Un certain William Lynch (1736-1796), « patriote » de Virginie, décida de « réformer » la façon dont la justice était appliquée dans sa région durant les prolégomènes de la guerre d'indépendance.
Juge de paix, il instaura des Procès expéditifs menant parfois à des exécutions sommaires à l'encontre des défenseurs de la couronne britannique. Il réunissait la Cour, recrutait les jurés et présidait à l'Exécution. Quand la cour devait ajourner, le prisonnier était exécuté. La « loi de Lynch » se répandit dans les territoires de l'Ouest américain et s'y développa jusqu'à l'établissement et la consolidation de l'état de droit. Ses méthodes expéditives et les erreurs judiciaires furent couvertes par la Cour suprême. Lynch devint ensuite sénateur et mourut respecté de tous. Jusqu'en 1911 , en Caroline du Nord on considérait ces méthodes comme bénéfiques.
La « loi de Lynch » donna naissance au mot lynchage, vers 1837, qui désigne un déferlement de haine raciale à l'encontre des Indiens, particulièrement en Nouvelle-Angleterre en dépit des lois qui les protégeaient, comme à l'endroit des noirs poursuivis par des Comités de vigilance, qui donneront naissance au Ku Klux Klan. Dans le Sud des États-Unis, le mépris de règles de procédure considérées comme favorables aux criminels est renforcé par l'hostilité au gouvernement fédéral.
Discussion sur les origines
Malgré les deux origines possibles, à savoir
Charles ou
John ou
William Lynch ou le nom du comté de Lynch Creek, on trouve des procédés de justice expéditive similaire au
XIXe siècle en
Irlande et en
Russie, qui consistent à faire subir une peine mineure à un suspect sans examen des faits devant un quelconque
Tribunal constitué selon les règles de procédures conformémént à la
loi en vigueur.
D'aucuns voient une origine de ce procédé d'exception dans :
- la procédure dite Vehmgerichte du Moyen Âge allemand,
- les procédures dites Lydford law, loi du gibet ou Halifax law, Cowper justice et Jeddart justice en Grande-Bretagne durant la période révolutionnaire, qui se caractérisaient par le fait qu'une partie de la Communauté prenne en main la Justice et la mette en oeuvre selon sa propre interprétation en dépit des lois du royaume.
Toutefois, c'est la sanction de Peine de mort par Pendaison et quasiment sans jugement qui retint une telle dénomination.
Historique
De
1882 à
1951 : 4 700 hommes, femmes et enfants - pratiquement une personne par semaine pendant quatre-vingts ans - furent ainsi victimes de ces pratiques aux
États-Unis, perpétrées au nom d'une
loi non écrite. Parmi ceux-ci, deux couples furent assassinés le
25 juillet 1946 à Monroe, dans le comté de Walton, en
Géorgie. Leurs meurtriers échappèrent à la justice… Aujourd'hui, les descendants des lynchés, regroupés au sein d'une association, demandent des comptes à leur pays afin d'obtenir réparation.
Victor Hugo, dans
Les Misérables l'évoque ainsi à propos de la Révolution de Juillet :
« Le zèle parfois allait jusqu'à l'extermination. Tel peloton de gardes nationaux se constituait de son autorité privée conseil de guerre et jugeait et exécutait en cinq minutes un insurgé prisonnier. C'est une improvisation de cette sorte qui avait tué Jean Prouvaire. Féroce loi de Lynch, qu'aucun parti n'a le droit de reprocher aux autres, car elle est appliquée par la République en Amérique comme par la Monarchie en Europe. Cette loi de Lynch se compliquait de méprises. Un jour d'émeute, un jeune poète, nommé Paul-Aimé Garnier, fut poursuivi Place Royale, la baïonnette aux reins, et n'échappa qu'en se réfugiant sous la porte cochère du numéro 6. On criait : « En voilà encore un de ces Saint-Simoniens ! » et l'on voulait le tuer. Or, il avait sous le bras un volume des mémoires du duc de Saint-Simon. Un garde national avait lu sur ce livre le mot : Saint-Simon, et avait crié : « À mort ! » » - Victor Hugo, cité par Augustin Chevalier, « La loi de Lynch, récit de moeurs anglaises », extrait de la Revue des Deux Mondes, 15 décembre 1876)
Les
westerns traitent généralement des rapports de l'individu citoyen et de l'
État de droit selon une thématique bien rôdée : la culpabilité, la mise en accusation, la nécessité de justice. Sans humanisme aveugle ni dénonciation mécanique des institutions, ils explorent un rapport ambivalent dans lequel l'organisation communautaire peut aussi bien persécuter l'homme que le libérer quand l'engrenage hystérique des logiques de masse conduit les plus notables, mais aussi n'importe qui, voire chacun, à oublier les principes de la justice et de la citoyenneté.
- Fury (Furie) : (États-Unis, 1936, durée : 90 min) réalisateur : Fritz Lang ; scénario : Fritz Lang et Bartlett Cormack d'après Mob Rule de Norman Krasna ; interprètes: Spencer Tracy (Joe Wilson), Sylvia Sidney (Katryn), Bruce Cabot (Dawson), Edward Ellis (le Shérif) ; producteurs : Joseph Mankiewicz et la MGM.
- La Loi de Lynch 52 min. Auteur(s) : Christophe Weber. Réalisation : Christophe Weber Produit par : Arnaud Hamelin Production…
- Hang'em high (Pendez-les haut et court) : (États-Unis, 1968, durée : 114 min) réalisateur : Ted Post ; scénariste : Leonard Freeman & Mel Goldberg ; acteurs : Clint Eastwood, Ed Begley, Pat Hingle, Dennis Hopper.
La chanson
Strange Fruit, interprétée par
Billie Holiday à partir de
1939, a contribué à rappeller à l'opinion publique que la pratique du lynchage continuait.
Dans les
Années 1930, le
New dance group se bat contre la ségrégation et dénonce le lynchage des Noirs dans le Sud.
Notes et références de l'article
Voir aussi
Articles connexes
- Philosophie politique
- Présomption d'innocence
- Supplice du goudron et des plumes