Pour les articles homonymes, voir Paracelse (homonymie).
Paracelse (né le
11 novembre ou
17 décembre 1493 à
Einsiedeln en Suisse centrale – décédé le
24 septembre 1541 à
Salzbourg , en
Autriche) était un
alchimiste,
astrologue et
Médecin Suisse.
Né Philippus von Hohenheim, il prit plus tard, le nom de Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim, avant de se faire appeler Paracelse parce qu'il estimait ses connaissances supérieures à celles de Celse, Encyclopédiste romain du premier siècle, connu pour son traité de médecine.
Dans les Années 1520, Paracelse, critique les principes de la Médecine établie. Pour ce médecin itinérant, l'idée d'un cycle de vie cosmique fondé sur la Cuisson et les éléments aristotéliciens est fausse et mérite une révision. Malgré sa mauvaise réputation, due à sa personnalité caustique et à ses croyances religieuses radicales, il convainc les médecins des cours d'Europe d'abandonner leurs anciens principes et d'en chercher de nouveaux.
Biographie
Paracelse est né et a grandi dans le village de Maria Einsiedeln en
Suisse. Sa mère était
Suisse, son père, Wilhelm von Bombast
Hohenheim, était un chimiste et médecin souabe. De
1502 à
1507, il enseigne à son fils les rudiments de la pensée humaniste. Paracelse s'intéresse ensuite à l'
Alchimie, sous la houlette de
Trithème. Encore adolescent, il a travaillé dans des mines proches comme chimiste. À 16 ans, il commence à l '
Université de Bâle des études de médecine qu’il poursuit ensuite à Vienne. Il a obtenu son diplôme de
Doctorat à l 'Université de Ferrare.
Dans les Années 1520, celui qui s’est déjà proclamé Paracelse critique les principes de la Médecine établie. Ses voyages comme médecin itinérant et parfois ouvrier mineur le conduisent à sillonner l’Allemagne, la France, la Hongrie, les Pays-Bas,la Suède et la Russie.
Paracelse avait rejeté les traditions Gnostiques, mais conservé une grande partie de la philosophie Hermétique, Néoplatonicienne et Pythagoricienne à la suite de Ficino et de Pic de la Mirandole. Pour lui, l'idée d'un cycle de vie cosmique fondé sur la Cuisson et les éléments Aristotéliciens est fausse et mérite une révision, mais la science Hermétique reprenait tellement de théories Aristotéliciennes que son rejet de la gnostique est difficilement compréhensible.
Paracelse rejetait en particulier les théories magiques d’ Agrippa et Nicolas Flamel; Paracelse ne se considérait pas lui-même comme un magicien et condamnait ceux qui affichaient cette prétention, bien qu'il fut aussi astrologue, comme la plupart, sinon la totalité, des médecins formés à l'université qui exerçaient à cette époque en Europe. L’Astrologie jouait un rôle très important dans la médecine de Paracelse. Dans son Archidoxes de Magie Paracelse consacre plusieurs chapitres à l’usage de talismans pour guérir les maladies, proposant des talismans pour différentes maladies ainsi que des talismans pour chaque signe du Zodiaque. Il a aussi inventé un alphabet appelé Alphabet des Mages, pour graver le noms des anges sur les talismans.
Paracelse fut un pionnier de l'utilisation en Médecine des produits chimiques et des minéraux. Vers 1526 il a inventé le mot "zinc" pour désigner l'élément chimique Zinc, en se référant à l’aspect en pointe aigue des cristaux obtenus par fusion et d’après le mot de vieil allemand "zinke" signifiant pointe. Il a utilisé l'expérimentation pour développer les connaissances sur le corps humain.
Ses vues tirées de la philosophie hermétique proclamaient que la maladie et la Santé du corps dépendent de l'harmonie entre l'homme, le Microcosme et la Nature, le Macrocosme.
