.
Il dirige la répression des routiers, et fait face à des insurrections urbaines en Languedoc. Devenu impopulaire, il est destitué de sa lieutenance à la suite d’une plainte des villes de Languedoc en mai 1380.
Louis est né à Vincennes le 23 juillet 1339. Il est le quatrième enfant et le deuxième fils du roi Jean le Bon et de Bonne de Luxembourg. Il est éduqué à la cour avec une bande d'enfants d'âge similaire dont il restera proche : Philippe d'Orléans son oncle, ses frères Charles, Jean et Philippe, Louis de Bourbon, Édouard et Robert de Bar, Godefroy de Brabant,Louis d'Étampes , Louis d'Évreux (frère de Charles le Mauvais), Jean et Charles d'Artois, Charles d'Alençon et Philippe de Rouvre.
Son précepteur est probablement Sylvestre de la Servelle qui lui inculque le latin et la grammaire. Sa mère et sa grand-mère paternelle meurent de la peste en 1349. Son grand-père, Philippe VI, décède peu après en 1350.
Il est fait chevalier avec son frère Charles lors du couronnement de leur père Jean le Bon, le 26 septembre 1350, à Reims.
En mars 1354, il est utilisé comme otage pour garantir la venue de Charles de Navarre qui en vertu du Traité de Mantes doit venir demander pardon au roi pour l'assassinat de son favori: Charles de La Cerda .
Charles le Mauvais qui au traité de Mantes a reçu de nombreuses places fortes en vallée de seine et qui en tant que chef de file du parti réformateur et prétendant à la couronne de France est un véritable danger pour les Valois. Jean le Bon est averti du complot de partage du pays, qu'il a ourdi avec les Anglais à Avignon, et se décide à le mettre hors d'état de nuire. Le 5 avril 1356, le dauphin et duc de Normandie a convié en son château de Rouen toute la noblesse de la province, à commencer par le comte d'Évreux, Charles le Mauvais. Le roi rassemble ses proches: son frère Philippe d'Orléans, son fils cadet Louis d'Anjou, ses cousins d'Artois forment une escorte menaçante et une centaine de cavaliers. Le roi et ses proches procèdent à l'arrestation violente de Charles de Navarre et de ses complices dans l'assassinat de Charles de La Cerda en plein fête sous les yeux du Dauphin. Aussitôt Philippe de Navarre active l'alliance Anglo-Navarraise: La guerre est relancée Anglais et Navarrais se lancent dans une guerre de pillage.
Guerre civile
Bataille de Poitiers
Article détaillé : . Une de ces
chevauchées anglaises est interceptée près de Poitiers. Louis d'Anjou est présent lors de la bataille, il fait partie de la première bataille sous le commandement de
Charles son ainé, le Duc de Normandie. Il y a à ses cotés outre la chevalerie normande, Jean de Berry et quelques combattants de valeur Jean de Landas, Thomas de Voudenay et le sire de Saint-Venant qui sont ici pour protéger les jeunes princes. Mais l'
Arc long anglais est encore décisif et l'avant-garde française est décimée par les tirs des archers anglais protégés par des haies. Les chevaux étant non protégés et vulnérables aux tirs, le roi décide de charger à pied. Il existe, pour l'armée qui relevait du ban féodal, le droit reconnu par l'ordonnance royale du 30 avril
1351, pour les seigneurs bannerets, de se
départir (se dégager) d'une bataille jugée perdue et inutile à poursuivre. Ce départ doit se faire par délibération d'une même bannière et en ordre. Il ne se confond pas avec la fuite, mais s'explique par le souci d'éviter de se faire prisonnier et de verser une rançon qui coûtait fort cher. Il est prescrit de prévenir de son départ.
Alors que le roi n'a pas encore donné l'assaut avec le gros de ses troupes, celles-ci l'abandonnent. Jean II le Bon pense alors que la défaite est possible, et sauve ses fils, le Dauphin Charles, Jean et Louis, en les envoyant à Chauvigny. Louis quitte donc le champ de bataille et n'est donc pas fait prisonnier comme son père et son frère Philippe.
