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El Hadj Oumar Tall (Umar al-Fûtî ou Omar Seydou Tall) est un conquérant et souverain Toucouleur, né à Halwar, près de Podor, dans le Fouta-Toro (dans l’actuel Sénégal) en 1797 et décédé à Deguembéré (près de Bandiagara, actuel Mali) en 1864. Il est le fondateur de l'Empire toucouleur.
Les voyages
Né en
1797 à
Halwar près de Podor, il a commencé à approfondir sa connaissance de l’islam grâce à Abd el-Karim, un lettré musulman originaire du
Fouta-Djalon, membre de la confrérie
Tidjaniya. À partir de
1827 et pendant dix-huit ans, Omar Seydou tall entreprend plusieurs voyages. Il se rend à
Hamdallaye sur le
Niger où il rencontre
Amadou Cheikhou, puis séjourne plusieurs mois à
Sokoto à la cour de Mohammed Bello. Il traverse ensuite le
Fezzan et se rend au
Caire avant d’atteindre
La Mecque où il reçoit les titres d’El Hadj et de Calife de la
Confrérie soufi Tidjane pour le Soudan (
1828). Il séjourne ensuite à l’Université
Al-Azhar du Caire, puis chez le sultan du Bornou dont il épouse une fille, à la cour de Mohammed Bello dont il épouse également une fille, enfin à
Hamdallaye chez
Amadou Cheikhou, qui cette fois-ci l’accueille beaucoup moins favorablement. Puis il est emprisonné par le roi
animiste bambara de Ségou. Lorsqu’il est relâché, il se rend dans le
Fouta-Djalon où l’almami l’autorise à créer une zaouïa (
1841). Pendant treize ans, il prêche la doctrine de la Tidjaniya d’abord au
Fouta-Djalon, puis à
Dinguiraye (actuelle
Guinée) en
1848Le djihad
A
Dinguiraye, il prépare le
djihad (guerre sainte). Il acquiert une réputation de saint et rassemble de nombreux disciples qui formeront les cadres de son armée. Son armée, équipée d’armes légères européennes reçues de trafiquants britanniques de
Sierra Leone, s’attaque à plusieurs régions
malinkées à partir de
1850. Il occupe sans difficulté les territoires du
Mandingue et du
Bambouk (
1853), puis attaque les
Bambaras Massassi dont il prend la capitale
Nioro (
1854). En
1856, il annexe le royaume
Bambara du Kaarta et réprime sévèrement les révoltes.
Luttant contre l’armée coloniale française, il fait construire un tata (une fortification) à Koniakary (77 Km à l'ouest de Kayes). En avril 1857, il déclare la guerre contre le Royaume du Khasso et assiège le fort de Médine, qui sera libéré par les troupes de Louis Faidherbe le 18 juillet 1857.
Entre 1858 et 1861, El Hadj Oumar Tall s’attaque aux royaumes Bambaras de Kaarta et de Ségou. Le 10 mars 1861, il conquiert Ségou qu’il confie un an plus tard à son fils Ahmadou pour partir à la conquête d’Hamdallaye, capitale de l’Empire peul du Macina qui tombera le 16 mars 1862 après trois batailles faisant plus de 70 000 morts. Obligé de se réfugier dans les grottes de Deguembéré, près de Bandiagara, il disparait dans une grotte le 12 février 1864. Son neveu Tidiani Tall sera son successeur et installera la capitale de l’Empire Toucouleur à Bandiagara. Son fils Ahmadou Tall règne à Ségou, jusqu’à l’occupation française en 1893.
La théocratie
Mû par l’idéologie universaliste de l’islam et par un projet de rénovation égalitaire de la société, El Hadj Oumar encourage le libéralisme de la confrérie Tidjaniya, dont il est le représentant, et se promet d’imposer une « fraternité transcendante » aux peuples du Soudan occidental.
El Hadj Oumar gouverne ses États comme une Théocratie, assisté par un conseil comprenant quelques grands marabouts, certains de ses frères et des compagnons de pèlerinage. La loi coranique est le principe fondamental du gouvernement. Sur le plan administratif, El Hadj Oumar s’inspire du modèle égypto-turc avec la division du pouvoir en en un gouverneur civil (pacha) et un gouverneur militaire (bey). Chaque province dispose d’une puissante forteresse (tata) commandée par un chef militaire dirigeant une importante garnison.
La légende
El Hadj Oumar est aussi un personnage de légende, dont s'empara l'imagination populaire : plusieurs récits merveilleux circulèrent et circulent encore à son sujet. Au
Sénégal, El Hadj Oumar Tall est perçu comme un résistant, au Mali, d'après David Robinson il serait vécu comme l'envahisseur qui fit le lit de la conquête européenne. En tout cas sa mémoire reste vive en milieu
haalpular (nord du Sénégal) où porter le nom de Tall reste prestigieux, surtout si l'on peut se dire son descendant.
Notes
..
Voir aussi
articles connexes
- Religions et croyances au Sénégal
- Histoire du Sénégal
Bibliographie
- (ar)(fr) : Dhikrá murūr miʾatay sanah ʻalá mīlād al-shaykh al-Ḥājj ʻUmar al-Fūtī Tāll, 1797-1998 : nadwah dawlīyah 14-19 Djanbir 1998, Dakār - al-Sīnighāl - Bicentenaire de la naissance du cheikh El Hadj Oumar al-Futi Tall, 1797-1998 : colloque international, 14-19 Décembre 1998, Dakar - Sénégal, Actes du colloque, Rabat, Maʻhad al-Dirāsāt al-Ifrīqīyah, 2001, 2 vol. (vol. 1 en arabe (ISBN 9981370223) ; vol. 2 en français (ISBN 3022379981))
- (fr) Samba Dieng, Une approche de l’épopée omarienne d’après la chronique de El Hadj Mamadou Abdoul Niagane, Dakar, Université de Dakar, 1978, 252 p. (Mémoire de Maîtrise)
- (fr) Samba Dieng, L’épopée d’Elhadj Omar. Approche littéraire et historique, Dakar, Université de Dakar, 1984, 2 t., t.I, 1-299, t.II, 300-606. (Thèse de 3e cycle)
- (fr) Elikia M'Bokolo, Afrique Noire, Histoire et civilisations, Paris, Hatier-AUF, 2004 (2e édition), 587 p. (ISBN 2218750503)
- (fr) M. Puech, Le livre des Lances (Rimàh) d’El Hadji Omar (1845), Dakar, Université de Dakar, 1967, (Dipôme d’Etudes Supérieures)
- (fr) David Robinson, La guerre sainte d'al-Hajj Umar. Le Soudan occidental au milieu du XIXe siècle, Paris, Karthala, 1988, 413 p. (ISBN 2865372111)
- (fr) David Robinson et Jean-Louis Triaud (sous la direction de), Le temps des marabouts. Itinéraires et stratégies islamiques en Afrique occidentale française vers 1880-1960, Paris, Karthala, 1997, 583 p. (ISBN 2865377296)
- (fr) Alassane Wélé, Le Fergo omarien et ses prolongements, Dakar, Université de Dakar, 1976, 308 p. (Mémoire de Maîtrise)
Liens externes