Il a adopté une approche différente de celle qui avait cours avant lui, en utilisant cette analogie non pas dans l’intention d’une purification de l'âme, mais avec l’idée que l'homme doit maintenir dans son corps un équilibre entre les différents minéraux, et qu’à certaines maladies du corps correspondaient des remèdes chimiques qui pourraient les guérir. (Debus & Multhauf, p.6-12). Plus tard Samuel Hahnemann le fondateur de l’Homéopathie sera sans doute influencé par ses théories.
Il a résumé ainsi sa pensée: «Beaucoup ont dit que l’objectif de l'Alchimie était la fabrication de l’or et de l’Argent. Pour moi, le but est tout autre, il consiste à rechercher la vertu et le pouvoir qui réside peut être dans les médicaments. "(Edwardes, p.47) (mais aussi in: Eric John Holmyard.Alchemy ' '. P. 170)
Paracelse a acquis la réputation d'être arrogant, et s’est bientôt attiré l’hostilité des autres médecins en Europe. Il a occupé la chaire de médecine de l 'Université de Bâle pendant moins d'un an, qui lui a suffit pour s’attirer la vindicte de ses collègues, rendu furieux par des allégations selon lesquelles il aurait brûlé en public des livres de médecine traditionnelle. Il a été chassé de la ville après des ennuis judiciaires après avoir été assigné en justice pour le règlement des honoraires de médecin, qu’il avait perçu.
Il a ensuite erré en Europe, en Afrique et en Asie Mineure, à la recherche d’un savoir caché. Il a révisé des manuscrits anciens et en a écrit de nouveau, mais il avait du mal à trouver des éditeurs. En 1536, son ouvrage Die grosse Wundartzney (Le grand livre de la chirurgie) a été publié et lui a permis de retrouver la gloire.
Malgré une mauvaise réputation, due à sa personnalité caustique et à ses croyances religieuses radicales, il convainc les médecins des cours d'Europe d'abandonner leurs anciens principes et d'en chercher de nouveaux.
Il meurt, à l’âge de 48 ans, de mort naturelle et son corps a été inhumé conformément à ses dernières volontés dans le cimetière de l'église St-Sébastien de Salzbourg. Ses restes sont aujourd'hui dans une tombe située sous le porche de l'église.
Après sa mort, le mouvement des adeptes de Paracelse a rassemblé de nombreux partisans désireux de renverser la médecine traditionnelle de Galien, aussi par la suite ses méthodes thérapeutiques ont été plus largement connues et utilisées. Sa Devise était "alterius non sit qui suus esse potest" ce qui signifie «ne laisser aucun homme qui peut être lui-même appartenir à un autre "
Alchimie
Pourquoi les théories de Paracelse s'imposent-elles, malgré la
Personnalité de l'homme ? Les historiens en débattent encore, mais l'avènement de la
Distillation semble avoir contribué au changement. La technique s'est imposée à la fin du
Moyen Âge dans la communauté des
alchimistes, et de nombreux produits naturels ont été testés. À partir des
substances naturelles comestibles, tels le
Fenouil, la
Noix de muscade et les
clous de girofle, les chimistes obtiennent toujours trois types de produits : un fluide volatil, ou « esprit », une substance huileuse et un résidu solide. Sur cette base, les chimistes proposent trois nouveaux éléments pour remplacer les
Quatre éléments d'Aristote :
- le mercure (c'est-à-dire l'essence des fluides vaporeux, et non pas l'élément chimique qui porte aujourd'hui ce nom), qui donne l'Arôme à l'aliment
- le soufre (l'essence des substances huileuses, sans relation non plus avec l'élément chimique), qui véhicule l'humidité et le Goût sucré
- le sel (l'essence des solides, différente du sel de mer), qui détermine le goût et la consistance, et qui lie les deux autres éléments, normalement antagonistes.
Les médecins se convainquent alors que la Digestion n'est pas une cuisson, comme ils l'avaient soutenu précédemment, mais une Fermentation.
Chirurgie et médecine expérimentale
En médecine, Paracelse enseigna la théorie des signatures, mais ses idées n'ont pas été toutes bien comprises à son époque.
