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?, voir Ifrane (homonymie).
Ifrane (tifinagh: en tifinagh ⵉⴼⵔⴰⵍ, arabe: إفران) est une ville du Maroc, comptant 30 000 habitants et située dans le Moyen Atlas, à 1 713 mètres d'altitude — latitude : 33°31'60 nord, longitude : 5°5'60 ouest. Elle est le chef-lieu de la Province d'Ifrane.
Situation géographique
Ifrane, perle du Moyen Atlas marocain, est caractérisée par son urbanisme à l'européenne. C'est le chef lieu de la Province d'Ifrane, dont la superficie est de 3 573 km² et qui est administrativement composée de deux municipalités (Ifrane et Azrou), cinq caïdats (Tizguit, Dait Aoua, Ain Leuh, Timahdit et Irklaouen) et neuf communes rurales (Tizguite, Dait Aoua, Ain Leuh, Sidi Ali, Timahdite, Ben Smim, Souk El Had et Zaouia d'Ifrane : Zaouia Ait Sidi Ali). Selon le nouveau découpage administratif, la province fait partie de la région Meknès-Tafilalet
Toponymie et étymologie
En tamazight (
berbère), Ifrane signifie
grottes (au singulier :
ifri). La région est en effet connue pour ses grottes, qui s'étendent jusqu'à
El Hajeb : ce sont elles qui ont donné leur nom à la ville. Par méconnaissance, on a associé à Ifrane le nom d’
Oufrane, alors que ce dernier désigne une ville située dans l'
Anti-Atlas marocain. Historiquement l'ancien nom d'Ifrane est
Tourtite, qui en berbère signifie
jardin [#]. Le développement d'Ifrane et de sa région doit beaucoup aux potentialités naturelles, notamment au cèdre, et ce, depuis la colonisation du Maroc.
Histoire
Les tribus Beni M'Tir sont parmi les tribus guerrières les plus redoutables à l'instar des autres tribus de Moyen Atlas, comme les y
Zayanes à
Khénifra, les assaillants français se trouvaient dans une posture militaire défavorable, la confrontation contre les Beni M'Tir et Beni M'Guild avaient laissé de mauvais souvenirs pour 7e et 14e BCA (Bataillon de chasseur alpin) en 1913 sous le commandement de Lyautey, qui selon ses écrits :
« L'expérience faite depuis un an dans des conditions exceptionnellement concluantes en raison des rudes campagnes menées dans un pays des plus difficiles aux Beni M'Tir, au Sud de Mogador, au Tadla, contre un adversaire de premier ordre, a fait ressortir avec éclat la valeur et l'instruction de ces unités formées à bonne école, entièrement dans la main de leurs chefs et rompues à la manoeuvre II s'est donc produit ceci, c'est que, depuis un an, ce sont les deux bataillons de Chasseurs alpins qui, l'un au Nord, l'autre au Sud du Maroc, ont servi d'étalon, d'exemple et de stimulant aux autres troupes blanches et ont acquis très rapidement et ceci est capital - une véritable légende aux yeux des Marocains." (Général Lyautey, 1913). La France est déterminée de s'emparer des plaines du Sais qui font partie du Maroc utile, vue la richesse du territoire des Beni M'Tir.
Sous la conduite du rebelle Mohand N'Hammoucha la résistance berbère atteint son paroxysme, les attaques sur la ville de Fes siège du Makhzen n'ont pas été fructueuses en raison de la présence de la colonne de Moinier ou colonne de Fès:(Le terme de colonne Fes désigne les troupes mixtes envoyées à Fès par la France pour combattre les tribus marocaines insurgées. La colonne partit de Casablanca le 21 avril 1911 ; elle comprenait quelque 20 000 hommes, 2 000 chameaux, des centaines de mulets, les montures des cavaliers, les munitions, l'équipement et l'approvisionnement. Elle s'étirait sur plusieurs kilomètres qui défendait farouchement Fès des incursions des tribus berbères du Moyen Atlas y compris les Zayanes sous la conduite de Mouha ou Hammou Zayani.
