Fidelio
Fidelio, op. 72, est l’unique opéra de Ludwig van Beethoven, composé en 1804 et 1805 sous le titre Leonore, puis remanié en 1806 et en une version définitive en 1814. Ses principaux thèmes sont la dénonciation de l’arbitraire, incarné par le gouverneur d’une prison espagnole, l’appel à la liberté, et l’amour notamment conjugal qui pousse Leonore, déguisée en homme, à risquer sa vie pour libérer son époux Florestan. Composition Beethoven tient en très haute estime ses idéaux de Liberté et de Fraternité. Fidelio est si emblématique de ces thèmes que le compositeur n'hésitera pas à retravailler son oeuvre à trois reprises pour qu'elle obtienne enfin le succès espéré. Le premier public est constitué, en 1805, d'officiers français qui ne comprennent rien à l'ouvrage, desservi également par un mauvais orchestre. L’oeuvre est retirée. Coupures, fusion des 2 premiers actes, composition d’une deuxième ouverture, 1806, guère plus de succès. 1814, encore une nouvelle version, nouvelle ouverture, on va plus vers l’esprit révolutionnaire. Enfin, c’est le triomphe. Les ouverturesAu fil des différentes révisions, Beethoven a composé quatre ouvertures pour son opéra. Il est probable que l’ouverture jouée lors de la création de la première version fut celle aujourd’hui appelée l’ouverture nº 2 de Leonore (ou ouverture Leonore II) ; il s’agit d’une vaste page symphonique présentant tout le mouvement de l’opéra depuis l’atmosphère lourde et sombre de la prison, le caractère dramatique de l’action, l’arrivée de Don Fernando annoncé par le célèbre appel de trompette, et la joie extatique de la libération. Beethoven la remania pour la création de la deuxième version, en 1806 ; cette version, l’ouverture nº 3, est aujourd’hui préférée à la précédente et est devenue une pièce de concert à part entière. Cependant, la longueur et le caractère dramatique de ces deux ouvertures produisait avec le duo semi-comique qui ouvre l’acte I un contraste tel que Beethoven la réduisit pour une représentation à Prague en 1807 ; il est probable que l’ouverture nº 1, malgré son numéro, soit cette version. Enfin, pour la création de la version définitive en 1814, Beethoven dota son opéra, maintenant titré Fidelio, d’une nouvelle ouverture, plus courte, dans l’esprit d’un prélude, pour mieux introduire l’action de l’acte I. Au début du XXe siècle, Gustav Mahler introduisit la tradition de jouer l’ouverture Leonore III avant le finale (nº 16), à l’issue du duo du nº 15. Cette coupure dans l’action peut se justifier par le caractère solennel du finale, qui ne conclut que par l’arrivée d’un Deus ex machina. Cette disposition permet de récapituler musicalement l’action de tout l’opéra, avant que le sens profond, détaché de l’histoire elle-même, n’en soit tiré par le choeur dans un effet d’ensemble qui peut rappeler la Neuvième Symphonie. Argument - Une prison d’État espagnole, non loin de Séville, au XVIIIe siècle.
Acte IFlorestan est fait prisonnier sur l'ordre de Pizarro, gouverneur féroce et cruel. Pour le libérer, sa femme Léonore se déguise en homme sous le nom de Fidelio et vient travailler à la prison. Marcelline, la fille du geolier Rocco, tombe amoureuse de Fidelio. Le cruel Pizarro vient ordonner à Rocco de tuer Florestan. Il devra le faire lui-même car Rocco refuse et se voit confier la tâche de creuser une tombe dans le cachot de Florestan. Léonore obtient de Rocco qu’il laisse les prisonniers respirer et voir l’air libre, ce qu’ils font avec bonheur. Acte IIFlorestan pleure son destin mais accepte la volonté de Dieu. Lorsque Pizarro veut le tuer, Leonore s’interpose et le menace de son pistolet. Arrive le bon ministre Fernando qui libère Florestan. Le final s’apparente à la thématique de l’hymne à la joie de la 9 e vive la liberté, vive l’amour… AnnexesDiscographieCette liste présente quelques enregistrements particulièrement célèbres de Fidelio dans sa version définitive. Les chanteurs indiqués sont respectivement Leonore, Florestan, Pizarro et Rocco. - Wilhelm Furtwängler (1953), Wiener Staatsopernorchester, Martha Mödl, Wolfgang Windgassen, Otto Edelmann, Gottlob Frick. Rot-Weiß-Rot ; réédition Andante, 2005
- Ferenc Fricsay (1957), Orchester der Bayerischen Staatsoper, Leonie Rysanek, Ernst Haefliger, Dietrich Fischer-Dieskau, Gottlob Frick. Deutsche Grammophon, 1957
- Otto Klemperer (1962), Philharmonia Orchestra, Christa Ludwig, Jon Vickers, Walter Berry, Gottlob Frick. EMI, 1962
- Karl Böhm (1969), Staatskapelle Dresden, Gwyneth Jones, James King, Theo Adam, Franz Crass. Deutsche Grammophon, 1969
- Herbert von Karajan (1970), Berliner Philharmoniker, Helga Dernesch, Jon Vickers, Zoltán Kelemen, Karl Ridderbusch. EMI, 1972
- Leonard Bernstein (1978), Wiener Philharmoniker, Gundula Janowitz, René Kollo, Hans Sotin, Manfred Jungwirth. Deutsche Grammophon, 1978
- Georg Solti (1979), Chicago Symphony Orchestra, Hildegard Behrens, Peter Hoffmann, Theo Adam, Hans Sotin. Decca, 1979
- Simon Rattle (2003), Berliner Philharmoniker, Angela Denoke, Jon Villars, Alan Held, László Polgár. EMI, 2003
Pour Leonore dans la version de 1805 : - John Eliot Gardiner (1996), Orchestre révolutionnaire et romantique, Hillevi Martinpelto, Kim Begley, Matthew Best, Franz Hawlata. Archiv Produktion, 1996
Bibliographie- René Leibowitz, Les Fantômes de l’opéra. Essais sur le théâtre lyrique, chapitre III « Un rêve solitaire : "Fidelio" », Gallimard (coll. « Bibliothèque des histoires »), Paris, 1972, pp. 61–105
- « Beethoven : Fidelio », L’Avant-Scène Opéra, n° 164, mars 1995
- Daniel Banda, Beethoven : Fidelio, Paris, L'Harmattan, 1999.
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