Michel Aoun, (ميشال عون) né le 18 février 1935 à Harat Hurayk dans la banlieue sud de Beyrouth, est un militaire et homme d'Etat libanais et président du Courant Patriotique Libre. Pendant deux ans, du 22 septembre 1988 au 13 octobre 1990 , il occupe le poste de chef du gouvernment intérimaire et s'oppose à l'autre gouvernement Libanais qui est favorable à la présence syrienne. Il est une personnalité qui a de nombreux partisans au Liban.
Formation
Chrétien maronite, de famille modeste et imprégnée de religiosité, il fréquente des écoles
catholiques. Aoun termine ses études en 1956 et s'engage à l'Académie militaire comme officier cadet. Trois ans plus tard, il obtient le grade d'officier d'
Artillerie au sein de l'
Armée libanaise. Il reçoit ensuite des formations complémentaires à l'Ecole d'application d'artillerie de Châlons-sur-Marne, en
France (
1958-
1959), puis à
Fort Sill, dans l'
Oklahoma aux
États-Unis (en
1966) et à l'École supérieure de guerre, en France (
1978-
1980).
Son rôle dans la guerre du Liban
De l'opération "Paix en Galilée" aux accords de Taef
Lors de l'invasion du Liban par
Israël en
1982, Aoun, alors lieutenant-colonel, mobilise un bataillon armé pour défendre le palais présidentiel de Baabda, craignant qu'il ne soit l'objet d'attaques. Puis, lors de la guerre civile libanaise, en septembre
1983, la 8
e brigade d'Aoun combat les milices du psp (de
Walid Joumblatt), palestiniennes et syriennes et la bataille de Souq el-Gharb se finit victorieusement pour son camp. En juin
1984, Aoun est nommé Commandant des Forces armées libanaises.
En septembre 1988, le président sortant Amine Gemayel désigne Michel Aoun comme premier ministre jusqu'à la tenue de nouvelles élections. Cette nomination est cependant d'une validité incertaine, en contradiction avec le Pacte national de 1943 qui réserve le poste de Premier ministre à des musulmans sunnites. Gemayel justifie ce choix par le fait que le Pacte national réservant également la fonction de président aux chrétiens maronites, et puisque le premier ministre assume les prérogatives d'un président en période intérimaire, un maronite peut convenir à ce poste de façon temporaire. La Constitution libanaise elle-même n'aborde pas ce sujet, points qui ne seront pas clarifiés avant l'accord de Taef en 1989, lequel codifie l'attribution des postes de fonctions exécutives selon des confessions précises.
Michel Aoun peut alors compter sur l'appui de 40% de l'Armée libanaise comprenant toute l'artillerie lourde, sur la milice des Forces libanaises dirigée par Samir Geagea, le Parti national libéral et son leader Dany Chamoun,Le Parti des Druzes Libres et son leader Farid Hamadé ainsi que du soutien du président irakien Saddam Hussein allié à cette époque de l'Occident. Le premier ministre démissionnaire Salim el-Hoss s'oppose à Aoun sous la pression de la Syrie. Deux gouvernements s'installent, un gouvernement non-constitutionnel et pro-syrien tenu par Al-Hoss à Beyrouth-Ouest, et un gouvernement intérimaire dirigé par Aoun à Beyrouth-Est. Aoun contrôle ainsi des parties de l'est de Beyrouth ainsi que des zones limitrophes périphériques. En février 1989, les Forces libanaises se rebellent contre le gouvernement du General Aoun , précisément quand l'armée met fin a leur contrôle illégal des ports maritimes, d'où la milice en question rassemblait des fonds douaniers non-légitimes. En faisant face aux Forces libanaises, Aoun prouve tente de s'attirer à la fois la partie maronite qui demande la paix et de donner des gages à ces adversaires.
Après des attaques répétés de l'armée syrienne, celle-ci commence à bombarder massivement la dernière zone du Liban non-occupée, et le Genéral Aoun réplique en lançant la "guerre de libération" contre l'armée syrienne le 14 mars 1989. Dans les mois qui suivent, l'Armée libanaise d'Aoun et les forces syriennes échangent des tirs d'artillerie à Beyrouth . Aoun critique alors le soutien américain à la Syrie, et se rapproche de l'Irak, acceptant les fournitures d'armes de Saddam Hussein. En mai 1989 il est visé par un attentat lors d'un déplacement à Chypre.
Des accords de Taef à l'échec de la guerre de "libération nationale"
Le 15 Octobre
1989, des membres de l'Assemblée nationale libanaise se rencontrent pour l'établissement de l'
accord de Taef, dans le but avoué d'apaiser le conflit Libanais. Cette assemblee prend la decision (jugée non constitutionelle par ses opposants) de s'assembler dans un pays étranger : l'Arabie Saoudite, dans la ville de Taef. Cet accord instutionalise un système confessionnel. Aoun refuse d'y prendre part, dénonçant certains points ambigus de l'accord, notamment au sujet de l'occupation syrienne, ainsi que les hommes politiques s'y impliquant (qui n'ont plus été élus depuis 1972). Il promulgue un décret qui dissout l'Assemblée Nationale avant la rencontre de Taëf mais les députés lui dénient le droit constitutionnel de pouvoir le faire. En fait, la moitié de ces députés n'ont pas participé à la rencontre de Taëf pour raison de mort ou d'opposition à leurs collègues pro-Syriens et pro-Américains. Son appel est ignoré par la communauté internationale. Le 24 Octobre, 1989, des dizaines de millers de Libanais soutiennent le General Aoun dans son refus de l'accord de Taef lors d'une manifestation s'etendant de Hazmieh a Baabda.
