Lozang Gyatso (1617-1682) encore appelé Ngawang Lobsang Gyatso et surnommé « le Grand Cinquième » fut le 5e Dalaï-lama (Tibétain : ངག་དབང་བློ་བཟང་རྒྱ་མཚོ་, Wylie : Blo-bzang Rgya-mtsho).
Biographie
Le 5
e dalaï-lama, « le Grand Cinquième » fut renommé pour son sens politique. Il a conservé l'indépendance du Tibet contre les pressions des pouvoirs chinois et mongol. En
1640, l'Empereur mongol
Güshi Khan envahit le
Tibet et place le 5
e dalaï-lama comme chef temporel du Tibet en
1642. Le Tibet s'étend alors de
Dartsedo, aux portes de la Chine, jusqu'aux frontières du
Ladakh. Jusqu'en
1959, la charge des pouvoirs spirituels et temporels du Tibet a été assumée par les dalaï-lamas. Lozang Gyatso est aussi célèbre pour avoir établi la capitale tibétaine à
Lhassa et fait construire le
Palais du Potala.
Le 5e dalaï-lama, Ngawang Lobsang Gyatso, est né en 1617 à Lhoka Chingwar (Chingwa), dans le chateau de Taktsé, au sud de Lhassa de Dudul Rabten et Kunga Lhanzi. Quand Sonam Choephel, l'intendant principal du 4e dalaï-lama a entendu parler des capacités exceptionnelles du garçon de Chong-Gya, il a rendu visite à l'enfant et lui montra des objets ayant appartenu au dalaï-lama précédent. Le garçon a tout de suite reconnu les objets, et dit qu'ils lui appartenaient. Sonam Choephel a gardé le secret sur la découverte du 5e dalaï-lama en raison de la situation politique agitée de l'époque. Quand les choses se sont calmées, le 5e dalaï-lama fut mené au monastère de Drépung où il a été ordonné moine par le 4e Panchen-lama, Lobsang Chökyi Gyalsten, qui lui donna le nom Ngawang Lobsang Gyatso.
Le 5e dalaï-lama fut donc reconnu à une époque d'agitation politique au Tibet. Le Régent Tsangpa Desi avait envahi Lhassa au début du XVIIe siècle, attaquant sauvagement les monastères de Drépung, Séra et Ganden. Güshi Khan, le chef de la tribu mongole des Qoshot, souhaitait vaincre Tsangpa Desi parce que ce dernier s'était allié à un ennemi de sa tribu Mongole. De plus, Güshi Khan avait intercepté une lettre du Roi de Beri de l'Est du Tibet adressée au Tsangpa Desi, décrivant un projet visant à détruire les monastères Gelugpa. Le Chef Mongol a vaincu le Roi de Tsang qui gouvernait une grande partie du Tibet. Cependant, comme les tensions augmentaient, de nombreuses lettres s'échangèrent entre le dalaï-lama, le Panchen-lama et le Karmapa. En particulier, le panchen-lama et le karmapa ont tenté d'apaiser les tensions dans l'Est du Tibet. Du fait des liens des lignées Kagyu et Jonang avec le Roi de Tsang, le 10e Karmapa, Chöying Dorje, chef de l'école Karma Kagyu, doit s'exhiler durant 20 ans et les Jonangs sont presécutés par les Gelugpas, mais ils subsiteront jusqu'à nos jours et seront reconnus par le 14e dalaï-lama.
Güshi Khan mis un terme aux troubles, et en 1642 le dalaï-lama a été intronisé dans le hall principal de Shigatsé comme dirigeant spirituel et politique du Tibet. Ainsi, Güshi Khan offrit à son enseignant spirituel, le 5e dalaï-lama, la nation du Tibet. De cette façon, le Chef Mongol fit du Tibet son domaine, et établit dalaï-lama comme son dirigeant. Le dalaï-lama unifia l'ensemble du Tibet, qui pour des siècles avait été tourmenté par des guerres et des conflits internes. Cependant, le dalaï-lama fut déçu par Güshi Khan. Le Chef Mongol avait envahi l'Est du Tibet, et il attaquait et dépouillait les gens et les monastères de cette région. Les monastères de Séra, Ganden et Drépung de Lhassa se sont également plaints de la brutalité des agresseurs mongols.
