Le
linéaire A est une écriture qui fut utilisée dans la
Crète ancienne. On suppose qu'il transcrit le langage des Minoens. C'est
Arthur Evans qui découvrit en Crète les vestiges de cette écriture, ainsi que d'autre écritures anciennes. Pour les différencier, il les dénomma
hiéroglyphique A,
hiéroglyphique B,
linéaire A et
Linéaire B, selon leur apparence et leur ancienneté. Le site d'
Haghia Triada, dans la Messara (sud de la Crète), a fourni le plus de tablettes d'argile incisées en linéaire A.
Deux écritures sont manifestement dérivées du linéaire A : le Linéaire B, utilisée en Crète et en Grèce, qui a été déchiffré dans les années 1950 et qui transcrit un dialecte grec et le chypro-minoen ou linéaire C, en usage à Chypre, également non-déchiffré, lequel aurait donné le syllabaire chypriote, qui est, lui parfaitement lisible et note une langue grecque.
Le linéaire A remonte à l'époque minoenne, une période et une civilisation de la Crète antérieure aux invasions grecques, vers -2000 à -1450. Il est encore utilisé à la même époque que le linéaire B, mais ponctuellement sur d'autres sites notamment dans le sud de la Crète.
Il est généralement écrit de gauche à droite, bien que certaines inscriptions le soient dans le sens opposé.
Tentatives de déchiffrement
L'une des premières tentatives, après le succès du déchiffrement du linéaire B, fut de conserver les valeurs phonétiques du linéaire B et de l'appliquer à son prédécesseur.
Malheureusement, les tablettes restèrent incompréhensibles, et les quelques mots dont le sens pouvait être déduit du contexte ne correspondaient pas à des mots grecs. Si la valeur phonétique du linéaire A est la même que le linéaire B, le langage transcrit n'est pas du grec ; aucun parallèle n'a pu être fait non plus avec des langues sémitiques.
Les autres travaux réalisés, essentiellement statistiques, ont donné naissance à quelques hypothèses :
Néanmoins ces éléments restent pour l'instant des hypothèses.
Des travaux plus récents d'un chercheur français, Hubert La Marle, ont développé des méthodes différentes mais convergentes de déchiffrement, fondées à la fois sur l'épigraphie comparée des écritures est-méditerranéennes de l'Age du Bronze et sur les fréquences des signes courants, et ont abouti à dégager les fondements d'une langue de la branche indo-iranienne de l'indo-européen. Il ne s'agirait pas, selon cette interprétation, d'une langue agglutinante, mais bien d'une langue flexionnelle de type indo-européen comme du reste ceci avait déjà été reconnu par les chercheurs de l'école italienne dès la fin des années 1940. Les désinences n'étaient finalement pas dans leur principe si différentes de celles du linéaire B, quoique qu'il ne s'agisse, dans le détail, pas de terminaisons de type grec. Hubert La Marle a présenté à plusieurs reprises ses travaux devant l'Université de Crète, faculté d'histoire et d'archéologie, à Rethymnon et dans diverses rencontres internationales.
Divers
Sources
- L. Bonfante, J. Chadwick, B. F. Cook, W. V. Davies, J. F. Haley, J. T. Hooker et C. B. F. Walker, La naissance des écritures, du cunéiforme à l'alphabet, traduit à Paris, Seuil, 1994. En particulier le texte de John Chadwick sur le linéaire A (pages 231 à 236), au sein de sa contribution sur le Linéaire B et écritures apparentées.
- Le linéaire A, extrait du mémoire de maîtrise de Cyrill Ruatta, 1998, sous la direction de J. Vanschoonwinkel et de F. Rebuffat.
- La Marle (Hubert), Linéaire A : la première écriture syllabique de Crète : 4 volumes, Geuthner, Paris, 1997-1999, réédition en cours
- La Marle (Hubert), Introduction au Linéaire A : lire et comprendre l'écriture syllabique de Crète minoenne, Geuthner, Paris, 2000
- La Marle (Hubert), L'aventure de l'alphabet : les écritures cursives et linéaires du Proche-Orient et de l'Europe du sud-est à l'Age du bronze, Geuthner, Paris, 2002
- La Marle (Hubert), Les racines préhelléniques du lexique crétois ancien et leur morphologie, communication à l'Académie des inscriptions et belles lettres, Nantes, 2007
- http://www.premiumwanadoo.com/crete-minos-linear.a] extrait de travaux d'Hubert La Marle et orientations de méthodologie