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Fos-sur-Mer (Fòs de Mar en Provençal selon la norme classique et la Norme mistralienne) est une commune française, située dans le département des Bouches-du-Rhône et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Géographie
Fos-sur-Mer se situe à environ 50 km au nord-ouest de
Marseille, sur le littoral
méditerranéen, au fond d'un golfe qui s'enfonce entre l'étang de Berre et le delta du
Rhône, et à l'extrémité Sud de la plaine de la
Crau. La commune possède 6 km de plages de sable, deux étangs, l'Engrenier et l'Estomac, et est traversée par le canal de Marseille au Rhône.
Démographie
Année | 1990 | 1999 | 2005 |
Population | 12 004 | 14 732 | 15 700 |
Histoire
Préhistoire
Le site du
Mourre-Poussiou atteste de la fréquentation de groupes de chasseurs-cueilleurs de l'
Épipaléolithique. Ce petit plateau de forme allongée est situé sur la rive orientale de l'étang de l'Estomac, à environ 1 km au nord-est de la ville. Son pourtour était constitué d'abris-sous-roche creusés par l'érosion de différentes époques. Ceux-ci ont disparu ou se sont effondrés par suite du recul de la falaise. Largement détérioré par l'aménagement de deux châteaux d'eau et par la suite par l'action de fouilleurs clandestins, le site a fait l'objet de fouilles par le préhistorien Max Escalon de Fonton en 1971, 1972, 1973 puis en 1977 et 1979. Celles-ci ont permis de mettre en évidence non seulement une occupation du site pendant l'
Épipaléolithique (
Valorguien et
Montadien pour lequel on dispose d'une date C14 : 8980 +/- 200
B.P.) mais également durant le
Mésolithique (
Castelnovien). Le secteur a aussi livré quelques vestiges ténus (tessons de poterie) du
Néolithique final et du
Chalcolithique.
Antiquité
Durant l'
Antiquité gallo-romaine, Fos-sur-Mer était un port de premier ordre, sans doute rattaché à la cité d'
Arles. Son nom,
Fossae Marianae, est d'ailleurs à l'origine du nom actuel de Fos. Il est indiqué sur la célèbre
Table de Peutinger, sous la forme d'une vignette utilisée seulement sur ce document pour le port d'Ostie, ce qui donne une idée de son importance. À ce jour, la question de la localisation de
Fossae Marianae reste posée.
Toutefois, la présence d'un ensemble complexe de constructions actuellement submergées et situées dans l'anse Saint-Gervais, à l'ouest de la pointe du même nom, fournira peut-être un début de réponse. On y a repéré les vestiges d'une importante architecture en blocs taillés de grand appareil, avec assemblage à queues-d'aronde, un mur épais en blocage ainsi qu'un dispositif formé de gros pieux. À une vingtaine de mètres de la plage ont été également repérés des alignements de blocs de pierre (plus de 300) percés en leur centre d'une cavité circulaire (pour des piliers de bois ?) et qui forment deux ensembles rectangulaires de 36 x 110 m, interprétés comme de possibles aménagements de chantier de construction navale. Enfin, en 1975, à quelque 200 m à l'ouest de l'ensemble de structures immergées a été découvert les vestiges d'une Nécropole gallo-romaine qui a livré une vingtaine de stèles et d'autels funéraires dont cinq portant des inscriptions. Cette nécropole qui peut être datée des premiers siècles après Jésus-Christ est aujourd'hui submergée par 4 à 5 m d'eau à quelque 300 à 400 m du rivage mais se trouvait bien évidemment hors d'eau à l'époque de son utilisation.
Dans la même zone de Saint-Gervais, en bord de mer, des investigations menées en 1984 puis en 2004 ont révélé les vestiges d'un édifice probablement cultuel et funéraire (basilique ?) ainsi qu'une nécropole datant de l'Antiquité tardive. L'édifice n'est illustré que par un fragment de mur de 10 m de longueur. De chaque côté ont été mis au jour des tombes et des sarcophages avec leurs couvercles en bâtière. Cette nécropole chrétienne peut être située entre le Ve et le VIIe siècle. Sous celle-ci subsistent des vestiges de tombes gallo-romaines.
Moyen Âge
Au Moyen Âge, Fos-sur-Mer fut le
Fief originel des
seigneurs de Fos. Il se présentait sous la forme d'une bande littorale longue d'environ 25 km pour une largeur inférieure à 10 km et englobait le château, l'un des plus anciens et des plus importants de la Provence occidentale, le village et les terres de Fos, des églises rurales comme Saint-Julien et Saint-Pierre près de
Martigues et l'abbaye de Saint-Gervais de Fos.
