La «
non-modernité » est un concept introduit par le sociologue des sciences français
Bruno Latour dans
Nous n'avons jamais été modernes : Essai d'anthropologie symétrique (1991). Il correspond à ce que d'autres penseurs contemporains nomment «
hypermodernité », notion dans laquelle le préfixe
Hyper- est compris au sens d'« au-delà » (de la
Modernité) et non comme exprimant l'idée d'une supériorité (« plus » de modernité) ou d'une quantité supérieure. Latour de définir le concept à travers une sélection et un rejet de propositions associés au trois
épistémè considérés comme précédant la « non-modernité », à savoir la
prémodernité, la
modernité et la
Postmodernité. Ce qui est « gardé » (dans le tableau ci-dessous) constitue les composantes de ce que Latour entend par « non-modernité ».
Tableau
| Ce que nous gardons | Ce que nous rejetons |
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Des modernes XVIIe XIXe | - Réseaux longs
- Taille
- Expérimentation
- Universels relatifs
- Séparation de la nature objective et de la société libre
| - Séparation de la nature et de la société
- Clandestinité des pratiques de médiation
- Grand Partage extérieur
- Dénonciation critique
- Universalité
- Rationalité
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Des prémodernes | - Non-séparabilité des choses et des signes
- Transcendance sans contraire
- Multiplication des non-humains
- Temporalité par intensité
| - Obligation de lier toujours l'ordre social et l'ordre naturel
- Mécanisme d'accusation victimaire
- Ethnocentrisme
- Territoire
- Échelle
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Des postmodernes XXe | - Temps multiple
- Déconstruction
- Réflexivité
- Dénaturalisation
| - Croyance dans le modernisme
- Impuissance
- Déconstruction critique
- Réflexivité ironique
- Anachronisme
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Bibliographie
- Bruno Latour, Nous n'avons jamais été modernes : Essai d'anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, 1991.
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