Douris de Samos, né vers
340 av. J.-C., mort vers
270, est un historien
grec contemporain des
diadoques dont l'oeuvre principale est une histoire du royaume de Macédoine, les
Macédoniques. Il a été un temps le tyran de
Samos.
Biographie
Prétendument descendant d'
Alcibiade, Douris est peut-être né en exil,
Samos ayant été vidée de ses habitants et occupée de
342 à
324 av. J.-C. par des
clérouques athéniens. Encore jeune homme, il triomphe à une épreuve de boxe aux Jeux Olympiques ; une statut est érigée sur le site d'
Olympie pour commémorer cette victoire. A son retour sur l'île de Samos, il en obtient la tyrannie de
301 jusqu'à une date inconnue. On sait qu'il a survécu à l'année
281 puisqu'une mention de
Pline l'Ancien prouve qu'il a écrit au cours de cette année.
Il est le frère de Lyncéos de Samos, auteur de comédies et élève du philosophe péripatéticien Théophraste. Une tradition forgée par l'érudit grec Adamántios Koraïs, qui se base sur une interprétation erronée des Deipnosophistes d'Athénée, voudrait que Douris soit aussi l'élève de Théophraste au Lycée. Pour autant les fragments de Douris semblent démontrer une proximité morale avec les péripatéticiens.
OEuvre
Véritable polygraphe, Douris a composé de très nombreux ouvrages, qui sont tous perdus, dont les plus notables sont l’
Histoire d’Agathocle et surtout les
Macédoniques (
Makedonika). On se pose néanmoins la question de savoir si les
Macédoniques sont un ouvrage distinct ou bien une partie d'une
Histoire de la Grèce de plus grande ampleur. Il a aussi rédigé les
Annales de l'Histoire de Samos, fréquemment citées par les anciens, et un ouvrage sur les tragédiens
Euripide et
Sophocle.
Les Macédoniques, sa principale oeuvre historique, s'étendent de la mort d'Amyntas III jusqu'à la bataille de Couroupédion (370 à 281 av. J.-C.). Les Macédoniques ont été utilisées par des auteurs antiques plus tardifs pour écrire l'histoire des diadoques et du royaume de Macédoine :
D’après les fragments conservés, l'oeuvre de Douris démontre à travers un idéal tragique une conception de l’histoire éloignée du pragmatisme de Thucydide et de l'historiographie rhétorique. Douris s’attache en effet à rendre compte des menus détails, des faits anecdotiques qui révèlent le tempérament des grands hommes, la biographie tragique étant le genre de prédilection des Péripatéticiens desquels il est prôche. Hiéronymos de Cardia semble avoir écrit son Histoire des Successeurs d'Alexandre en réaction aux Macédoniques de Douris, prompt à l'embellisement littéraire et à la dramatisation. Quant à Plutarque, il cite plusieurs fois Douris comme une source tout en mettant en doute la véracité de son propos.
Selon certains historiens modernes, Douris ne pas témoigne d’une grande considération envers les Macédoniens ; il aurait opposé par patriotisme grec les vertueux Démosthène, Phocion et Eumène de Cardia aux diadoques excessifs et immoraux : Polyperchon manifeste un goût immodéré pour la boisson ; Démétrios se perd dans le luxe et la tempérance. Pour autant Elien, qui s’inspire là de Douris, compare négativement les origines supposées modestes d'Antigone, Eumène et Polyperchon. Quant aux remarques de Douris sur les moeurs des diadoques, elles n’entament guère leur prestige politique. La Vie de Démétrios, que Plutarque a puisé en partie dans les Makedonika, ne témoigne en effet d’aucune hostilité à l’égard des Antigonides. Douris semble également avoir ménagé Lysimaque, roi de la Thrace voisine. Pausanias, en s’inspirant ici de Douris, réfute en effet les accusations d’impiétés formulées contre Lysimaque par Hiéronymos de Cardia et atténue sa responsabilité dans le meurtre de son fils, Agathoclès. Enfin Douris ne témoigne d'aucune hostilité à l'égard de Cassandre, protecteur des Péripatéticiens auquel Théophraste a dédié un traité peri basileas.
Notes
Sources
- Pour les fragments de Douris voir Felix Jacoby, Fragmente der griechischen Historiker, II, A, 138 (1923-1930).
Bibliographie
- Robert B. Kebric :
- « A Note on Duris in Athens », CP, no 69 (1974), p 286-287 ;
- In the shadow of Macedon : Duris of Samos, Historia Einzelschriften, 29, 1977, 99 p. ;
- Paul Pedech, Historiens compagnons d’Alexandre, Collection des Etudes Anciennes, 1984, p.255-389.