Cette dernière était située entre l'étang de l'Estomac et le grand marais de la Basse Crau. La première mention du lieu, en 923, ne fait mention que d'une église déjà dédiée à saint Gervais, citée comme une annexe à l'église Saint-Sauveur de Fos. Concédée un temps à l'évêque de Marseille par l'archevêque d'Arles, Manassès, elle fut ensuite restituée à ce dernier une cinquantaine d'années plus tard. A l'initiative d'un prêtre, Pation, sans doute chargé de l'église, et avec l'accord de l'archevêque d'Arles, une communauté de moines s'y établit en 989 et s'attela, peut-être avec l'aide des seigneurs de Fos, à la construction des bâtiments de l'abbaye. Celle-ci fut consacrée officiellement en mai 992 par l'archevêque d'Arles. En 1081, après avoir gravité dans l'orbite spirituelle de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, l'abbaye de Saint-Gervais fut cédée à l'Abbaye de Cluny. Ce fut la seule abbaye affiliée à Cluny de toute la Provence maritime. Le privilège du pape Innocent II qui confirma en 1130 les possessions de l'abbaye de Saint-Gervais mentionne 22 églises réparties dans au moins sept diocèses. Cet éloignement de l'abbaye-mère et les circonstances du temps (peut-être les Guerres baussenques, 1145-1162) expliquent que cette tutelle ne dura pas plus de 80 ans. En 1223, l'abbaye fut placée, non sans une tenace résistance des abbés de Saint-Gervais pendant plus de 35 ans, sous la juridiction de l'archevêque d'Arles qui en fit bientôt une abbaye de chanoines réguliers à laquelle il unit les églises de Saint-Sauveur et de Sainte-Marie de Fos, de Saint-Pierre de Lavalduc et de Sainte-Marie de Bouc pour l'entretien de la petite communauté.
La famille des seigneurs de Fos, sans doute de souche locale, a tiré son nom de la Garde du château de Fos qui lui aurait été confiée au cours du Xe siècle par l'archevêque d'Arles, Manassès, neveu d'Hugues d'Arles et maître d'une grande partie de la Provence occidentale. À la mort de ce dernier, en 961, les Fos auraient conservé leur fonction mais désormais pour leur propre compte en la transformant en office héréditaire. Ce château occupait une position stratégique remarquable, contrôlant l'accès aux salins et pêcheries de l'étang de Berre et l'une des voies reliant Marseille à Arles.
Le premier seigneur de Fos connu est Pons de Fos, dont le nom apparaît dans une Charte de l'abbaye de Saint-Victor, le « Bref de la Cadière », probablement de la fin du Xe siècle. Il est probable qu'on puisse l'identifier à Pons l'Ancien, certainement son père, cité en 965 avec le titre de Vicomte aux côtés du comte d'Arles Boson II. À l'issue de l'expulsion des Sarrasins de la Provence en 972, ce Pons de Fos se vit attribuer par le comte de Provence, (Guillaume Ier) dit le Libérateur, une partie des terres libérées, plus précisément la partie orientale de la zone littorale de l'évêché de Toulon. Désormais, les seigneurs de Fos étaient aussi seigneurs d'Hyères. Ils tiraient surtout leur richesse de la présence de salins sur leurs territoires, notamment ceux des étangs de Lavalduc et de l'Engrenier dans la seigneurie de Fos, et faisaient figure de « seigneurs du sel ».
En 1018, les seigneurs de Fos tentèrent de transformer leurs seigneuries en alleux et refusèrent la suzeraineté du comte de Provence sur Fos et Hyères. S'ensuivit une guerre de trois ans menée par le comte Guillaume II de Provence qui y perdit la vie en 1018 et dont les alliés, les vicomtes de Marseille, occupèrent le château de Fos en 1020. Peine perdue, peu de temps après, dès 1031, une nouvelle campagne fut menée et le territoire de Fos fut ravagé par l'armée comtale. Les seigneurs de Fos manifestèrent encore leur volonté d'indépendance en boudant les assemblées de paix. Vers 1048, la situation n'avait guère changé et Gui, seigneur de Fos, refusait toujours la suzeraineté du comte de Provence pour Fos et Hyères, d'où un nouveau conflit à l'issue duquel, en 1056, il finit enfin par se soumettre. Ce résultat s'obtint plus sans doute par la négociation que par la force car la même année, Rostaing, fils de Gui, obtenait l'évêché d'Aix, ce qui n'aurait pu se faire sans l'accord du comte de Provence. En 1060, les Fos sont à nouveau qualifiés de fidèles du comte. Vers 1070, les seigneurs de Fos s'emparèrent du Pont des Pêcheurs , point de contrôle des pêcheries voisines, de la sortie de l'étang de Berre et de la route de Marseille à Arles. Il fallut l'intervention des vicomtes de Marseille et des seigneurs des Baux pour les obliger à rendre leur prise.