Nombreux aujourd'hui sont ceux qui se référent à ses travaux. En fait il est aussi considéré comme un des pères de la médecine expérimentale. Il est à l'origine de l'émancipation de la médecine par rapport aux anciennes croyances spéculatives. Pour lui la seule vraie médecine doit être basée sur l'expérience. Expérimenter la Nature pour soulager la souffrance de ses semblables, c'est ce qu'il fit durant toute sa vie. Chirurgien, il était largement en avance sur son époque, préconisait de maintenir les plaies propres. Au lieu de faire souffrir en détergeant ou en brûlant les chairs, il préférait utiliser la "mumie", composé à base d'huiles essentielles. Ou encore les procédés alchimiques tels que les sels de cuivre ou l'argent.
Il a toutefois critiqué l'oeuvre du grand savant et médecin perse Abu Ali Ibn Sina (980-1037) (Avicenne pour les occidentaux), allant jusqu' à brûler un exemplaire du Canon de la Médecine, un ouvrage magistral et très complet sur la médecine, la chirurgie, l' utilisation des plantes médicinales; écrit par Avicenne. Dans cet ouvrage, le savant perse préconisait de se servir des plantes et d'expérimenter par les plantes (de la Nature, en quelque sorte) pour guérir les maladies, ce que Paracelse faisait lui-même. On peut alors se demander les raisons de cet acte en contradiction avec les convictions de Paracelse.
Le précurseur de la toxicologie
Paracelsus, parfois considéré comme le père de la Toxicologie a écrit:
- Alle Ding sind Gift, und nichts ohn Gift; allein die Dosis macht, daß ein Ding kein Gift ist.
- "Tout est poison, rien n'est poison, ce qui fait le poison c’est la dose."
Ce qui signifie que des substances souvent considérées comme toxiques peuvent être anodines ou même bénéfiques à petites doses, et inversement une substance en principe inoffensive comme l'eau peut s’avérer mortelle si on l’absorbe en trop grande quantité.
Il a écrit un ouvrage majeur Des mineurs et Le mal des montagnes et autres maladies des mineurs décrivant les risques professionnels liées à l’extraction des minerais et au travail des métaux, et abordant leur traitement et les stratégies de prévention ce qui fait de lui le précurseur de la Médecine du travail. La maladie qu’il a décrite et qu’on connaissait à l’époque sous le nom de mal des montagnes était due à une irradiation par le Radon un gaz formé par la désintégration du Radium qui se dégage des roches surtout dans les régions granitiques et volcanique et uranifères et s’accumule dans l’atmosphère des cavités souterraines mal ventilées (caves, mines). Son inhalation prolongée peut provoquer un Cancer du poumon chez les professionnels exposés (mineurs) et même chez les habitants des maisons polluées par ces émanations naturelles. Le radon serait responsable de 9% des décès par cancer du poumon en Europe. .
Il a également écrit un livre sur le corps humain contredisant les idées de Galien. Galien avait avancé la théorie selon laquelle la maladie est provoquée par un déséquilibre entre les quatre humeurs: le Sang, le flegme, la Bile noire et la bile jaune. Il a recommandé d'aider les régimes alimentaires spécifiques pour le "nettoyage des humeurs putrides" et utilisait souvent, la purge et la Saignée. Cette théorie a été acceptée, jusqu'à ce que Paracelse la conteste, par tous ceux qui croient que la maladie est le résultat d’une attaque du corps par des agents extérieurs.
