Pour les articles homonymes, voir Nicolas II de Russie (homonymie).
Nicolas_II_de_Russie |
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Le tsar Nicolas II de Russie peint par Earnest Lipgart |
Dynastie | Romanov |
Naissance | 6 mai 1868 Tsarskoïe Selo |
Décès | 17 juillet 1918 Iekaterinbourg |
Pays | |
Titre | Nicolas II, empereur et autocrate de toutes les Russies (1895 - 1918) |
Grade militaire | |
Arme | |
Service | de à |
Couronnement | |
Sacre | |
Investiture | |
Prédécesseur | Alexandre III |
Successeur | |
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Autres fonctions | |
Enfant de | Alexandre III et de Dagmar de Danemark |
Conjoint | Alexandra Feodorovna |
Enfants | Olga Nicolaïevna Tatiana Nicolaïevna Maria Nicolaïevna Anastasia Nicolaïevna Alexis Nicolaïevitch |
Maîtresses | |
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Nicolas II Alexandrovitch Romanov (en Russe Николай Александрович Романов), de la dynastie des Romanov, né le 6 mai 1868 à Tsarskoïe Selo, exécuté le 17 juillet 1918 à Iekaterinbourg, fut le dernier Tsar couronné en Russie de 1895 à 1917. Son titre complet était « Nicolas II, empereur et autocrate de toutes les Russies » (Божию Милостию, Император и Самодержец Всероссийский en Russe).
Jeunesse
Nicolas II est le fils de l'empereur Alexandre III, auquel il succéde le
1er novembre 1894 et de
Dagmar du Danemark (1847-1928) (fille de Christian IX roi du Danemark).
Le 26 novembre 1894, il épouse la princesse Alexandra de Hesse-Darmstadt (1872-1918), de son vrai prénom Alix, fille de Louis IV de Hesse-Darmstadt et d'Alice de Saxe-Cobourg et Gotha(morte en 1878). Alix de Hesse-Darmstadt était la petite-fille de la reine Victoria et d'Albert de Saxe-Cobourg et Gotha. Elle est connue en Russie sous le nom russifié d'Alexandra Fedorovna.
Nicolas II et Alexandra Feodorovna ont cinq enfants : un fils, le tsarévitch Alexis Nicolaïevitch (1904-1918) et quatre filles, Olga Nicolaïevna (1895-1918), Tatiana Nicolaïevna (1897-1918), Maria Nicolaïevna (1899-1918) et Anastasia Nicolaïevna (1901-1918).
Mal préparé à assumer ses fonctions, Nicolas II est généralement considéré par les historiens comme un homme faible, sans volonté, subissant constamment l'influence de son épouse (à laquelle il voue un amour sans faille) ou de ses conseillers, ou encore de son entourage plus large (comme Raspoutine). Jugé entêté comme tous les faibles, incapable de refus, il estt trop délicat et bien élevé pour se déterminer grossièrement et, plutôt que refuser, préfère se taire.
Son épouse, Alexandra, estt méprisée par les Russes en raison de ses origines allemandes mais aussi de l'amitié qu'elle voue à un moine débauché, Grégori Raspoutine, qui devient l'intime de la famille impériale : capable de guérir les crises d'hémophilie dont souffre le tsarévitch Alexis, Raspoutine acquiert une très grande influence sur le Tsar et sur son épouse avant d'être finalement assassiné par une conjuration de hauts-dignitaires en décembre 1916 (le député Pourichkevtch et le prince Youssoupov, époux d'une nièce du tsar).
Profondément marqué par l'assassinat de son grand-père le tsar libérateur Alexandre II quand il avait 13 ans, il se veut, comme son père, conservateur. Nicolas II se considérait comme le maître absolu de la terre russe et entendait dès son avènement poursuivre la politique menée par son père, fondée sur le maintien de l'autocratie ; autocratie qu'il avait juré lors de son couronnement de défendre.
Le maintien affirmé de l'autocratie
À son avènement, Nicolas II révoque les ministres de son père à l'exception du ministre des Finances,
Serge Witte, qu'il charge d'achever la réforme financière engagée sous le règne d'Alexandre III afin d'assurer la parité monétaire. Malgré leurs divergences de caractère, Nicolas II approuve la politique de développement économique intensif menée par son ministre.
