Le
18 juin 1812, les
États-Unis signent une déclaration de guerre et entrent une seconde fois en guerre contre l'
Empire britannique en tentant d'envahir ses colonies nord-américaines. Cette guerre est connue sous le nom de
guerre de 1812 ou parfois appelée
guerre américano-britannique pour la différencier de la guerre d'invasion de la
Russie par
Napoléon Bonaparte la même année.
Elle est causée pour une large part par la politique britannique de pression (la prise de force de matelots américains pour le service militaire dans la Royal Navy) et le blocus de ports français dans lesquels les Américains souhaitaient faire du commerce. Bien que les Britanniques aient eu le dessus dans la plupart des engagements, la plupart des batailles font maintenant partie du mythe américain — y compris la bataille de la Nouvelle-Orléans, dans laquelle le général Andrew Jackson infligea aux Britanniques l'une des plus sévères défaites de leur histoire. Ironiquement, la bataille fut menée deux semaines après la conclusion du Traité de Gand, qui termina les hostilités, et restaura les conditions d'avant-guerre.
Antécédents
La guerre de 1812 trouve ses origines dans les tensions commerciales qui existaient entre les jeunes États-Unis et le Royaume-Uni. Dès
1803, le commerce américain subit les conséquences d'un
Blocus britannique et français. Jefferson réagit en imposant un
Embargo act en 1807 qui a des conséquences négatives. En 1809, la France accepte de reconnaître le pavillon américain en mer mais les Britanniques s'y opposent toujours.
Tensions commerciales
À l'époque, les Britanniques sont engagés dans une lutte sans merci contre
Napoléon et ne souhaitent pas laisser le droit aux Américains de
commercer avec la France. Comme l'explique Horsman : « Si cela est possible, l'Angleterre tient à éviter la guerre avec l'Amérique, mais pas au point de l'autoriser à faire obstacle à l'effort de guerre britannique contre la France. De plus, une grande partie de l'opinion publique influente britannique, que cela soit au gouvernement ou à travers le pays, estime que l'Amérique présente une menace pour la suprématie maritime britannique. » La
Marine marchande des États-Unis avait en effet quasiment doublé entre 1802 et 1810. Il est intéressant de noter qu'alors, le plus important partenaire commercial du pays était le Royaume-Uni, avec près de 50% des exportations nationales à destination du Royaume-Uni, allant même jusqu'à 80% pour l'exportation de coton. La marine marchande des États-Unis était, de loin, la plus grande flotte neutre du monde. L'opinion publique et la presse britanniques étaient ainsi plein de ressentiment envers l'accroissement de la concurrence dans les marchés commerciaux et marchands. Quant aux États-Unis, ils pensaient que le Royaume-Uni était en violation de leur droit légitime à commercer librement avec les pays de leur choix.
Conscriptions forcées
Au cours des guerres napoléoniennes, la
Royal Navy élargit sa flotte à 175 vaisseaux de ligne et 600 navires au total, ce qui nécessitait 140 000 marins. Alors que la Royal Navy était en mesure d'assurer le service de ses navires avec des volontaires en temps de paix, la tâche était beaucoup plus ardue en temps de guerre. En effet, ils entraient alors en concurrence avec des navires marchands et corsaires pour s'octroyer les services d'un petit groupe de marins expérimentés et se servait de la conscription pour faire face au manque de volontaires. Étant donné qu'une grande partie des marins de la marine marchande des États-Unis (estimée à plus de 11 000 en 1805) étaient d'anciens combattants de la marine royale ou des déserteurs qui sont partis pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions. Les navires de la Royal Navy décidèrent alors d'intercepter et de fouiller les navires marchands des États-Unis à la recherche de déserteurs, ce qui rendit furieux le gouvernement américain, surtout après l'affaire Chesapeake-Leopard (qui a vu l'attaque de l
USS Chesapeake américain par le HMS Leopard britannique).Les américains estimaient que les déserteurs britanniques avaient le droit d'échapper à la justice en devenant des citoyens américains. La Grande-Bretagne, qui ne reconnaissait pas la citoyenneté des américains naturalisés, estimait quant à elle que tout citoyen américain né britannique était susceptible d'être conscrit et qu'il était donc légitime qu'ils puissent faire la chasse aux déserteurs. La situation était aggravée par la généralisation des faux papiers d'identité chez les marins, ce qui rendait difficile pour la Royal Navy de distinguer les Américains des non-Américains. Dès lors, il arrivait que certains Américains qui n'avaient jamais été britanniques soient réquisitionnés de force (même si certains ont été libérés en appel). L'opposition à cette conscription forcée s'est durcie lorsque les frégates britanniques stationnèrent juste à l'extérieur des ports dans les eaux territoriales américaines pour rechercher les navires de contrebande et réquisitionner les hommes qui tentaient d'atteindre les côtes américaines. « Libre-échange et droits des marins » est alors devenu un cri de ralliement pour les États-Unis tout au long du conflit.
Expansionnisme américain
Avant 1940, les historiens s'accordaient sur le fait que l'
expansionnisme américain était l'une des causes de la guerre de 1812, mais depuis, cette thèse n'est plus que très rarement soutenue
,,. Cependant, depuis que certains historiens
canadiens ont avancé qu'alors les américains lorgnaient sur les terres canadiennes pour s'agrandir, cette idée reste persistante dans l'opinion publique encore aujourd'hui
,.
Madison et ses conseillers auraient estimé que la conquête du Canada serait facile et que la Coercition économique forcerait les Britanniques à se réconcilier en interrompant l'approvisionnement de leurs colonies des Indes occidentales. Par ailleurs, posséder le Canada serait alors un atout précieux lors des négociations. Les frontaliers demandèrent la préemption du Canada, non pas pour accaparer les terrains, mais parce qu'ils pensaient que les Britanniques armaient les tribus amérindiennes, ce qui les freinait dans la Conquête de l'Ouest. Selon Horsman, « l'idée de conquérir le Canada était présent dans les idées, au moins depuis 1807, comme un moyen de forcer l'Angleterre à modifier sa politique maritime. La conquête du Canada était donc essentiellement un moyen de faire la guerre, plutôt qu'une raison pour la démarrer. » Hickey affirme d'ailleurs de manière catégorique que « la volonté d'annexer le Canada n'a aucunement conduit au déclenchement de la guerre. » Enfin, d'après Brown, « le but de l'expédition canadienne était de servir pour les négociations, pas pour annexer le Canada. » Cette idée est également soutenue par un éminent universitaire canadien, Burt, pour qui Foster, le ministre britannique à Washington, a également rejeté l'argument selon lequel l'annexion du Canada était un objectif de guerre.
