Michele Alboreto était un pilote automobile
italien, né le 23 décembre
1956 à
Milan et décédé le
25 avril 2001 sur le circuit du Lausitzring en
Allemagne. Il a notamment disputé 194 Grands Prix de
Formule 1 entre 1981 et 1994. Alboreto a inscrit un total de 186,5 points, décroché 5 victoires, 23 podiums, 2 pole positions et 5 meilleurs tours en course. Il est devenu vice-champion du monde derrière
Alain Prost en 1985.
Biographie
Des débuts à la Formule 1
Le jeune Michele débute sa carrière en sport automobile dans les années 1970 en Italie et devient champion d'Italie de Formule
Fiat-
Abarth (l'équivalent de la coupe Gordini française) en
1978 en signant 9 victoires. Il passe à la
Formule 3 en
1979 et termine 6
e du championnat d'Europe et 2
e du championnat d'Italie. En
1980, il brille en
Formule 3 européenne au volant de sa
March-
Alfa Romeo puisqu'il remporte 4 courses et devient champion d'Europe de la discipline. En parallèle de son engagement en monoplace, il dispute des compétitions en catégorie
Sport Prototypes au sein de l'écurie officielle
Lancia. Ses résultats sont tout aussi bons qu'en Formule 3 puisqu'il termine à trois reprises second des quatre courses qu'il dispute.
L'année suivante, il poursuit son engagement chez Lancia en Sport Proto et termine 8e des 24 Heures du Mans au volant de la monstrueuse Beta Montecarlo Turbo. Alboreto attire l'oeil de Ken Tyrrell et intègre la Formule 1 en cours de saison au sein de l'écurie Tyrrell. Au volant de voitures assez modestes (Tyrrell 010 puis 011 V8 Cosworth), il ne rate sa qualification qu'à deux reprises et dispute dix Grands Prix, sans toutefois parvenir à inscrire de points, son meilleur résultat étant une 9e place aux Pays-Bas. Pour se consoler d'une première saison assez frustrante sur le plan des résultats en Formule 1, il remporte une victoire en Sport-Proto aux 6 heures de Watkins Glen et, en Formule 2, au sein du team Minardi, il décroche la victoire au Grand Prix de l'Adriatique.
En 1982, toujours au sein de l'écurie Tyrrell, et au volant de la 011-Cosworth désormais chaussée en Goodyear et non plus avec les peu performants Avon, Alboreto débute la saison à la porte des points en terminant 7e du Grand Prix inaugural en Afrique du Sud. Il décroche ses premiers points lors de la course suivante (4e au Brésil) et poursuit sur sa lancée en terminant 4e à Long Beach avant de décrocher son premier podium au Grand Prix de Saint Marin (course marquée par le boycott de plusieurs écuries, suite à un désaccord entre la FISA et les constructeurs représentés par la FOCA). Les épreuves suivantes sont plus laborieuses mais Albo retrouve le chemin des points en France, en Allemagne puis en Italie. Lors du dernier Grand Prix de la saison, à Las vegas, il réalise sa meilleure qualification (3e) et décroche son premier succès en Formule 1. Pour sa première saison complète en championnat du monde, l'espoir italien inscrit 25 points et se classe 7e du championnat pilote. Cette même année, il remporte également les 6 heures de Silverstone (associé à Riccardo Patrese) et les 1 000 km du Nurburgring sur le mythique circuit Nord (avec Riccardo Patrese et Teo Fabi) sur une Lancia LC1 spider, mais sera contraint à l’abandon lors des 24 Heures du Mans.
En 1983, Alboreto reste fidèle à Ken Tyrrell bien que celui-ci ne puisse lui offrir que la vieille 011 pour les dix premières courses de la saison. Après 6 épreuves sans avoir inscrit le moindre point, Alboreto décroche sa seconde victoire en Formule 1 à Detroit où il s'était qualifié en 6e position (c'est la dernière victoire d'un moteur atmosphérique face aux turbos qui vont imposer leur suprématie). Bien que volontaire et fougueux, Alboreto, handicapé par une monoplace dépassée ne parvient à inscrire qu'un seul point supplémentaire, au volant de la nouvelle 012, en finissant 6e aux Pays-Bas. Si cette saison est moins impressionnante que la précédente en termes de résultats bruts (10 points et 12e du championnat), elle lui permet de se faire remarquer par Enzo Ferrari qui décide de l'engager au sein de la Scuderia pour la saison 1984.
