John Milton (
1608 -
1674) est un
Poète et un
pamphlétaire Anglais, auteur du
Paradis perdu.
Biographie
Jeunesse
Le père de John Milton était un notaire
puritain qui écrivait des madrigaux pour la reine Elizabeth Ire. Il alla s’installer à Londres autour de
1583, pour avoir caché son protestantisme car son propre père, Richard Milton, un riche propriétaire du
comté d’Oxford et dévot catholique, l’avait déshérité. Autour de 1600, le père du poète épousa Sara Jeffrey et le poète naquit le 9 décembre
1608 à
Cheapside, à
Londres.
John Milton a commencé à écrire à l’âge de dix ans. Puis il commença ses études à l’école de St Paul à Londres. À cette époque, Milton se destine au ministère du culte anglican et pour cela se montre très assidu dans ses études. Il est admis le 12 février 1625 au Christ’s College de Cambridge. Cette période à Cambridge, de 1625 à 1632, sera plutôt mitigée pour John Milton. Il tombe dans un profond désaccord avec son directeur d’étude William Chappel peut-être pour avoir été fouetté par celui-ci . Milton est temporairement révoqué durant un trimestre, de janvier à mars 1626. A son retour, le 19 avril 1626, il se verra attribuer un nouveau directeur d’étude qu’il gardera jusqu’à la fin de ses années d’université. Il obtient son diplôme « cum laude » le 3 juillet 1632. Durant cette période, Milton écrit déjà plusieurs poèmes en latin et des lettres en prose et donne des cours d’hébreu au théologien américain Roger Williams en échange de cours de néerlandais.
Manifestement, les expériences de Milton à Cambridge n’ont pas été très positives et ont contribué pour une bonne part à ses vues sur l’éducation. Après l’obtention de son diplôme au collège du Christ à Cambridge, John Milton va vivre pendant 6 ans, de 1632 à 1638 dans la maison de ses parents à Hammersmith puis à Horton dans une retraite studieuse. Il approfondit pendant cette période ses connaissances en grec et en latin mais aussi en hébreu, en français en espagnol, en italien et en vieil anglais et dans des disciplines modernes et anciennes comme la théologie, la philosophie, l’histoire, la politique, les lettres, la science, pour préparer sa future carrière de poète. Il acquiert ainsi une formidable érudition. Il rédige plusieurs oeuvres importantes en prose comme en poésie et publie son premier poème en 1632. C’est durant cette période que Milton va progressivement abandonner son projet de devenir prêtre et affirmer sa vocation de poète. En raison d’une telle dépense intellectuelle, Milton est considéré comme l’un des plus érudits des poètes anglais.
Après la mort de sa mère en avril 1637, Milton envisage, comme c’est l’usage alors chez les jeunes hommes de bonnes familles, de partir en voyage sur le continent en France et en Italie puis de retourner à Londres pour continuer à étudier et pour dispenser des cours privés. Il embarque pour la France au début de l’année 1638, passe par Paris et Nice puis arrive en Italie où il visite de nombreuses villes, Gènes, Pise, Florence, Sienne, Rome, Naples, Venise... Il rencontre nombre de gens célèbres et influents de son temps dont le cardinal Francesco Barberini mais aussi l’astronome Galilée dont la condamnation renforce l’attachement de Milton aux libertés religieuses de son pays. Milton, informé des prémices de la guerre civile qui gronde en Grande-Bretagne, se décide à rentrer en passant d’abord par Genève.
Milton pamphlétaire
A son retour, Milton devient le professeur privé de ses neveux mais aussi de plusieurs enfants de la haute noblesse. Il écrit d’ailleurs un traité sur l’éducation en
1644. Parallèlement à cette activité, Milton, immergé dans la controverse religieuse, rédigera cinq pamphlets contre la hiérarchie de l’Eglise qui le font connaître et amène sur lui l’ire des défenseurs du clergé.
En mai ou en juin 1642, John Milton se marie avec Mary Powell dont le père était débiteur de John Milton senior . La différence d’age (16 et 33 ans), le caractère sévère et introverti de Milton, les opinions royalistes de la famille Powell sont autant de facteurs qui peuvent expliquer la fuite de Mary après seulement un mois de mariage. Celle-ci profite en effet d’une visite chez ses parents, pour ne plus revenir au domicile conjugal. Milton va alors écrire "The Doctrine and Discipline of Divorce" où il défend la légalisation et la moralité du divorce ce qui attire sur lui les foudres de nombre de ses contemporains (la loi anglaise sur le mariage, inchangée ou presque depuis le Moyen Âge catholique, n’acceptait le divorce que sur une base de stérilité). Face à la virulence de ses détracteurs et contre la censure qui s’applique sur ses pamphlets favorables au divorce, il écrit Areopagitica: A speech of Mr John Milton for the liberty of unlicensed printing to the Parliament of England qui s’attaque à une loi autorisant la censure instituée un an plus tôt. Mary et John se réconcilieront en 1645, la famille Powell emménagera même chez le couple et elle lui donnera quatre enfants avant sa mort en 1652: Anne, Mary, John (mort à l'âge de 15 mois), et Deborah. Malgré leur séparation la vie du couple semble avoir été heureuse. C’est à cette époque aussi qu’apparaissent chez John les premiers signes d’une faiblesse oculaire due sans doute au glaucome qui le rendra progressivement aveugle.
