Elne (en Catalan Elna) est une commune française, située dans le département des Pyrénées-Orientales et la région Languedoc-Roussillon. Ses habitants sont appelés les Illibériens.
Géographie
Elne est située dans la plaine du Roussillon, à cinq kilomètres de la mer, juste au nord du
Tech. Le territoire communal comporte en effet une étroite bande de terre, rurale et faiblement peuplée, de part et d'autre de la rivière jusqu'à son embouchure (le
Bocal du Tech), ce qui donne à la commune un accès à la mer.
La ville en elle-même est construite sur et autour d'une petite colline (haute de 65 mètres, siège de la cathédrale), au nord du Tech.
La commune est desservie par le chemin de fer (ligne de Port-Bou) : un service de TER la relie à Perpignan et à la Côte Vermeille. De plus, une voie express (la RD114) assure le lien entre la ville et Perpignan, et le littoral au sud vers Argelès-sur-Mer et Collioure.
Elne a pour communes limitrophes : Palau-del-Vidre, Argelès-sur-Mer, Latour-Bas-Elne, Saint-Cyprien, Alénya, Corneilla-del-Vercol, Montescot, Bages et Ortaffa.
Histoire
Le premier nom de la ville d'Elne a été latinisé vers -120 avant J.C. en Illiberis.
Voici un résumé de ce qu'écrit Michel SAUVANT (voir P.S.) sur l'origine du nom "Illiberis":
Illiberis est la latinisation d'un nom d'origine qui ressemblait probablement à Illimberes signifiant en Langue celtique "collines au milieu des limons" décomposable en "in = dans" + "lim = limon" + "bere = hauteur, colline" + "s" pour le pluriel. Cette signification est attestée par les anciens noms latins très ressemblant à Illiberis pour les villes d'Auch (Gers), Lombez (Gers), Lumbier (Navarre), Grenade (Sud Espagne). En effet ces villes ont toutes ont une ou des collines remarquables près d'une ou plusieurs rivières venant directement des montagnes et arrivant sur un terrain plat propice à déposer des limons. Le plus souvent il y a un confluent de rivières au pied des collines multipliant ainsi la surface humide au pied des collines. Dans le cas d'Illiberis il y avait une seule rivière, mais elle avait plusieurs bras; le delta du Tech entourait la ville comme cela a été attesté par les archéologues.
Pourtant la signification « ville nouvelle » est l'hypothèse donnée le plus souvent pour Illiberis. Elle est fondée sur une langue ancienne locale qui aurait été proche du basque. On vient de voir que cette hypothèse n'est pas correcte d'autant plus qu'il existe d'autres villes ou villages avec les mêmes caractéristiques toponymiques et géographiques et situées bien plus au Nord que la zone à toponymes explicables par les racines basques. Voici quelques exemples : Limbre (Vienne), Lombers (Tarn),Lombres (Hautes Pyrénées), Lumbres (Pas de Calais). Ces 4 noms peuvent en effet s'expliquer par la même décomposition en racines celtiques, sachant que la voyelle précédant le "l" a probablement disparu avant les premières mentions qui datent du Moyen Age. N.B. Le premier nom Limbre correspondrait à un mot d'origine au singulier. On peut également évoquer les autres sites suivants où la deuxième partie du nom à partir du "b" signifierait "barre de collines" ou simplement "barre" d'après les données de terrain: Livron (Drôme), Livron (Pyr.Atlantiques), Lombron (Sarthe), Lubéron (Vaucluse). Par ailleurs il n'est pas attesté qu’Illiberis fut une ville ibère comme on le lit parfois. Mais il ne fait aucun doute que ses habitants commerçaient avec les Ibères qui vivaient au Sud des Pyrénées du côté Est de la péninsule ibérique. Les auteurs romains Pline l'Ancien et Pomponius Mela citent Illiberis, au Ier siècle, comme une ville n'ayant plus sa splendeur passée. Cela a fait dire à certains auteurs qu’Illiberis avait été la riche ville de Pyrène citée par le savant grec Hérodote et par le poète latin Avienus.
Cependant Michel Sauvant considère que des erreurs d'interprétation des auteurs antiques Herodote et d'Avienus sont à l'origine du mythe de Pyrène. En fait cette ville n'a jamais existé,ni sur le site d'Elne, ni à Port-Vendres, ni ailleurs; ces auteurs parlaient en fait du "pays du (mont)Pyrène"(selon le nom grec des Pyrénées) et non de la "cité de Pyrène". En effet en grec et en latin, il se trouve que un même mot ("polis" en grec , et "civitas" en latin) désigne une "cité" ou un "pays où les hommes sont organisés en une communauté avec ses lois". Plusieurs auteurs latins citent Illibéris au Ier siècle comme un Oppidum. Depuis le VIe jusqu'à la fin du IIe siècle av. J.-C. la ville d'Illiberis était probablement un oppidum sordice, d'après le nom des Sordes, un des peuples des bords de la Méditerranée. Cependant Henri GUITER considère qu'il peut y avoir aussi une erreur d'interprétation sur les substantifs et adjectifs mots d'Aviénus concernant les Sordes. En effet le mot latin "sordes", et ceux de la même famille (qui nous a donné "sordide"), ont trait à tout ce qui est fangeux, malpropre, sans valeur, voire couvert de mauvaises herbes; et il réinterprète la description d'Avienus dans son "Ora Maritima" comme la description attestée par les scientifiques de terres limoneuses sur une grande partie du rivage du Roussillon actuel.
