L'homme
Rogui Bou Hamara ("
بوحمارة"
أو "
بوحمالة" ), alias
l’Homme à l’Anesse (né en 1860 au village d'
Ouled Youssef dans le massif de Zerhoun (
Maroc), de son vrai nom
Jilani Zerhouni (ou Jilali Ben driss Zerhouni el Youssefi), était un homme politique d'origine modeste appartenant à la famille des "Ouled Abbou". Il a accompli ses études supérieures à
Fès,
Alger et vraisemblablement à
Paris. Il était ingénieur des Ponts et Chaussées. Instruit, cet homme a su acquérir de la considération de son entourage et du respect.
La réussite
Il fut quelque temps le secrétaire de Moulay Omar, khalife de Fez et frère de Hassan premier, sultan du Maroc jusqu'en 1894. Il obtint rapidement des accès au sérail et devint un homme puissant.
Il tient son surnom du fait qu'il parcourait l'Oriental à dos d'ânesse. Il usurpa l'identité du frère du sultan (c'est sur quoi reposait toute sa légitimité). Il souleva les tribus en s'imposant comme le défenseur de la religion islamique et en dénonçant les relations entre le sultant Moulay Abdel Aziz et les chrétiens d'occident. Différents journalistes occidentaux se sont rendus auprès du Rogui, et tous témoignent du fait qu'il n'était pas le frère du Sultan (Car celui-ci portait une marque à l'oeil inexistante chez le rogui). Il avait environ 42 ans quand il profita de l'anarchie régnante (Siba) et de l’absence d’Institutions du "Makhezin", pour mener la rébellion contre les Alaouites en 1902. Le 23 décembre 1902, il battit les troupes du sultan My Abedel Aziz. Il devint le maître de l'oriental, contrôlant une grande partie du nord et de l'est du Maroc (Ghiata, Nekor, Beni Wariagle, Taza, Aknoul, Salouane...).
La fin
Cependant, vers 1909, il contrôlait des territoires tellement immenses, qu'il ne pouvait plus s'assurer la fidélité de toutes les tribus qu'il a conquises. Les tribus se sont désolidarisées de lui car la nouvelle comme quoi il n'était pas le frère du sultan gagnait tout l'Oriental comme une trainée de poudre. Il fut pourchassé par les Beni Wariagle en
1907 pour avoir passé des contrats et cédé des concessions minières aux
espagnols. Il mena son ultime bataille contre l'armée du
Sultan Hafid en
1909. Voyant son armée décimée et sa fin proche, il se réfugia dans une mosquée, croyant que sa vie serait épargnée. En dépit de leur caractère sacré, les lieux furent bombardés et détruits par l’artillerie lourde fournie au sultan par ses alliés français. Jilani Zerhouni est finalement capturé avec 400 de ses soldats et de son personnel et emmené à
Fès.
Suite à des traitements inhumains, seuls 160 des 400 prisonniers arrivèrent vivants à destination. Le 02 septembre 1909, Bou Hamara est torturé une dernière fois et exécuté par dépeçage en public, puis livré aux fauves avec 32 de ses partisans. On raconte qu’on a commencé par sectionner à chacun une main et le pied opposé. Ce traitement scandalisa les chancelleries et les consulats européens au Maroc.
Références
- Dunn, Ross E. "Bu Himara's European Connexion: The Commercial Relations of a Moroccan Warlord", The Journal of African History, Vol. 21, No. 2 (1980), pp. 235-253
- Le Glay, Maurice. La Mort du Rogui. Editions Payot, Paris (consulted 7th edition, 1927).
- Maxwell, Gavin. Lords of the Atlas. (A modern classic, various editions, ISBN 0-907871-14-3).
Zakaria