Commonwealth
La victoire Parlementaire et le jugement du roi Charles Ier à la fin de l’année
1648 et au début de l’année
1649 donnent à Milton l’espoir de voir émerger plus de liberté. Il apporte son soutien à un régime parlementaire et argumente en défaveur du roi dans
The Tenure of Kings and Magistrates. Cette oeuvre en prose n’argumente pas ouvertement en faveur du régicide mais le soutient implicitement. Sa réputation politique et son érudition l’introduisent auprès du
parlement qui le nomme, le 15 mars
1649, Secrétaire d’État aux langues étrangères. Il est chargé des relations épistolaires avec les puissances étrangères et de la relation des communications étrangères au parlement et plus tard il agira également comme censeur. Un poste important dans la mesure où la jeune république tient à se faire reconnaître diplomatiquement en Europe. Milton est aussi amené à rédiger des ouvrages de propagandes en faveur du régime. Le premier écrit sur commande est
Eikonoklastes en
1649 qui répondait à un ouvrage en faveur du roi "Eikon Basilike" dont la popularité croissante inquiétait le Conseil d’État. Une autre commande,
Pro Populo Anglicano Defensio, écrite en
1651, fut rédigée en réponse à l’ouvrage rédigé par
Claude Saumaise et publié par la famille royale en exil
Defensio regia pro carolo I. Ses ouvrages déclenchent de nombreuses réactions en Europe et les défenseurs des
Stuart n’hésitent pas à affirmer que la cécité qui touche Milton est une punition divine due à ses prises de position et à sa vie dissolue . À cause de sa cécité, Milton réduit progressivement sa charge de travail et l’importance de son poste diminue en conséquence. Pour l'aider dans ses travaux il bénéficie désormais d’assistants dont le jeune poète
Andrew Marvell. John Milton reste en poste jusqu’à la fin de l’année
1659, après la mort d’
Oliver Cromwell et l’abdication de son fils
Richard. Face à la dégradation de la situation politique et à l’émergence d’une tendance au retour à la monarchie, John Milton va écrire plusieurs ouvrages pour défendre la cause de la liberté et dénoncer les dangers d’un État religieux.
Restauration
A la Restauration, malgré l’autodafé que subissent ses livres, Milton n’est dans un premier temps pas inquiété personnellement. Il est cependant arrêté en octobre
1660 et emprisonné à la
Tour de Londres jusqu’au 15 décembre . Sa libération se fait grâce à l’intervention de ses amis comme
Andrew Marvell, alors membre du Parlement.
Sa seconde femme, Katherine Woodcock, épousée en 1656, et leur fille meurent toutes deux au début de l’année 1658. Il vit alors seul avec les trois filles de son premier mariage jusqu’en février 1663 où il se marie avec Elisabeth Minshull. En 1662, il perd tous ses biens, son notaire ayant fait faillite. Milton va vivre ses dernières années dans un certain dénuement sous une forme de retirement voué à l’étude, à la dévotion et à la rédaction de ses oeuvres les plus célèbres. John Milton qui souffre de plusieurs maladies récurrentes reçoit cependant encore la visite de plusieurs dignitaires étrangers, d’amis et de connaissances mais ces visites s’espacent de plus en plus. Il se fait faire la lecture et dicte ses oeuvres à ses assistants dont ses deux plus jeunes filles Mary et Deborah. Son chef d’oeuvre, le poème épique Paradise Lost est publié en 1667 mais ne connaît pas immédiatement le succès ; il faudra attendre 1688, une dizaine d’années après la mort de Milton, pour que son poème soit largement reconnu. Il publie également en 1670, son History of Britain puis en 1671 Paradise Regained et Samson Agonistes, autres oeuvres poétiques majeures. En 1674, la seconde édition de Paradise Lost en 12 livres est publiée et John Milton meurt le 8 novembre.
Oeuvre, influences et style
Milton a transcrit ses deux oeuvres principales en les dictant en raison de sa cécité. Cette infirmité le força à mémoriser de vastes pans de ses poèmes pour les réciter, ce qui est d’autant plus remarquable si l’on considère quelle organisation une telle oeuvre exige, même sur papier. Néanmoins, Milton réussit à se passer de ces supports.