La majorité des habitants du Haut-Canada (l'actuel Ontario) étaient à l'époque soit des exilés américains (les loyalistesde l'Empire-Uni) ou des immigrés d'après-guerre. Les loyalistes étaient hostiles à toute union avec les États-Unis, tandis que les autres colons semblaient se désintéresser totalement du problème. Les colonies canadiennes n'étaient que peu peuplées et faiblement défendues par l'armée britannique. Certains Américains croyaient que nombreux seraient les habitants du Haut-Canada à s'élever contre l'Empire et à saluer les « libérateurs » américains. Cette combinaison de facteurs semblait être en faveur d'une conquête facile, comme le suggéra l'ancien président Thomas Jefferson, en 1812 : « l'acquisition du Canada cette année, jusqu'aux limites du Québec, sera un simple défilé et nous donnera de l'expérience pour l'attaque d'Halifax — la prochaine et dernière étape pour l'expulsion de l'Angleterre hors du continent américain. »
La déclaration de guerre a été votée avec la plus petite majorité jamais enregistrée au Congrès américain lors d'un vote sur le déclenchement d'une guerre. Le 11 mai, le Premier ministre Spencer Perceval fut tué par balle, ce qui provoqua un changement à la tête du gouvernement britannique avec l'arrivée de Robert Jenkinson, 2nd comte de Liverpool. Lord Liverpool était en faveur d'une attitude plus pragmatique avec les États-Unis. Il abrogea la loi sur la conscription forcée, mais la nouvelle n'atteignit les États-Unis que trois semaines plus tard, le temps de traverser l'Atlantique.
Batailles
La guerre est engagée par une courte majorité par les parlementaires américains. Les États du
Connecticut, de
Rhode Island et du
Massachusetts sont contre ce conflit. Au cours de la guerre, les Américains perdent la ville de
Detroit puis la reprennent aux Britanniques. La
course américaine s'en prend aux navires de commerce ennemis. En 1814, les troupes britanniques essaient de prendre l'État de New York, s'emparent de Washington D.C. et l'incendient, détruisant les bâtiments publics dont la
Maison Blanche puis ils bombardent
Baltimore. La guerre se termine par un
statu quo ante bellum en 1814 et par l'affirmation de la nouvelle nation américaine. Également, une bataille a eu lieu à Châteauguay, près de Montréal où le commandant Salaberry repousse audacieusement les Américains.
Le théâtre atlantique
Batailles maritimes
Le Royaume-Uni a longtemps été la puissance navale prééminente dans le monde, comme l'a confirmé son épique victoire sur les Français et les Espagnols à la bataille de Trafalgar, en
1805. En
1812, la Royal Navy avait quatre-vingt-cinq navires dans les eaux américaines. En revanche, la marine des États-Unis, qui n'avait pas encore vingt ans, n'était composée que de vingt-deux frégates, même si un certain nombre de ces frégates étaient exceptionnellement grandes et puissantes pour leur classe. Alors que la frégate britannique standard de l'époque possédait 38 canons, avec une
batterie principale de 18 canons, l'
USS Constitution, l'USS
President et l'USS
United-States étaient des navires à 44 canons théoriques, mais étaient capables de transporter 56 canons, avec une batterie principale de 24 canons. Le HMS
Leander et le HMS
Newcastle étaient des frégates à 60 canons qui voguaient sur les eaux américaines et qui avaient été construites par les Britanniques en réponse aux grandes frégates américaines.
La stratégie britannique était de protéger leurs propres navires marchands à destination et en provenance de Halifax et du Canada, ainsi que d'imposer un blocus aux principaux ports américains. En raison de leur infériorité numérique, les Américains cherchaient à perturber les anglais par une tactique d'actes éclairs. Les Américains ont connu des premiers succès en mer. Plusieurs jours après la déclaration officielle de guerre, deux petits escadrons furent constitués : le premier composé de la frégate USS President et du Sloop USS Hornet sous le commandement de John Rodgers, et le second des frégates USS United States et USS Congress et du brick USS Argus mené par le capitaine Stephen Decatur.
Pendant ce temps, le capitaine Isaac Hull mena le USS Constitution dans la Baie de Chesapeake, où il appareilla le 12 juillet. Il fut pris en chasse par une escadre britannique le 17 juillet. Au bout de deux jours, le Constitution réussit à se soustraire à ses poursuivants. Après une brève escale à Boston pour reconstituer les stocks d'eau, le 19 août, le Constitution s'attaqua à la frégate britannique HMS Guerriere. Après un combat de trente cinq minutes, le Guerriere était démâté et capturé, avant d'être brûlé. Hull retourna alors à Boston avec la nouvelle de cette victoire importante. Le 25 octobre, l'USS United States, commandé par le capitaine Decatur, captura la frégate britannique HMS Macedonian, qu'il ramena ensuite au port. À la fin du mois, le Constitution naviguait vers le sud sous le commandement du capitaine William Bainbridge. Le 29 décembre, au large de Bahia, au Brésil, il croisa la frégate HMS Java. Après une bataille qui dura trois heures, Java rendit les armes et le bateau fut brûlé après avoir été jugé irrécupérable. Quant à l'USS Constitution, il sortit de la bataille sans aucun dommage, ce qui lui valu le surnom de « Old Ironsides ».
En janvier 1813, la frégate américaine USS Essex, sous le commandement du capitaine David Porter, naviguait dans l'Océan Pacifique pour harceler les navires britanniques. En effet, beaucoup de baleiniers britanniques disposaient de lettres de marque qui les autorisaient à attaquer les baleiniers américains, jusqu'à quasiment détruire cette industrie. LEssex contesta cette pratique et infligea des dégâts considérables avant d'être capturé au large de Valparaiso (Chili), le 28 mars 1814, par la frégate HMS Phoebe et le sloop HMS Cherub.
À l'exception de la capture de lEssex, les Américains avaient l'avantage d'avoir de canons de plus grande taille et plus lourds. Toutefois, les sloop et les bricks de la marine des États-Unis ont également remporté plusieurs victoires sur des navires de la Royal Navy de force égale. Mais contrairement aux américains dont les équipages étaient composés de volontaires, ceux des navires britanniques étaient soumis à rude épreuve et n'avaient pas le temps de se consacrer à leur formation ou à leurs exercices. La capture des trois frégates britanniques stimula les Britanniques pour faire plus d'efforts. Plusieurs navires ont ainsi été déployés sur la côte américaine et le blocus resserré. Le 1er juin 1813, au large du port de Boston, la frégate USS Chesapeake commandée par le capitaine James Lawrence fut capturée par la frégate britannique HMS Shannon sous le commandement du capitaine Philip Broke. Lawrence fut mortellement blessé et cria cette célèbre tirade : « N'abandonnez pas le navire ! Tenez bon ! ».
Blocus
Le
Blocus des ports américains était si serré que la plupart des navires, marchands et militaires, restaient confinés au port. C'est ainsi que les frégates USS
United States et USS
Macedonian ont fini la guerre cloîtrées dans la ville de New London. Les quelques navires marchands qui étaient basés en Europe ou en Asie ont toutefois réussi à poursuivre leurs opérations. D'autres, principalement de Nouvelle-Angleterre, ont réussi à obtenir des autorisations de l'amiral John Borlase Warren, commandant en chef du port en 1813. Cela permit à l'armée de Wellington, située en Espagne, d'être approvisionnée en produits américains, ainsi qu'à maintenir l'opposition à la guerre dans l'esprit des habitants de Nouvelle-Angleterre. En combinant des escadrons puissants et le blocus, la Royal Navy fut dés lors en mesure de transporter des troupes jusqu'aux côtes américaines, ouvrant ainsi la voie à l'attaque de Washington DC, connue sous le nom d'incendie de Washington en 1814. Ce blocus a abouti à la diminution des exportations américaines de 130 millions de dollars en 1807 à 7 millions de dollars en 1814.