Le 3 janvier 1897, le rouble-or est restauré. La principale pièce d'or est l’impérial (d'une valeur de 15 roubles) ; on frappe aussi un demi-impérial (7 roubles cinquante kopecks). Cette remise en ordre du système financier donna une nouvelle impulsion au développement de l'industrie, particulièrement l'industrie lourde.
Les progrès réalisés dans le domaine du développement économique, sans réel souci du sort des ouvriers, entraïnent logiquement des mouvements sociaux, ainsi qu'un essor de la culture russe traditionnelle qu'inspire au peuple et aux artistes la peur du changement. Nicolas II refuse de voir les conséquences de la politique économique qu'il soutient et s'efforça de maintenir les fondements de son pouvoir absolu.
Politique intérieure
Sur le plan intérieur, Nicolas II ne s'écarta pas de la politique conservatrice de son père, Alexandre III : sa première déclaration publique, lors de son avènement, condamna les
zemstvos tolérés par Alexandre III.
En 1897, il envoya le général Golitsyne russifier les provinces du Caucase ; en 1898, il nomma gouverneur général de Finlande Nikolai Bobrikov, qui entreprend de russifier la population.
En 1902, Nicolas II confia au comte Plehve le ministère de l'Intérieur. Bien qu'il éprouvât de la sympathie pour les idées constitutionnelles, Plehve développa une politique très conservatrice.
Une politique expansionniste
Déterminé à conquérir des ports sur les mers chaudes, Nicolas II engagea la Russie dans une politique expansionniste, qui s'exprima tout d'abord au détriment de l'
Empire ottoman et du
Japon :
- En 1896, il recommanda à son ambassadeur à Constantinople d'envisager l'annexion du Bosphore par la Russie, expédition à laquelle il renonça ensuite sous l'influence de Witte. Nicolas II, poursuivant probablement le vieux rêve de reconquérir l'Empire byzantin songeait à prendre Constantinople - ce que l'état de l'homme malade de l'Europe (l'Empire ottoman) lui aurait sans doute permis - et à ouvrir ainsi à la Russie un port sur la Méditerranée.
- Il chercha ensuite à étendre la Russie vers l'Extrême-Orient, afin notamment d'acquérir un accès aux mers chaudes du Pacifique. Ainsi fut-il favorable à un partage de la Chine par les puissances occidentales qui dépeçaient lentement l'empire du Milieu (Guerre des boxers) et de la Corée, afin d'acquérir un port qui ne soit pas pris dans les glaces et qui pourrait permettre à la flotte russe de sillonner le Pacifique. Cette ambition inquiétait le Japon qui, le 26 janvier 1903, attaqua l'escadre russe amarrée à Port-Arthur : c'est le début de la Guerre russo-japonaise, qui s'acheva par la défaite de la Russie en 1905.
- Dès 1896, il continua la politique spectaculaire de rapprochement avec la France entreprise par son père Alexandre III, qui permit l'établissement de la "Triple Entente" entre la France, l'Angleterre et la Russie. Des liens financiers étroits se nouèrent avec la souscription des "emprunts russes", destinés à financer le développement économique de la Russie : la France voyait en la Russie le "rouleau compresseur" qui pourrait l'aider, en cas de guerre contre l'Allemagne, à récupérer l'Alsace-Lorraine.
- Au point de vue religieux, assimilant les Coptes à des orthodoxes, il s'intéressa à l'Éthiopie : en 1893, les Églises orthodoxes et coptes signaient des accords et, en 1900, le général Leonteov était nommé protecteur général des possessions équatoriales de l'Éthiopie.
- Son règne vit également la dégradation des relations entre la Russie et l'Allemagne, les pangermanistes allemands et autrichiens menant une politique anti-russe et anti-slave.
L'échec de l'Empire constitutionnel
La défaite de
1905, face au
Japon, fragilisa Nicolas II qui ajoutait à ses autres problèmes la réputation d'un empereur vaincu ; symboliquement, il ne pouvait plus prétendre à être le bon protecteur de la
Russie. De plus, le développement économique renforça la question agraire.
Dès 1904, les administrations provinciales attiraient l'attention de Nicolas II sur « plusieurs questions d'ordre étatique général », mais ces requêtes furent écartées par le Tsar, qui considérait que les problèmes de l'État ne concernaient pas les administrations provinciales.
Progressivement, des troubles avaient lieu dans les campagnes (incendies de propriétés, grèves) et principalement dans les marches de l'Empire (Pologne, Sibérie, Caucase, Finlande, Petite-Russie) obligeant le gouvernement à décréter l'état de siège.