Retour à Paris
Article détaillé : . Le retour à Paris des jeunes princes est difficile. Louis n'a que 16 ans et son frère aîné Charles seulement 18. Ils ont peu de prestige personnel (d'autant qu'ils ont quitté le champ de bataille de Poitiers contrairement à leur père et leur frère Philippe le Hardi), peu d'expérience et doivent porter sur leurs épaules le discrédit des Valois. Charles s'entoure des membres du
Conseil du roi de son père, qui sont très décriés.
Les États généraux se réunissent le 17 octobre 1356. Le dauphin, très affaibli, va se heurter à une forte opposition comprenant Étienne Marcel qui est à la tête de la bourgeoisie, et allié avec les amis de Charles II de Navarre, dit Charles le Mauvais, regroupés autour de l'évêque de Laon, Robert Le Coq. Les États généraux, déclarent le dauphin lieutenant du roi et défenseur du royaume en l’absence de son père et lui adjoignent un conseil de douze représentants de chaque ordre. Les États exigent la destitution des conseillers les plus compromis (honnis pour avoir brutalement dévalué la monnaie à plusieurs reprises), la capacité à élire un conseil qui assistera le roi ainsi que la libération du Navarrais. Le dauphin proche des idées réformatrices n'est pas contre l'octroi d'un rôle plus important des États dans le contrôle de la monarchie. En revanche, la libération de Charles de Navarre est inacceptable car elle mettrait fin au règne des Valois. Pas assez puissant pour pouvoir refuser d'emblée ces propositions, le dauphin ajourne sa réponse (prétextant l'arrivée de messagers de son père), congédie les États généraux et quitte Paris, son frère Louis le futur duc d’Anjou réglant les affaires courantes. Les États généraux sont prorogés et seront convoqués de nouveau le 3 février 1357.
Avant de partir pour Metz, rendre hommage à son oncle l'empereur Charles IV pour le Dauphiné , et aussi pour obtenir son soutien diplomatique, le dauphin publie, le 10 décembre 1356, une ordonnance donnant cours à une nouvelle monnaie, ce qui lui permettrait de remplir ses caisses sans passer par les États. Il s'agit cette fois d'un renforcement monétaire de 25%, ce qui avantage les propriétaires fonciers, c'est à dire la noblesse, le clergé et le patriciat urbain (qui possède une bonne partie de l'immobilier des grandes villes) donc les catégories sociales représentées aux états. Cela provoque une levée de boucliers de la population parisienne qui voit ses loyers croître de 25%. Étienne Marcel a choisi le parti des compagnons et des boutiquiers contre la grande bourgeoisie et les spéculateurs qu'il tient pour responsables de ses malheurs dans la succession de Pierre des Essars. Il devient maître de la rue. Des échauffourées éclatent et Étienne Marcel fait pression sur Louis d’Anjou resté à Paris pendant que son frère est à Metz. Louis gagne du temps malgré la pression mise par Étienne Marcel. A son retour le Dauphin préfère céder plutôt que Paris soit mise à feu et à sang et il révoque l’ordonnance et rappelle les États généraux.
À son retour en mars 1357, le dauphin accepte la promulgation de la « grande ordonnance », esquisse d'une monarchie contrôlée et vaste plan de réorganisation administrative, mais obtient le maintien en captivité de Charles de Navarre. Une commission d'épuration doit destituer et condamner les fonctionnaires fautifs (et particulièrement les collecteurs d'impôts indélicats) et confisquer leurs biens. 9 conseillers du dauphin sont révoqués (Étienne Marcel tient sa vengeance contre Robert de Lorris). Six représentants des États entrent au conseil du roi qui devient un conseil de tutelle. L'administration royale est surveillée de près : les finances, et particulièrement les mutations monétaires et les subsides extraordinaires, sont contrôlées par les États.
Pour le reste, Louis reste à l'écart des évènements parisiens et réussi en 1356 à se faire rédiger une lettre royale lui faisant donation de la ville de Montpellier. Mais les vives protestations de la ville, conduisent Jean le Bon à casser l'acte en 1358.
