Louis-Joseph Lebret (
1897 –
1966) est un
Dominicain français, il créée en
1942 Économie et humanisme, centre de recherche et d'action en économie et un grand nombre d'associations pour le développement économique et social à travers le monde entier, dont l’IRFED à
Paris. Il est un de ceux qui introduisent la préoccupation pour le développement global à l'intérieur de l'Église catholique, un développement de la personne et des groupes sociaux. Il fit prendre conscience à l'Église et au monde occidental des enjeux du sous-développement et de la nécessaire solidarité avec les pays pauvres. Il participa à la rédaction des documents conciliaires (Gaudium et Spes) et fut l'inspirateur de l'encyclique
Populorum progressio. Il collabore notamment avec
Henri Desroche,
François Perroux,
Roland Colin et
Vincent Cosmao.
Prêtre dominicain
Louis-Joseph Lebret est né en
Bretagne, au Minihic sur Rance, non loin de
Saint-Malo du nom de Louis Marie Lebret, le 26 juin 1897 dans une famille de forte tradition maritime, il était descendant de
Jacques Cartier. Ses études le conduisent à entrer à l’École Navale. Il en sort officier de marine et participe à la première guerre mondiale dans les escadres du
Liban. Sa vocation religieuse s’affirmant, en
1923 il quitte la marine et devient
Dominicain. Il s'interesse tout particulièrement aux pêcheurs bretons. Il va à leur contact et prend de nombreuses photos. Il fait prendre conscience de leurs conditions.
Après sa formation théologique, il est affecté en 1929 à Saint-Malo où sa sensibilité aux choses et aux gens de la mer le conduit à organiser une action sociale et syndicale de grande envergure touchant le monde des marins-pêcheurs sur toutes les côtes françaises. Il fonde cette approche sur des enquêtes approfondies auprès de ces marins-pêcheurs exprimant leurs problèmes, leurs besoins, en vue d’en rechercher les solutions. Il inaugure ainsi la voie des "enquêtes-participations" (basée sur la méthode de la Recherche-action).
L’économie humaine
En
1941, il crée, dans la région lyonnaise, Économie et humanisme, qui a pour but d’étudier les réalités humaines et sociales dans leur complexité et leur globalité, se proposant de « remettre l’économie au service de l'homme ».
Henri Desroche fait partie de la direction de l'association, mais il s'en séparera en
1950 après s'être rapproché du
Marxisme.
L.-J. Lebret est aussi le pionnier d’une conception et d’une pratique nouvelles d’aménagement du territoire, en compagnie de François Perroux. Tous deux sont à l'origine du concept « d’économie humaine » visant « le développement de tout l’homme et de tous les hommes ».
Dès 1947, il est invité au Brésil et est impliqué dans des projets de portée comparable. Il y retourne à de nombreuses reprises et est reconnu par les Nations unies comme expert de premier plan pour ce qui concerne l’inégalité des niveaux de vie dans le monde.
Cette vocation d’ouverture internationale le conduit, en mars 1958, à fonder l’IRFED (Institut international de recherche et de formation éducation et développement), afin de promouvoir les méthodes d’un développement global, harmonisé, « autopropulsé », incitant le passage de l’économie humaine à la démocratie économique, en vue du développement des peuples. L’IRFED est également un outil de formation pour les acteurs de développement, s’inscrivant dans la voie de la Recherche-Action.
En 1955, L.-J. Lebret crée avec l'Abbé Pierre l’Institut de recherche et d’action sur la misère du monde qui deviendra l’Institut de recherche et d'applications des méthodes de développement (IRAM).
Recherches-actions internationales
Tout en poursuivant, avec ses équipiers, son action au Brésil et dans différents pays de l’Amérique latine (
Chili,
Colombie,
Uruguay,
Pérou,
Venezuela…), il est appelé, dès octobre
1958, à conseiller le chef du premier gouvernement sénégalais,
Mamadou Dia, pour sa stratégie et sa pratique du développement. Cette mission se poursuivra sur les années suivantes. Il donne également des consultations dans d'autres pays africains.
Dans la même période, il devient conseiller de la présidence et du gouvernement libanais, où il s’attache à une définition du développement, respectant la diversité culturelle dans un contexte de pluralité religieuse.
En 1960, à la demande du Président Fouad Chéhab du Liban, il intervient, avec une équipe IRFED au Liban où il réalise une étude socio-économique dans tout le pays de 1960 à 1964.
Il travaille entre janvier 1959 et novembre 1960 au Sud-Vietnam. La revue de l’IRFED, Développement et Civilisations, dont le titre s’accorde aux engagements de l’équipe Lebret, contribue à la capitalisation des idées et des expériences.
Inspirateur de la pensée du développement économique dans l’église catholique
Parallèlement à ces activités, L.-J. Lebret est appelé par le pape
Paul VI – auprès duquel il a une audience particulièrement marquante - à être expert du Concile Vatican II. Il sera par la suite l’inspirateur essentiel de l’encyclique sur le développement des peuples («
Populorum progressio », publiée en
1967). Il est aussi appelé à représenter le
Saint-Siège à la première CNUCED (Conférence des Nations unies pour le Commerce et le Développement) qui s’est tenue à
Genève en
1965.
Il meurt à Paris le 20 juillet 1966.
Bibliographie
- Garreau (Lydie), Louis-Joseph Lebret, 1897-1966. Un homme traqué, Villeurbanne, Éditions Golias, 1997.
- Houée (Paul), Louis Joseph Lebret. Un éveilleur d’humanité, Paris, Éditions de l’Atelier, 1997.
- Lavigne (Jean-Claude), Les écrits spirituel du Père Lebret, Paris, Cerf et Éditions de l’Atelier, 1996.
- Malley (François), Le Père Lebret: L'économie au service des hommes, Paris, Cerf, 1968.
- Becker (Charles), Missehougbe (Pierre-Paul) et Verdin (Philippe), Le père Lebret, un dominicain économiste au Sénégal (1957 - 1963), Paris, Karthala, 2007
OEuvres de Louis-Joseph Lebret
- Desroche (Henri) et Lebret (L.-J.), La communauté Boimondau, L'Arbresle, Économie et Humanisme, 1944.
- Lebret (L.-J.), Dimensions de la charité, Paris, Éditions ouvrières, 1958.
- Lebret (L.-J.), Dynamique concrète du développement, Paris, Éditions ouvrières, 1967.
- Lebret (L.-J.) Suicide ou survie de l’Occident ?, Paris, Économie et Humanisme et Éditions ouvrières, 1968.
Les organismes se situant dans l’héritage de L.-J. Lebret
- Bretagne Espérance et Solidarité, Saint Gilles du Mené, Côtes d’Armor, France.
- Développement et Civilisations Lebret – IRFED, Paris, France et Genève, Suisse.
- IRFED Europe, Paris, France.
- Économie et humanisme, Lyon, France (disparu en 2007).
- Institut libanais pour le développement économique et social (ILDES), Beyrouth, Liban.
- Centre universitaire « Economía y Humanismo » Luis José Lebret O.P., Université Santo Tomàs, Bogota, Colombie.
- Centre L.-J. Lebret, Dakar, Sénégal.
- Les Amis du père Lebret, Paris, France.
- Institut de recherches et d'applications des méthodes de développement (IRAM)
- Habitat, santé, développement (HSD, Montreuil-sous-Bois, France)
- Centre international pour l'éducation permanente et l'aménagement concerté (CIEPAC, Caltelnau-le-Lez, Hérault, France)