L'impact de l'insurrection malgré les dégats causés par les mutins était un fiasco pour des raisons tactiques et logistiques face à une armée organisée, tout le Moyen Atlas est pris en tenaille par les troupes coloniales opérant dans un cadre stratégique bien conçu, il s'agit des axes de Taza-Meknès, Casablanca-Tadla sous le commandement du boucher de la pacification du Maroc (Charles Mangin) et de Boudnib jusqu'aux confins des confédérations des Ait Attas et des Zayanes, le poste avancé de Timahdite avait joué un rôle militaire crucial qui réduira la marge de manoeuvrabilité des tribus berbères...
Biodiversité
La région d'Ifrane constitue une aire géographique riche par sa biodiversité faunique et floristique
[#], mais ses
S.I.B(Sites d'intérêts biologiques et écologiques) et son
Parc national subissent une forte pression due à la dégradation de la forêt, au surpâturage
[#] et aux visiteurs non avertis qualifiés de pollueurs potentiels.
Selon l'équipe de Jean Delacre [#] et Michel Tarrier [#] le choix sur Ifrane à ses raisons.
- Le site d'Ifrane comme emblématique et pourquoi ?
"Au sein de l'étage bioclimatique humide de l'Atlas, IFRANE et sa région sont connus depuis fort longtemps pour leurs peuplements végétaux et animaux remarquables, exceptionnellement riches en espèces endémiques et sub-endémiques. Véritable réminiscence du "Jardin des délices", nombreux sont les naturalistes qui s'y rendent pour leurs études. Le célèbre Entomologiste anglais Harold Powell y tenait officine jusqu'en 1950 ("La pharmacie des Lycènes"). Noyée dans les arbres, la ville apparaît comme un parc : lacs, cours d'eau, prairies florifères, cèdres et chênes centenaires, frênes, érables, oiseaux, papillons sont un cadre de vie hors pair. Les hauts indices en vigueur, tant de biodiversité (qualitatif) que de populations (quantitatif) en font un réservoir génétique de premier rang et ont présidé à la classification conservatoire du Parc national d'Ifrane.
Si, pour promouvoir une action concernant la conservation du patrimoine naturel, le choix s’est porté sur Ifrane, dite Capitale écologique du Maroc, (dixit Michel Tarrier) c'est qu'il n'y a pas de meilleur symbole pour illustrer la possible harmonie entre l'Homme et la Nature. Mais face à une fréquentation croissante, voire envahissante en saison, le site doit désormais bénéficier d’une gestion plus rapprochée dont les autorités sont parfaitement soucieuses. La mise en place d’un tel projet, à vocation tout autant attractive que didactique, constituera donc aussi la judicieuse possibilité de sauvegarde du legs bio-patrimonial tant précieux que représentent le Val d’Ifrane et ses alentours." '"A l'aube du troisième millénaire, le destin et la liberté de nos générations est d'inventer un nouveau monde : l'Homme, la société et la Nature réconciliés"'
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Parc national d'Ifrane
Le Parc national d'Ifrane est classé parmi les meilleurs
parcs nationaux du Maroc en raison de sa richesse spécifique, de sa biodiversité si variée qui d'ailleurs, lui fait mériter le nom de : parcs des lacs.
Située au coeur du Moyen Atlas en plein causse karstique, représentatif de la beauté paradisiaque du Moyen Atlas, le parc national d'Ifrane s'étend sur plus de 500 km². Il abrite notamment la plus grande forêt de cèdres du Maroc. Il englobe un ensemble de gîtes à caractère biodiversitaire d'une rareté remarquable (parc de Tizguite : Val d'Ifrane : les sources Vittel, Dait Aoua, Dait Hachlaf, Dait Ifrah et Afourgah).
Ce patrimoine est malheureusement soumis à diverses pressions (surpâturage, dynamique de la population locale et citadine).
