Louis Vauxcelles, né en 1870 est un des critiques d'art les plus influents du début du XXe siècle. Il donnera son nom au Fauvisme et plus tard au Cubisme.
D'un esprit très conservateur, il ne comprit jamais les démarches avant-gardistes, et tenta avec acharnement de discréditer la cause cubiste. De son vrai nom Louis Mayer, il contribue à divers journaux dont L'Art et la Vie, avant de tenir, à partir de 1904, la rubrique artistique du Gil Blas, où il publie des "papiers" sur les expositions parisiennes. C'est de ses assertions dans ce quotidien que naît l'appellation du Fauvisme (« Mais c'est Donatello parmi les Fauves », octobre 1905), puis du cubisme (« M Braque réduit tout, sites figures maisons, à des schémas géométriques, à des cubes », novembre 1908). Son rejet de toute innovation le conduit à émettre des critiques acerbes qui font souvent passer l'analyse au second plan. Qualifiant Fernand Léger de « Tubiste » suite au salon des Indépendants de 1911, il n'est pas moins décontenancé par l'exposition de la Section d'or et Le Roi et la Reine entourés de nus vite par Marcel Duchamp qui lui font dire : « le cubiste traversé ou non par des nus en vitesse, c'est Chocarne-Moreau un peu "bu" » (cité par Cabanne). Picasso fut sans doute le moins épargné, bien que Vauxcelles ne connaisse pas ses oeuvres : « J'ai crainte que le mystère dont s'entoure Picasso ne serve sa légende. Qu'il fasse une exposition nous le jugerons. André Salmon le compare à Goethe. C'est bien grave... » (Les Arts, 1912). Et suite aux expositions du Salon des Indépendants et d'automne de 1911, il traite celui-ci de « Ubu-Kub », insunuant que sa peinture est « une entreprise dirigée par les Allemands, contre la peinture française » (Daix). Ce à quoi Picasso répond par le Bouillon Kub en 1912. Intraitable, Vauxcelles fut à l'origine d'une rumeur qui laissait entendre que le Cubisme n'est que l'application des idées de vulgarisation sur la géométrique non-euclidienne et les théories de Riemann émises par Maurice Princet : « le cubisme, enfant de M Princet, était né » (cité par L. Henderson).