Jacqueries
Article détaillé : . Une monarchie contrôlée est mise en place avec l'assentiment du dauphin. Mais celà ne suffit pas aux réformateurs, car ces changements pourraient être révoqués en cas de libération de
Jean le Bon. Ils font libérer Charles le Mauvais le 9 Novembre 1357. Le dauphin, obligé de réhabiliter son cousin, manoeuvre pour l'empêcher de prendre le pouvoir et lève une armée qu'il fait camper aux portes de Paris. Profitant de l'annonce de la signature du premier traité de Londres qui donne 1/3 du territoire aux Anglais, Étienne Marcel déclenche une insurrection et fait exécuter les maréchaux qui commandent cette armée sous les yeux du dauphin. Ce dernier, utilise cet assassinat pour mobiliser la noblesse contre les Parisiens et lève une armée qui organise l'encerclement de Paris. Louis d'Anjou est mis à l'abri à l'écart de Paris dans la forteresse du marché de Meaux avec les autres membres de la famille du Dauphin. Il se retrouve assiégé par les Jacques assistés d'un contingent de parisien envoyés par Étienne Marcel,. Mais l'assaut tourne court: Les insurgés sont balayés par une charge de cavalerie lancée à bout portant et menée par le
Captal de Buch et Gaston Phébus. En parallèle les
Jacques sont défaits à Mello par Charles le Mauvais qui doit reprendre la main ayant été évincé lors du meurtre des maréchaux. Le Navarrais rentre donc à Paris se poser comme leader du parti réformateur, mais la noblesse ne le suit pas. Un mouvement de défiance des Parisiens contre les mercenaires anglais de Charles de Navarre entraine l'assassinat d'
Étienne Marcel et la reprise en main du pouvoir par le dauphin. Au total, pendant cette période le rôle de Louis semble avoir été relativement effacé.
Mariage
Louis fait une fois de plus preuve de son esprit d'indépendance en se mariant, le 8 juillet 1360, sans aucune autorisation avec
Marie de Chatillon alors qu'il était promis à une fille du roi d'Aragon. Marie est belle et est un bon parti car elle ouvre sur des droits à la succession de Bretagne, mais
Jean le Bon et ses conseillers doivent déployer des trésors de diplomatie pour atténuer l'outrage fait à
Pierre le Cérémonieux.
Captivité en Angleterre
Otage en garantie de l'exécution du traité de Brétigny
Le roi est finalement libéré contre une rançon de 3 millions d'écus et la cession de toute l'Aquitaine aux Anglais (1/3 du territoire). En 1361, Louis est envoyé à Londres avec son jeune frère
Jean de Berry, son oncle
Philippe d'Orléans et son cousin
Louis de Bourbon comme otage pour garantir l'exécution du
Traité de Brétigny. Les conditions d'incarcération sont peu contraignantes et les jeunes princes peuvent circuler à leur guise sur le territoire anglais par contre contrairement aux autres otages ces princes de sang royal ne peuvent être
rechangés c'est à dire remplacés par roulement comme les autres otages.
Duc d'Anjou et du Maine
Louis qui est juste marié et son jeune frère Jean n'ont évidemment aucune envie d'aller en Angleterre. Aussi Jean le Bon doit calmer ses fils impétueux. Il décide de leur confier des
apanages. Ceci correspond aussi à une volonté politique, car la superficie du domaine royal pose des problèmes de gouvernance compte tenu des capacité de communications de l'époque. Or le roi et ses conseillers qui ont été incarcéré en Guyenne puis à Londres, ont pu juger des avantages que conférait la gestion décentralisée de la principauté d'Aquitaine. Dès lors Jean le Bon décide de diviser le royaume en principautés qu’il confie à ses fils. Charles est déjà dépositaire du
Duché de Normandie. Louis reçoit l’
Anjou et le Maine qui sont élevés au rang de duché-pairie en 1360, Jean le
Berry et Philippe la Touraine puis en 1363 la
Bourgogne. En décembre 1360, Jean le Bon révoque toutes les aliénations du domaine royal faites depuis Philippe le Bel hormis celles effectuées au bénéfice de ses fils, ce qui permet de rapprocher les apanages de la famille proche du roi.
