Pour les articles homonymes, voir Gaillard (bateau) (homonymie).
Le gaillard constitue la partie surélevée d'un Navire. Les navires pourvus de gaillards sont opposés aux navires dit "franc-tillac", dont le pont est au même niveau sur toute la longueur du bâtiment. Plus couramment, il désigne la superstructure située sur l'avant d'un pont supérieur (voir tillac) et qui s'étend en largeur d'un côté à l'autre du Navire.
Un navire à voile est habituellement composés de deux gaillards, qui sont le gaillard d'avant et le gaillard d'arrière.
Origine du gaillard
Le gaillard trouve son origine dans les
nefs, navires du moyen âge destinés aux long voyages. Il existait sur ces navires un château d'avant et un château d'arrière, morceaux de pont situés à l'avant et l'arrière, fortement surélevés par rapport au pont principal dans le but d'offrir une protection lors d'un éventuel abordage. Avec l'apparition de la
caravelle, puis des vaisseaux à voiles que sont la
frégate ou le
vaisseau de ligne, les châteaux d'avant et d'arrière, à vocation défensive, se sont spécialisés et ont acquis un usage marin. C'est à partir de ce moment là que l'on parle de gaillard d'avant et de gaillard d'arrière, aussi appelé
Dunette. Ce sont des parties de pont situés plus haut que le pont principal, reliés entre eux par des
passavants et sur lesquels des écoutilles permettaient d'accéder au pont principal. Le gaillard d'avant est traditionnellement occupé par l'équipage, tandis que la
Dunette est réservée aux
officiers.
Le gaillard d'avant
Le gaillard d'avant, à la disposition de l'équipage, a également plusieurs vocations. C'est de là que sont manoeuvrées les voiles de l'avant, toutes celles dépendant du mât de
beaupré, situé de manière oblique à l'avant du navire. Les voiles dont la manoeuvre est effectuée depuis le gaillard d'avant sont les
focs, mais aussi la
Civadière et la contre-civadière, pièces de voiles directement enverguées sur le mât de beaupré. Les
ancres sont également rangées (caponnées) sur des bossoirs qui se trouvent de part et d'autre du gaillard d'avant. La
Figure de proue se situe devant le gaillard d'avant.
Le mât de Misaine se situe également sur le gaillard d'avant, bien que la manoeuvre de ses voiles s'effectue sur le pont principal. C'est à partir du gaillard d'avant qu'il est possible pour les gabiers d'accéder aux haubans de misaine, permettant de monter jusqu'aux différentes vergues du mât de misaine dans le but de larguer ou de ferler la voilure.
Enfin, la coquerie se situe sous le gaillard d'avant, et une cheminée permet à la fumée de s'y évacuer. Toutefois, pendant le combat, le feu qui brûle dans les fourneaux du maître-coq doivent être éteints.
Le gaillard d'arrière
Le gaillard d'arrière, également appelé
Dunette, est d'une importance capitale. C'est le lieu réservé aux officiers du bâtiment, qui leur permet de pouvoir embrasser du regard tout le bâtiment, afin d'exercer le commandement, que ce soit lors de combats ou de manoeuvres sous voiles. La
Dunette, surélevée par rapport au pont principal, offre une vue d'ensemble sur le navire. Aucun
Matelot n'a le droit d'accéder à la
Dunette sans un ordre d'un
Officier, sauf si son service l'amène à s'y trouver.
Sur la dunette se trouve la roue, la Barre permettant la manoeuvre du Gouvernail du Navire. Deux quartier-maîtres timoniers y sont habituellement de service, afin de maintenir la route du bâtiment quelles que soient les circonstances. Près de la roue se trouve une ardoise où l'officier de quart se doit de noter toutes les observations et manoeuvres nécessaires à la bonne marche du navire : changement de quart, modification du vent, manoeuvres de voilures, changements de cap, vitesse du navire... C'est de la dunette qu'est calculée la vitesse du navire au moyen d'un Loch.
La Dunette fait donc également office de poste de commandement : c'est l'espace privilégié du Commandant et de son état-major. La tradition veut que les officiers laissent au commandant le côté de la dunette au vent, si tel est son désir. Celui-ci commande son navire depuis ce poste d'observation privilégié, au moyen d'ordres vocaux qui sont si nécessaires répercutés par des hommes-relais. Un banc de quart y est installé, prévu pour que le capitaine ou à défaut l'officier de quart puisse s'y asseoir tout en dirigeant la manoeuvre du navire. Lors d'engagements, la place du capitaine est sur la dunette de son vaisseau, d'où il préside à la bataille en dirigeant à la fois le feu des canons et la manoeuvre du bâtiment, secondé par ses officiers répartis dans les points stratégiques du navire. Il arrive souvent que les gaillards soient des postes de tir privilégiés pendant une bataille navale, de part leur position surélevée. Ainsi, l'infanterie de marine prend habituellement place pendant un engagement sur les gaillards et dans la mâture.
Enfin, la dunette est également un poste de communication. En effet, le capitaine peut, de là, à la fois communiquer avec l'ensemble de son bâtiment par la voix, mais également hisser des signaux à l'attention d'autre navires. Le coffre contenant les différents pavillons, dont l'agencement précis permet de transmettre des messages, se trouve sur la dunette. Deux aspirants de marine, officiers en formation, sont habituellement chargés de transmettre et recevoir les signaux par pavillons. De tels messages permettent au navire de communiquer avec tout autre bâtiment croisant sa route. Cela permet également à un chef d'escadre de transmettre ses ordres aux autres navires sous son commandement. C'est ainsi qu'avant la bataille de Trafalgar, Nelson fera transmettre par pavillon à tous les navires de son escadre le message suivant : England expects that every man will do his duty, ce qui signifie "L'Angleterre espère que chaque homme fera son devoir".
Pour finir, à l'arrière de la dunette se situe le couronnement, la poupe. Sous la dunette se trouvent les logements des officiers, du commandant et de l'Amiral, qui disposent parfois d'une galerie de poupe, avec des fenêtres donnant sur le sillage du navire, galerie sous laquelle prend place la voûte d'étrave du navire et son Gouvernail.
Le gaillard dans la marine moderne
Le gaillard s'est maintenu dans l'architecture des navires tant que ceux-ci utilisaient la voile comme moyen de propulsion principal. Avec la disparition des mâts et de toute les contraintes qui en sont inhérentes, l'utilité des gaillards a été décroissante, jusqu'à être remplacés par une
Superstructure unique au centre ou à l'arrière du bâtiment.
Cependant, de nos jours est encore appelée gaillard d'avant ou pont gaillard la partie du pont généralement surélevée où l'on trouve généralement les bittes d'amarrage et les apparaux de manoeuvre avant (guindeaux). Cet espace est dédié au personnel chargé de l'amarrage et/ou du Mouillage.
Voilier
Sur un voilier, partie extrême du pont supérieur :
- celle qui se trouve sur l'avant du hauban de Misaine le plus en arrière s'appelle gaillard d'avant
- celle qui se trouve sur l'arrière du grand Mât s'appelle gaillard d'arrière
C'est le logement de l'équipage, ou poste si le bateau n'a pas de superstructure ni de faux pont.