Chez Ferrari pour le meilleur...
Il débute donc chez Ferrari au volant de la 126C4 mûe par un V6 turbocompressé. S'il décroche de belles places en qualifications (dont sa première pole en Belgique) les résultats sont moins probants en course face aux McLaren-Tag-Porsche. Malgré huit abandons imputables à la mécanique, Michele ne se décourage pas et est souvent aux avants-postes : lorsque sa monoplace n'est pas contrainte à l'abandon il termine toujours dans les points. En Belgique à Zolder, après avoir décroché la pole, il signe sa première victoire pour la Scuderia puis, en fin de saison, il accède à trois reprises au podium. Il s'impose rapidement au sein de son équipe et obtient le soutien inconditionnel des tifosi, enthousiasmés de voir un Italien vainqueur au volant d'une monoplace frappé du Cavalino Rampante. Avec 30,5 points, il se classe 4e du championnat pilote et nourrit de réels espoirs pour la saison suivante.
La saison 1985, disputée sur une 156/85 débute en fanfare pour l'Italien : pole position et seconde place lors du Grand Prix inaugural au Brésil. Lors des dix premières épreuves de la saison, Michele signe deux victoires, (Canada et Allemagne), et termine huit fois sur le podium ; les tifosi ont bon espoir de voir leur compatriote triompher au plus haut niveau. Puis, à partir du Grand Prix d'Italie, la roue tourne, Michele étant contraint à l'abandon sur panne mécanique lors des cinq dernières épreuves, les turbos Garrett cassant comme du verre. Alain Prost devient champion du monde, Alboreto, malgré ses 53 points, doit se contenter du premier accessit. Malheureusement pour Michele, 1985 sera l'année de son apogée chez Ferrari, mais aussi en Formule 1. Ses trois saisons suivantes chez les Rouges ne lui permettront jamais de retrouver toute sa verve.
... et pour le pire
En 1986, au volant de la F186, Alboreto ne retrouve pas le fringant de la saison écoulée. Il n'inscrit aucun point lors des quatre premiers Grands Prix puis ne décroche que deux 4
e places lors des quatre courses suivantes, maigre début de saison. Il subit encore six abandons, toujours sur panne mécanique et ne sort la tête de l'eau qu'en Autriche, où il se classe second puis au Portugal (5
e). Il est même à la peine face à son coéquipier
Stefan Johansson qui, avec 23 points, termine 5
e du championnat du monde tandis que Michele ne pointe qu'au 8
e rang avec 14 points. La situation ne s'arrange pas la saison suivante, face à
Gerhard Berger, au volant de la F187 : douze abandons dans la saison, dont onze sur panne mécanique. Sa qualité de pilotage est toutefois intacte car, chaque fois que sa machine lui en donne l'occasion, il termine dans les points. Il est sur le podium à Saint Marin, Monaco et en Australie et termine 4
e au Japon. Berger quant à lui remporte les deux dernières épreuves de la saison pour terminer à la 5
e place du championnat alors qu'Alboreto doit se contenter du 7
e rang.
En 1988, comme l'année précédente, Alboreto, desservi par une malchance récurrente, est mis sous l'éteignoir par Berger : au volant de la F187/88C, il revit la même saison qu'en 1987 avec huit abandons dont sept dûs à la monoplace et des points à chaque course où il reçoit le drapeau à damiers. S'il réussit à décrocher trois nouveaux podiums et se classe 5e du championnat du monde avec 24 points, il est néanmoins remercié par ses employeurs qui misent tout sur Berger (3e avec 41 points).