Compte tenu de sa vulnérabilité à la disparition de patrimoine est imminente, son sort deviendra comme celui du fameux lion de l'Atlas dont le dernier spécimen calcifié est témoin des dégâts ecologiques causés par l'Homme moderne.
Sites touristiques
- Ifrane (contre ville
- source Vitel
- cascade Roufuge
- source Bensamim
- Lac aglmam
- wed tizgit
- Arzgoro
- ougmes
- .......
les Daïats
Les lacs de la province d'Ifrane
Les plans d'eau
- Plan d’eau Zerrouka : site apprécié des pêcheurs sportifs situé à 1 km d’Ifrane), alimente la ville d'Ifrane en eau potable.
- Plan d’eau d’Ain Mersa : pièce d’eau aux alentours immédiats de la ville d’Ifrane (7 Km).
- Plan d’eau de Sidi Mimoun : étape privilégiée sur le circuit des lacs (à 22 Km d’Ifrane).
- Plan d’eau d’Amghass : situé à 26 Km d’Azrou, deux parmi le chapelet de plans d’eau aménagés sur cet oued, pour le plaisir des pêcheurs de salmonidés.
Archéologie
La présence humaine dans la région remonte au
Néolithique comme en témoignent des grottes telles que celles de
Tizguite ainsi que des vestiges archéologiques remontant à la Préhistoire, il y a 50 000 ans, la découverte de campements
Atérien (culture caractéristique du
Paléolithique du Maghreb) par le groupe de chercheurs de l'Institut des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP) à
Michlifen près d'
Azrou à
Ain Leuh (grotte d'ifri Ouberid), Zerouka, Ghabt, Al Bahr et Itto et à
El Hajeb et les vestiges trouvés (ossements, objets...). Il faut noter que la présence des vestiges juifs marocains qu'on attribue à Ifrane n'a aucun fondement ni historique ni archéologique, il s'agit d'Oufrane dans l'
Anti-Atlas.
[#].
Ifrane moderne
Ifrane sera habitée plus tard par une population issue des deux grandes tribus berbères parlant le tamazight, les Béni M’guild les Béni M’tir et une partie des Ait Seghrouchen, tribus nomades qui se déplacent entre les pâturages verdoyants de Timahdite et Azrou jusqu'aux confins du pays
Zayanes.
Vue sa situation géographique comparable aux paysages de l'Europe, la création d'Ifrane est l'oeuvre du secrétaire général du protectorat au Maroc Éric Labonne en 1928. Trois dates à retenir :
- Centre d'estivage pour les colons Français : arrêté viziriel du 16 septembre 1929.
- Puis municipalité : le 14 Janvier 1947.
- Et province.
Le choix des colons s'inscrit dans trois cadres :
- Contrôle des ressources naturelles ;
- Compenser le dépaysement de la communauté française établie au Maroc par le site d'Ifrane à vocation estivale : Maurice de Gandillac en est témoin [#].
- La garnison de Timahdit constitue un atout stratégique militaire qui sert de liaison entre Taza et Tadla dont le but de faciliter les interventions militaires et cerner les tribus Amazighes hostiles à la présence coloniale notamment la tribu des Zayanes sous la conduite de Mouha ou Hammou Zayani, Mouha ou Said d'Elkssiba et d'autres foyers insurrectionnels dans le Moyen et le Haut Atlas réputés par leur hostilité envers les Iroumines (les chrétiens) et leur qualité de guerriers nourrie par leur attachement à la terre, surtout après la défaite de France le 13 novembre en 1914 à Khénifra dans la fameuse Bataille d'Elhri qui représente la défaite la plus catastrophique d'Afrique du Nord, selon l'aveu même des Français.
Notes et références
- The Aith Ndhir of Morocco: A Study of the Social Transformation of a Berber Tribe : Museum of Anthropology, University of Michigan.
- Prelude to Protectorate in Morocco: Precolonial Protest and Resistance, 1860–1912 : Chicago: University of Chicago Press, 1976