Maurice Gamelin (
20 septembre 1872 -
18 avril 1958) est un général français, qui commanda l'armée française pendant la
Drôle de guerre de
1939-
1940. Il a succédé au poste de généralissime à
Maxime Weygand et a été remplacé par le même Weygand. Pendant le régime de
Vichy, Gamelin fut arrêté et déporté en
Allemagne. Il a publié plus tard un épais volume de mémoires.
Biographie
Première Guerre mondiale
. En 1914, il rédigea les instructions qui allaient conduire à la victoire de la
Marne. Il commanda ensuite successivement une demi-brigade de chasseurs, une brigade d'infanterie avec le grade de colonel, enfin une division après avoir été promu général.
Entre-deux-guerres
De 1919 à 1924, le général Gamelin dirige la mission militaire française au
Brésil. Puis il est nommé commandant des troupes françaises au
Levant (1924-1929). A ce poste, il achève la pacification du territoire. Rentré en
France, il prend le commandement de la XXe région militaire à
Nancy, puis, en 1931, il succède à
Weygand au poste de chef d'état-major général. A partir de 1935, il cumule cette fonction avec celle d'inspecteur général de l'armée. Avant lui, seul
Joffre avait eu autant de pouvoir. Il deviendra ensuite le premier titulaire du poste de chef d'état-major de la Défense nationale, avec une mission de coordination entre les trois armes. Maurice Gamelin est un protégé d'
Édouard Daladier, ce qui explique sans doute en partie une telle ascension.
Seconde Guerre mondiale
Le généralissime des Forces françaises armées au cours de la Seconde Guerre mondiale était un des généraux les plus intellectuels de son époque. Il était respecté, même en
Allemagne, pour son intelligence et sa subtilité. Malgré cette finesse et ses bons états de service pendant la Première Guerre mondiale, son commandement des armées françaises pendant les jours déterminants de mai 1940 est très critiqué.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Gamelin ne voulait pas procéder à des bombardements sur l'Allemagne, de peur des représailles. Éviter des effusions de sang inutiles était une préoccupation importante pour lui, sans doute trop, diraient certains, pour un général : la boucherie effroyable de la guerre de 1914-1918 avait conduit l’état-major français à ne penser qu’en termes défensifs.
Au rang de ses erreurs et errements tactiques et stratégiques, on peut citer :
- la délégation excessive du commandement sur un front crucial : en Belgique, on ne sut trop qui commandait la coalition interalliée : était-ce le général Billotte, chef du 1er groupe d'armées, le général Georges, commandant du front Nord-Est, ou le généralissime lui-même ?
- sa doctrine militaire ultra-défensive qui lui interdit de porter des coups mortels à l'Allemagne dès septembre 1939, la Ligne Siegfried n'étant protégée que par des forces de réserve tandis que le gros de la Wehrmacht combattait en Pologne (victime ainsi de l'absence de tout soutien militaire à l'Ouest). Des experts militaires ont depuis lors estimé que les armées françaises auraient eu de grandes chances de succès dans une offensive déclenchée contre le front ouest (ligne Siegfried) à l’automne-hiver 1939 ;
- ses conceptions obsolètes de l'emploi de l'aviation, des chars, des éléments motorisés, de l'artillerie, des fortifications, largement inspirées de l'expérience de 14-18 et partagées par un très grand nombre d'officiers supérieurs à cette époque ;
- sa vision du théâtre d'opérations qui lui fit regarder le secteur des Ardennes comme impénétrable, au grand dam du général Corap, commandant la IXe Armée dans ce secteur, qui ne cessa de signaler en vain l'insuffisance en hommes et en matériel sur ce front et sa perméabilité de fait ; de même le maintien excessif de forces derrière la Ligne Maginot, excessivement gourmande en personnel, mais qui aurait dû à l'inverse permettre une grande économie de troupes ;
- enfin, ses faibles valeurs de meneur d'hommes, d'organisateur, et son manque de charisme (la mollesse de sa poignée de main suffisait alors à caractériser le personnage aux yeux de ses vis-à-vis). Ses subordonnés avaient surnommé le général Gamelin "Baudelaire", car on disait que toute sa doctrine se résumait dans le vers fameux : "Je hais le mouvement qui déplace les lignes".
Gamelin souffrait de Syphilis quaternaire. Il est possible que cette maladie ait eu un impact négatif sur sa lucidité. Après la défaite, il fut arrêté le 6 septembre 1940, puis inculpé au Procès de Riom, aux côtés de Léon Blum, Édouard Daladier et Paul Reynaud. S'il garda le silence, il en alla tout autrement de ses co-inculpés, qui présentèrent une défense tellement brillante de leur action à la tête du gouvernement, que le procès fut ajourné. Puis il fut déporté en Allemagne. Libéré en 1945, il put se poser en victime, et on ne lui demanda guère de comptes. Il publia sous le titre "Servir" des Mémoires qui ne sont qu'une longue tentative d'autojustification. Churchill écrit de lui dans ses propres Mémoires : "C'était un homme qui aimait son pays, plein de bonnes intentions et qui savait son métier."
Références externes