Malgré l’étendue de l’érudition intellectuelle de Milton, des influences cruciales sur son oeuvre peuvent se trouver dans les livres de la Bible suivants : la Genèse, le livre de Job, les psaumes et aussi les poètes profanes comme Homère, Virgile ou Lucain. L’historien favori de Milton était Salluste. Néanmoins, même si la culture classique de Milton est prépondérante, on retrouve aussi des traces de ses contemporains Spenser, Sidney, Donne, et Shakespeare. Des commentateurs ont suggéré qu’il visait à renforcer les figures de style de poètes chevaliers tels que John Wilmot, comte de Rochester et Sir John Suckling dans les conversations d’Adam et Ève. La carrière littéraire de Milton a éclipsé toute la poésie des XVIIIe siècle et XIXe siècles, si bien qu’on l’a préféré souvent à tous les poètes anglais, y compris Shakespeare. On peut citer le poème épique de Lucy Hutchinson sur la chute de l’humanité « Ordre et désordre » et l’opéra de John Dryden « L’état d’innocence et la chute de l’homme comme des exemples de son influence immédiate dans le champ culturel ».
Le projet inégalé du Paradis perdu, son chef-d'oeuvre, fait le portrait de Dieu justifiant ses actes. Le poème dépeint aussi la création de l'univers, de la terre, et de l'humanité; il exprime l'origine du péché, la mort, et le Mal, imagine des événements dans le royaume des cieux, le jardin d'Eden et l'histoire sainte d'Israël; se confronte aux idées politiques de Tyrannie, liberté et justice, et défend ses idées théologiques sur la prédestination, le libre arbitre et le salut. L'influence de Milton sur le romantisme a été très profonde.
John Keats trouvait le joug du style de Milton trop difficile à porter. Il disait que « le vers de Milton ne pouvait s'écrire que dans une humeur artistique ou plutôt d'artiste ». Keats trouvait que le Paradis perdu était une belle et grandiose curiosité mais sa tentative avortée d'une poésie épique Hyperion souffre, dit-on, de son échec à cultiver un ton épique propre. L'époque victorienne témoigne de la persistance de son influence. George Eliot et Thomas Hardy se sont inspirés particulièrement de sa poésie et de sa vie. En revanche, le siècle dernier, en raison des efforts critiques de T.S. Eliot et Ezra Pound, ont vu régresser la dimension de Milton. En sus de son importance sur l'histoire littéraire, la carrière de Milton a eu un impact sur le monde moderne dans d'autres domaines. Comme Rabelais, Milton a forgé de nombreux mots : dans le Paradis perdu les lecteurs étaient confrontés à des néologismes comme dreary, pandæmonium, acclaim, rebuff, self-esteem, unaided, impassive, enslaved, jubilant, serried, solaced, et satanic. En politique, les écrits républicains de Milton Areopagitica ont été consultés pendant l’établissement de la constitution des États-Unis d'Amérique.
Divers
- La société John Milton pour les aveugles a été fondée en 1928 par Helen Keller pour développer un service interreligieux qui apporte des conseils spirituels et la littérature religieuse aux sourds et aux aveugles.
- Une édition de 1668 du Paradis perdu, donnée pour être celle de Milton en personne est déposée dans les archives de l’université de l’Ontario occidental.
- Le personnage du film L'Avocat Du Diable, joué par Al Pacino et étant le Diable porte le nom de John Milton.
Bibliographie
- Comus, (1634)
- Lycidas, (1638)
- Of Reformation, (1641)
- Of Prelatical Episcopacy, (1641)
- Animadversions, (1641)
- The Reason for Church Government, (1642)
- Apology for Smectymnuus, (1642)
- Doctrine and Discipline of Divorce, (1643)
- Of Education, (1644)
- Judgement of Martin Bucer Concerning Divorce, (1644)
- Areopagitica, (1644)
- Tetrachordon, (1645)
- Colasterion, (1645)
- Poems of Mr John Milton, Both English and Latin, (1645)
- Tenure of Kings and magistrates, (1649)
- Eikonoklastes, (1649)
- Defensio pro Populo Anglicano, (1651)
- Defensio Seconda, (1654)
- A treatise of Civil Power, (1659)
- The Likeliest Means to Remove Hirelings from the Church, (1659)
- Ready and Easy Way to Establish a Free Commonwealth, (1659)
- Brief Notes Upon a Late Sermon, (1660)
- Paradise Lost, (1667)
- Accedence Commenced Grammar, (1669)
- History of Britain, (1670)
- Samson Agonistes, (1671)
- Paradise Regained, (1671)
- Art of Logic, (1672)
- Of True Religion, (1673)
- Poems, &c, Upon Several Occasions, (1673)
- Epistolae Familiaries, (1674)
- Prolusiones, (1674)
Liens externes
John Milton Le paradis Perdu, Des tenebres a la lumiere de Nicole Berry editeur L'Age d'Homme
OEuvres