Die Gezeichneten (
Les Stigmatisés) est un opéra allemand de
Franz Schreker, créé le
25 avril 1918 à Francfort. Au tout départ il s'agissait d'une commande d'Alexander von Zemlinsky à Schreker: Zemlinsky souhaitant pour des motifs personnels un livret sur la tragédie d'un homme laid. Cependant Schreker qui est de plus en plus enthousiasmé par son livret, décide de composer l'opéra seul: Zemlinsky devant se rabattre sur Le Nain.
Synopsis
L'action a lieu au XVI
e siècle dans une sorte de
Gênes mythique. Alviano, homme aussi riche que laid, a usé de ses immenses moyens pour bâtir une cité d'une extrème beauté, utopique, sur une île voisine: l'Élysée. Infortunément, les jeunes nobles génois, menés par Tamare, se servent de l'île comme d'un gigantesque lupanar à ciel ouvert, y amenant de jeunes génoises pour satisfaire leur désir. À l'acte I une fête est donnée chez Alviano au cours de laquelle celui-ci reçoit le
Podestà de
Gênes accompagné de sa fille, la belle Carlotta. Tamare tente de la séduire, mais il est éconduit, car Carlotta ne voit que la beauté des âmes. Aussi affiche-t-elle sa préférence pour Alviano. L'acte II présente une action assez restreinte: Carlotta peignant Alviano. C'est à l'acte III que l'action se précipite: Tamare parvient à séduire Carlotta, et l'emmène sur l'île où se déroule de brûlantes orgies (
Welche nacht). Les nobles génois sont alors surpris par la police génoise et Alviano et Tamare est tué. Mais il est trop tard: Carlotta, entièrement pervertit, ne discerne plus que la beauté physique: elle repousse publiquement d'Alviano, et s'installe auprès du corps de Tamare pour mourir à ses côtés. En conséquence, Alviano perd la raison (silence soudain de l'orchestre).
Musique
Le style de Schreker est ici typique du post-romantisme: couleurs chatôyantes, extrème complexité de l'instrumentalisation, incertitude tonale (ambiguïté entre le ré majeur et le si bémol majeur dans le Prélude) et un nombre assez impressionnant de
Climax (rien que quatre dans le Prélude). L'influence de
Richard Wagner y est patente dans l'usage qui est fait des leitmotivs (l'on entend déjà la quasi-totalité des thèmes dans le prélude), et plus subtilement il y a un parallèle très net entre le
Vénusberg du
Tannhäuser et l'Élysée tel qu'il est présenté musicalement par le prélude du troisième acte. La constuction musicale est la suivante: si le premier et le second acte témoigne d'une grande finesse de la part de Schreker, c'est le troisième acte qui constitue le sommet de l'oeuvre avec le
Welche nacht et le climax qui s'ensuit.
Bibliographie
- Piotr Kaminski: Mille et un opéras, article Die Gezeichneten pages 1406 à 1408.