Suite à leurs précédentes défaites, l'amirauté britannique institua une nouvelle politique selon laquelle les trois grosses frégates américaines ne devaient pas être attaquées sauf par un navire de ligne ou par tout un escadron de petits navires. C'est ce qui se passa lors de la capture de l'USS President par un escadron de quatre frégates britanniques, en janvier 1815 (même si la majorité de l'attaque ait été portée par le HMS Endymion),.
De nombreuses actions furent menées par des corsaires américains, qu'ils appartiennent à l'US Navy ou non. Elles se poursuivirent jusqu'à la fin de la guerre et n'ont été que partiellement touchées par l'application stricte du convoyage par la Royal Navy. Un exemple de l'audace des croiseurs américains était la déprédation effectuée dans les eaux britanniques par le sloop USS Argus, qui fut finalement capturé au large de St David's Head, au Pays de Galles, par le brick HMS Pelican, le 14 août 1813. Au total, près de 1 554 navires furent capturés et revendiqués par les vaisseaux américains (civils ou militaires), dont 1 300 ont été capturés par les corsaires,,. Cependant, selon Lloyd's, l'assureur londonien, seuls 1 175 navires britanniques furent pris, dont 373 ont été repris (soit une perte nette de 802).
Campagne de Chesapeake
L'emplacement stratégique de la baie de Chesapeake, à proximité de la capitale américaine, en faisait une cible de choix pour les Britanniques. À partir de mars 1813, un escadron du sous-amiral George Cockburn commença le blocus de la baie et attaqua les villes le long de la baie, de
Norfolk à Havre de Grace. Le 4 juillet 1813, Joshua Barney, un héros naval de la guerre d'indépendance, convainquit le Département de la Marine de construire la flottille de la baie de Chesapeake, un escadron composé de vingt
gabares. Lancé en avril 1814, l'escadron fut rapidement acculé à la rivière Patuxent et, bien qu'ils réussirent à harceler la Royal Navy, ils n'ont pas réussi à mettre fin à la campagne britannique qui a finalement abouti à l'incendie de Washington.
Cette expédition, conduite par Cockburn et le général Robert Ross, se déroula entre le 19 et le 29 août 1814, à la suite du durcissement de la politique britannique en 1814. C'est ainsi que l'amiral Warren fut remplacé en tant que commandant en chef par l'amiral Alexander Cochrane, avec des renforts et un mandat pour contraindre les Américains à une paix favorable. Le Gouverneur-général du Canada, Sir George Prevost, écrivit aux amiraux situés aux Bermudes pour appeler à une riposte pour le sac de York par les Américains. Une force de 2 500 soldats sous le commandement du général Ross, à bord d'une flotte de la Royal Navy composée du HMS Royal Oak, de trois frégates, de trois sloops et de dix autres navires, venait d'arriver aux Bermudes.
Libéré de la Guerre d'Espagne après la victoire britannique, ils devaient permettre d'effectuer des raids de diversion le long des côtes du Maryland et de la Virginie. En réponse à la demande de Prévost, il fut décidé d'utiliser cette force, de concert avec la marine et les unités militaires déjà présentes sur la base, pour attaquer Washington D.C.. Le 24 août, Armstrong, le Secrétaire de la guerre, insista pour que les Britanniques attaquent Baltimore plutôt que Washington, alors même que l'armée britannique était déjà en route pour la capitale. La milice américaine inexpérimentées, qui s'était rassemblé à Bladensburg (dans le Maryland) pour protéger la capitale, fut défaite dans la bataille de Bladensburg, ouvrant la voie jusqu'à Washington. Bien que Dolley Madison sauva de nombreux objets de la résidence présidentielle, le président James Madison fut contraint de fuir en Virginie.
Les commandants britanniques mangèrent le repas qui avait été préparé pour le président avant de bruler la résidence du président. La morale du peuple américain fut réduite à son plus bas niveau. Plus tard, ce même soir, une tempête balaya la ville ce qui causa d'avantage de dommages, mais l'incendie fut finalement éteint grâce aux pluies torrentielles. Les chantiers navals ont été incendiés volontairement afin d'éviter la capture de navires de guerre et de fournitures. Les Britanniques abandonnèrent la ville dès que la tempête s'apaisa.
Après avoir détruit les bâtiments publics de Washington, l'armée britannique se dirigea vers Baltimore, où le port était une base importante des corsaires américains. Par la suite, la bataille de Baltimore commença lorsqu'une compagnie britannique débarqua à North Point, avant de se retirer lorsque le général Ross fut tué à un avant-poste américain. Les Britanniques ont également essayé d'attaquer Baltimore par mer, le 13 septembre, mais ne parvinrent pas à prendre le contrôle du Fort McHenry, à l'entrée du port de Baltimore. La bataille du Fort McHenry n'était pas du tout une bataille en fait. Les armes à feu britanniques avaient une portée plus importante que les canons américains et se tenaient hors de portée des États-Unis pour bombarder le fort. Leur plan était d'assurer la coordination avec une force terrestre, mais la distance rendit impossible cette coordination, et les Britanniques durent battre en retraite. Toutes les lumières de la ville furent éteintes la nuit de l'attaque et le fort fut bombardé pendant 25 heures. La seule lumière fut émise par l'explosion d'obus sur le Fort McHenry, ce qui apporta la preuve que le drapeau était toujours placé sur le fort. La défense du fort inspira l'avocat américain, Francis Scott Key, pour l'écriture d'un poème qui finira par fournir les paroles de « The Star-Spangled Banner ».
Le théâtre canadien
Invasion du Bas et Haut Canada (1812)
Les leaders américains avaient supposé que le Canada serait envahi facilement. L'ancien président Jefferson, très optimiste, pensait d'ailleurs que cette conquête ne serait qu'une simple formalité. En effet, le Haut-Canada était habité par bon nombre d'émigrants américains et les deux camps supposèrent, à tort, que cela favoriserait l'avancée des troupes d'invasion. À tel point que les américains ne parvinrent pas à enrayer la pratique du Général Prevost qui approvisionnait ses troupes sur le marché américain, et cela depuis bien avant le début de la guerre.
Dans le Bas-Canada, beaucoup plus peuplé, la Grande-Bretagne était soutenue à la fois par l'élite anglaise, très loyale envers l'Empire, et par l'élite française qui craignait que la conquête américaine ne détruise l'ordre ancien, en introduisant le protestantisme, l'anglicisation, la démocratie républicaine et le capitalisme. Ces derniers craignaient également que l'arrivée d'immigrants américains ne réduise la superficie de bonnes terres disponibles.