La mort de Bertrand Ier, en 1093, laissa le comté de Provence sans héritier mâle direct. Il en aboutit une partition de la Provence et la coexistence de trois maisons comtales. Les seigneurs de Fos prêtèrent alors serment de fidélité et reconnurent comme suzerain le comte de Toulouse Raymond de Saint-Gilles.
Les seigneurs de Fos participèrent à la Première croisade (1096-1099) en la personne de Pons IV de Fos, justement dans l'armée du comte de Toulouse.
En 1112, par son mariage avec Douce, fille de la comtesse Gerberge de Provence, le comté de Provence échut au comte de Barcelone Raimond Bérenger qui s'empressa alors de se manifester en Provence pour faire valoir ses droits. Lors de l'hommage auquel se soumirent de nombreux seigneurs en 1113, les comtes de Fos ne figuraient pas parmi les familles représentées. En 1115/1116, Raimond-Bérenger mena donc une campagne pour soumettre les récalcitrants et, en cette occasion, s'empara du château de Fos où il reçut l'hommage de Pons V de Fos pour les territoires de Fos et d'Hyères.
Économie
Autrefois la commune vivait des
marais salants, mais désormais l'économie de la ville est basée sur l'industrie, avec la présence d'un important complexe industriel portuaire. La ville jouit d'une excellente position pour ce qui concerne les échanges: la mer Méditerranée permet des échanges vers plusieurs pays, notamment les pays d'
Afrique du Nord. Fos-sur-Mer est très bien desservie par les autoroutes (qui arrivent aux portes du complexe industriel) menant vers l'
Espagne et l'
Italie, mais aussi vers les grandes villes françaises (
Lyon,
Paris, Marseille) voire vers n'importe quelle destination européenne; la proximité du
Rhône est aussi un atout non négligeable. Ainsi, la ville a attiré diverses industries, notamment la
Métallurgie (qui emploie près de 4 700 personnes en 1998 soit environ 70% de la population active en 1999) avec
ArcelorMittal (qui fabrique principalement des
aciers) et Ascometal, producteur d'aciers spéciaux à destination de l'industrie automobile en Europe, la raffinerie avec
Esso et la chimie avec Lyondell Chemical Company. Sur proposition de Bernard Granié (alors maire socialiste de Fos-sur-Mer) dans un et de
Jean-Noël Guérini (président socialiste du Conseil général des Bouches-du-Rhône) dans un plan initial d'élimination des déchets, la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole projette la construction d'un incinérateur capable de traiter annuellement 300 000 t de déchets. Mais les deux hommes opèrent fin 2002 un brusque revirement politique contre leur adversaire
Jean-Claude Gaudin, et les tensions autour de ce projet sont aujourd'hui vives.
Monuments
L'église Saint-Sauveur qui se trouve sur les hauteurs de Fos-sur-Mer est classé monument historique.
Notes et références
Voir aussi
- L'agglomération nouvelle Ouest Provence dont fait partie la commune
- Port autonome de Marseille
- Etoile Sportive Fosséenne : club de Football
- Fos Ouest Provence Basket : club de Basket-ball
- Liste des phares
Célèbre footballeur
Bibliographie
- Max Escalon de Fonton, Les habitats épipaléolithiques du Mourre-Poussiou, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) 1. Étude archéologique, Gallia Préhistoire, tome 27, I, 1984, pp. 67-80.
- Louis Monguilan, Eugène Bonifay, Patrick Grandjean, Robert Lequement et Bernard Liou, Dans le golfe de Fos, une nécropole sous la mer, Archéologia n° 110, septembre 1977, pp.59-65.
- Philippe Racinet, « Une implantation clunisienne négligée sur la côte provençale : l'abbaye de Saint-Gervais de Fos », dans Maisons de Dieu et hommes d'Église, Centre Européen de Recherches sur les Congrégations et Ordres Religieux (CERCOR), Publications de l'Université de Saint-Étienne, 1992, pp. 61-72.
- Paul Turc, Hyères et les seigneurs de Fos, Centre Archéologique du Var/Société Hyéroise d'Histoire et d'Archéologie/Mémoire à lire. Territoire à l'écoute, Toulon-Hyères, 2003, 144 p.
Liens externes