Début de la construction du Palais du Potala
En 1645, le
Dalaï-lama a tenu une réunion avec les hauts officiers du Gaden Phodrang (Gouvernement tibétain) sur la construction du
Palais du Potala sur la Colline Rouge, où le 33e Roi du Tibet,
Songtsen Gampo, avait construit un fort rouge. La même année, la construction a commencé et il a fallu prés de 43 ans pour la terminer.
En 1649, Shunzhi, l'Empereur Mandchou, invita le dalaï-lama à Pékin. Quand il atteint la province chinoise de Ningxia, il fut salué par le ministre et commandant militaire de l'Empereur qui vint avec 3000 cavaliers pour escorter le dirigeant tibétain. L'Empereur Shunzhi lui même fit un voyage de 4 jours parcourant 20 km depuis Pékin pour venir à la rencontre du dalaï-lama en un lieu appelé Kothor ou Chenlou. Dans la capitale chinoise, le dalaï-lama]] demeura au Palais Jaune, construit pour lui par l'Empereur. Quand l'Empereur a rencontré officiellement le dalaï-lama, les deux dirigeants échangèrent des titres honorifiques. En 1653, le dalaï-lama est retourné au Tibet.
En 1655, Güshi Khan est mort, ainsi que le « Desi » (régent) Sonam Choephel. Le dalaï-lama a nommé Tenzin Dorje, le fils de Güshi Khan, nouveau roi Mongol, et Drong Mey-Pa Thinley Gyatso succéda à Sonam Choephel au poste de Desi. Quand l'Empereur Mandchou est mort en 1662, son fils, Kangxi, est monté sur le trône Mandchou.
Le 5e Dalaï-lama reçu du 10e Karmapa, Chöying Dorje de l'école Kagyu, la transmission de Mahamudra. Le 5e dalaï-lama était un Tertön. Il était un disciple proche du Tertön Urgyen Terdak Lingpa (1646-1714), l'un des plus grand Maître Nyingmapa. En 1662, le Panchen-lama est mort à l'âge de 91 ans. En 1665, suite à une demande du monastère de Tashilhunpo, le dalaï-lama a reconnu un garçon de la région de Tsang comme la réincarnation du précédent panchen-lama et lui donna le nom de Lobsang Yeshe. Le 5e dalaï-lama a initié la lignée de réincarnation du panchen-lama à qui il attribua le titre l'émanation du Bouddha Amitabha et offrit le monastère de Tashilhunpo.
Le 5e dalaï-lama était un grand lettré, connaissant bien le Sanscrit. Il a écrit de nombreux livres, dont l'un sur la poésie. Il a établi aussi deux institutions universitaires, l'une pour les officiels laïcs et l'autre pour les officiels monastiques, où l'on enseignait le Mongol, le Sanscrit, l'astrologie, la poésie, et l'administration. Le 5e dalaï-lama parlait peu, mais ce qu'il a dit a emporté la conviction et influença des dirigeants bien au delà des frontières du Tibet. Vers la fin de sa vie, le « Grand Cinquième » s'est retiré de la vue publique. Il a passé des années en retraite et a confié les pouvoirs à son nouveau Régent, Sangyé Gyatso. En 1682, à l'âge de 65 ans, il est mort avant de terminer la construction du Palais du Potala. Cependant, il avait confié la responsabilité de la construction à Sangyé Gyatso en lui conseillant de garder le secret de sa mort pour un temps. On dit qu'à la mort du Grand Cinquième, le régent qui était soucieux de garder le pouvoir et de finir les travaux du palais, cacha au peuple tibétain la mort du dalaï-lama pendant plus de 12 ans, jusqu'à la fin des travaux.
Voir aussi
Notes et références
- Patrick Weber, Le grand cinquième : Le lumineux destin du Dalaï Lama qui façonna le Tibet, Editeur Jean-Claude Lattès, 2005, ISBN 2709623749
- Roland Barraux, Histoire des Dalaï-lamas, Albin Michel 2002, ISBN 2226133178
Liens externes
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