Les combats se déroulaient à l'ouest du pays, principalement autour du Lac Érié, autour de la rivière Niagara entre le lac Érié et le Lac Ontario, ou à proximité du Fleuve Saint-Laurent et du Lac Champlain. Bien que le franchissement du Saint-Laurent et la prise de Montréal et de Québec auraient rendu difficile le maintien du Royaume-Uni en Amérique du Nord, les États-Unis ont choisi de commencer les combats au niveau de la frontière occidentale. Cela était motivé par le fait que cette zone était plutôt favorable à une guerre contre le Royaume-Uni qui avait vendu des armes aux amérindiens pour empêcher l'installation des colons.
Les britanniques ont enregistré un important succès quand le détachement de l'île de Saint-Joseph sur le Lac Huron a été informé de la déclaration de guerre avant la proche garnison américaine sur l'île Mackinac, dans le Michigan. Un groupe d'intervention débarqua sur l'île le 17 juillet 1812 et pointa un canon en direction du Fort Mackinac. Pris par surprise, les Américains se rendirent après une seule salve. Cette première victoire est responsable du ralliement de tribus amérindiennes, qui se joignirent notamment à leur armée à Amherstburg.
Le 12 juillet 1812, le Général de brigade américain William Hull quitta Détroit pour pénétrer au Canada, avec une armée composée essentiellement de miliciens. Une fois sur le sol canadien, Hull publia une proclamation ordonnant à tous les sujets britanniques de se rendre, ou "les horreurs et les calamités de la guerre s'abattront sur vous." Il menaça également de tuer les prisonniers britanniques qui combattaient aux côtés des Indiens. Cette déclaration contribua à renforcer la résistance face aux attaques américaines. Il décida de battre en retraite dès qu'il reçut la nouvelle de la victoire des Britanniques à Mackinac et que ses lignes de ravitaillement furent menacées lors des batailles de Brownstown et Monguagon. Il se réfugia avec ses 2 500 hommes au fort Lernoult (communément appelé fort Détroit à l'époque).
Le général de division britannique, Isaac Brock, avança sur le fort Détroit avec 1 200 hommes. Il fit en sorte que les américains interceptent une fausse correspondance où il disait n'avoir besoin que de 5 000 guerriers amérindiens pour prendre Detroit. Craignant que les anglais ne fomentent des attaques amérindiennes sur d'autres sites, Hull avait ordonné l'évacuation des habitants de Fort Dearborn (Chicago) vers le fort Wayne. Après avoir été initialement autorisés à passer sans risque, les habitants furent attaqués par des indiens Potawatomis, le 15 août, au cours du massacre de Fort Dearborn. Ce dernier fut d'ailleurs incendié par la suite. Hull craignait les indiens et leurs menaces de Torture et de Scalpation. Ainsi, croyant que les troupes britanniques étaient plus nombreuses que dans la réalité, Hull décida le 16 août de se rendre sans combattre. Brock se rendit rapidement à l'extrémité est du lac Érié, où le général américain Stephen Van Rensselaer s'apprêtait à lancer une seconde vague d'invasion. Dans l'espoir que les britanniques renonceraient aux ordres du Conseil, Prevost organisa alors la signature d'un Armistice qui empêcha Brock d'envahir le territoire américain. Quand l'armistice prit fin, les Américains tentèrent une nouvelle attaque par la rivière Niagara, le 13 octobre, mais subirent une écrasante défaite à Queenston Heights. Brock fut tué pendant la bataille, ce qui conduisit à l'affaiblissement du leadership britannique, alors que le professionnalisme des forces américaines ne fit que se renforcer jusqu'à la fin de la guerre.
Une ultime tentative fut lancée depuis le lac Champlain, en 1812, par le général américain Henry Dearborn, en direction du nord. Cette tentative échoua quand sa milice refusa d'avancer au-delà du territoire américain. Contrairement à la milice américaine, la milice canadienne enregistra de bons résultats. Ainsi, les Canadiens français, qui trouvaient que le sentiment anti-catholique très répandu aux États-Unis était pénible, et les Loyalistes, qui avaient combattu pour la Couronne au cours de la guerre d'Indépendance, étaient fermement opposés à l'invasion américaine. Toutefois, une grande partie de la population du Haut-Canada était composée de colons récemment venus des États-Unis et qui ne manifestait aucune loyauté évidente à la Couronne. Néanmoins, bien qu'il existe des gens qui sympathisèrent avec les envahisseurs,, les forces américaines rencontrèrent une forte opposition d'hommes fidèles à l'Empire.
Nord-ouest américain (1813)
Après la capitulation de Hull, le général William Henry Harrison reçut le commandement de l'armée américaine du Nord-Ouest. Il avait pour ambition de reprendre Détroit, qui était alors défendue par le colonel Henry Procter et
Tecumseh. Le
22 janvier 1813, un détachement de l'armée de Harrison fut défait à Frenchtown, le long de la rivière Raisin. Procter laissa les prisonniers avec une garde insuffisante, ce qui permit à certains de ses alliés amérindiens d'attaquer et de tuer jusqu'à soixante Américains, dont beaucoup étaient des miliciens du Kentucky. L'incident est devenu connu sous le nom de « Massacre de la rivière Raisin ». La défaite mit fin à la campagne d'Harrison contre Detroit et l'expression « Souvenez-vous de la rivière Raisin ! » devint un cri de ralliement pour les Américains.
En mai 1813, Procter et Tecumseh assiégèrent le fort Meigs, dans le nord de l'Ohio. Des renforts américains qui arrivèrent pendant le siège, furent défaits par les Indiens, mais le fort tint bon malgré tout. Les Indiens finirent par se disperser, forçant Procter et Tecumseh à retourner au Canada. Une seconde offensive contre le fort Meigs échoua également en juillet. Tentant d'améliorer le moral des Indiens, Procter et Tecumseh tentèrent de prendre d'assaut le fort Stephenson, un petit poste américain sur la rivière Sandusky, qui se solda par une défaite avec de lourdes pertes, marquant la fin de la campagne de l'Ohio.
Sur le lac Érié, le commandant des troupes américaines, le Capitaine Oliver Hazard Perry combattit à la bataille du lac Érié, le 10 septembre 1813. Sa victoire décisive assura le contrôle américain sur le lac, l'amélioration du moral américain après une série de défaites et contraint les Britanniques à se replier de Detroit. Cela ouvrit la voie au général Harrison pour le lancement d'une nouvelle invasion du Haut-Canada, qui aboutit à la victoire des États-Unis lors de la bataille de la rivière Thames, le 5 octobre 1813, au cours de laquelle Tecumseh fut tué. La mort de Tecumseh mit fin de manière effective à l'alliance entre les Amérindiens et les Britanniques dans la région de Detroit. Les Américains gardèrent le contrôle sur Amherstburg et Detroit pour toute la durée de la guerre.
