Karl Dönitz (
16 septembre 1891 à
Berlin-Grenau -
24 décembre 1980 à Aumühle, Schleswig-Holstein) était un
Amiral et président du
Reich allemand.
Il atteint le rang de grand Amiral dans l'Allemagne nazie, sans avoir pourtant jamais adhéré au parti nazi. Il servit comme commandant en chef des sous-marins (Befehlshaber der Unterseeboote) de la Kriegsmarine pendant la Seconde Guerre mondiale. Sous son commandement, la flotte des U-boot participa à la bataille de l'Atlantique, en essayant de priver le Royaume-Uni des approvisionnements indispensables des États-Unis et d'ailleurs. Il servit enfin pendant 20 jours comme président du Reich (Reichspräsident), après le suicide d'Adolf Hitler. Après la guerre, il fut condamné lors du Procès de Nuremberg pour crimes de guerre et fit 10 ans de prison pour sa participation à la guerre sous-marine illimitée menée par l'Allemagne.
Avant la Seconde Guerre mondiale
Avant le conflit, il insista pour convertir la flotte allemande presque entièrement en sous-marins. Il défendit la stratégie de n'attaquer que la marine marchande, cible relativement peu dangereuse. Il mit en avant que la destruction de la flotte de pétroliers priverait la
Royal Navy de son carburant pour opérer ses navires, ce qui serait aussi efficace que de les couler. Au début de la guerre quand le
Royaume-Uni se trouvait seul contre l'Axe, Dönitz calcula que s'il coulait 500 000 tonnes de navires marchands britanniques, le Royaume-Uni ne pourrait tenir bien longtemps vu qu'elle ne pouvait fabriquer que 1 500 000 tonnes de navires par an et que Roosevelt avait déjà fourni à Churchill plus de 50 destroyers jugés démodés par le Congrès. Malgré l'entrée en guerre des États-Unis, Dönitz continua de détruire une bonne partie des convois de l'Atlantique car ceux-ci étaient mal protégés. Plusieurs U-Boot patrouillèrent même près de la Floride et coulèrent un Liberty ship devant des milliers de baigneurs près d'une plage. Il affirma qu'avec une flotte de 300 des nouveaux U-boots type VII, l'Allemagne mettrait le Royaume-Uni « sur la touche ». Afin de neutraliser et accabler les vaisseaux d'escorte, il proposa une attaque groupée.
À l'époque beaucoup pensaient que c'était une proposition de faiblesse, y compris son supérieur hiérarchique, l'amiral Erich Raeder. Les deux s'opposèrent constamment pour les priorités budgétaires. Raeder avait pourtant une attitude assez pessimiste ; par exemple, apparemment il ne croyait pas que les cuirassés étaient vraiment utiles, vu leur faible nombre comparativement avec la flotte britannique, disant notamment une fois que tout ce qu'ils pouvaient faire était de mourir vaillamment. Dönitz n'avait pas un tel fatalisme.
Rôle dans la Seconde Guerre mondiale
Quand la guerre commença en 1939, Dönitz avait été récemment nommé
Kommodore (28 janvier 1939) et commandant des sous-marins (1
er septembre 1939).
La marine allemande était mal préparée pour la guerre, ayant prévu qu'elle ne commencerait qu'en 1943. Prévision en fonction de laquelle était établi le plan Z de la marine, qui prévoyait une flotte équilibrée avec un grand nombre d'unités de surface, y compris de porte-avions.
Au début de la guerre, Dönitz ne disposait que de 57 sous-marins, la plupart à court rayon d'action. Néanmoins, il fit ce qu'il put, harcelé constamment par Erich Raeder et Hitler d'agir contre la flotte britannique directement. Ces opérations étaient le plus souvent inefficaces, alors que les autres vaisseaux réussissaient bien contre la flotte marchande.
À partir de 1941, la production du type VII était suffisante pour que les opérations aient un effet significatif sur l'économie de guerre du Royaume-Uni. Bien que la production de la flotte marchande augmentât, de meilleures torpilles, de meilleurs U-boot et une stratégie d'attaque sophistiquée menaient à une réussite croissante. En Décembre 1941, les États-Unis entrèrent dans le conflit et, immédiatement, Dönitz fit la planification pour l'opération Drumbeat contre la navigation de la côte Est des Etats-Unis, qui fut mis à exécution le mois suivant, avec des résultats remarquables.
Soupçonnant que les Alliés connaissaient le code de communication de l'Enigma, Dönitz ordonna à sa flotte d'utiliser une nouvelle norme de chiffrage le 1er février 1942. Cela, même si le reste des pouvoirs allemands utilisait l'Enigma d'origine, convaincu de son invulnérabilité. Pendant un moment, ce changement créa une confusion considérable dans les casseurs de code alliés. Cependant, suite à une erreur de transmission dans un seul message, il fut déterminé que la nouvelle machine de Dönitz était une Enigma à quatre rotors, et son code fut encore cassé.
À la fin de 1942, la fourniture des "type VII" était telle que les attaques de masse devenaient possibles, ce qui fut connu comme la «meute de loups gris» (das Rudel). Les pertes de navires alliés devenaient énormes et mettaient en question l'approvisionnement britannique. En 1943, Dönitz remplaça Raeder comme commandant en chef de la marine allemande (Oberbefehlshaber der Kriegsmarine).
En 1943, la guerre de l'Atlantique devint perdante pour les Allemands, mais Dönitz continuait à pousser pour plus de construction d'U-boot et des améliorations techniques. À la fin de la guerre, la flotte allemande de sous-marins étaient de loin la plus avancée du monde et les modèles Unterseeboot type XXI servirent de modèle pour les constructions soviétiques et américaines après la guerre.
Dans son testament final, du 30 avril 1945, Hitler choisit Dönitz comme son successeur en tant que chef de l'État (bien que le poste soit aboli depuis des années au profit de celui de Führer), montrant à quel point il était devenu suspicieux à l'encontre de Göring et Himmler. Il dirigea alors un éphémère gouvernement provisoire connu sous le nom de gouvernement de Flensburg. Jusqu'à son arrestation le 23 mai à Flensburg, Dönitz consacra son énergie à ce que les troupes allemandes se rendent aux Alliés occidentaux et non aux soviétiques dans l'espoir de rendre à l'armée allemande une place importante dans le futur affrontement entre l'Occident et l'URSS que, comme Hitler, il espérait.
Son propre fils, lieutenant dans le U-Boot 954, est mort pendant la bataille de l'Atlantique
Procès
Dönitz fut mis en accusation comme
criminel de guerre lors des
Procès de Nuremberg. Contrairement à beaucoup, il ne fut pas mis en cause pour crime contre l'humanité. La charge principale était l'ordre qu'il avait donné de ne pas secourir les naufragés.
Pour sa défense, Dönitz produisit notamment une lettre officielle de l'Amiral Chester Nimitz qui affirmait que les États-Unis avaient utilisé la même consigne et en particulier lorsque la sécurité des sous-marins était en cause. Malgré tout, le tribunal le trouva coupable de « crimes contre la paix » et de crimes de guerre pour lesquels il fut condamné, et fit dix ans à la Prison de Spandau.
Ses mémoires, intitulées Dix ans et vingt jours furent publiées en Allemagne en 1958. Il fit tous ses efforts pour répondre aux questions que ses collègues lui posaient au fil des années.
Dönitz décède d'une attaque cardiaque le 24 décembre 1980, à Aumühle. Étant le dernier officier allemand avec le grade de Grand Amiral, il a été honoré par de nombreux anciens militaires et officiers de marine étrangers qui ont assisté à ses funérailles, le 6 janvier 1981.
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