L'évasion
La situation économique en France est catastrophique : le pays est mis en coupe réglée par les
Grandes compagnies et le roi Jean est bien en peine de payer sa faramineuse rançon. Aussi Louis, qui est jeune marié s'impatiente et s'enfuit rompant le serment qu'il a fait lors de sa venue à Londres. Il obtient la permission d'aller en pèlerinage à Notre Dame de Boulogne ou l'attend sa jeune épouse. Il est théoriquement lié par un serment et est accompagné d'une escorte anglaise, mais il s'en débarrasse dès qu'il a posé le pied sur le continent. Il s'enfuit avec son épouse pour le
Château de Guise tout proche qui lui appartient et qui est à la frontière avec l'empire. Le jeune prince peut ainsi se réfugier chez son oncle l'empereur Charles IV au cas où le roi serait dans l'obligation de le renvoyer en Angleterre pour respecter les clauses du
Traité de Brétigny. Charles V ayant lui même été en pèlerinage à Notre Dame de Boulogne un an plus tôt et connaissant ses liens avec l'empereur, il est probable que le dauphin est lui-même l'organisateur de l'évasion de Louis. Mis devant le fait accompli, Jean le Bon prends sur lui et via remplacer lui-même son fils comme otage et meurt à Londres en 1364.
Le Dauphiné
En 1364 Charles V n'a pas d'héritier mâle. Louis d'Anjou toujours aussi direct demande donc le Dauphiné à son frère se rapellant ainsi qu'il est héritier le plus direct à la couronne. Charles est courroucé par la manoeuvre, mais agit comme à son habitude avec sagesse. il promet par écrit à son frère de lui confier la Touraine au cas ou un fils naissant louis serait écarté de la succession du trône et donc du Dauphiné.
Le chef de guerre
Au vu de la supériorité tactique que confère aux Anglais l'
arc long, le roi décide de ne plus risquer le royaume dans d'aléatoires batailles rangées où il pourrait être capturé comme son père à Poitiers. Il confie donc la conduite des armées à des capitaine chevronnés et à ses frères. Des 3 frères de Charles V c'est Louis qui a la plus brillante carrière militaire. Il est l'un des principaux artisans de le reconquète des territoires concédés par son père au
Traité de Brétigny.
Lutte contre les Grandes compagnies
Lors de son retour de captivité qui coïncide avec le couronnement de son frère, l'urgence est de se débarrasser des
compagnies qui saignent le pays. Les Valois doivent faire comprendre que le royaume n’est plus un havre pour les pillards. Charles traite le problème avec la plus grande rigueur et fermeté : il fait appliquer la loi et ne négocie pas avec les truands. La politique des
apanages a été imaginée comme une décentralisation pour améliorer la gestion des provinces éloignées de la capitale. Ces dernières sont possédées par la famille proche du roi et reviennent à la couronne en l'absence d'héritier mâle, ce qui évite d'en perdre le contrôle après un mariage. Avec Charles V, les princes reçoivent leurs finances des impôts permanents récoltés par le roi, ce qui permet à celui-ci de les garder théoriquement sous contrôle.
Le roi et ses frères organisent la réponse militaire au sein de chaque principauté. C’est rapidement tout le pays qui s’organise contre les compagnies. Chevaliers, villes, paysans envoient des contingents. Les routiers français sont exécutés et les étrangers de quelque valeur soumis à rançon.
Une fois que la situation des compagnies est devenue inconfortable sur le sol français, Charles V confie à Bertrand du Guesclin la mission d’emmener celles qui restent combattre en Castille pour le compte de son allié Henri de Trastamare. Cela a un double effet : débarrassée des compagnies l’économie du pays se relance et il entraîne bientôt le prince de Galles dans un conflit ruineux contre son allié. En décembre 1367, revenu victorieux de Castille mais exsangue, ce dernier lâche ses mercenaires aux frontières de la Guyenne. Marchant sur Paris, ces derniers sont repoussés par les Français. Mais cet acte, considéré comme un casus belli, va relancer la guerre.
Article détaillé : .
Reconquète
Grâce à sa gestion des appels gascons, Charles V a su se rallier une grande partie de l'Aquitaine. Le comte d'Armagnac tenant la majeure partie des forteresses sur ses terres, il ne reste à rallier que quelques villes craignant des représailles des sénéchaux anglais, mais toutes finissent par accepter les conditions de plus en plus avantageuses offertes par les envoyés du roi (
Jean de Berry, Louis d'Anjou et la noblesse gasconne déjà ralliée qui bat le pays). Le roi de France prend soin d'entretenir le patriotisme des régions libérées par l'octroi de nombreux privilèges et plus particulièrement de l'anoblissement, la noblesse française ayant été décimée par la
peste,
Crécy et Poitiers. De même la reconquète se fait grandement par le retournement des villes d'Aquitaine souvent monnayé contre des promesses de fiscalité plus légère. En quelques mois plus de soixante villes rallient les français.
