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Daniel Cohn-Bendit, né à Montauban (France) le 4 avril 1945, est un homme politique allemand, élu du parti écologiste Die Grünen, adjoint à la mairie de Francfort-sur-le-Main (Allemagne) et député européen.
Il s'est fait connaître comme l'un des animateurs du mouvement de Mai 68 à Paris.
Biographie
Daniel Cohn-Bendit est né en
France de parents juifs allemands réfugiés en France en
1933 pour fuir le
Nazisme. Il est
Apatride jusqu’à l’âge de 14 ans, où il adopte la nationalité allemande.
Brièvement membre de la Fédération anarchiste, puis du mouvement Noir et rouge, il se définira plus tard comme « Libéral-libertaire ». En 1967, il est étudiant en sociologie à la faculté de Nanterre lorsque commence le mouvement de contestation qui deviendra le Mouvement du 22-Mars en 1968. Il est inscrit sur la liste noire des étudiants de l'Université. A la suite de l'évacuation des locaux par la police le 2 mai, il fait partie des étudiants qui vont occuper la Sorbonne le 3 mai. Il sera avec Alain Geismar et Jacques Sauvageot l'une des figures de proue du « mouvement de mai ». Le 21 mai, alors qu'il est en voyage à Berlin, il est interdit de séjour en France. Il y revient le 28 mai, cheveux teints et lunettes noires, pour un meeting à la Sorbonne où il est acclamé. Le slogan « Nous sommes tous des juifs allemands » résumera ce soutien des jeunes à celui que la presse nomme « Dany le rouge ». L'arrêté d'interdiction de séjour ne sera levé qu'en 1978.
Dès la fin des « événements », il s'installe à Francfort-sur-le-Main, où il s'intègre à la mouvance contestataire. Il est successivement aide-éducateur dans une crèche autogérée, employé à la librairie Karl-Marx, mais petit à petit ressent le besoin de trouver un débouché politique à cette contestation de la société. Il se rapproche du mouvement des Verts allemands (Die Grünen) et se lie avec Joschka Fischer, qu'il pousse à se présenter aux élections dans le Land de Hesse. Il sera lui-même plus tard candidat sous l'étiquette des verts à la mairie de Francfort, puis au Parlement européen.
En 1981, il soutient la candidature de Coluche à la présidence de la République.
En 1986, il officialise son abandon de la perspective révolutionnaire dans un ouvrage-bilan, Nous l’avons tant aimée, la Révolution.
Depuis 1994, Daniel Cohn-Bendit est député au Parlement européen. Il a été d'abord élu comme tête de liste des Verts en France (sa liste obtient 9,72 % des voix en juin 1999, second meilleur résultat des Verts français aux élections européennes après celui d’Antoine Waechter en 1989), puis comme représentant des Verts allemands le 13 juin 2004. Il est porte-parole du parti européen des verts créé en février 2004, puis co-président (avec Monica Frassoni) du groupe Vert au Parlement européen. Ses options économiques libérales l’éloignent un peu de la majorité des écologistes européens qui considèrent que le dogme libéral est incompatible avec les moyens que nécessitent la préservation de la planète et le combat pour la justice sociale, et donc avec le paradigme écologiste.
Anti-nationaliste et partisan d’un fédéralisme européen, Daniel Cohn-Bendit s’engage dans le processus constitutionnel européen initié par le discours de son ami Joschka Fischer sur « la finalité de l’intégration européenne ». Après le bilan plutôt satisfaisant des travaux de la Convention sur l'avenir de l'Europe, il adresse une lettre aux gouvernements se réunissant dans une conférence inter-gouvernementale dans laquelle il les adjure :
- de peser de tout leur poids pour éviter que le texte final du traité établissant une Constitution pour l'Europe ne contienne des reculs par rapport au texte de la convention ;
- d’introduire dans la troisième partie de la Constitution une procédure de révision moins lourde, qui ne repose pas sur l’unanimité et qui prévoit l’entière participation du Parlement européen ainsi que la ratification par celui-ci ;
- de révolutionner le mode de ratification utilisé jusqu’ici en organisant un référendum européen pour que tous les citoyens européens puissent s’exprimer sur cette constitution européenne et afin que les enjeux européens prennent le pas sur les considérations de politiques intérieures, ceci sans que le refus d’un seul pays puisse bloquer tous les autres.
Ces propositions trouveront peu d’échos à l’époque et ne seront pas retenues par les gouvernements, mais se retrouveront au coeur des polémiques lors de la campagne précédent le référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe. Pendant cette campagne, l’action de Daniel Cohn-Bendit en faveur du OUI agace le courant du « NON de gauche », qui estime qu’on ne peut être à la fois de gauche et favorable à ce traité, ainsi que certains de ses camarades écologistes qui lui reprochent de participer à des meetings avec des membres du parti socialiste français ou de l’UDF, bien que la direction du parti des Verts (suivant le vote positif d'une majorité de militants), ait appelé à voter oui au Traité de Constitution pour l'Europe. À la secrétaire du PCF qui lui reproche de s’engager si fortement dans une campagne française, Daniel Cohn-Bendit répond : « Oui, Marie-George, je sais : je suis un juif allemand ».
Défenseur de la diaspora turque en Europe de l’Ouest, il s’est exprimé contre une loi stigmatisant les négationnistes du génocide arménien.
Il a soutenu Dominique Voynet lors de l'élection présidentielle de 2007.
Daniel Cohn-Bendit est vice-président du Mouvement Européen-France depuis février 2007.
Polémique
En
2001, dans son livre
Le Grand Bazar (Belfond, 1975), il a raconté, entre autres, ses activités d’aide-éducateur au jardin d’enfants autogéré de Francfort. Il déclare à ce propos : « Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : "Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d'autres gosses ?" Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même ». Et ailleurs : « J’avais besoin d’être inconditionnellement accepté par eux. Je voulais que les gosses aient envie de moi, et je faisais tout pour qu’ils dépendent de moi ».
Ces passages ont été interprétés par certains, 25 ans plus tard, comme un acte de pédophilie. Cohn-Bendit se défend, expliquant que le texte n’avait pas fait scandale à l’époque et qu’aucune plainte d’enfant ou de parent n’avait été déposée. « Prétendre que j’étais pédophile est une insanité. La pédophilie est un crime. L’abus sexuel est quelque chose contre lequel il faut se battre. Il n’y a eu de ma part aucun acte de pédophilie. » Des parents de ces « crèches alternatives » ont d’ailleurs apporté leur soutien au leader écologiste : « Nous savons qu’il n’a jamais porté atteinte à nos enfants », écrivent-ils. Les enfants eux-mêmes rejettent dans cette lettre « toute tentative de rapprochement entre Daniel Cohn-Bendit et des personnes coupables d’abus sexuels sur enfants ».
Anecdote
En
1986, Daniel Cohn-Bendit annonce la réalisation d’une suite des aventures d’
Antoine Doinel avec
Jean-Pierre Léaud et
Claude Jade, mais le projet n’aboutit pas.
Vidéos
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Notes et références