Le Livre de Daniel, écrit en Hébreu, en Araméen et en Grec, est un livre que l'on retrouve dans la Bible Hébraïque (Tanakh) parmi les Ecrits (Ketouvim), et dans l'Ancien Testament dans la Bible chrétienne parmi les Prophètes. Le livre décrit des évènements se passant lors de la captivité du peuple Juif à Babylone sous Nabuchodonosor II, le roi de Babylone entre -605 av. J.-C. et -562 av. J.-C. Ce livre est le plus récent de l'Ancien Testament. Les six premiers chapitres racontent l'histoire de Daniel et sont mis en scène aux cours de Babylone et de Perse. Les chapitres 7 à 12 présentent des visions sur la fin des temps. Les chapitres 13 et 14 ont été rédigés en grec et témoignent d'une rédaction plus tardive.
Le livre de Daniel est écrit dans un style apocalyptique, un style populaire à l'époque des Macchabées, comme le livre d'Enoch. La composition finale du livre de Daniel date de l'époque du roi séleucide (hellénique) Antiochos IV (-175 à -163), un dirigeant qui chercha à éradiquer le Judaïsme.
Flavius Joseph soumet l'hypothèse que Le Livre fut présenté à Alexandre, ce qui en ferait un écrit postérieur à 330 avant JC. Cependant les historiens actuels penchent pour une rédaction entre 167 et 164 avant JC.
Composition
Le livre de Daniel présente la particularité d'être rédigé en pas moins de trois langues différentes.
- Le livre commence en Hébreu et ce jusqu’au chapitre 2, verset 4.
- Il se poursuit en Araméen jusqu’à la fin du chapitre 7
- Il revient à l’hébreu jusqu’au chapitre 12
Enfin, les versions
grecques comportent en plus trois passages : la prière d’Azariah et le cantique des trois enfants (insérés dans le chapitre 3 après le verset 23), l’histoire de
Suzanne (après le chapitre 12) et l’histoire de Bel et du serpent qui termine le livre (dans certaines Bibles francophones, ces deux passages sont respectivement numérotés comme chapitres 13 et 14). Même en ne tenant pas compte des adjonctions grecques, il persiste le problème du bilinguisme hébreu/araméen. La question est d’autant plus complexe que cette division linguistique ne recouvre pas la division thématique du livre. En effet, Daniel comporte deux grands blocs assez distincts :
- D’une part, les chapitres 1-6 qui racontent à la troisième personne diverses aventures arrivant à Daniel. Ces récits présentent Daniel comme un savant interprète des songes capable de conseiller les rois babyloniens et surpassant en sagesse les magiciens chaldéens.
- D’autre part, les chapitres 7-12 qui sont d’un tout autre genre. Ils sont rédigés en style autobiographique à partir du chapitre 8. Daniel n’est plus l’interprète des visions des autres, mais il est lui-même le bénéficiaire de visions qu’il ne réussit pas à interpréter sans l’aide d’un ange.
On constate donc immédiatement le problème posé par le chapitre 7. Par sa langue de rédaction, il se rattache au bloc 2-6 mais son thème le lie au bloc 8-12. De très nombreux travaux ont essayé de rendre compte de la division linguistique de Daniel. L’hypothèse selon laquelle le même auteur aurait rédigé en deux langues différentes n’a plus guère de partisans aujourd’hui. L’état actuel du livre de Daniel semble résulter à la fois d’une entreprise de traduction et d’une histoire rédactionnelle mettant à contribution plusieurs auteurs. Ainsi, on peut envisager :
- Une rédaction en araméen des chapitres 1-6, compilation d’histoires parfois peu liées les unes aux autres
- Rédaction en araméen du chapitre 7 qui prolonge le livre dans sa langue d’origine mais lui donne une tournure plus nettement apocalyptique.
- Adjonction en hébreu des chapitres 8-12 qui amplifient le chapitre 7. À l’occasion de cet ajout, le début du livre est partiellement traduit en hébreu (jusqu’à 2,4).
Contexte
Après la déportation de son peuple en Babylonie,
Daniel devient un conseiller du roi. Différents faits et visions l'amènent à décrire la succession des puissances mondiales à partir de son époque et jusqu’au "temps de la fin" (Daniel 12:4).
