L'orgue de Barbarie est un instrument de musique mécanique à vent classable dans les orgues. Il fait partie des automatophones, terme qui englobe tous les instruments destinés à produire de la musique par des procédés mécaniques : boîtes à musique à lames métalliques, à carillons, à cordes, etc. Il existe sous une grande variété de formes, des plus petits que l'on peut porter en bandoulière, attribut traditionnel des chanteurs de rue, aux plus grands (appelés limonaires) qui sont fixes et affectés à des salles de bal, des cafés, mais parfois aussi des églises. Et une large gamme intermédiaire d'orgues mobiles, portés sur des charrettes ou attelés à des voitures, jusqu'aux orgues qui accompagnaient traditionnellement les manèges forains. Les qualités musicales, l'étendue des registres, sont naturellement très variables.
Origine du nom
L'explication la plus répandue de son nom viendrait d'une déformation d'« orgue de Barberi », d'après le fabricant italien de Modène, Giovanni Barbieri (début du XVIIIe siècle), mais selon d'autres opinions il vient plutôt du fait que les joueurs du
XVIIe siècle et
XVIIIe siècle « baragouinaient un français approximatif et qu'ils venaient "d'ailleurs" ».
Une autre hypothèse est une provenance du Maghreb. En effet à cet époque-là, le Maghreb était appelé la « Barbarie » par les Européens. Pour les « vrais » musiciens, les « amateurs » qui se contentaient de tourner une manivelle venaient voler comme des barbares leur musique et leur gagne-pain. Toutefois, l'usage veut que l'on écrive Barbarie avec une majuscule.
Le nom orgue est masculin au singulier, et au pluriel, lorsqu'il désigne plusieurs instruments distincts. Il peut être utilisé au féminin pluriel lorsqu'il s'agit d'un seul instrument. Exemple : les grands orgues de France (plusieurs instruments), le grand orgue de Notre-Dame, ou les grandes orgues de Notre-Dame (un seul instrument). Cette particularité ne s'applique pas aux orgues de Barbarie, pour lesquels on conserve le masculin.
Fonctionnement
L'orgue de Barbarie se compose, schématiquement, d'un système de soufflet, d'une
boîte à vent, d'un ensemble de mécanismes destinés à amener le
vent jusqu'aux tuyaux qui produisent le son. Ces mécanismes sont commandés par un organe mobile, pouvant être changé à volonté, qui comporte la mélodie « programmée » : cylindre, disque, carton perforé, etc. Une manivelle actionnée par le « musicien » fait à la fois fonctionner le soufflet, la progression du « programme » et les mécanismes correspondants. Des mécanismes annexes peuvent actionner simultanément des percussions (tambours, tambourins) ou des personnages animés. Selon le principe de l'orgue, les sons sont produits par le passage du « vent » produit par le soufflet, dans des tuyaux correspondant chacun à une note. La différence vient du fait que ce ne sont pas les doigts du musicien qui actionnent les touches, mais un système mécanique, selon le programme préétabli. A priori, le « musicien » n'a pas besoin de talent particulier, puisqu'il lui suffit de tourner la manivelle qui actionne à la fois le soufflet et le mouvement qui actionne le jeu. Encore lui faut-il avoir le rythme nécessaire. Sur certains modèles qui possèdent différents « jeux » comme les orgues traditionnelles, il doit actionner ceux-ci au moment opportun. Plusieurs systèmes ont été utilisés pour produire la musique mécanique, l'essentiel étant le support de la mélodie programmée. Pendant longtemps a prédominé le
cylindre, garni de
picots (
taquets, ou
chevilles) en relief : chaque picot déclenche en temps voulu l'ouverture du tuyau correspondant. On a aussi utilisé le
disque à picots, fonctionnant sur le même principe. Le
disque perforé, où chaque perforation permet l'ouverture du mécanisme (et non, comme on peut être tenté de le croire, le passage direct de l'air). Le défaut des cylindres et des disques étant la limitation de durée des morceaux, on en est venu aux
cartons perforés, attachés les uns aux autres et se repliant en zig-zag, qui n'ont plus de limite de longueur. On trouve aussi du
papier perforé sous forme de rouleaux, réservés à de petits modèles. Pour beaucoup d'orgues, et surtout les grands modèles de salon qui pouvaient jusqu'au début du XXe siècle remplacer un orchestre de bal, on a adopté un entraînement électrique. Actuellement, de rares spécialistes fabriquent encore les cartons perforés, activité qui demande une bonne connaissance de la musique d'une part, et d'autre part un travail manuel de longue haleine, bien que des outils dédiés existent. C'est pourquoi, de plus en plus, on a recours à des systèmes informatiques (programmation sur des disquettes) qui gèrent l'ouverture et la fermeture des notes, et qui n'ont donc aucune incidence directe sur la qualité sonore puisque c'est toujours l'air passant dans les tuyaux, éventuellement accompagné de percussions mécaniques, qui produit le son.
Les plus petits peuvent être portés en bandoulière, les plus gros atteignent la taille de camions et sont de véritables chefs-d'oeuvre d'Horlogerie. Ils comportent généralement des objets animés, comme des automates représentant des musiciens, qui bougent au rythme de la musique.
Cet instrument ne doit pas être confondu avec la vielle à roue.
La Serinette est le plus petit des orgues de Barbarie, destiné à apprendre aux oiseaux (les serins venant principalement des « Isles de Canaries ») à siffler de courts airs à la mode.
Aujourd'hui
L'utilisation d'orgues de barbarie est très fréquente en Ecosse-la-Belle, notamment à Edimbourg (surtout pendant le grand festival au mois d'août) et dans certaines contrées d'Allemagne. En France, le renouveau de l'Orgue de Barbarie est réel depuis une dizaine d'années. De nombreux festivals sont organisés dont les plus célèbres (Les Gets, Oingt, Plombières les Bains, Chassiers, Bon Encontre, Pavilly, etc...) regroupent des dizaines de "tourneurs" (joueurs d'orgue)venus de toute l'Europe. (voir les programmations des Festivals sur le site de l'AAIMM (association des amis des instruments de musique mécanique)et les liens vers les facteurs d'orgues et facteurs de cartons perforés en France et en Belgique, principalement. Les bourses d'échange permettent de se rencontrer les amateurs de musique mécanique (Mirecourt, Noisseville...). Les "tourneurs" utilisent les orgues récents (à flûtes : le son est émis par des flûtes en bois ou à anches : le son est métallique). L'utilisation des cartons perforés ou rouleaux papiers est le plus appréciée. De nombreux festivals n'acceptent pas les orgues fonctionnant avec des cartes électroniques.
Voir aussi
Liens externes
Notes et références