Dans la foulée des accords de Taef, René Moawad est élu président par l'Assemblée en novembre. Sa présidence ne tient que 17 jours jusqu'à son assassinat, Elias Hraoui est alors élu à sa place. Hraoui désigne le général Émile Lahoud comme commandant de l'armée et somme Michel Aoun de quitter le Palais présidentiel. Aoun rejette son éviction et contre-attaque les assauts de la milice des Forces libanaises qu'il accuse de négocier secrètement avec le gouvernement pro-syrien de Salim el-Hoss, dans un conflit qui s'étend de janvier à mai 1990.
La position de Aoun se détériore lorsque Saddam Hussein lance l'invasion du Koweït le 2 août 1990. Les États-Unis recherchent le soutien des pays arabes pour légitimer leur intervention et le président syrien Hafez el-Assad se range alors à leurs côtés. En retour, les États-Unis acceptent tacitement que la Syrie prenne le contrôle du Liban. Le 13 octobre 1990, Hafez el-Assad, allié depuis le mois d’août des Américains, des Britanniques et des Français dans le conflit du Golfe, lance ses troupes à l’assaut des régions libres contrôlées par Aoun et du Palais Présidentiel. Le Général Aoun, tombé aux premières heures de la matinée dans un traquenard à l’ambassade de France, lance un appel au cessez-le-feu. Il est désormais sous la protection de René Ala, l’ambassadeur de France à Beyrouth au même titre que son fidèle allier le leader druze modéré Farid Hamadé et sa famille . Exfiltré par Philippe Rondot (DGSE), dix mois plus tard, il part en exil en France.
De la fin de la guerre au retour au Liban
Le combat pour le départ des troupes syriennes (1992-2005)
En échange de la protection française, Aoun ne peut y exercer d'activité politique. Il lance par procuration en 1992, un parti politique, le Courant patriotique libre qui a comme objectif le retrait des troupes syriennes du Liban et l'instauration d'un Etat de droit.
En Septembre 2004, Les Etats-Unis et la France soutiennent la résolution 1559 qui demande le retrait syrien. Le 29 janvier 2005, Aoun déclare qu'il pourrait revenir au Liban pour se joindre à l'opposition au gouvernement pro-syrien. Le 14 février 2005, un attentat à l'explosif tue l'ancien premier ministre du Liban Rafik Hariri. Les services de renseignements syriens sont montrés du doigt par l'opposition. Cet assassinat marque le début de ce que certains appellent la Révolution du cèdre, qui conduit au départ de la totalité des troupes syriennes fin avril 2005, au retour du général Aoun au Liban et à la sortie de prison de Samir Geagea.
Aoun se rend à Beyrouth le 7 mai 2005 après 15 ans d'exil en France. D'autres compagnons de combat ne pourront plus jamais y retourner, ils seront enterrés à Paris. Michel Aoun rencontre Samir Geagea à sa sortie de prison. Le 14 juin 2005, il est élu député de Kesrouan du Mont-Liban. Son bloc parlementaire comporte 21 députés après les élections. Lors de l'élection parlementaire de 2005, les listes Aoun bénéficient de l'appui de 70% des Libanais chrétiens. Il forme un groupe parlementaire appelé Bloc du changement et de la réforme. Les relations entre le CPL et ses alliés anti-syriens se tendent et le Bloc du Changement et de la Réforme s'engage dans l'opposition au gouvernement du premier ministre Fouad Siniora.
La nouvelle stratégie de Michel Aoun (2006 à aujourd'hui)
Le
6 février 2006, et après plusieurs mois de négociations entre le CPL et le
Hezbollah, le général Michel Aoun rencontre
Hassan Nasrallah (secrétaire général du
Hezbollah) pour signer un
document d'entente de 10 points concernant directement l'avenir du
Liban . Les principaux points de ce document d'entente sont ensuite repris et discutés dans tous les accords du dialogue national libanais.
Le 1er décembre 2006, Michel Aoun, en qualité de porte parole de toute l'opposition (Hezbollah, CPL, etc.) appelle à la démission du Gouvernement Siniora lors d'une manifestation réunissant plus de 800 000 personnes .
Après l'assassinat de Pierre Gemayel, Aoun soutient Camille Khoury contre le père du défunt député (juillet 2007). Khoury défait l'ancien Président Amin Gemayel dans cette élection législative locale où le siège est réservé à un Maronite (région principalement Chrétienne de Metn). Ses adversaires soutiennent l'idée que cette victoire étriquée (51%) ressemble à une diminution de la popularité d'Aoun alors que d'autres voient cette élection comme un grand succès dans "une bataille impossible" contre un ancien président et une des figures importante du mouvement du 14 mars.
Michel Aoun se présente officiellement à l'élection présidentielle de Septembre 2007. Il lance le 19 juillet 2007 sa châine de télévision : OTV. Son logo est d'ailleurs orange comme celui de son propre parti (le CPL).
Références
Bibliographie
- Michel AOUN, Une certaine vision du Liban, Paris, Fayard, 2007, 240 pages (contexte historique : Ce livre, qui reprend une phrase du général de Gaulle, a été écrit pour le public français).
- Salvatore LOMBARDO, Retours à Beyrouth : Au Liban avec le Général Aoun, Paris, Transbordeurs, 2006, 182 pages (contexte historique : S. Lombardo est un journaliste proche de Michel Aoun).
- Jean-Paul BOURRE, Génération Aoun, Paris, Robert Laffont, 1990, 239 pages (contexte historique : ce livre est un document destiné à promouvoir la personne de Michel Aoun).
Liens externes