Résumé
Les chapitres 1 à 6 sont des récits concernant Daniel et ses trois compagnons ; les chapitres 7 à 12 sont les visions prophétiques de Daniel. Le livre enseigne l'importance d'être fidèle à Dieu et montre que le Seigneur bénit les fidèles. L'apport principal du livre est l'interprétation du songe du roi
Nebucadnetsar. Dans ce songe, on voit le royaume de Dieu dans les derniers jours représenté comme une pierre détachée d'une montagne. La pierre roule jusqu'à remplir la terre entière (Da 2).
Les prophéties
Les prophéties de Daniel se trouve du chapitre 7 au chapitre 12. Ces prophéties ne sont pas sans rappeler le
livre d'Enoch écrit avant le livre de Daniel. On retrouvera dans le livre de l'
Apocalypse des figures présentes dans le livre de Daniel.
Ces rêves prophétiques ont données lieu a de multiples interpretations chez les Esséniens et chez les Chrétiens.
La statue immense
La
Prophétie est racontée dans Daniel chapitre 2 Une statue immense est vue en rêve par le roi
Nabuchodonosor II de
Babylone. Elle a la tête en
or, la poitrine et les bras en
argent, le ventre et les cuisses en
Cuivre, les jambes en fer, et les pieds en fer mêlé à de l’argile. Puis : "Tu regardais, lorsqu'une pierre se détacha sans le secours d'aucune main, frappa les pieds de fer et d'argile de la statue, et les mit en pièces." La statue disparaît alors et la pierre devient une montagne. Un début d'explication est donné par Daniel:
"Toi, ô roi, (...) c’est toi qui es la tête en or." (Daniel 2:38). C'est donc l'empire de
Babylone qui est la tête en or. En suivant l'évolution des puissances, il devient facile de deviner la signification des autres parties: l'empire des
Mèdes et des
Perses pour la poitrine et les bras en argent, la
Grèce pour les cuisses en cuivre, et Rome pour les jambes de fer. Il reste une partie mi-fer mi-argile, avec les dix doigts des pieds, qui symbolisent le partage de l'empire romain aux dix tribus barbares d'Europe. Il semble donc que la pierre qui détruit la statue soit une des
Prophétie messianique annonçant la venue (le retour) du Christ qui détruira l'édifice des nations. C'est le colosse aux pieds d'argiles. Ici les pieds sont la base de la statue alors qu'ils arrivent chronologiquement en dernier. On peut noter aussi que les dix pieds pourraient correspondre aux dix cornes de la dernière bête.
L'arbre abattu
Un arbre immense est abattu et la souche entravée par des "liens de fer et de cuivre" jusqu’à ce que "sept temps" s'écoulent. Daniel annonce clairement:
"L’arbre que tu as vu, qui grandit et devint fort, (...) c’est toi, ô roi ( Nébucadnetsar), parce que (...) ta grandeur a grandi et a atteint jusqu’aux cieux, et ta domination jusqu’à l’extrémité de la terre." Ici, c'est l'orgueil du roi de Babylone qui est visé, et que Dieu châtira. Celà sert en somme à démontrer la capacité de l'Eternel à intervenir en cas d'abus du pouvoir qu'Il a consenti à ses subrogés (les puissants), et à leur rappeler la vulnérabilité de leur humaine condition.
Cet arbre abattu est un symbole majeur dans la théologie des Témoins de Jéhovah qui y voit là le moyen de connaitre le moment du retour du Christ (sous sa forme invisible Parousie) en 1914.
L'écriture sur le mur
Une écriture apparaît sur le mur lorsque le souverain
Belshatsar (fils de Nabucadnetsar) utilise les récipients sacrés des
Juifs en captivité pour boire à ses dieux. Daniel est appelé et se voit le seul capable de comprendre le sens de l'écriture: la chute de
Babylone est annoncée (mené, mené, thekel, oupharsin :
compté, compté; pesé et divisé) et se produisit la nuit même. "Voir l'écriture sur le mur" semble être devenue une expression pour signifier une crainte et une angoisse sans bornes.