Le long du Niagara (1813)
En raison des difficultés de communication terrestre, le contrôle des Grands Lacs et du couloir du fleuve Saint-Laurent était crucial. Quand la guerre a commencé, les Britanniques avaient déjà mis en place un petit escadron de navires de guerre sur le
Lac Ontario et avait donc un avantage initial. Pour redresser la situation, les Américains ont mis sur pied un chantier naval à Sacketts Harbor. Le commodore Isaac Chauncey prit en charge le grand nombre de marins et de charpentiers de marine, envoyés de New York. Ils achevèrent le deuxième navire de guerre en seulement 45 jours. Au total, près de 3 000 hommes ont travaillé sur le chantier naval, onze navires de guerre ont été construits, ainsi que de nombreuses petites embarcations et des bateaux de transport.
Ayant retrouvé l'avantage grâce à la rapidité de leur programme de construction, Chauncey et Dearborn attaquèrent la ville de York (l'actuelle Toronto), capitale du Haut-Canada, le 27 avril 1813. Cette bataille s'est soldée par une victoire américaine, marquée par le pillage et l'incendie du Parlement et d'une bibliothèque. Toutefois, Kingston était stratégiquement plus précieux pour l'approvisionnement et les communications britanniques le long du Saint-Laurent. Sans le contrôle de Kingston, la marine américaine ne pouvait pas contrôler efficacement le lac Ontario ou couper les lignes d'approvisionnement britannique du Bas-Canada.
Le 27 mai 1813, une force amphibie américaine du lac Ontario lança un assaut sur le Fort George, à l'extrémité nord de la rivière Niagara, et réussit à le prendre sans lourdes pertes. Les forces britanniques en retraite n'ont pas été poursuivies, du moins, jusqu'à ce qu'ils aient eu le temps d'organiser une contre-offensive contre l'avancée des Américains lors de la bataille de Stoney Creek, le 5 juin. Grâce à Laura Secord, une loyaliste qui annonça le 24 juin l'arrivée imminente de troupes américaines, ceux-ci furent contraints de se rendre face à des forces britanniques et amérindiennes moins nombreuses, lors de la bataille de Beaver Dams, ce qui marqua la fin de l'offensive américaine dans le Haut-Canada. Pendant ce temps, le commodore James Lucas Yeo prit en charge les navires britanniques sur le lac et organisa une contre-attaque, qui fut néanmoins repoussée à la bataille de Sacketts Harbor.
Vers la fin de 1813, les Américains abandonnèrent le territoire canadien qu'ils occupaient près de Fort George. Le 15 décembre 1813, ils mirent le feu au village de Newark (l'actuelle ville de Niagara-on-the-Lake). Beaucoup d'habitants furent laissés sans abri, mourants de froid dans la neige. Cela conduisit à des représailles de la part des Britanniques, suite à la capture du Fort Niagara, le 18 décembre 1813, et à une destruction similaire de Buffalo le 30 décembre 1813. En 1814, la compétition pour la domination du lac Ontario se transforma en course pour la construction de navires. Finalement, à la fin de l'année, Yeo avait construit le HMS Saint-Laurent, un vaisseau de ligne de première classe, équipé de 112 armes à feu qui lui donnaient une supériorité, mais le résultat global des engagements sur le lac Ontario reste indécis.
Le Saint-Laurent et le Bas-Canada (1813)
Les Britanniques étaient les plus vulnérables sur le tronçon du fleuve Saint-Laurent, qui constituait également la frontière entre le Haut-Canada et les États-Unis. Au début de la guerre, il y avait beaucoup de commerce illicite qui traversait le fleuve, mais au cours de l'hiver 1812 - 1813, les Américains ont commencé à lancer une série de raids depuis la ville d'Ogdensburg ce qui compromettaient l'approvisionnement britannique le long de la rivière. Le
21 février, Sir George Prevost traversa
Prescott, sur la rive opposée, avec des renforts pour le Haut-Canada. Quand il partit le lendemain, les renforts et les milices locales furent attaquées. Lors de la bataille d'Ogdensburg, les Américains ont été obligés de battre en retraite. Le reste de l'année, Ogdensburg n'avait pas de garnison et de nombreux résidents reprirent leurs visites et les échanges commerciaux avec Prescott. Cette victoire britannique permit d'éliminer les dernières troupes régulières américaines du Haut Saint-Laurent et d'assurer les communications britanniques avec Montréal.
À la fin de l'année 1813, après un long débat, les Américains firent deux percées contre Montréal. Le plan était que le major-général Wade Hampton marcherait au nord du lac Champlain et rejoindrait les forces du général James Wilkinson. Ce dernier devait embarquer ses bateaux en direction de Sacketts Harbour, puis de descendre le fleuve Saint-Laurent. Hampton fut finalement retardé par le mauvais état des routes, par les difficultés d'approvisionnement et par une forte aversion à l'égard de Wilkinson qui limitait son soutien à ce plan. Le 25 octobre, ses 4 000 hommes furent défaits lors de la bataille de Châteauguay, par les troupes de Charles de Salaberry composées de voltigeurs canadiens-français et de Mohawks.
Les 8 000 hommes de Wilkinson furent également retardés par le mauvais temps et n'arrivèrent sur place que le 17 octobre. Wilkinson apprit que des troupes sous les ordres du capitaine William Mulcaster et du lieutenant-colonel Joseph Wanton Morrison les poursuivaient. Il fut ainsi contraint, le 10 novembre, de débarquer près de Morrisburg, à 150 kilomètres environ de Montréal. Le 11 novembre, l'arrière-garde de Wilkinson, composée de 2 500 hommes, fut attaquée par les 800 hommes de Morrison à la ferme Crysler et subit de lourdes pertes. Après avoir appris que Hampton n'était pas en mesure de rattraper son retard, Wilkinson décida de se replier aux États-Unis et s'installa dans ses quartiers d'hiver. Il démissionna de son commandement après l'échec de l'attentat contre un avant-poste britannique à Lacolle Mills.
Campagnes du Niagara et de Plattsburgh (1814)
Au milieu de l'année 1814, les généraux américains avaient considérablement amélioré les capacités de combats et la discipline de l'armée. Ils renouvelèrent leur attaque sur la péninsule du Niagara ce qui leur permit de capturer rapidement le fort Érié. Le major général Winfield Scott gagna ensuite une victoire décisive contre les forces britanniques, en nombre équivalent, à la bataille de Chippewa, le
5 juillet. Ils tentèrent de progresser d'avantage mais se heurtèrent à une âpre résistance lors de la bataille de Lundy's Lane, le
25 juillet. Moins nombreux, les Américains se retirèrent mais résistèrent à un long siège du Fort Érié. Les Britanniques finirent par lever le siège, mais le manque de provisions contraint finalement les Américains à battre en retraite de l'autre côté du Niagara.
Pendant ce temps, suite à l'abdication de Napoléon, le Royaume-Uni envoya 15 000 soldats en Amérique du Nord sous les ordres des quatre meilleurs commandants servants sous les ordres de Wellington. Moins de la moitié étaient des vétérans de la péninsule et le reste provenait des garnisons. Des instructions furent envoyées, en même temps que les troupes, pour mener des offensives contre les États-Unis. La stratégie britannique était en train de changer et, comme les Américains, les Britanniques étaient à la recherche d'avantages pour les négociations de paix.
