice de la « worker-communist review » et de « WPI Briefing », en langue anglaise. Membre du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d'Iran. Réside actuellement à Londres.
Houzan Mahmoud : Travailleuse sociale, 31 ans. Représentante en Europe de l’organisation pour la liberté des femmes en Irak et du Congrès des libertés en Irak. Coéditrice « d’Equality now », en langue anglaise. Membre du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d’Irak. Réside actuellement à Londres.
Azar Majedi : Militante de ce courant depuis 1978. Actuellement dirigeante de l’Organisation pour la libération des femmes. Édite la revue Medusa, en langue persane. Membre du bureau politique du Parti de l'unité communiste-ouvrière. Réside actuellement à Londres.
Homa Arjomand : Principale animatrice de la campagne internationale contre les tribunaux islamiques au Canada, lorsque le gouvernement avait admis que les personnes réputées musulmanes puissent être jugées selon la charia sur le territoire fédéral. Suite à cette campagne, cette loi a été abrogée. Membre du bureau politique du Parti de l'unité communiste-ouvrière. Réside actuellement à Toronto.
Yanar Mohammed : Architecte, 45 ans. Présidente de l’organisation pour la liberté des femmes en Irak. Sacrée « femme de l’année 2005 » par la revue Elle. Membre du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d’Irak. Réside actuellement à Bagdad.
Koorosh Modaresi : Leader du parti communiste-ouvrier d'Iran - Hekmatiste et membre du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d'Irak. Réside actuellement à Londres.
Issam Shukri : Architecte, président de la Société pour la défense de la laïcité en Irak. Leader du Parti communiste-ouvrier de gauche en Irak et membre du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d'Iran. Réside actuellement à Toronto.
Hamid Taqvaee : Universitaire, figure de la révolution iranienne, puis de la guérilla contre le régime de Khomeneiny. Aujourd'hui, leader du Parti communiste-ouvrier d'Iran.
Arbre généalogique des partis communistes-ouvriers en Iran
│Organisation révolutionnaire du peuple du Kurdistan (
Komala) (1969-1984)
│ │Union des combattants communistes (1979-1984)
│ └───> x Parti communiste d'Iran (1984-)
│ ├────> xParti communiste-ouvrier d'Iran (1991-)
│ │ │ └───> Parti communiste-ouvrier d'Iran - Hekmatiste (2004-)
│ └───> Komalah (2000-)
Arbre généalogique des partis communistes-ouvriers en Irak
xParti communiste d'Irak
│ └───> Ligue pour l'émancipation de la classe ouvrière (1991_1993)
──┐ │ Courant communiste │ │ Lutte unie │ │ Perspectives communistes
├── x Parti communiste-ouvrier d'Irak (1993-)
│ │ Octobre │ ├───> Union communiste en Irak (1996-)
│ │ Les cloches du communisme
┘ └───> Parti communiste-ouvrier de gauche en Irak (2004-)
Liens externes
Pour en savoir plus
Le web communiste-ouvrier