La
Maison du roi est une administration domestique existant en
France sous l'
Ancien Régime puis sous la Restauration.
Elle a été réglementée par Henri III en 1578 puis 1585, puis par Colbert. Elle est dirigée par le grand maître de France, l'un des premiers personnages du royaume. Aux XVIe et XVIIe siècles, elle compte entre 1 000 et 2 000 personnes. Il est difficile de retracer son évolution exacte. Comme le dit Jean-François Solnon dans le Dictionnaire du grand siècle :
- « La structure n'a pas l'ordonnance d'un jardin à la française. C'est un ensemble hétérogène, constitué progressivement par ajout successifs de services nouveaux sans suppression brutale des plus anachroniques. (...) La négligence dans la tenue des rôles, l'imprécision des attributions interdisent tout classement rigoureux, tout dénombrement précis ».
Elle comporte trois grandes divisions : la Maison civile, la Maison militaire et la Maison ecclésiastique.
Maison civile
Elle est divisée en départements, de nombre variable au cours de l'époque moderne. Sous
Louis XIV, elle en comptera vingt-deux. Ceux-ci étaient dirigés par les grands officiers de la Maison du roi, titre distinct (malgré quelques recoupements) de celui de grand officier de la couronne, membres de la haute
Noblesse ou du haut
Clergé. Voici les départements les plus importants :
La Bouche du roi
C'est le plus important, en termes de personnel, des départements de la Maison du roi. Elle est dirigée par le premier maître d'hôtel du roi et se compose de sept offices, tous touchant au ravitaillement et à la cuisine pour la table du roi :
- gobelet
- cuisine-bouche
- paneterie
- échansonnerie
- cuisine-commun
- fruiterie
- fourrière
Servent à la Bouche le maître d'hôtel ordinaire, les 12 maîtres d'hôtel servant par quartier, le grand panetier, le premier écuyer tranchant et le grand échanson (trois offices devenus purement honorifiques depuis le début de l'époque moderne), les 36 gentilshommes servants, etc.
La Chambre du roi
Elle est dirigée par le grand chambellan et a la charge des appartements du roi et de l'escorte de la personne du roi. C'est, avec la Bouche, l'un des services avec le plus de personnel : elle compte dans ses rangs les 4 premiers gentilshommes de la chambre, les gentilshommes de la Chambre, les valets de chambre, les
pages, les
huissiers et les enfants d'honneur. La proximité des officiers de la Chambre avec le roi rend les charges très estimées.
Les Menus-Plaisirs
Son nom complet est « argenterie, menus plaisirs et affaires de la chambre du roi ». C'est le service chargé des décors de
Théâtre, costumes et accessoires des pièces,
ballets et spectacles organisés à la cour. Il est dirigé par un intendant.
Les Cérémonies
Service créé en
1585 par
Henri III, il est chargé du cérémonial public :
baptêmes,
mariages et enterrements royaux,
Sacre et couronnement, entrées royales, festins royaux, réceptions d'
ambassadeurs, États généraux, etc. Il est dirigé par le grand maître des cérémonies, assisté par le maître et l'aide des cérémonies.
L'Écurie
Elle est divisée depuis
1582 en deux services :
- la grande Écurie, dirigée par le grand écuyer, dit « M. le Grand », qui s'occupe des haras du roi et du service des cérémonies (hérauts et roi d'armes, poursuivants d'armes, porte-épées de parement et corps des musiciens).
- la petite Écurie, dirigée par le premier écuyer, dit « M. le Premier », comprend les écuyers, les pages, les petits valets de pied et tout ce qui est cocher, postillon, sellier ou palefrenier.
Elle s'occupe des
chasses du roi. Elle est dirigée par le grand veneur et comprend, outre la
Vénerie (chasse à cheval), la louveterie (dirigée par le grand louvetier), la fauconnerie (dirigée par le grand fauconnier) et le vautrait (équipage pour la chasse au sanglier, dirigé par le capitaine des toiles).
maison militaire
La Maison militaire comprend l'ensemble des troupes d'élite de l'
Armée royale. Elle existe depuis au moins le
XVIe siècle, mais n'est organisée que par
Louis XIV. Elle est dirigée par le secrétaire d'État à la Maison du roi et le secrétaire d'État à la guerre.
Elle comprend divers corps au fil des années, dont :
Loin de n'être que des troupes de cérémonie, les régiments de la Maison du roi, à l'instar de la Garde impériale de Napoléon Ier, ont participé à toutes les campagnes, d'abord en tant que garde personnelle du roi. Ainsi, en 1567, lors de la Surprise de Meaux, la famille royale ne doit qu'aux Cent-Suisses d'échapper à la capture par les troupes protestantes du prince de Condé. Le 10 août 1792, les gardes suisses se font massacrer pour protéger Louis XVI et sa famille. Sur le champ de bataille, rassemblée autour du porte-cornette blanche, elle sert de garde rapprochée au roi.
En l'absence du roi, elle combat quand même : c'est la seule armée permanente du royaume, avec la cavalerie d'ordonnance, les six « Vieux » et les six « Petits-Vieux ».
Maison ecclésiastique
Son chef est le grand aumônier de France (charge créée sous François Ier), le plus souvent un
cardinal. La Chapelle a la charge des
messes et cérémonies religieuses (mariages, baptêmes, etc.) et des aumônes du roi. Les autres officiers de la maison ecclésiastique sont le premier aumônier, l'aumônier ordinaire, le maître de l'oratoire, le confesseur du roi, etc.
Voir aussi
Articles annexes
- Secrétaire d'État à la Maison du Roi (liste)
- Grand Fauconnier de France (liste)
- Us et coutumes à la cour de Versailles
Lien externe
Bibliographie
- Père Anselme de Sainte-Marie (o.c.m.), Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, des pairs et grands officiers de la Couronne et de la Maison du Roi, Compagnie des Libraires associés, 1737 ;
- Bernard Barbiche, Les institutions de la monarchie française à l'époque moderne, PUF, coll. « Premier cycle », 1999 ;
- Jean-François Solnon, art. « Maison du roi », Dictionnaire du Grand Siècle, s. dir, François Bluche, Fayard, 1990.