La damnatio memoriæ est un ensemble de condamnations post mortem à l'oubli votée par le Sénat romain à l'encontre d'un personnage politique. Elles consistent par exemple en l'annulation de ses honneurs, l'effacement de son nom sur les inscriptions publiques, la déclaration de son anniversaire comme jour néfaste ou le renversement de ses statues.
Ont été frappés de la damnatio memoriæ les personnages suivants :
Une damnation memoriæ peut être révoquée par la suite. Ainsi, le consul Virius Nicomachus Flavianus est frappé d'une telle mesure en 394 pour avoir soutenu l'usurpateur Eugène ; en 431, son fils Flavius Nicomachus obtient un rescrit impérial révoquant la damnatio.
Le terme a été forgé à l'époque moderne sur la base de memoria damnata, qui désigne la condamnation post mortem pour Haute trahison.
Par extension moderne à des contextes non romains, on utilise l'expression pour désigner des mesures comparables :
- l'effacement des cartouches du pharaon hérétique Akhénaton par ses successeurs ;
- l'interdiction à Éphèse de citer le nom d'Érostrate, incendiaire de l'Artémision ;
- le recouvrement du portrait du Doge de Venise Marino Faliero, après son Coup d'État manqué.
- l'oubli dans lequel furent rejetés, par ordre de Napoléon Bonaparte, les héros de la Révolution Française comme le général Dumas et le chevalier de Saint-George. Cet oubli fut motivé par le fait que ces officiers supérieurs d'origine servile se sont opposés à un moment ou un autre au rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises des Amériques (Saint-Domingue, Guadeloupe).
- la dure condamnation de Jan Hus, duquel on a dit « de Jan Hus, il ne doit rien rester »
Notes