Les Lois fondamentales d'avril 1906
Nicolas II dut affronter la révolution russe de 1905 :
Après le Dimanche rouge du 22 janvier 1905 et sur les conseils de Witte, qu'il a nommé Premier ministre, il promulgue, le 17 octobre 1905, trois actes gouvernementaux accordant la convocation d'une assemblée représentative, la Douma. Ce manifeste réaffirme toutefois l'intangibilité du pouvoir autocratique.
Deux institutions apparaissent : le Conseil des ministres, dont le président fut le comte Witte, et la Douma.
En octobre 1905, en vue de l'élection de l'assemblée représentative, une loi organisait les collèges électoraux en élargissant la représentation populaire ; en créant des curies de propriétaires, paysans, citadins et ouvriers, cette loi permettait à la majorité de la population russe d'être représentée à la Douma.
Nicoals II n'a cédé qu'à contre-coeur en octobre 1905. Il limite au maximum les concessions octroyées dans les Lois fondamentales (ce qui évite d'utiliser le terme honni de constitution) promulguées en avril 1906, la veille du jour où doit se réunir la première Douma.
L'empereur conserve le titre d'autocrate et garde le contrôle de l'exécutif (les ministres ne sont pas responsables devant la Douma et relèvent uniquement du souverain), des forces armées, de la politique étrangère (et notamment du droit de déclarer la guerre et de faire la paix) et convoque les sessions annuelles de la Douma.
Le pouvoir législatif de la Douma est officiellement restreint : elle n'a pas l'initiative des lois et les lois qu'elle a acceptées passent ensuite devant l'ancien Conseil d'État transformé en Conseil d'Empire et qui tient lieu de chambre haute. Le gouvernement a la possibilité de légiférer par oukases dans l'intervalle des sessions, à charge de les faire ratifier ensuite par la Douma.
La période semi-constitutionnelle (1905-1907)
La première Douma ou Douma cadette (mai-juillet 1906).Les élections réellement libres sont un succès pour les Cadets (K.D.) et le centre gauche. Beaucoup parmi les nouveaux élus prennent leurs fonctions à coeur et s'aliènent immédiatement la couronne en cherchant à établir un régime parlementaire et à imposer une réforme agraire jugée inacceptable par la noblesse tandis que Goremykhine, éphémère premiere ministre d'avril à juillet 1906, refuse tout contact avec la Douma. Stolypine, nommé nouveau premier ministre par Nicolas II, obtient la dissolution de la Douma. Les députés libéraux et socialistes modérés répliquent en lançant l'appel de Vyborg appellant à la résistance passive par le refus de l'impôt et de la conscription : les signataires de l'appel sont condamnés à la prison et déclarés inéligibles non seulement à la future Douma mais aussi aux zemstvos.
La deuxième Douma ou Douma rouge (février-juin 1907).
Le gouvernement s'est assuré tous les moyens de pression pour s'assurer des résultats favorables mais la deuxième Douma s'avère encore plus ingouvernable que la première. Les partis de gauche qui ont renoncé au boycott progressent aux dépens des cadets dont les leaders sont inéligibles et s'opposent à Stolypine par tous les moyens : ce dernier obtient de nouveau de l'empereur la dissolution de la Douma suite à un prétendu complot fomenté par les socio-démocrates.
Le gouvernement Stolypine (1906-1911)
En
1906, Nicolas II nomme
Piotr Stolypine président du Conseil des ministres. Celui-ci se donne deux objectifs : rétablir l'ordre et mettre en oeuvre un programme de réformes.
La modification de la loi électorale et l'élection de la Troisième Douma.
La modification de la loi électorale a pour but de faire élire une Douma prête à coopérer avec le gouvernement : la représentation paysanne est diminuée de près de moitié, celle des ouvriers réduite de façon draconnienne; le nombre de députés de la noblesse augmente de façon tout à fait disproportionnée étant donné le faible nombre de ses électeurs. Le gouvernement trouve enfin une Douma coopérative (l'extrême-droite et les Octobristes sont majoritaires).
Contrairement à ce qui s'est passé pour les deux premières Doumas qui n'ont duré que quelques mois, la troisième reste en fonction jusqu'au terme légal de la législature, c'est-à-dire jusqu'en 1912. La quatrième Douma dure également cinq ans, de 1912 à la révolution de 1917.