De galère en galère, mais toujours la foi
Suite à son éviction de chez Ferrari, le microcosme de la Formule 1 pense qu'Albo va rebondir chez
Williams mais
Frank Williams lui préfère
Thierry Boutsen. La saison 1989 est synonyme pour Michele de retour chez Tyrrell, l'écurie de ses débuts en Formule 1. Il dispute son premier Grand Prix sur la vieille 017, sans grand résultat, en attendant la nouvelle 018 conçue par Harvey Postlethwaite. Si la première sortie de la 018 se solde par une non-qualification à Imola, le Grand Prix suivant, à Monaco, lui permet de s'illustrer en terminant à une honorable 5
e place. Il monte sur le podium de l'épreuve suivante, au Mexique, avant de subir deux abandons sur problèmes mécaniques. Mais le pire est à venir suite à un conflit majeur entre sponsors : depuis toujours, Alboreto est sous contrat avec Marlboro alors que Tyrrell (sans l'en tenir informé) a signé un contrat avec le concurrent Camel. Alboreto explique alors qu'il ne peut pas, en son âme et conscience, trahir son partenaire financier et rompt le contrat qui le lie à l'écurie anglaise. Il signe alors chez l'équipe française
Larrousse-
Lamborghini dont l’un des sponsors principaux est pourtant Camel. Au volant de la LC89, il est contraint de disputer les pré-qualifications et les qualifications, épreuves qu'il ne surmonte pas à trois reprises. Il parvient tout de même à participer à cinq courses chez Larrousse mais ne reçoit le drapeau à damiers qu'au Portugal (ses abandons sont, comme d'habitude, tous dûs à des défaillances de sa monoplace).
Dès la fin de la saison Alboreto cherche à retrouver un volant plus digne de son talent, ce qui le pousse à signer chez Arrows, non pas que l'écurie soit prestigieuse puisqu'elle n'a jamais remporté une seule course depuis ses débuts en 1978, mais surtout parce que Porsche doit fournir un moteur révolutionnaire à l'écurie en 1991. En 1990, il pilote donc une Arrows-Ford A11B qui n'a pas à passer par la case pré-qualifications, mais simplement par la case qualifications (trois échecs pour Albo dans la saison). En 13 Grands Prix, Michele obtient une dixième place finale comme meilleur résultat et termine le championnat sur un score vierge, comme pour sa première saison.
En 1991, Arrows est rebaptisée Footwork Racing mais la nouvelle monoplace n'est pas prête en début de saison. Un modèle hybride est aligné, l'A11C, évolution du châssis A11 de 1990 recevant le V12 Porsche à la place du V8 Cosworth. L'A11C est une véritable "hyène" qui traîne piteusement son arrière-train. Les ingénieurs Porsche sont hors du coup car le V12 (en réalité deux V6 accolés) est extrêmement lourd par rapport à ses concurrents. Lors du Grand Prix inaugural, Alex Caffi n'arrive pas à se qualifier tandis Alboreto est dernier sur la grille. Le second Grand Prix, au Brésil, est encore plus tragique car aucune monoplace ne se qualifie. La nouvelle FA12 est alignée à Saint-Marin mais elle souffre du même défaut que l'hybride : le moteur est trop présent sur le train arrière et la tenue de route très aléatoire. Alboreto essuie deux non-qualifications avant que Jackie Oliver, directeur technique de l'écurie, ne se décide à remplacer le désastreux Porsche par un Cosworth. Une nouvelle voiture hybride, la FA12B, est conçue en catastrophe pour s'adapter au V8, et à son volant, Michele rate à cinq autres reprises l'autorisation de participer à la course du dimanche. En neuf courses au volant de trois monoplaces différentes, il n'en termine que deux et réalise sa deuxième saison blanche d'affilée.
En 1992, après deux saisons blanches, Alboreto n'est pas en position privilégiée pour négocier un volant dans une écurie de pointe. Footwork profite du fait que Tyrrell se sépare de Honda pour récupérer le V10 Mugen-Honda en lieu et place du Cosworth intérimaire. Alboreto est convaincu par Jackie Oliver de rempiler et est épaulé par le Japonais Aguri Suzuki. La nouvelle FA13 ressemble à un mix entre une Mc Laren et une Jordan mais son châssis n'est à la hauteur ni de l'une, ni de l'autre. Toutefois le Mugen est un moteur fiable et Alboreto récolte une multitude de petits points au long de la saison (6e au Brésil et au Portugal et 5e en Espagne et à Saint-Marin). Il échoue de nombreuses fois à la porte des points puisqu'il termine 7e à six reprises. Alboreto, avec ses 6 points, a la satisfaction d'avoir porté son écurie à bout de bras au 7e rang mondial puisque son coéquipier n'est pas, à matériel égal, parvenu à inscrire le moindre point.