Millau cède en dernier en décembre après avoir obtenu du roi de France une exemption fiscale de 20 ans. Quelques garnisons anglaises subsistent, mais leur isolement ne leur permet pas de tenir le terrain, Louis d'Anjou progresse en Guyenne pendant que Jean de Berry contient les Anglais en
Poitou à
La Roche-sur-Yon.
Pendant ce temps, au nord, le Ponthieu est repris en une semaine. Le 29 avril Abbeville ouvre ses portes à Hue de Chatillon maître des arbalétriers et les jours suivants les localités voisines reviennent sous l'autorité du roi de France qui confirme leurs privilèges.
En mars 1373, c'est une véritable armée qui débarque à Saint-Malo: 2 000 hommes d'armes et 2 000 archers sous les ordres du comte de Salisburys. Pour une telle opération l'accord du duc est indispensable. C'est un casus belli et Charles V donne l'ordre d'attaquer. Son armée entre en Bretagne avec l'appui d'une bonne partie de la noblesse qui s'enrôle massivement sous la bannière de Bertrand du Guesclin. Le connétable avec 14 000 hommes marche droit sur Rennes, Fougères, Dinan, Saint-Brieuc, Morlaix, Quimper, Vannes, Josselin... En deux mois la quasi-totalité du duché est occupée. À la saint Jean, les Anglais balayés ne tiennent plus que Brest, Auray,Bécherel et la forteresse de Derval. En disgrâce, Jean IV de Bretagne se voit interdire l'accès de ses châteaux par ses propres sujets. Il quitte la Bretagne dès le 28 avril. Il revient en France avec le duc de Lancastre pour une Chevauchée partie de Calais qui, confrontée à la tactique de la Terre Déserte, se termine en fiasco. Le duché de Bretagne est confié à Louis d'Anjou.
1377: Offensive maritime et terrestre
Jean de Vienne réorganise la flotte (il remplace Aimery de Narbonne en décembre 1373). Il nomme un maître du clos des galères qui a en charge l’achat, la construction et l’entretien des navires dans tous les ports royaux. En 1377, la flotte royale compte 120 navires de guerre dont 35 vaisseaux de haut bord équipés d’artillerie lourde (contre seulement 10 en 1376). En 1379, elle compte 21 navires de plus, auxquels il faut ajouter 8 galères castillanes et 5 portugaises. Il instaure une stratégie de raids côtiers dévastateurs qui sont le pendant maritime des
chevauchées anglaises. De 1377 à 1380 une dizaine de ports anglais dont Rye, Hastings, Darmouth, Plymouth, Wight, Winchelsea, Lewes, Portsmouth ou Yarmouth subissent des raids franco-castillans. Londres est mise en état d’alerte à plusieurs reprises. Mais comme les chevauchées, ces raids, s'ils permettent de peser sur l'économie adverse et sur le moral des populations, ne permettent pas de reprendre du terrain à l'adversaire.
Dans la pratique, la trêve de Bruges se termine à la Saint-Jean 1377 et les Anglais sont immédiatement attaqués sur tous les fronts : par mer (avec un premier raid en juillet et un deuxième en août), en Bretagne et en Guyenne. Louis d'Anjou et du Gesclin à la tête chacun d'une armée progressant sur une rive de la Garonne, reprennent Bergerac, Libourne ,Saint-Émilion et Blaye. Mais, bousculés les Anglais parviennent à tenir leurs ports et restent maitres de Calais, Brest, Cherbourg, Bordeaux et Bayonne : ils restent capables de débarquer quand bon leur semble.
Révolte contre les impôts en Languedoc
En 1379, le Languedoc se révolte contre les impôts devenus de plus en plus lourds. En effet la diminution de la démographie entraîne une hausse des taxes : un
Fouage de 12 francs par foyer est décidé. Les consuls de Louis d'Anjou qui a la charge d'administrer le Languedoc se conduisent en pays conquis. La province qui est l'une des dernière soumises à l'action des Grandes compagnies qui tiennent encore quelques forteresses du Massif central, n'est plus aussi opulente qu'au début de la guerre de Cent Ans et le prix demandé semble exorbitant.