Les bêtes sauvages
Quatre bêtes sauvages du même gabarit que celles identifiées dans le Livre de l'
Apocalypse montent de la mer. On peut lire en Daniel 7:3:
"(...)parce qu'elles sont quatre, il y a quatre rois qui se lèveront(...)". Ainsi les descriptions liées laissent penser qu'il s'agit bien de la succession des puissances mondiales: l'empire de
Babylone, l'empire des
Mèdes et des
Perses, la
Grèce et l'
Empire romain. Les mêmes que pour l'image immense précédemment décrite. D'ailleurs l'histoire se poursuit en parlant des dix cornes de la dernière bête. Les dix cornes sont surement une réference aux dix pieds de la statue. Certains voient dans ces dix pieds/cornes les dix
tribus germaniques à savoir : les
Alamans, les
Francs, les
Angles, les
Burgondes, les
Goths, les
Suèves, les
Lombards, les
Hérules, les
Vandales, les
Alains. Les trois cornes enlevées sont alors les goths, les vandales et les lombards qui sont trois peuples
unitaristes par la corne qui devient grande qui est alors comprise comme
l'eglise romaine trinitaire, vue par certains
protestants comme étant la
Babylone de l'
Apocalypse. Or il semble que ce
Verset soit ambigüe quant à cette approche :
- Apocalypse 17:12 : Les dix cornes que tu as vues sont dix rois, qui n’ont pas encore reçu de royaume, mais qui reçoivent autorité comme rois pendant une heure avec la bête.
Pour les
Témoins de Jéhovah, les dix cornes sont dix rois qui confient leur pouvoir à l'Antechrist pendant les temps de la fin. Les bêtes sont condamnées à mort suite à un jugement solennel.
Soixante-dix semaines
D'après l'interprétation fondamentaliste chrétienne, la véracité du livre de Daniel est attestée par les versets 9:24 et suivants
"(...) soixante-dix semaines ont été déterminées afin de mettre un terme à la trangression (...) et à partir du moment où fut donné l'ordre de reconstruire Jérusalem jusqu'à un prince oint il y a sept semaines (...) et durant soixante-deux semaines Jérusalem sera de nouveau rebâtie mais en pleine détresse des temps (...) Et après ces soixante-deux semaines, un oint sera supprimé, sans avoir , la ville et le sanctuaire seront ruinés par le peuple d'un souverain à venir; finalement celui-ci sera violemment emporté, mais jusqu'à la fin séviront la guerre et les dévastations. Pendant une semaine, il fera prédominer son alliance avec un grand nombre, et pendant une demi-semaine, il abolira sacrifices et oblations et sur le flanc d'horribles abominations, jusqu'à ce qu'un arrêt de destruction s'abatte sur l'auteur de ces horreurs. Pendant une semaine, il fera prédominer son alliance avec un grand nombre, et pendant une demi-semaine, il abolira sacrifices et". Le récit nous permet de comprendre que cette durée débute lorsque
Artaxerxès Ier laissa les juifs rebâtir
Jérusalem à la demande du prophète
Néhémie. En effet,
Jésus Christ aurait été baptisé en 29 après JC.(cette date est une hypothèse) En comptant en semaine
d'années, soit une semaine valant sept ans, les dates correspondent. Jésus Christ apparaît au début de la dernière
semaine. Un examen approfondi permet de reforcer cette explication par les évènements produits dans cette dernière
semaine. Il s'agit ici d'une prophétie annoncant la venue du Messie. Le prophète
Jérémie (chapitre 25 verset 11) fait également mention de ces
semaines.
Selon certains auteurs (William Miller), les soixante-dix semaines sont déterminées à partir de la grande chaîne prophétique des "deux mille trois cent soirs et matins" de Daniel 8:14 qui aboutissent selon la même base de calcul à la "purification du sanctuaire", c’est-à-dire au jugement et aux temps de la fin précédents la deuxième venue du Messie.
Mais plusieurs écoles s’affrontent pour rendre la signification du texte. André Lacocque, professeur au Theological Seminary de Chicago et directeur du Center for Jewish-Christian Studies a développé une vue toute autre. Avec lui d’autres commentateurs vont dans le même sens : Cornelis Vanderwaal, John E. Goldingay, and Ernest C. Lucas. Selon eux la dernière des 70 semaines d’années de Daniel se rapporte à la période qui s’étende de 171 à 164 avant notre ère, période concernant les événements entourant le meurtre du grand prêtre oint légitime Onias III en 171 avant notre ère, la profanation du Temple par le tyran grec Antochius Epiphane en 167 avant notre ère et finalement la dédicace du Temple par Judas Macchabée en 164 avant notre ère, événement marqué par la fète juive de Hanukkah. Les 7 temps du livre de Daniel.
À voir aussi :
Les preuves en faveur de la 20e année d'Artaxerxès comme point de départ des 70 semaines par Emmanuel Bertin.
