Jean-Louis Verger
Jean-Louis Verger (né le 20 août 1826 à Neuilly-sur-Seine - mort sur l'échafaud le 30 janvier 1857 à Paris) est l'assassin le 3 janvier 1857 de l'archevêque de Paris Mgr Sibour. BiographieNous n'avons guère de renseignements sur lui. Renan, qui fut son condisciple au séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet dirigé par l'abbé Dupanloup a écrit ces lignes dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse : Quand je me figure une de ces lectures spirituelles où le maître répandait si abondamment son esprit, cette salle du rez-de-chaussée, avec ses bancs serrés où se pressaient deux cents figures d'enfants tenus immobiles par l'attention et le respect, et que je me demande vers quels vents du ciel se sont envolées ces deux cents âmes si fortement unies alors par l'ascendant du même homme, je trouve plus d'un déchet, plus d'un cas singulier. Comme il est naturel, je trouve d'abord des évêques, des archevêques, des ecclésiastiques considérables, tous relativement éclairés et modérés. Je trouve des diplomates, des conseillers d'état, d'honorables carrières dont quelques-unes eussent été plus brillantes si la tentative du 16 mai eût réussi. Mais voici quelque chose d'étrange. À côté de tel pieux condisciple prédestiné à l'épiscopat, j'en vois un qui aiguisera si savamment son couteau pour tuer son archevêque, qu'il frappera juste au coeur... je crois me rappeler Verger ; je peux dire de lui ce que disait Sacchetti de cette petite Florentine qui fut canonisée : fu mia vicina, andava come le altre. Cette éducation avait des dangers : elle surchauffait, surexcitait, pouvait très bien rendre fou (Verger l'était bel et bien). Ce n'est pas l'opinion de Pierre Michel qu'on pourra lire dans la préface de L'Abbé Jules. Il voit en lui un homme loyal et passionné, révolté contre l'hypocrisie de son Église et qui n'acceptait pas les dogmes nouveaux. Pour le réduire à merci Mgr Sibour le frappa d'interdit, c'est-à-dire le jeta dans la misère puisqu'il n'avait jamais appris d'autre métier que celui de prêtre. Pierre Michel ajoute : « Au cours de son procès, qui s'est déroulé deux semaines plus tard, avec une rapidité exceptionnelle et hautement suspecte (il fallait de toute évidence faire un exemple), Verger a assumé hautement son acte et, avec une logique jamais prise en défaut et une éloquence hautaine, il a tenu tête à ses juges et dénoncé fermement une imposture qui a duré dix-huit siècles : il a été condamné à mort et guillotiné, sans avoir voulu se confesser ni recevoir les illusoires consolations d'un de ces prêtres qu'il avait vitupérés. » On lira tout au contraire dans une revue pieuse et anglophone (ici) : Alors, contrairement à tout espoir humain, Jean-Louis Verger revint en arrière, descendant les marches d’un pas rapide et dégagé devant les gardiens étonnés. Il se mit à genoux aux pieds du P. Hugon, et lui chuchota à l’oreille d'une voix tourmentée : « Mon père, entendez ma confession! Je veux mourir comme un chrétien ». Pouvant à peine respirer et pleurant de joie, le P. Hugon entendit la confession de ce brandon qu’on venait de retirer de l’enfer. Après qu'il eut reçu l'absolution et une bénédiction finale, on présenta le crucifix à Verger. Il l’embrassa trois fois avec une profonde dévotion. Lentement il revint aux trois marches de l'échafaud et, avant de se livrer aux mains des bourreaux, il se retourna en s'écriant d'une voix forte : « Vive Notre Dame! »
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