En 1993, il quitte Footwork, écurie pour laquelle il s'était tant investi pendant trois ans et dont il commençait à recueillir les fruits, pour la BMS Scuderia Italia : il ne résiste pas aux sirènes du moteur V12 Ferrari qui motorise les châssis Lola T93/30. Il se qualifie à neuf reprises, toujours en fond de grille et son meilleur résultat de la saison n'est qu'une 11e place finale au Brésil et au Grand Prix d'Europe. Sa monoplace est si mauvaise qu'il dit à des commissaires de piste venus éteindre un début d'incendie : "Laissez-la brûler, ils m'en donneront peut-être une meilleure...". Son talent est pourtant toujours intact, Michael Schumacher, champion du monde en titre, déclarera même: "Il n'y en a pas beaucoup de son âge qui, contre un coéquipier aussi jeune et rapide que Luca Badoer, champion en titre de F3000, auraient tenu bon."
En 1994, la BMS Scuderia Italia a quitté la Formule 1 et Alboreto se retrouve sans volant. Mais Giuseppe Lucchini, ex-président de la Scuderia Italia, s'associe avec Giancarlo Minardi qui a besoin de liquidités pour pouvoir se maintenir au plus haut niveau. Cette association semble naturelle : Lucchini a l'argent mais pas l'expérience tandis que Minardi peut faire état de neuf saisons en Formule 1 avec un budget plutôt étriqué. Michele retrouve alors Minardi, l'écurie de ses débuts en Formule 2. L'officine italienne est habituée des fonds de grille et tout le monde comprend alors qu'Alboreto est sur le point de quitter la discipline-reine. La M193B dispute les premiers Grands Prix avant de céder la place à la M194. Michele Alboreto reçoit à six reprises le drapeau à damiers et termine 6e en Principauté de Monaco, son dernier point en Formule 1 puisqu'il tire sa révérence à la fin de la saison.
La reconversion réussie en Sport-Prototypes
Sa reconversion post-Formule 1 commence difficilement mais sera plutôt réussie. En 1995, il se consacre au championnat DTM au volant d'une
Alfa Romeo et il termine son premier championnat à la 22
e place du classement. En 1996 et 1997, il fait quelques apparitions en
IndyCar Series au sein du
Team Scandia. À Loudon, Michele est second sur la grille de départ et termine la course à la 3
e place. En 1996, il participe aux 500 miles d'Indianapolis mais, qualifié 12
e, il ne se classe que 30
e à la suite d'une rupture de la boîte de vitesses de sa
Reynard 951 Ford. En 1997, il remporte les
24 Heures du Mans au volant d'une
Porsche, associé à
Stefan Johansson, son ancien équipier chez Ferrari en 1986, et
Tom Kristensen, qui remporte là sa première victoire avant de se constituer l'un des plus beaux palmarès du sport automobile en général et des 24 heures du Mans en particulier.
Dès 2000 ses bons résultats amènent Alboreto à intégrer le team officiel Audi qui commence à régner en maître sur les courses d'endurance. Il participe au championnat American Le Mans Series et la saison suivante, il remporte les 12 heures de Sebring avec Rinaldo Capello et Laurent Aiello, sa dernière course et sa dernière victoire. Le 25 avril 2001, au cours d'une séance d'essais en vue des 24 Heures du Mans, il se tue sur le circuit du Lausitzring où Alessandro Zanardi, lui-aussi Italien et ex-pilote de Formule 1, sera à son tour victime, lors d'une épreuve de CART en septembre, d'un effroyable accident qui le laissera amputé des deux jambes.
Albo est resté dans le coeur des italiens comme un pilote fougueux et talentueux et demeure le dernier pilote italien à s'être imposé en Grand Prix au volant d'une Ferrari.
Résultats en championnat du monde de Formule 1
Note
Le casque de Michele Alboreto était bleu et jaune (couleurs de la Suède) en hommage au pilote suédois
Ronnie Peterson, mort des suites d'un accident survenu le 10 septembre 1978, au tout premier virage, lors du GP d'Italie à Monza. Grièvement blessé dans l'accident, il mourut le lendemain à Milan, ville natale d'Alboreto qui, en témoignage de son admiration pour le pilote défunt, a repris ses couleurs.