Un article contre : La 20e année d'Artaxerxès et les 70 semaines du livre de Danielpar Carl Olof Jonnson
Deux rois en conflit
Les chapitres dix à douze détaillent des combats sans merci pour la suprématie entre le
roi du Nord et le
roi du Sud. Ces rois changent d'identité au fil du temps. Tout comme l'image immense et la montée des bêtes sauvages, la succession de rois s'imbrique avec les puissances connues. Tout commence par un roi fort qui voit son royaume brisé et divisé en quatre (Voir Succession d'Alexandre le Grand pour les quatre généraux). Finalement, le
roi du Sud s’oppose au
roi du Nord. A un "moment fixé", la guerre éclate de nouveau mais cette fois avec la profanation du sanctuaire de Dieu (Daniel 11:29-31). Le
roi du Nord profère des choses prodigieuses contre Dieu ; le
roi du Sud s'engage dans le combat et le livre de Daniel conclut :
"Contre le Prince des princes il se lèvera, mais c’est sans main qu’il sera brisé. Et elle est vraie, la chose vue concernant le soir et le matin, laquelle a été dite. Pour toi, tiens secrète la vision, car elle est encore pour bien des jours.".
Les aventures de Daniel
La fournaise ardente
Les trois compagnons de Daniel refusent de participer au culte de la statue géante de
Nabuchodonosor II; ils disent fermement au roi qu’ils n’adoreront pas son dieu; en réponse, ils se retrouvèrent dans un four surchauffé. Les hommes vaillants les ayant jetés sont morts par le feu de la fournaise, mais un
ange délivre les trois compagnons (Daniel 3:1-30).
La fosse aux lions
Un complot de fonctionnaires aboutit à l'instauration d'une interdiction d'adresser une prière à tout autre - dieu ou homme - qu'au roi. Bien qu'ayant compris le piège, Daniel continue de prier son Dieu
YHWH et ne cherche pas à le cacher; il est jeté dans la fosse aux
lions. Le récit nous apprend que les lions ne le touchèrent pas, à la différence des responsables du complot qui finirent aussi dans la fosse (Daniel 6:1-28).
Faits historiques
L’historien juif
Flavius Josèphe rapporte que le livre de Daniel fut montré à
Alexandre le Grand lorsqu’il marcha avec son armée contre
Jérusalem. L'histoire rapportée se passe vers 330 av. J.-C., plus de 150 ans avant la période maccabéenne. "On lui montra le livre de Daniel, où il était annoncé qu’un Grec viendrait détruire l’empire des Perses, et le roi, pensant que lui-même était par là désigné, se réjouit fort." (
Flavius Josèphe - Antiquité judaïques - Livre XI) Alexandre accorda de grandes faveurs aux Juifs, et on pense que c’est à cause de ce que Daniel avait dit de lui dans la prophétie.
Toutefois, il semble plus crédible de croire que Flavius Josèphe rapporte une légende, car le pays d’Israël fit lui aussi partie du territoire conquis par Alexandre, mais il ne se battit pas contre les Israélites pour l’obtenir. À l’époque d’Alexandre, les Israélites avaient été déjà vaincus par les Assyriens puis par les Babyloniens, puis finalement par les Perses qui, à leur tour, furent vaincus par les Grecs d’Alexandre. Ils ne purent donc pas affronter Alexandre, car leurs forces militaires étaient devenues inexistantes à la suite des diverses déportations. De plus, suivant le récit, Alexandre le Grand se prosterne directement devant le grand-prêtre portant le nom de Dieu sur sa tiare, ce qui est une image en complète contradiction avec les historiens qui nous rapportent un chef de guerre païen, violent et determiné.
Si Flavius Josèphe parle de certains livres sacrés des Juifs, il n'aborde jamais leurs dates de composition, ni le nom de ceux qui sont présents dans le Canon.(Canon (Bible) juive fixé en 90 ap. J.-C. à Yabneh/Jamnia). Ce que nous savons c'est que Flavius Josephe était un pharisien qui suivait la pensée de l'école de Hillel Hazaken pour la sélection des livres dits sacrés. Avant le Ier siècle, il n'y a pas de trace d'un canon hébraîque fixe De plus, on constate dans les écrits de Flavius Josèphe que la longue période qui s'étend entre Néhémie et l'insurrection des Macchabées, sont traitées de la façon la plus insuffisante. Ce qui n'était pas d'ailleurs le but des écrits de Flavius Josèphe. Il n'y a donc pas lieu d'y voir une preuve historique de la période de la rédaction du livre de Daniel.
Articles connexes
Liens externes
Références