Mécontents de l'action de leurs deux représentants aux états généraux les Nîmois envoient deux nouveaux députés pour signifier à Louis d'Anjou qu'ils ne payeront pas cet impôt. Celui-ci répond en emprisonnant les deux envoyés, mais, retenu en Bretagne où il doit contrôler la fronde des barons bretons, il ne peut se rendre lui-même en Languedoc. Les Nîmois s'adressent alors directement au roi (août 1379). Mais le 21 octobre une commission ducale arrive dans la province déclenchant une émeute pendant laquelle sont massacrés les commissaires de Louis d'Anjou (il y a 80 morts et seul un commissaire est survivant). Le duc réagit par une démonstration de force : le 24 janvier 1380, les Nîmois doivent supplier publiquement sa clémence sur un échafaud (il les a fait condamner à mort) pour qu'il commue leur peine en une amende de 130 000 francs.
Charles est lui plus clément. Il institue l'appel contre les abus, crée la Chambre du Trésor, supprime des impôts lourds en 1379 par soucis d'apaisement
Gouvernement des Oncles
La politique des
apanages a été imaginée comme une décentralisation pour améliorer la gestion des provinces éloignées de la capitale. Ces dernières sont possédées par des familles proches du roi et reviennent à la couronne en l'absence d'héritier mâle, ce qui évite d'en perdre le contrôle après un mariage. Les princes reçoivent leurs finances des impôts permanents récoltés par le roi, ce qui permet à celui-ci de les garder théoriquement sous contrôle. C'est dans cet esprit que Charles V fixe en 1374, la majorité des rois à quatorze ans, afin que son fils Charles VI prenne le pouvoir et que l'équilibre ne se rompe. Prévoyant la possibilité que son fils ne soit pas assez âgé pour gouverner, il met en place un système pour que ses frères ne puissent accaparer le pouvoir. La reine a la garde des enfants royaux, mais elle n'a pas le gouvernement du royaume. L'aîné, le duc d'Anjou, a le gouvernement, mais pas les finances. La plus grande partie des revenus royaux est affectée aux enfants et donc à la Reine. Tout mariage des enfants ne peut se faire qu'après accord d'un conseil de tutelle comprenant les frères de Charles V, son cousin et beau-frère Louis de Bourbon et la reine. Ce conseil est assisté par des fidèles conseillers de Charles V.
Mais, à sa mort en 1380, son fils Charles VI est mineur; jusqu'en 1388, ce sont ses oncles qui se partagent la régence et donc les recettes fiscales. Dès lors, leurs principautés deviennent indépendantes de fait. Théoriquement la régence aurait du échoir à Louis et la garde des enfants à Philippe. Louis se montre gourmand et détourne le trésor royal. Ses frères et cousins le poussent à faire reconnaitre la majorité du roi le 2 Octobre. Charles VI est sacré en novembre : la régence n'aura duré que 2 mois. Le 30 Novembre 1380 est mis sur pied un système collégial de gouvernement. Les oncles ont la direction du Conseil pour lequel ils choisissent 12 membres. Louis de par son droit d'aînesse en a la présidence. De fait, Philippe de Bourgogne est occupé par les affaires de Flandre, Jean de Berry doit gérer son immense apanage qui représente le tiers du royaume. Louis d'Anjou garde donc les mains libres.