La lutte contre le terrorisme.
L'arrivée au pouvoir de Stolypine correspond à une reprise du terrorisme. Les S.R. décident en 1906 de frapper un grand coup : la résidence où vit le premier ministre est l'objet d'un attentat particulièrement sanglant (plus de trente victimes, dont deux enfants de Stolypine, sont grièvement blessés). Stolypine est indemne mais est convaincu de la nécessité de sévir sur le champ. Il décide la constitution de cours martiales ambulantes composées d'officiers sans formation juridique qui procèdent à l'instruction immédiate des dossiers : les jugements sont rendus et exécutés par des militaires, les accusés sont privés d'avocat et du droit d'interjeter appel.
Cette justice expéditive qui fonctionne jusqu'au printemps 1907 prononce des milliers de condamnations à mort (la "cravate de Stolypine) ou aux travaux forcés (le "wagon de Stolypine).
Une réelle tentative de réforme agraire.
Stolypine estime qu'il faut changer radicalement de politique agraire. Il est convaincu que le mir est devenu un ferment de socialisme qui va à l'encontre du droit de propriété et ne permet plus de maintenir l'ordre dans les campagnes. Il entend par conséquent constituer une classe de petits propriétaires privés qui élargirait la base sociale du régime et briserait l'unité corporative de la paysannerie (en calquant l'Occident où les paysans soutiennent politiquement les partis conservateurs).
Les oukases de 1906, 1910 et 1911 facilitent la dissolution des mirs afin de permettre le passage de la propriété collective à la propriété individuelle. La législation agraire de Stolypine, quoique critiquée, est la seule à tenter une modification en profondeur des campagnes et de la condition du peuple russe. Leur résultat est très controversé (les statistiques divergent et vont de 16 à 54% de paysans sortis du mir selon les auteurs).
- les libéraux estiment que cette politique résolue était en train de sauver l'Empire et, avec les années, la réforme aurait atteint son but aec la transformation et la stabilisation des campagnes.
- le marxistes pensent que cette réforme a eu une portée très limitée car elle pèche par l'étroitesse de son champ d'application (Stolypine est décidé à ne pas confisquer de terres à la noblesse et invite les paysans à repartager les terres qu'ils possèdent déjà), son aspect coercitif et l'accentuation des diiférenciations sociales au sein de la masse paysanne.
Une impression de fin de règne (1911-1914)
Le 5 septembre 1911, Stolypine est assassiné à Kiev par un étudiant juif probablement manipulé par la police. Sa mort marque la reprise des troubles révolutionnaires et des grandes grèves telle celle sur la Léna à partir de février 1912.
Nicolas II, par incompétence ou paresse, est incapable de faire face à la situation. Il confie le pouvoir à des réactionnaires convaincus (Kokovtsev de 1911 à 1913), Goremykhine de 1913 à 1916) et écoute constamment les conseillers qui lui affirment que la moindre concession risque d'encourager l'opposition à réclamer toujours davantage. Il laisse en outre sa femme, l'impératrice Alexandra, s'enticher du moine débauché Raspoutine à qui la rumeur publique attribue une forte emprise sur la famille impériale et le déclare responsable de la nomination des ministres. Insousciant, il célèbre en 1913 le tricentenaire de la dynastie des Romanov et les acclamations orchestrées de la foule le convainquent de sa popularité.
La guerre et les défaites
En juillet
1914, après l'attentat de
Sarajevo et l'ultimatum adressé à la
Serbie par l'
Autriche-Hongrie, Nicolas II décréta la mobilisation générale afin de se préparer, au nom du
Panslavisme et des accords de défense, à se porter au secours de la
Serbie, peuple slave et orthodoxe. L'engrenage des alliances conduisit la
Russie à entrer dans la Première Guerre mondiale aux côtés de la
France et de l'
Angleterre, contre l'
Allemagne, l'
Autriche-Hongrie et l'
Empire ottoman.
Les opérations militaires sur le front de l'est s'ouvrirent par l'offensive des troupes russes en Prusse Orientale et en Galicie, pour soulager les troupes franco-anglaises qui reculaient en France. Cette première offensive fût écrasée par Hindenburg à Tannenberg avec deux corps d'armée prélevés sur le front de l'ouest, corps qui firent cruellement défaut à l'armée allemande durant la Bataille de la Marne et dont l'absence permit le salut de la France.