Illiberis est citée par Tite-Live pour avoir servi de camp de négociations entre Hannibal et les populations locales en 218 av. J.-C. C'était un centre relativement important de la province de Narbonnaise, au contraire du Perpignan de l'époque qui n'était qu'un petit village.
Selon Pierre Ponsich (article de décembre 1999)il y eut probablement à Illiberis au début du IVe siècle une propriété de d'un membre de la famille impériale (probablement d'Anastasia la demi-soeur de l'empereur Constantin).
C'est entre 330 et 349, qu'Illiberis changea de nom pour devenir Castrum Helenae en l’honneur de la mère de l’empereur Constantin Ier, l’impératrice Hélène (mère de Constantin). C'est aussi à Elne qu'allait se réfugier (probablement chez sa tante) et que fut tué en 350 un fils de Constantin, l’empereur romain Constant, rattrapé dans sa fuite par les assassins envoyés par l’usurpateur Magnence. Le rapporteur de cet évènement dit qu'il fut sorti de force du "temple chrétien" où il s'était réfugié.
Plus tard, de Castrum Helenae, puis Helena on passa à Helna, puis Elna et enfin Elne.
Depuis le VIe siècle, la ville est le siège de l’évêque du Roussillon. Il y a déjà un temple chrétien. Au XIe siècle, on édifia l’actuelle cathédrale Sainte-Eulalie-et-Sainte-Julie (les saintes patronnes de la ville) en remplacement d’une église plus ancienne. Entre le XIIe et XIIIe siècles, les chanoines firent construire le Cloître. La ville subit en 1284, lors de la Croisade d'Aragon un siège mené par Philippe le Hardi, roi de France, qui força les portes de la Cathédrale et massacra les habitants. L’importance grandissante de la ville voisine de Perpignan à partir du XIIIe siècle fit de l’ombre à Elne. Les évêques se mirent à résider plus souvent à Perpignan qu’à Elne, et en 1602 le transfert de résidence fut officialisé, bien qu'à l'heure actuelle encore, l'évêque résidant à Perpignan se nomme évêque d'Elne et de Perpignan. Après le traité des Pyrénées de 1659 qui fixait la frontière aux Pyrénées, les murailles de la ville furent détruites, ce qui ne fit qu’accentuer son déclin. Il reste à l'heure actuelle quelques pans des murailles médiévales, ainsi que trois portes qui étaient par le passé des entrées de la ville.
Elne est devenue par la suite un modeste bourg à prédominance agricole (Vigne en particulier), qui garde néanmoins des traces de sa gloire passée au travers de vestiges tant romains que médiévaux. Ces vestiges, ainsi que la Cathédrale et le Cloître considérés comme des chefs-d'oeuvre de l'art roman, font que la ville a une certaine activité touristique.
Administration
Liste des maires successifs |
Période | Identité | Parti | Qualité |
---|
2001 | 2014 | Nicolas Garcia | PCF | . |
1995 | 2001 | Joseph Bringé | app RPR | . |
1965 | 1995 | Narcisse Planas | PS | . |
Toutes les données ne sont pas encore connues. |
Démographie
Évolution démographique(Source : INSEE)1962 | 1968 | 1975 | 1982 | 1990 | 1999 |
---|
5744 | 5892 | 6017 | 6177 | 6262 | 6410 |
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes |
Récemment, et de manière accélérée depuis la construction du contournement d'Elne de la route nationale allant de Perpignan vers Argelès-sur-Mer, Collioure et l'Espagne (RD914), la ville à commencé à s'étendre vers le nord au travers de nouveaux quartiers principalement résidentiels, ce qui laisse augurer à la fois une augmentation de la population et un rajeunissement de celle-ci, les nouvelles maisons étant souvent habitées par de jeunes couples. Une nouvelle école primaire a été construite pour parer à cela - Groupe scolaire Françoise-Dolto.
Lieux et monuments
La ville a été agréablement restaurée ces dernières années : les places et la voirie ont été refaites, et de nombreuses maisons ravalées.
Historiquement elle était divisée en ville haute et ville basse. Chacune avait leur enceinte fortifiée, dont les vestiges actuels (tours, portes et courtines sur lesquelles se sont appuyées les maisons) remontent aux XIIIe siècle et XIVe siècle}. La ville basse fut probablement la première à être occupée, et son sol à livrer de nombreuses traces d'occupation (époques préhistorique, romaine, haut Moyen Âge). La ville haute est occupée par la cathédrale Sainte-Eulalie-et-Sainte-Julie et son cloître qui forment un remarquable ensemble médiéval.
Sites à visiter
Personnalités liées à la commune
- Étienne Terrus, peintre ami d’Henri Matisse à Collioure. Né à Elne en 1857, il y meurt en 1922.
- Paul Barrère, né à Elne le 9 octobre 1905, décédé le 21 août 1978, seconde de ligne de Rugby (sous les couleurs de Toulon, Bayonne et Lourdes).
- Camille Cabana, né à Elne en 1930, décédé le 2 juin 2002, sénateur de Paris, ministre et président de l’Institut du monde arabe.
Sports
Club de rugby à XV la
Jeunesse Sportive Illibérienne évoluant dans le Championnat de France de 3e division fédérale saison 2006-2007
Voir Aussi
Articles connexes
- Communes des Pyrénées-Orientales
- Liste des évêques d'Elne
Bibliographie
- GARCIA Dominique, La Celtique méditerranéenne : Habitats et sociétés en Languedoc et en Provence – VIIIe-IIe siècle, éditions Errance, Paris, 2004. ISBN 2-87772-286-4.
Notes et références
Liens externes