Le précurseur de la médecine psychosomatique
Paracelse est réputé pour être l’auteur de la première mention clinique ou scientifique de l'inconscient. Dans son ouvrage Von den Krankeiten il écrit: "Ainsi, la cause de la maladie connue sous le nom de chorée est une simple question d’opinion et d'idée, suscitée par l'imagination, affectant ceux qui croient à ce qui leur a été suggéré. Cette idée et cette opinion sont à l'origine de la maladie à la fois chez les enfants et les adultes. Dans le cas des enfants c’est aussi l'imagination, fondée non pas sur la réflexion mais sur la perception, parce qu'ils ont entendu ou vu quelque chose. La raison en est la suivante: la vue et l'ouïe sont si forts qu’ils ont inconsciemment fantasmé sur ce qu'ils ont vu ou entendu. "
Paracelse en Slovaquie
Il vécut en
Slovaquie afin de récolter des échantillons d'or, d'argent et d'autres minéraux en 1521 à
Banská Bystrica, en 1526 et 1527 à Smolník et en 1537 à Bratislava. Sur un mur du palais primatial, de
Bratislava, une plaque commémore sa présence où il est écrit In hac platea habitavit A.D. 1537 D. D. Paracelsus de Hohenheim“. Par la suite, il ira à
Vienne puis à
Salzburg pour y mourir.
Légendes et rumeurs
On attribue souvent à Paracelse la paternité de l'expression «c’est la dose qui fait le poison». Bien qu'il n'ait pas dit exactement cela, il semble que Paracelse ait été en effet parfaitement conscient de ce principe (voir le paragraphe sur la toxicologie ci-dessus).
Certains livres mentionnent également Paracelse comme étant à l'origine du mot anglais bombastic (que l'on peut traduire par « grandiloquent ») pour décrire sa façon de parler souvent arrogante. Toutefois, selon le Oxford English Dictionary, l'origine du mot bombastic n'est pas un jeu de mot sur le prénom de Paracelse, Bombastus. Au lieu de cela, ce dictionnaire cite bombast (exagération): un ancien terme pour le coton de rembourrage.
Citations
- « Mes écrits dureront et subsisteront jusqu'au dernier jour du monde comme véritables et incontradicibles. »
- « Tout est poison, rien n'est poison, tout dépend de la dose. »
- « Je fais serment de ne pas faire de supposition, mais de savoir. »
- « Les grandes écoles font des médecins qui sont incapables, inefficaces, et sans conscience. C'est un vrai péché contre l'Esprit, le vrai médecin voit. Ceci découle de la connaissance allumée en nous par la nature. »
- « Chaque heure apporte avec elle du neuf, de sorte que rien ne demeure identique à soi. Car, s'il en était ainsi, le malade demeurerait malade et ne connaîtrait ni amélioration, ni aggravation; et l'homme bien portant demeurerait bien portant. »
- « On ne peut pas guérir une maladie avant l'heure. Il faut le temps. »
- « Les blessures et les plaies ont leur loi de réparation. »
- « La nature ne suit pas l'homme c'est l'homme qui doit la suivre. »
Voir aussi
Liens externes
Liens en anglais
- Azogue: Une partie du journal électronique Azogue avec des reproductions des textes originaux de Paracelse..
- The Zurich Paracelsus Project
- History of zinc
- Paracelsus and the medical revolution of the Renaissance - A 500th Anniversary Celebration from the National Library of Medicine, theme essay by Allen G. Debus.
- Theophrastus Paracelsus - Detailed entry from The Catholic Encyclopedia
- Biographical notes from The Galileo Project
- Paracelsus (from the Mystica)
- Paracelsus (from Alchemy Lab)
- The uses of enchantment, The Economist, 19 Janvier, 2006
- Paracelsus – The physician, healer, and philosopher
- After Hippocrates, Monday, Feb. 03, 1941, Time
Référence
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Bibliographie
- Ernst Bloch : La Philosophie de la Renaissance, Payot poche, 1994, ISBN 2-228-88837-0.
- Alexandre Koyré : "Paracelse" in "Mystiques, spirituels, alchimistes du XVIe siècle allemand." Paris, Gallimard, 1970. ISBN 2-07-035233-1.
- « Paracelse, un noble voyageur », par Charles Le Brun, in Aurora, printemps-été 2006, qui propose aussi un extrait du Lion septentrionnal, traduit par Armel Guerne.
- After Hippocrates, Monday, Feb. 03, 1941, Time, [#]