Le gouverneur-général, George Prevost, reçut l'instruction de lancer une invasion dans la région de New York et du Vermont. Il avait une grande force d'invasion qui était beaucoup plus puissante que les Américains. Cependant, une fois arrivé à Plattsburgh, il retarda l'attaque jusqu'à l'arrivée d'une flotte dirigée par le capitaine George Downie, à bord de la frégate HMS Confiance achevé dans la hâte. Prévost força Downie à lancer une attaque prématurée, mais il ne réussit pas à fournir le soutien militaire promis. Cet échec conduisit à la défaite de sa flotte et à la mort de Downie lui-même, lors de bataille de Plattsburgh, le 11 septembre 1814. Les Américains eurent dés lors le contrôle du lac Champlain. À la stupéfaction de ses officiers supérieurs, Prévost décida alors de rebrousser chemin, en disant qu'il serait trop dangereux de rester en territoire ennemi après la perte de leur suprématie navale.
Les ennemis politiques et militaires de Prévost ordonnèrent son retour au pays. À Londres, la cour martiale jugea les officiers survivants de la débâcle de la baie de Plattsburgh et conclut que la défaite avait été principalement causée par Prévost en lançant une attaque prématurée et en ne fournissant pas les moyens promis pour appuyer les forces terrestres. Prévost décéda subitement, juste avant que son dossier ne soit examiné. La réputation de Prévost descendit encore plus bas quand les Canadiens affirmèrent que c'était la milice qui avait fait tout le travail et que lui seul avait échoué. Toutefois, les historiens ont récemment été plus cléments en ne le comparant pas à Wellington mais à ses adversaires américains. Ils jugent que les préparations de Prévost pour la défense du Canada étaient énergiques, bien conçues et complètes malgré les moyens limités, et qu'il avait atteint contre toute attente son principal objectif qui était d'empêcher une conquête américaine.
Ouest américain (1814)
Peu d'attention fut portée au
Lac Huron en 1813, mais la victoire américaine sur le lac Érié isola les Britanniques. Pendant l'hiver, une partie du Canada sous les ordres du lieutenant colonel Robert McDouall créa une nouvelle ligne d'approvisionnement de York à la baie Nottawasaga, située dans la
Baie Georgienne. Quand il arriva à Fort Mackinac avec des renforts et des fournitures, il envoya une expédition pour reprendre le poste de Prairie du Chien dans le Grand Ouest. La bataille de Prairie du Chien se solda par une victoire des Britanniques, le
20 juillet 1814.
En 1814, les Américains envoyèrent une force de cinq navires depuis Detroit pour récupérer Mackinac. Une force mixte composée de l'armée régulière et de volontaires de la milice débarquèrent sur l'île le 4 juillet. Ils ne tentèrent pas d'attaque par surprise et la brève Bataille de l'île Mackinac les contraint de ré-embarquer, suite à une embuscade tendue par des Indiens. Les Américains découvrirent la nouvelle base de la baie Nottawasaga et, le 13 août, ils détruisirent ses fortifications. Ils retournèrent ensuite à Détroit, en laissant deux canonnières pour maintenir le blocus sur Michillimakinac. Le 4 septembre, ces canonnières furent prises au dépourvu et capturées par l'ennemi à bord de canots. Cet engagement sur le lac Huron laissa Mackinac sous contrôle britannique.
La garnison britannique située à Prairie du Chien dût également faire face à une attaque du major Zachary Taylor. Dans ce théâtre lointain, les Britanniques ont conservé l'avantage, haut la main, jusqu'à la fin de la guerre en raison de leur allégeance avec plusieurs tribus indiennes qu'ils fournissaient en armes et en cadeaux.
Le théâtre des États du Sud
Guerre Creek (1813-1814)
En mars 1814, Jackson dirigea une force composée de miliciens du
Tennessee, de guerriers
Cherokee et de militaires en direction du sud des États-Unis pour attaquer les tribus
Creek, dirigée par le chef Menawa. Le
26 mars, Jackson et le général John Coffee ont vaincu de manière décisive les Creeks à Horseshoe Bend, tuant près de 800 à 1 000 Creeks, au prix de 49 tués et de 154 blessés sur environ 2 000 hommes américains et cherokee. Jackson poursuivi les Creeks survivants jusqu'à ce qu'ils se soient tous rendus. La plupart des historiens considèrent que la guerre Creek fait partie de la guerre de 1812, car les Britanniques les appuyèrent pour déstabiliser le gouvernement américain.
Bataille de la Nouvelle-Orléans (1814)
Vers la fin de l'année 1814, les forces de Jackson se dirigèrent vers la
Nouvelle-Orléans, en
Louisiane, pour se défendre contre une vaste invasion britannique. Jackson défit les Anglais lors de la bataille de la Nouvelle-Orléans, le 8 janvier, qui compta plus de 2 000 victimes du côté britannique et moins de 100 du côté américain. Elle fut saluée comme une grande victoire, faisant d'Andrew Jackson un héros national, ce qui lui permettra finalement de se propulser à la présidence du pays
,. Les Britanniques abandonnèrent la Nouvelle-Orléans mais se déplacèrent pour attaquer la ville de Mobile. Au cours de la dernière action militaire de la guerre, les 1 000 hommes des troupes britanniques gagnèrent la bataille de fort Bowyer, le
12 février 1815.
Fin de la guerre
Facteurs conduisant aux négociations de paix
En 1814, les deux parties étaient las d'une guerre coûteuse qui semblait ne pouvoir déboucher que sur une impasse et étaient prêts à chercher un règlement à cette guerre. Il est difficile de mesurer exactement le coût de la guerre américaine pour la Grande-Bretagne, car ils étaient en général liés aux dépenses de la Grande Guerre en Europe. Cependant, une estimation peut être effectuée en se basant sur l'augmentation des emprunts au cours de la période, soit près de 25 millions de livres. Pour les États-Unis, le coût est proportionnellement plus important avec presque 105 millions de dollars. La dette nationale passa ainsi de 45 millions en 1812 à 127 millions de dollars à la fin de l'année 1815, bien que par le biais des escomptes et des monnaies de papier, le gouvernement ne reçut que 34 millions de dollars en espèces
,.
À cette époque, l'économie américaine était en berne à cause du blocus de Royal Navy et de l'incompétence du gouvernement américain, ce qui menaçait le pays de banqueroute. Les exportations autorisées de farine passèrent ainsi d'un million de barils en 1812 et 1813, à 5 000 barils en 1814. À ce moment, les taux d'assurance des expéditions à partir de Boston avait augmenté de 75 %, le cabotage était au point mort et la Nouvelle-Angleterre envisageait la sécession,. Les exportations et les importations chutèrent de façon spectaculaire. Le tonnage du commerce extérieur passa ainsi de 948 000 tonnes en 1811 à seulement 60 000 tonnes en 1814. La conjoncture américaine était également très mauvaise après avoir entamé un coup d'arrêt.
