Le
couvent des Jacobins était un couvent
parisien situé rue Saint-Honoré, à proximité de Saint-Roch.
Les Jacobins sont en fait des religieux dominicains.
Historique
Son entrée modeste, à trois arcades, cachait presque son existence dans l’encadrement des maisons qui le cernaient. Pourtant l’église, quoique simple, était vaste et précédée d’une large et belle cour. Les bâtiments conventuels se pressaient à ses abords. La rivalité entre les religieux jacobins (
Dominicains) et cordeliers (Franciscains) datait du
XIIIe siècle. Tandis que les premiers passaient pour être demeurés pauvres et sobres, les seconds acquirent une solide réputation de bons vivants. On chantait :
- Boire à la jacobine
- C’est chopine à chopine,
- Mais boire en cordelier
- C’est vider le cellier.
Curieusement, cette rivalité subsistera en 1790, les moines des deux couvents désaffectés seront remplacés par des clubs politiques. Le Club des Cordeliers qui se réunit dans la rue du même nom (aujourd’hui rue de l’école de Médecine) use d’un langage plus viril et prône des idées plus avancées que le club des Jacobins, mais se montre moins exclusif quant au choix de ses membres.
Réunion des Jacobins dans la salle du chapitre
La « Société des Amis de la Constitution » précédemment connue sous le nom de
Cercle des Bretons s’installe dans la salle du chapitre lors du transfert de la Constituante de
Versailles à Paris. Autour des élus de
Quimper s’étaient assemblés des hommes intègres, surtout soucieux d’efficacité dans leur conduite politique et qui convenaient de se concerter avant d’affronter l’Assemblée nationale, de participer à des votes, de sanctionner des choix.
Une cohésion se fait rapidement autour d’eux, qui donnent l’exemple d’une bonne marche démocratique du pouvoir. On y voit Pétion, Barnave, Volney. Le cercle devient un véritable laboratoire politique.
Réunion des Jacobins à la bibliothèque
Le nombre croissant de ses membres, une activité grandissante et le sentiment bientôt légitime de devenir la conscience de l’Histoire, entraînent une telle fréquentation qu’il faut se déplacer de la salle du chapitre à la bibliothèque située au-dessus de l’église des Jacobins. On ne change rien du décor et même on continue à débattre sous les images pieuses. On ajoute simplement des bancs pour les membres, une petite estrade pour la prise de parole au milieu et un fauteuil pour le président.
Réunion des Jacobins à l’église
L’ultime changement qui va décider du nom du club : on passe de la bibliothèque à l’église. Et l’usage va s’imposer de dire : « on va aux Jacobins ».
Le laboratoire politique
Les réunions, tout d’abord tenues à huis clos, deviennent publiques à partir d’octobre 1791. C’est, pour ses membres, l’occasion de roder leurs discours avant de les prononcer à l’assemblée et de tester leurs options. Formidable tremplin aussi pour lancer des idées, chauffer l’opinion et préparer les négociations les plus difficiles avec l’ensemble de l’Assemblée qui deviendra au cours des mois, une commission d’enregistrement de décisions prises à main levée au club. De la sérénité réflexive des débuts, on est passé à la passion dans tous ses risques, dont celui de mener une politique d’effets, de force, d’éclat suicidaire dans sa logique de surenchère. Le couvent des jacobins devient un des pôles de la vie révolutionnaire, foyer ardent des pulsions les plus retentissantes de ses membres et confondu peu à peu, avec ses excès.
Fermeture du couvent
Après la chute des Jacobins le 9 thermidor an II (
27 juillet 1794), avoir été jacobin est une tare, alors que ce fut un passeport et le lieu sera fermé.
Le 28 floréal an II (17 mai 1795) la Convention décrète que « l’emplacement des ci-devant Jacobins, rue Saint-Honoré, sera consacré à l’établissement d’un marché public. Ce marché portera le nom de Neuf thermidor. » L’affaire traîna en longueur, il fallut attendre 1806 pour que l’on perce la rue du Marché-Saint-Honoré dont l’extrémité fut occupée par une halle (actuelle place du Marché-Saint-Honoré)