Nagada ou Naqada est un site archéologique Chalcolithique, qui a donné son nom à la culture de Nagada ou Amratien (-3800 / -3150) en Haute-Égypte, et à la dernière période du prédynastique égyptien, subdivisée en trois phases.
Nagada <span class
"romain" title="Nombre 1 écrit en chiffres romains" style="text-transform:uppercase">I ===
La culture de Nagada I (-3800 / -3500) en Haute-Égypte est représentée par de nombreux sites de nécropoles localisées du nord d’Abydos à Louxor au sud. Les témoins les plus marquants en sont El-Amrah et Nagada. Les traits culturels du badarien sont considérablement amplifiés.
Les tombes à fosse rectangulaires, dont certaines de belles dimensions (2,50 m x 1,80 m), sont pourvues d’un riche matériel qui montre de remarquables progrès techniques. Une très belle céramique rouge polie, pouvant être décorée de divers motifs figuratifs peints en blanc, représentant la faune nilotique (hippopotames, crocodiles), ou de la steppe savanicole (girafe, gazelles, bovidés), des végétaux et toujours des motifs géométriques. De nombreuses figurines humaines en terre cuite, parfois en ivoire, paraissent spécifiques de certaines tombes.
L'habitat évolue : grandes huttes ovales de structure légère (Hemamieh) et maisons rectangulaires bien structurées, en partie enterrées, font penser qu’à côté d'installations saisonnières des centres plus importants et fixes s'installent. À Hiérakonpolis, un habitat de hameaux dispersés tendant à se spécialiser selon leur fonction (habitat artisanal, une maison de potier à été identifiée), se développe en retrait d'un centre plus important au débouché d’un grand ouadi.
Les sociétés se hiérarchisent. À côté des pasteurs-agriculteurs apparaissent des artisans spécialisés dans la poterie (de nombreux vases portent des marques de potiers ou de propriétaires), mais aussi dans le travail de la pierre (palette à fard zoomorphe en schiste, massues tronconiques, premiers vases de pierre, outils de silex plus élaborés). Les premiers essais de faïence égyptienne attestent de la maîtrise des technologies du feu, peu appliquées au métal, sauf peut-être pour l'or. Le cuivre, rare, reste martelé à froid comme au badarien. La chasse apparaît comme une activité noble et de prestige, disposant d’un quasi-monopole des représentations. Le « maître de chasse » semble un personnage au pouvoir important. La civilisation de Nagada I développe une vie de relation et des contacts importants par le fleuve vers le sud (groupe « A » de Nubie) et le nord (Maadi).
Nagada <span class
"romain" title="Nombre 2 écrit en chiffres romains" style="text-transform:uppercase">II ===
À partir de -3500 commence la culture de Nagada II : les traits culturels de Nagada évoluent et s'étendent progressivement au nord de la vallée (Maadi). Apparaît une céramique de décors sombre sur une pâte claire, représentant toujours la chasse de la steppe savanicole, mais développant surtout le thème de la navigation soulignant l’intensité de la vie de relation par le fleuve, thème essentiel que l’on retrouve dans les fresques de la grande tombe de Hiérakonpolis (tombe 100). L'architecture de terre et brique crue se développe (nécropoles des Nagada II et III).
Les premières cités de la vallée du Nil apparaissent, bâties sur des éminences (kôms) naturelles échappant à la crue, se structurant architecturalement à l’intérieur d’enceintes (El-Kab, Hiérakonpolis, Éléphantine, Abydos). Les espaces se spécialisent selon leur fonction (aire sacrée, espace administratif, habitat).
Les royaumes de Bouto au nord et de Nekheb (El-Kab, qui associée avec Nekhen donnera Hiérakonpolis) au sud, sont certainement constitués après de longues luttes entre clans. Des populations sémitiques apparaissent qui se fondent rapidement avec les peuples autochtones. La déesse vautour de Nekheb, Nekhbet, est la déesse tutélaire de la royauté du Sud, comme la déesse cobra de Bouto, Ouadjet, l’est pour la royauté du Nord. Des textes des pyramides de la Ve et de la , entre -2600 et -2500 semblent décrire une civilisation du nord de l'Égypte avant la fusion du nord et du sud : un groupement de nomes de l'Est se serait opposé à celui de l'Ouest. Les populations de l’Ouest seraient des Protoberbères venus dans le delta par la route de Siwa. Celle de l’Est, des peuples anciennement installés au Sinaï. Elles auraient été unifiées plus tard par le dieu Osiris, roi du Nord. À la même époque, la Haute-Égypte était gouvernée par Seth, le dieu d'Ombos, au nord de Nagada. Le fils d'Osiris, Horus, aurait attaqué et conquis le royaume de Seth, mais l’occupation de la Haute-Égypte aurait été de courte durée. La capitale de ce royaume unifié se situerait à Héliopolis, près du Caire. Il se serait rapidement scindé en deux États, le royaume de Bouto au Nord et de Nekheb (El-Kab) au Sud.
Nagada <span class
"romain" title="Nombre 3 écrit en chiffres romains" style="text-transform:uppercase">III ===
La culture de Nagada III (-3300 / -3150) voit l'unification des traits culturels dans la vallée du Nil et le delta.
À la fin de Nagada III, la structure du schéma décoratif se modifie, les scènes s’organisent en registres, les premières notations hiéroglyphiques apparaissent. Les thèmes évoluent l’affirmation de la prééminence d’un chef incarnant le groupe entier, dont la force et la puissance peuvent être exprimées à travers l’image du lion ou du taureau. La violence pénètre l’iconographie qui développe l’idéologie d’un pouvoir coercitif. Les reliefs des palettes et objets votifs permettent alors de saisir une part du processus historique de constitution de l'idéologie royale fondant l’État et de l’unification politique de la vallée et du delta.
On a même voulu voir (M. Bietak) un rôle moteur de l'institution royale dans l'urbanisation de l'Égypte, à partir d’une de ces palettes historiées (« palette des villes » ou du « tribut libyen »), une des faces montrant les images d’enceintes fortifiées, vue en plan, surmontées de numina royaux (faucon, lion, scorpion) tenant la houe. Acte fondateur (Bietak) ou destruction de villes ? Cette dernière interprétation garde de solides arguments. C'est l’émergence d’un pouvoir royal fort n’hésitant pas à recourir à la violence pour soumettre les cités et en faire les relais de son autorité qui est souligné ici. La forme particulière des enceintes représentées, rectangulaire aux angles arrondis, peut être rapprochée de traces archéologiques à Hiérakonpolis et à Abydos.
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