Révolte des Tuchins
Article détaillé : . À partir de
1367, les ambitions de
Louis d'Anjou en Provence constituent un nouveau danger. Ainsi du 11 avril au 1
er mai
1368, la ville est assiégée sans succès par des troupes conduites par
Bertrand du Guesclin qui représente les intérêts de Louis d'Anjou en Provence
,. À l'automne
1380, l'adoption de Louis d'Anjou par la
reine Jeanne met toute la Provence en émoi. La Provence est coupée en deux : d'un côté les partisans de Louis d'Anjou conduits par les villes de
Marseille et d'Arles, de l'autre ceux de Charles Duras regroupés autour des villes d'
Aix,
Nice et Tarascon. De
1382 à
1387, pendant ces troubles appelés guerre de l
Union d'Aix, la confusion est à son comble. À compléter… . L'épisode le plus dramatique pour Arles se déroule en 1384. Au printemps de cette année, le chef tuschin allié de Charles Duras, Étienne Augier plus connu sous le nom de Ferragut, s’installe dans les Alpilles et fait régner la terreur jusqu'au Rhône et Arles qu'il prend le 24 juillet avec des complicités internes. Le viguier de la ville est tué. Après quelques heures de troubles, les habitants se révoltent contre les Tuchins et les chassent de la cité. Le lendemain, une répression sévère est menée contre leurs partisans. Toutefois, la ville d’Arles, prudente, attend le sort des armes avant de s’engager. Ainsi ce n’est qu’après plusieurs mois d’atermoiements que la cité accueille dans ses murs le 9 décembre
1384, Marie de Blois et
Louis II son fils. Après avoir négocié des contreparties et établi une nouvelle convention (
1385), Arles reconnaît alors ce dernier comme son nouveau seigneur.
Enfin, un dernier conflit surgit en 1389 quand Raimond Roger de Beaufort, vicomte de Turenne et neveu et petit-neveu des papes Grégoire XI et Clément VI, reprend les armes et depuis ses châteaux des Baux et de Roquemantine, fait régner la terreur dans la Provence occidentale; Arles est rançonnée deux fois, en 1392 et 1396. Finalement les Arlésiens se mobilisent et avec l'aide de Louis II et son frère Charles de Tarente de retour de Naples en août 1399, pacifient définitivement le comté entre 1398 et 1399.
Grand schisme d'Occident et les aventures italiennes
Article détaillé : .Depuis 1378 l'Italie est déchirée par la lutte des deux papes issus du grand schisme. Les Français soutiennent Clément VII qui siège à Avignon contre Urbain VI qui siège à Rome. Dans un premier temps Clément VII est victorieux : il prend le Château Saint-Ange à la tête de 2000 Bretons et s'empare de Rome. Jeanne de Naples qui depuis 25 ans soutient le pape contre les Visconti et les autres représentants du parti gibelin, se prononce pour lui, lui avance 64 000 florins et fait arrêter les représentants d'Urbain VI à Naples. Ce dernier recrute des Tard-Venus, reprend la ville et fait juger Jeanne pour hérésie puis l'excommunie. Clément VII doit fuir l'Italie et se réfugier en Avignon. Urbain VI encourage alors les grands oncles Angevins de Jeanne qui contestent sa couronne depuis son couronnement en 1343 : le roi de Hongrie, le duc d'Andria et Charles III de Duras,. Se trouvant dans une situation critique, Jeanne fait appel à Clément VII qui lui conseille d'avoir recours à Louis d'Anjou. En échange de son aide elle l'adopte le 29 juin1380 à la place de Charles III de Duras. Cette accord réalise les ambitions que le duc d'Anjou nourrit depuis longtemps. Charles III n'hésite alors plus et en novembre 1380 descend vers Naples à la tête d'une armée composée surtout de Hongrois. En juin 1381, Charles de Duras est investi roi de Naples, sous le nom de Charles III, par le pape Urbain VI.
Louis Ierd'Anjou ne mesurant peut-être pas la gravité de la situation du royaume de Naples n'intervient pas immédiatement, trop occupé par la succession de son frère Charles V décédé alors que Charles VI n'a que 8 ans.
Otton de Brunswick, le mari de Jeanne de Naples, ne dispose que de maigres forces et ne peut arrêter les troupes de Charles III qui franchissent les frontières du royaume de Naples le 28 juin 1381. Le 16 juillet 1381, Charles de Duras pénètre dans Naples et assiège la reine retirée dans le Château-Neuf. Ne recevant aucun secours, elle capitule le 25 août 1381 et est placée en détention au Château de l'Oeuf, puis à celui de Nocera. Le 27 juillet 1382, il fait étouffer Jeanne dans sa prison.
En septembre 1382 Louis d'Anjou débarque enfin à L'Aquila, il est couronné roi de Naples par Clément VII, sans pouvoir chasser Charles de Duras et meurt en 1384 laissant la Provence à son fils Louis II d'Anjou, âgé de 7 ans. La régence est assurée par sa veuve, Marie de Blois. Charles de Duras est lui assassiné à Buda en 1386 pour s'être mêlé de la succession de Hongrie ,.
Notes et références
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