Comme les marchants britanniques voyageaient désormais en convois, les chances de succès des corsaires américains se réduisaient énormément. Toutefois, les corsaires continuaient de gêner les Britanniques, car cela avait provoqué une augmentation de 30 % du prix des assurances pour les cargaisons voyageant entre Liverpool (Angleterre) et Halifax (Nouvelle-Écosse). Ainsi, le Morning Chronicle se plaignit qu'avec les corsaires américains opérant autour des îles Britanniques : « Nous avons été insultés en toute impunité ». Les Britanniques ne pouvaient pas célébrer pleinement une grande victoire en Europe tant qu'il n'y aurait pas la paix en Amérique du Nord, seule condition pour que les impôts redescendent. Ce fut donc surtout le propriétaires terriens et les armateurs qui firent pression sur le gouvernement pour qu'il rétablisse la paix.
Traité de Gand
Le
24 décembre 1814, les diplomates des deux pays se réunirent à
Gand, au
Royaume-Uni des Pays-Bas (l'actuelle
Belgique) pour signer le Traité de Gand. Celui-ci ne fut ratifié par les Américains que le
16 février 1815.
Le Royaume-Uni, qui avait gagné environ 40 000 km2 de nouveaux territoires dans le Maine et sur la côte Pacifique, fit pression pour que les États-Unis fassent des concessions territoriales, ce qui faillit conduire à l'arrêt des pourparlers. Cette position initiale des britanniques était renforcée par l'incendie de Washington. Cependant, la nouvelle de la défaite à la bataille de Plattsburgh et à celle de Baltimore affaiblit cette demande. Le duc de Wellington fut approché pour prendre la direction de l'armée britannique en Amérique du Nord et renvoya cette lettre :
- « Je dois vous avouer que je pense que vous n'avez pas le droit, en état de guerre, d'exiger une quelconque concession de territoire de la part de l'Amérique... Vous n'avez pas été en mesure de l'emporter quand vous étiez en territoire ennemi, en dépit de vos succès militaires et de votre incontestable supériorité militaire, ni même réussi à protéger vos lignes des attaques ennemies. En vertu du principe d'égalité des négociations, vous ne pouvez pas demander la cessation de terres, sauf si vous l'échangez contre d'autres avantages que vous avez en votre possession... Ainsi, si ce raisonnement est exact, pourquoi ne pas stipuler plutôt un uti possidetis ? Vous ne pouvez obtenir aucun territoire : en effet, l'état de vos opérations militaires, bien que méritoire, ne vous donne aucun droit pour une telle demande. »
Suite aux tensions naissant entre la Grande-Bretagne et la Russie lors du Congrès de Vienne, et à la faible probabilité d'amélioration de la situation militaire en Amérique du Nord, la Grande-Bretagne était disposée à renoncer aux territoires acquis. En concluant la guerre en ces termes, le Premier Ministre, Lord Liverpool, voulait prendre en compte le mécontentement de l'opinion publique concernant notamment l'accroissement de la fiscalité, et surtout de celui des marchands de Liverpool et de Bristol qui désiraient reprendre le commerce avec l'Amérique. Mais, ce qui a joué le plus grand rôle dans cette décision, c'est l'évasion de Napoléon de l'île d'Elbe au printemps suivant et les considérations de politique étrangère.
La nouvelle de la signature du traité ne parvint que tardivement aux États-Unis. Entre la signature du traité en Europe et son arrivée en Amérique du Nord, la bataille de la Nouvelle-Orléans s'était enclenchée. Cependant, dès que le traité fut connu, le 13 février 1815, les troupes britanniques abandonnèrent le fort Bowyer et quittèrent le territoire.
Les termes du traité énonce la fin du conflit entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, la possibilité pour les Américains de pêcher dans le golfe du Saint-Laurent et enfin le retour aux frontières d'avant-guerre entre le Canada et les États-Unis. Le traité de Gand, qui fut rapidement ratifié par le Sénat en 1815, ne dit rien du tout sur les griefs qui ont mené à la guerre. La Grande-Bretagne ne fit aucune concession concernant la conscription forcée, le blocus ou tout autre différend maritime. Le traité n'était donc qu'un simple expédient pour mettre fin rapidement aux combats. Quelques régions de l'ouest de la Floride restèrent néanmoins possession des États-Unis, en dépit des objections de l'Espagne, mais les Britanniques n'étaient pas disposés à faire appliquer les dispositions du traité relatives à leurs revendications territoriales. La guerre prit ainsi fin par un match nul, où aucun gain ne fut réalisé ni d'un côté ni de l'autre.
Conséquences
Ce fut une guerre dans laquelle aucune des deux parties ne perdit de territoire, ni n'étaient à l'origine des points de discorde abordé par le traité de paix. Pourtant, il s'agit d'une guerre qui a beaucoup changé les relations entre les États-Unis et le Royaume-Uni.
Le Traité de Gand institua le statu quo ante bellum, c'est-à-dire qu'il n'y eut aucune modification territoriale d'aucune des parties. La question de la conscription forcée fut rendue caduque quand la Royal Navy cessa de la pratiquer après la défaite de Napoléon. À l'exception de rares différends sur les frontières et sur les circonstances de la Guerre de Sécession, les relations entre les États-Unis et la Grande-Bretagne sont globalement restées pacifiques jusqu'à la fin du XIXe siècle et les deux pays sont devenus de proches alliés au cours du XXe siècle. Des ajustements de frontière entre les États-Unis et l'Amérique du Nord britannique ont été faits lors du Traité de 1818. Un différend sur la frontière entre le Maine et le Nouveau-Brunswick fut réglé, en 1842, par le Traité de Webster-Ashburton après la bataille sanglante d'Aroostook. Quant à la frontière du territoire de l'Oregon, elle fut résolue lors du Traité de l'Oregon, en 1846. « Mais les leçons de la guerre ont été prises à coeur. Le sentiment anti-américain s'est propagé en Grande-Bretagne pendant plusieurs années, mais les États-Unis n'ont jamais plus été confrontés à une nouvelle violation de leur indépendance. »
Pour les États-Unis
Les États-Unis mirent fin à la menace amérindienne sur ses frontières occidentale et méridionale. La nation acquit également le sentiment d'une indépendance totale car les gens célébraient leur « seconde guerre d'indépendance ». Après la victoire de la Nouvelle-Orléans, le
Nationalisme monta en flèche. Le parti fédéraliste d'opposition disparut. Même si ce n'est pas aux dépends du Royaume-Uni, les États-Unis ont toutefois gagné un territoire pendant la guerre, avec la capture de la ville espagnole de
Mobile.