En août 1915, Nicolas II prit les fonctions de commandant suprême des armées, écartant son oncle le grand-duc Nicolas Nicolaïevitch Romanov. Ce faisant, il laissait le pouvoir aux mains de l'impératrice Alexandra Feodorovna et de Raspoutine. Son quartier général était trop loin de Pétrograd.
Abdication et emprisonnement
La
Révolution de février 1917 sonna le glas du régime impérial. Dominé par l'impératrice Alexandra Feodorovna (elle-même détestée en raison de ses origines allemandes), le gouvernement perdit le soutien du peuple russe, qui se révolta à
Pétrograd de lui-même, faisant 1 300 morts.
Le 10 février 1917, le président de la Douma remit à Nicolas II un rapport faisant état de l'impossibilité de gouverner l'Empire, en soulignant la nécessité de former un gouvernement responsable devant la Douma. Les commandants en chef des armées se prononcèrent, officieusement, en faveur de l'abdication du tsar, qu'ils jugeaient incapable de mener les armées russes à la victoire.
Ne pouvant se résoudre à se séparer de son fils le tsarévitch Alexis Nicolaïevitch qui n'avait que 13 ans, et souffrant d'hémophilie, était incapable de régner, Nicolas II abdiqua le 2 mars 1917 du Calendrier julien ou 15 mars 1917 du calendrier grégorien, en faveur de son frère, le grand-duc Michel (Mikhail Alexandrovich Romanov), qui, surpris, finit par refuser le pouvoir. Nicolas II fut arrêté par le gouvernement provisoire le 10 mars.
Destin familial
Le massacre de la famille impériale
Emprisonné à Tsarskoïe Selo, puis à
Tobolsk et enfin à
Iekaterinbourg, Nicolas II et sa famille furent exécutés sans aucun jugement dans les caves de la
Villa Ipatiev (propriété d'un industriel de cette dernière ville : Nicholaï Ipatiev), le 17 juillet
1918, par un groupe de bolcheviks commandé par
Iakov Sverdlov et
Iakov Yourovsky, dont faisait partie
Imre Nagy, peut-être sur l'ordre de
Lénine ; les
Bolchéviques craignaient que le symbole même de l'autocratie en
Russie, le
Tsar, ne soit libéré par les Blancs.
Les corps de la famille impériale furent chargés sur un camion puis transférés dans une forêt proche de Iekaterinbourg. Ils furent jetés dans un puits de mine d'où ils furent, quelques jours plus tard, retirés pour être ensevelis sous un chemin forestier.
Les controverses quant au sort de certains membres de la famille
Le sort de la famille impériale resta pendant longtemps sujet à controverses : si le juge Nicolas
Sokolov, dépêché par l'amiral Koltchak, conclut immédiatement au massacre collectif et à l'incinération des corps, divers historiens - s'appuyant en cela sur des rumeurs répandues dans la région d'Iekaterinbourg - contestèrent ses conclusions. Ainsi l'historienne Marina Gray, fille du général Dénikine, tenta de démontrer la survie d'une partie de la famille impériale.
D'aprés Summers et Mangold, les femmes de la famille n'auraient pas été exécutées le 17 juillet, mais évacuées vers Perm. En effet, leur "qualité" de princesses allemandes faisaient d'elles une monnaie d'échange avec l'ennemi (des terroristes bolcheviques étaient encore emprisonnés en Allemagne et auraient pu être échangés avec elles). Elles auraient été vues en octobre 1917 à Perm ; à cette même période, Anastasia aurait réussi à s'évader et à regagner l'Allemagne aprés une érrance de plusieurs années. Cette théorie, relayée par l'historienne Marina Gray, fut contestée par certains historiens et se trouve aujourd'hui écartée.
La controverse fut principalement alimentée par l'affaire Anna Anderson : le 17 février 1920, un officier allemand repêche, dans un canal de Berlin, une jeune femme qui venait de s'y jeter. Refusant de parler, elle fut internée dans un asile d'aliénés où elle finit par déclarer son identité avec la grande-duchesse Anastasia, dernière fille de Nicolas II.
Connue sous les noms successifs de Anna Tchaîkovsky puis Anna Anderson, elle fut au centre d'une longue énigme largement médiatisée, ponctuée de nombreux procès intentés à la famille impériale Romanov afin de se faire reconnaître comme Anastasia. Elle fut définitivement déboutée par la Cour de cassation de Karlsruhe, le 17 février 1970. Mariée au médecin américain John Manahan, elle mourut le 12 février 1984 à Charlottesville, aux États-Unis.
