Pour les articles homonymes, voir Conrad de Montferrat (homonymie).
Conrad de Montferrat (vers 1145/7 †
28 avril 1192), est
prince de Tyr de
1187 à
1192, marquis de Montferrat de
1190 à
1192 et roi de Jérusalem en
1192, fils de Guillaume V, marquis de Montferrat et de Judith de Babenberg.
Famille
Il est cousin de
Louis VII de France et de l'empereur Frédéric Barberousse, et issu d’une famille de croisés. Son frère aîné Guillaume était venu en
Terre Sainte en
1176 avait épousé Sibylle de Jérusalem, mais était mort peu après. Leur père, le marquis Guillaume V, qui avait déjà combattu en Terre Sainte en 1147 s’y rend de nouveau en 1185, lorsque son petit-fils Baudouin V en devient roi, et y reste quelques temps, puis qu’il y est toujours lors de la
Bataille de Hattin où il est capturé par
Saladin.
Biographie
Lorsque son neveu Baudouin V devient roi de Jérusalem, à la mort de Baudouin IV le lépreux en
1185, Guillaume V de Montferrat de rend en Terre Sainte, laissant la régence à son fils Conrad. Ce dernier le suit peu après, laissant la régence de Montferrat à son frère Boniface, mais dérouté par les tempêtes, il arrive à Constantinople en 1186.
L’annonce de la mort de son neveu l’incite à différer son voyage en Terre Sainte et il s’installe à Constantinople, reçoit un commandement militaire de l'empereur byzantin, Isaac II Ange, qui le marie également à sa soeur Théodora. Il conduit les troupes qui mettent fin à la révolte du général Alexis Branas. Il aurait également été fait césar de l’empire. Impliqué dans un meurtre, il quitte secrètement Constantinople au mois de mai ou de juin 1187, et prend la direction d’Acre, abandonnant ainsi son épouse.
Son navire arrive en vue de Saint-Jean-d’Acre le 13 juillet 1187, mais il se rend compte avant que le navire ne rentre dans le port que celui-ci est aux mains des Musulmans. En effet, Saladin vient d’écraser l’armée franque à Hattin le 4 juillet et entreprend de prendre les cités côtières les unes après les autres. Conrad se rend alors à Tyr, et il y débarque pendant les négociations de reddition de la ville. Sa présence remonte le moral des Francs, qui mettent fin aux pourparlers. Conrad prend en main la défense de la ville et la défend contre Saladin, refusant même de l’échanger contre la vie de son père, qui compte parmi les prisonniers de Hattin. Ne pouvant que constater l’absence de résultat, Saladin lève le siège de la ville le 2 janvier 1188.
En juillet 1188, Saladin fait libérer Guy de Lusignan, espérant que la médiocrité de ce dernier va neutraliser l’intelligence et la bravoure de Conrad. Mais ce dernier ne tombe pas dans le piège et refuse à Guy l'accès de Tyr. Devenu roi sans terre, Guy se met à assiéger Acre, qui est prise le 12 juillet 1191 après un siège de 22 mois et l'arrivée de la Troisième croisade, menée par Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion. Mettant de côté son antagonisme vis-à-vis de Guy de Lusignan, Conrad n'hésite à leur prêter main forte et à les ravitailler. Mais il assure en même temps ses droits au trône en épousant Isabelle de Jérusalem le 24 novembre 1190, tandis que Guy de Lusignan, qui était roi de Jérusalem par son mariage avec Sibylle de Jérusalem, se retrouve veuf.
Saint-Jean-d'Acre se rend le 12 juillet, et la querelle entre Guy de Lusignan, soutenu par Richard Coeur de Lion et quelques barons, et Conrad de Montferrat, soutenu par Philippe Auguste et la plupart des barons de Terre Sainte, est ravivée. Les 27 et 28 juillet 1191, une assemblé de barons et de prélats du royaume de Jérusalem décident que Guy de Lusignan reste roi, mais ne pouvant en aucun cas transmettre le royaume à ses héritiers et que Conrad de Montferrat soit l'héritier du royaume. Décision malheureuse qui divise les forces du royaume entre les deux hommes et assujetti Conrad à l'incompétence de Guy.
Philippe Auguste repart en France, laissant un contingent conduit par Hugues III de Bourgogne et Richard poursuit la conquête du littoral, mais ses hésitations l'empêchent de reprendre Jérusalem. Il entreprend des négociations avec Saladin et Conrad, pour ne pas rester à l'écart négocie également avec Saladin. En février 1192, des partisans génois tentent de lui livrer Acre, tenue par des partisans de Lusignan, mais échouent. Mais de plus en plus de barons croisés rejoignent le camp de Conrad et, en 1192, le roi Richard est contraint de reconnaître Conrad de Montferrat comme roi de Jérusalem, vendant l'île de Chypre à Guy de Lusignan à titre de compensation.
Peu après, le 28 avril 1192, Conrad est assassiné par deux Ismaëliens. Selon certains, c'est Saladin qui l'aurait fait tuer, mais d'autres thèses affirment que l'organisateur du meurtre est le chef des Nizârites, en représailles à la confiscation des marchandises lui appartenant et arraisonné par un navire croisé. La fille de Conrad, Marie de Montferrat, nait posthume au cours de l'été 1192. Pour ne pas laisser le royaume sans roi, sa veuve Isabelle, enceinte, avait été remariée le 2 mai 1192 à Henri II de Champagne.
Conrad est sujet des chansons des troubadours Bertran de Born et Peirol.
Mariages et enfants
Sa première épouse n’est pas connue. En 1186, le chroniqueur byzantin Niketas Choniates mentionne que Conrad était veuf depuis peu de temps, sans nommer l’épouse décédée. Une allusion du chroniqueur Ralph de Coggeshall dans son récit mentionnant l’arrestation de Richard Coeur de Lion lors de son retour de croisade laisse supposer que cette première épouse est parente de Meinhard II de Görtz.
Il se remarie ensuite au début de l’année 1187 avec Theodora, soeur de l’empereur Isaac II Ange.
On ne sait ni quand ni sous quel prétexte ce mariage est annulé, mais il le fut, car Théodora est encore vivante en 1195 et Conrad épouse en troisièmes noces le 24 novembre 1190 Isabelle (1172 † 1206), reine de Jérusalem que les barons du royaume ont contraint à se séparer d’Onfroy IV de Toron. De ce mariage est née :
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Guillaume V | Boniface Ier | Guy de Lusignan et Sybille | Henri II de Champagne et Isabelle | Notes et référencesAnnexesBibliographie- « Conrad_de_Montferrat », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 (Wikisource)
- René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, 1949
Article connexes |
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