Depuis, les États-Unis n'ont plus remis en question la nécessité d'une marine forte et, en fait, achevèrent la construction de trois nouveaux navires de ligne à 74 canons et de deux nouvelles frégates de 44 canons, peu après la fin de la guerre. Une autre frégate fut détruite pour éviter qu'elle ne soit capturée. En 1816, le Congrès adopta une loi « pour l'augmentation progressive de la Marine » pour un coût d'un million de dollars par année pendant huit ans, et autorisant neuf navires de ligne et douze frégates . Les commandants et capitaines de la marine américaine sont devenus les héros de toute une génération aux États-Unis. Des assiettes et des pichets décorés à l'image de Decatur, Hull, Bainbridge, Lawrence, Perry et Macdonough ont ainsi été réalisés dans le Staffordshire, en Angleterre, et ont trouvés preneurs aux États-Unis. Trois héros de la guerre se sont ainsi servis de leur célébrité pour gagner une élection nationale : Andrew Jackson (élu président à l'issue des élections de 1828 et de 1832), Richard Mentor Johnson (élu vice-président lors des élections de 1836) et William Henry Harrison (élu président lors des élections de 1840).
Les États de Nouvelle-Angleterre devenaient de plus en plus frustrés par la façon dont la guerre était menée et par la manière dont le conflit affectait leurs États. Ils se plaignaient que le gouvernement n'investissait pas suffisamment dans la défense des États, tant militairement que financièrement, et que les États devraient avoir plus de contrôle sur leur propre milice. L'augmentation des taxes, le blocus britannique et l'occupation d'une partie des territoires de Nouvelle-Angleterre par les forces ennemies agitaient également l'opinion publique. En conséquence, lors de la Convention de Hartford (Connecticut), entre décembre 1814 et janvier 1815, les représentants de la Nouvelle-Angleterre demandèrent la restauration pleine et entière des pouvoirs des États. Ce que les journaux de l'époque s'empressèrent d'interpréter comme une volonté de sécession de la part des représentants de la Nouvelle-Angleterre et de conclure un traité de paix différent avec les Britanniques. Cette mauvaise interprétation fut infirmée de facto par ce qui se passa réellement à la Convention.
Pour l'Amérique du Nord britannique
La guerre de 1812 était considérée par les habitants de l'Amérique du Nord britannique, le futur Canada, comme une victoire car ils avaient défendu avec succès leurs frontières d'une mainmise américaine. Cela résulta en une confiance accrue des canadiens pro-Empire et conjointement au « mythe des
milices », selon lequel les milices civiles ont été les principaux instigateurs de la victoire plutôt que l'armée régulière britannique, ont été utilisés pour stimuler un nouveau sentiment de nationalisme canadien. À long terme, le fait que ce mythe resta durablement ancrée dans les mémoires populaires canadiennes conduisit au sentiment, du moins jusqu'à la première Guerre mondiale, que le Canada n'avait pas besoin d'une armée régulière professionnelle.
Dans l'ensemble, l'armée américaine à très peu fait pour envahir le Canada et les Canadiens ont montré qu'ils pouvaient se battre avec courage pour défendre leur pays. Mais les Britanniques n'avaient aucun doute que la faible densité de population du territoire serait un point faible si d'aventure une troisième guerre se déclenchait. D'ailleurs, en 1817, l'amiral David Milne écrivit à un correspondant : « nous ne réussirons pas à garder le Canada si les Américains déclarent à nouveau la guerre contre nous ». La bataille de York (ancien nom de Toronto) démontra d'ailleurs la vulnérabilité du Haut et du Bas-Canada. Dans les années 1820, des travaux commencèrent pour la construction de la Citadelle de Québec, pour se défendre d'une possible attaque des États-Unis. Le fort reste encore aujourd'hui une base opérationnelle des Forces canadiennes. Par ailleurs, la citadelle d'Halifax fut également construite pour défendre le port. Ce fort resta en opération pendant la seconde Guerre mondiale.
Dans les années 1830, le Canal Rideau fut construit pour fournir une voie d'eau sûre depuis Montréal jusqu'au Lac Ontario en évitant les passes étroites du Saint-Laurent, où les navires étaient vulnérables à une attaque de canons américains. Les britanniques construisirent également le Fort Henry, à Kingston, pour défendre le canal et celui-ci resta en opération jusqu'en 1891.
Pour les Bermudes
La défense des
Bermudes a été laissée en grande partie à ses propres milices et aux corsaires, avant l'indépendance américaine, mais la Royal Navy avait commencé à acheter des terrains et à s'en servir comme base d'opération, en 1795, car sa situation était un bon substitut à la perte de ports américains. À l'origine, elles étaient destinées à être le siège de l'escadron nord-américain pendant l'hiver, mais la guerre l'a promu à un état d'importance supérieure.
Alors que les travaux de construction progressaient durant la première moitié du XIXe siècle, les Bermudes sont devenues le siège permanent de la marine dans les eaux occidentales, en hébergeant l'amirauté et en servant de base et de chantier naval. La garnison militaire fut construite pour protéger la base maritime, fortifiant ainsi fortement l'archipel, ce qui lui valu le surnom de « Gibraltar de l'Ouest ». Les infrastructures militaires sont restées au centre de l'économie des Bermudes, jusqu'après la seconde Guerre mondiale.
Pour le Royaume-Uni
On se souvient à peine de cette guerre au Royaume-Uni car elle était en grande partie éclipsée par le conflit qui l'opposait à
Napoléon Ier. L'objectif britannique d'impressionner les marins et de bloquer les échanges avec la France ont été atteints et n'étaient dès lors plus nécessaires.
Au début du XIXe siècle, la Royal Navy était la puissance maritime dominante de la planète. Elle utilisa son immense force pour paralyser le commerce maritime américain et pour lancer des raids sur les côtes américaines. Toutefois, la Royal Navy avait parfaitement conscience que la United States Navy avait gagné la plupart des duels en un-contre-un, pendant la guerre. Parmi les causes de ces pertes, on peut citer la plus importante bordée des frégates américaines à 44 canons et le fait que les équipages américains étaient triés sur le volet parmi les 55 000 marins au chômage dans les ports américains. Au début de la guerre, la marine des États-Unis possédait 14 frégates et des navires plus petits, tandis que le Royaume-Uni maintenait 85 navires dans les eaux d'Amérique du Nord. Les équipages de la flotte britannique, qui comptaient quelques 140 000 hommes, étaient complétés par des marins et des paysans impressionnés. L'amiral John Borlase Warren ordonna à l'ensemble des équipages de sa flotte d'accorder moins d'attention à l'entretien du bateau et d'avantage à la pratique de tir. Il est bien connu que l'artillerie entrainée du HMS Shannon lui a permis de vaincre l'équipage sous-entrainé de lUSS Chesapeake.
Notes et références
..
Voir aussi
Bibliographie
- Kate Caffrey, The Twilight's Last Gleaming: Britain vs. America 1812-1815, Stein and Day, New York,1977(ISBN 0812819209)
- Jon Latimer, 1812: War with America, Belknap Press, Cambridge,2007(ISBN 9780674025844)
- Ian W. Toll, Six Frigates: The Epic History of the Founding of the U.S. Navy, W.W. Norton, New York,2006(ISBN 9780393058475)
Articles connexes