Les analyses ADN ont démontré qu'Anna Anderson ne pouvait être la grande-duchesse Anastasia : ces mêmes analyses démentent également l'hypothèse longtemps admise selon laquelle Mme Anderson était une ouvrière polonaise nommée Franziska Schanzkowska.
Confirmation et inhumation
En
1990, les corps de la famille impériale ont été retrouvés et exhumés, puis identifiés par une analyse ADN. Deux corps manquent, celui du
tsarévitch Alexis Nicolaïevitch, 14 ans, et celui de l'une des filles Anastasia Nicolaïevna, 17 ans : d'après le rapport de Yourovsky, qui dirigea l'exécution, ces deux corps furent brûlés. Selon certaines sources, ce serait le corps de Maria Nicolaïevna, 19 ans, (et non celui d'Anastasia) qui manquerait.
Le 16 juillet 1998, Nicolas II a été inhumé avec sa famille (sauf les deux corps non retrouvés) dans la Cathédrale Pierre-et-Paul à Saint-Petersbourg, ainsi que le docteur Eugène Botkine, médecin de la famille impériale, et leurs domestiques : Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Alexeï Trupp. Ils furent inhumés en présence des descendants de la famille Romanov, en particulier le grand duc Nicolas Romanovitch, chef de la maison impériale de Russie.
En 2007, les corps auparavant introuvables des deux enfants du dernier tsar, Maria, 19 ans et Alexis, 14 ans, ont étés retrouvés. Les corps ont ensuite été inhumés dans l'ancienne capitale impériale, Saint-Pétersbourg.
Canonisation
Le 14 août
2000, Nicolas II et sa famille ont été
canonisés par l'Église orthodoxe de Russie, qui les considère comme morts
martyrs.
Divers
Anecdote
Cousins germains par leurs mères, Nicolas II de Russie et son cousin George V du Royaume-Uni se ressemblaient à un tel point qu'ils étaient souvent confondus l'un avec l'autre. À noter que
Michael de Kent ressemble également beaucoup à Nicolas II de Russie.
Ainsi, au lendemain de la Révolution russe et de l'exécution de la famille impériale, un jour que le roi Georges V parut dans la pièce où se trouvait la grande-duchesse Xenia Alexandrovna, soeur de Nicolas II, entourée de ses serviteurs, ces derniers se méprirent sur l'identité de la personne, ils se jetèrent aux pieds du souverain anglais croyant que Nicolas II de Russie était ressuscité.
Généalogie
Nicolas II de Russie appartient à la première branche de la Maison d'Oldenbourg-Russie (Holstein-Gottorp-Romanov), issue de la première branche de la Maison d'Holstein-Gottorp, elle-même issue de la première branche de la
Maison d'Oldenbourg.
Liens internes
- Nicolas Ier de Russie (arrière-grand-père paternel)
- Frédéric Guillaume de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg (arrière-grand-père maternel)
- Alexandre II de Russie (grand-père paternel)
- Marie de Hesse-Darmstadt (grand-mère paternelle)
- Christian IX de Danemark (grand-père maternel)
Bibliographie
- A. d'Anjou, Moi,Alexis,arrière-petit-fils du tsar, Fayard, 1982.
- T. Botkine, Anastasia retrouvée, Grasset, Paris, 1985.
- Hélène Carrère d'Encausse, Nicolas II, la transition interrompue, Perrin.
- Marc Ferro, Nicolas II, Payot, Paris, 1991, 276 p.
- M. Gray, Enquête sur le massacre des Romanov, Perrin.
- Michel Heller, Histoire de la Russie et de son Empire, Flammarion.
- P.Kurth, The riddle of Anna Anderson, Little,Brown & Co., Boston, 1983.
- Pierre Lorrain, La Fin tragique des Romanov, Bartillat, 2005.
- M.Summers & Mangold, Le Dossier Romanoff, Albin MIchel, Paris, 1980.
- Maurice Paléologue, "Le crépuscule des Tsars", Mercure de France, 2007.
- Jean Rolland, Alexis, prince des neiges, Téqui. (ISBN 274030756X)
- Henri Troyat, Nicolas II, le dernier tsar, Perrin.
Articles connexes
- Tsar
- Liste des monarques de Russie
- Histoire de la Russie
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